Sujet: Re: (hot) where the lines overlap ± Gabriel Ven 25 Oct - 4:09
where the lines overlap
Gabriel - Joanne
«Le plaisir présente un avantage : contrairement au bonheur, il a le mérite d'exister.» frédéric beigbeder
T'as passé énormément d'années à mentir. Aux autres, à toi même surtout. T'as presque réussi à berner ton petit monde pendant un moment en t'persuadant qu't'avais besoin d'rien ni personne. Qu'ton auto-suffisance ferait l'boulot et que tout irait très bien comme ça. En vérité, t'étais une gamine apeurée. Meurtrie par les démons d'sa daronne venant s'inviter dans sa frêle carcasse pour la grignoter d'l'intérieur férocement. Tu t'es persuadée qu'le monde entier t'voulait du mal, qu'il viendrait t'blesser cruellement comme l'reste des personnes que tu t'es autorisée. Toi aussi tu t'es faite bernée, toi aussi t'y as cru. Qu'cet homme serait digne un jour qu'tu l'appelles toi aussi Papa, qu'tu puisses avoir une figure paternelle à laquelle t'raccrocher. Mais lui aussi il vous a abandonné, mit de côté comme si vous étiez des encombrants prêts pour la benne. Vous n'valiez rien, il a eu tout c'qu'il voulait. Une bonne pigeonne, des marmots et d'la thune à siffler avant d'prendre la poudre d'escampette avec plus jeune et plus désirable sûrement qu'ta mère. Comme si l'amour s'contentait d'ça. Toi tu voulais croire aux contes de fées, qu'l'amour réel qui délivrait les princesses d'un baiser ça pouvait exister. Tu sais Gaby, t'as pas b'soin d'être un prince changé en crapaud. Même si t'étais une simple grenouille t'aurais toute mon attention.
De nombreuses fois t'aurais pu mettre un stop à vous deux. Dès votre rupture, t'aurais pu écouter ce que te criait ton cerveau plutôt qu'ton myocarde mourant un peu plus à chaque mot traversant les lippes de ton ex petit ami tout frais. Tu pouvais qu'abdiquer, t'as pas été capable d'ouvrir ta gueule et lui dire que t'étais prête à faire des efforts. T'as pas eu le courage de lui dire que t'étais prête à changer, à t'améliorer à ses côtés s'il t'en laissait la chance. Au lieu de ça tu t'es contentée de regarder ce que vous aviez bâti s'éclater en un milliard de petites pièces que t'as été incapable de recoller ensemble. T'as essayé d'en récupérer par ci et par là. D'en amasser le plus possible pour ne serait-ce que reconstruire un semblant de tu ne sais quoi. Toujours plus fragile, manquant de s'ébranler à la moindre tornade que tu déclenches. Parce que ton tatoué il est cette force tranquille, sa voix ne s'hausse que très très rarement et généralement contre toi lorsque l'alcool échauffe vos esprits. Vous finissez toujours de la même façon cependant. A coller vos lippes les unes contre les autres, pressant votre corps encré à celui s'offrant à vous pour en ressentir toute la chaleur. Toute la vivacité qui semble cruellement vous manquer dans c'monde impitoyable. C'est con Gabriel, qu'on soit deux grand enfants s'noyant dans la complexité d'un univers dans lequel on est loin d'exceller. Moi aussi tu sais, j'aimerais que ce soit plus simple parfois.
Combien de soirées comme celle-ci vous avez vécu ensemble? Des engueulades s'arrangeant furieusement sur l'oreiller pour apaiser vos êtres balafrés? Bien trop. Trop nombreuses pour qu'tu puisses réussir à les compter. T'as arrêté d'tenir le compte depuis bien des années, pas vrai Jo'? Lorsque tu t'es rendue compte que ça n'te servais à rien d'lutter et que vous resteriez comme ça jusqu'à ce que Gab vienne y mettre un terme. Pour une gonzesse plus jolie, clairement moins chiante que tu n'peux l'être. C'est vrai ça, y'en a combien des nanas plus jolies et gentilles minaudant à son visage? Tu les vois les regards intéressés lorsque vous sortez avec la bande. Des plus jeunes aux plus âgées, faut dire il passe pas inaperçu il est bien trop magnifique pour ça. Ce qu'il renvoie, ce sourire parfait dont il se pare constamment tel un masque qu'il croit indétectable. Tout comme toi, il s'est entouré de hautes protections avec le temps. Tu les remarques ces soirées où il se désiste au dernier moment avec une excuse toujours plus bidon sur votre groupe de conversation. T'es d'ailleurs le meilleur des fantômes toi Joanne. Tu t'contentes de prendre les informations sans en donner sauf lorsque t'es l'hôte de la soirée et qu'tu fais péter le traiteur chinois en grande pompe. Ils le savent, tes potes que t'es foutrement pas douée pour cuisiner et qu'tu pourrais bien faire éclater l'immeuble en voulant t'faire cuire des pâtes. Tu t'souviens de cette fois Gab où j'avais promis d'nous préparer un pic-nique? Au final c'était tellement infâme qu'on a fini par manger un de ces sandwichs aux oeufs qu't'adores. Elle était belle, cette époque là hein?
Ton corps commence à fatiguer, sûrement dû à la fatigue de ta journée et à cette quantité d'alcool astronomique tu t'es envoyée dans un temps record. T'as appris à bonne école avec tous ces loustics t'servant d'potes. Sur les beuveries, t'hésites pas à les suivre jusqu'au bout de la nuit jusqu'à en enterrer certains. Généralement, il n'reste plus que toi et Gab pour veiller sur les cadavres des autres. Enfin, veiller. Vous êtes plutôt sans dessus ni dessous à céder à vos folles envies pour dire la vérité. Les filtres vous n'connaissez pas vraiment ça, alors la retenue... Cette nuit, t'as l'impression que la balance penche nettement en votre faveur cependant. T'as pas eu ce sentiment depuis bien longtemps, si bien qu'tu ne sais pas vraiment comment l'interpréter. Est-ce que tu deviens clairement barge à force de t'éloigner de l'humain ou t'pas folle et au contraire c'que tu penses être un signe du destin vient bien t'chatouiller l'bout du nez. Pour une fois, t'es apaisée par ses mots. Ils ne t'inspirent rien de plus que l'amour profond qu'tu peux avoir à son égard depuis si longtemps. Bien caché comme un trésor qu'tu gardes jalousement. T'as pas envie qu'on te le dérobes, qu'on vienne de l'arracher. Tu t'en remettrais pas Joanne, tu préférerais crever plutôt que de voir ça arriver. Promets moi Gaby qu'tu ne me feras pas de sales coups, que je peux réellement avoir confiance.
Mais t'sais qu'la vie elle est pas comme ça Jo'. Qu'les promesses se brisent aussi facilement qu'elles ne se font et combien même une décennie peut être facilement balayée d'une dispute ou bien d'un haussement de ton. Tu veux pas risquer tout ça, tu veux juste pouvoir t'y abandonner pleinement. Savourer cette nouvelle chance s'offrant à toi. T'es effrayée, t'as la peur au bide. Et pourtant. Un dernier baiser sur les lèvres de ton oeuvre d'art sur pattes et voilà que vous vous savonnez presque mollement tant vous êtes éreintés. Faut dire que vous ne vous êtes pas faits de cadeaux comme à votre habitude et non sans te satisfaire. Cependant, tu ne rêves que d'une chose. Le confort de tes draps et de ses bras. Rincés et propres comme des sous neufs vous voilà quittant la cabine de douche. T'envoies voler une serviette en direction de Gab alors que tu t'enroules de ton peignoir en nouant un bout de tissu éponge contre ta tignasse pour la sécher grossièrement. T'as pas la force pour en prendre soin ce soir, déjà t'brosser les dents sous l'eau c'était compliqué et quelque chose alors... Ni une ni deux, vous rejoignez tes draps de façon tout à fait complice, comme une habitude partagée. Tu te loves tel la petite cuillère que tu t'avères être en sa compagnie, aussi nue qu'il se peut pendant qu'il vient ronronner à ton oreille, l'encré. "Merci..." Tu marques une courte pause alors que tes yeux se ferment et que tu t'enfonces un peu plus contre lui dans l'épaisse chaleur de tes draps. "Pour ce soir... Et pour tes mots." Ca doit bien te demander un effort sur-humain pour te retourner contre son torse te laissant la chance à toi aussi de te nicher dans son cou. Morphée vient t'assaillir contre ton gré, le sommeil se veut de plus en plus oppressant. "T'sais je..." Y'a tellement de choses que t'aimerais lui dire et pourtant c'est l'ivresse de ton parfum qui vient finir de t'assommer pour finalement laisser la fatigue gagner. Tu dors déjà, sans même finir ta phrase le cœur palpitant contre son torse recouvert de tes motifs. J'suis reconnaissante, pour ta patience et ta tendresse tu sais Gabriel. Tu mérites tellement plus, tellement mieux.