@viggo alvesfate appuie quelques phalanges gantées contre la porte d'entrée d'un bar aux fenêtre crasseuses. le col de fourrure de son manteau ouvert lui chatouille la mâchoire. vêtue d'une jupe noire qui épouse ses jambes jusqu'aux mollets et d'un chemisier de satin, mademoiselle waters se contente de quelques pas vers le bar, juchée sur une paire de talons hauts qui font crier ses chevilles. plusieurs années de ballet arrivent à la faire tenir en équilibre sur les pires instruments de torture. pourtant, la blonde laisserait ses orteils saigner à travers le cuir avant de les retirer. ses rendez-vous de la journée furent loin d'être fructueux. elle cherche à écouler un nombre de peintures prestigieuses ainsi qu'une partie de sa collection de bijoux. le problème avec ces objets de luxure est que seule une partie bien sélecte de la population a les moyens de se les offrir. les prêteurs sur gages ne lui offrent que des broutilles en échange de joyaux et les galeries ne veulent rien exposer sans le certificat d'authenticité encore coincé dans les coffres-forts de papa. fate a marché dix blocs dans la froideur de l'automne new-yorkais, avant de trouver refuge dans cet endroit déplorable. la seule autre option était une boutique de films et accessoires érotiques. elle pouvait sentir les propositions indécentes de sa place sur le pavé, autant éviter. fate sens le poids de son téléphone complètement à sec qui repose contre sa cuisse à travers la poche de son manteau. aussi utile qu'une brique à l'instant même. le barman tarde à l'approcher, le service dans cet établissement est abyssal, pas que ce soit surprenant.
« Sans vouloir t’offenser » l'aborde un grand brun au crâne rasé, un air de racaille sur sa gueule de mauvais garçon. fate hausse un sourcil, sachant très bien que tous les hommes qui osent l'aborder de cette façon vont continuer la discussion avec quelque chose de déplaisant. la haute société a appris à la blonde que les hommes croient toujours savoir mieux qu'elle et qu'il assument qu'elle soit morte d'envie d'écouter les opinions qu'elle n'a jamais demandé à entendre.
« Je ne pense pas que tu sois à ta place ici » continue le brun, détaillant fate d'un regard qui lui fait froid dans le dos. bête du bitume, habillé d'une violence silencieuse qui ne se mélange pas avec l’opulence visible de l'héritière déchue.
« uhm, perspicace. » commente la blonde, très peu impressionnée par le jeu qu'il pose lentement sans en expliquer les règles. fate étale une moue détachée sur ses traits de princesse, hautaine comme jamais. pourtant, il s'approche, carnivore.
« Je pense qu’il est plus cher que le salaire du barman » commente avec expertise le jeune homme. fate réprime un frisson, quand les doigts du parasite ont frôlé sa peau alors qu'il a mis la main sur son collier de diamants. la modestie n'a jamais fait bon ménage avec les humeurs de fate. elle esquisse un sourire amusé, repoussant ses longs cheveux blonds derrière son oreilles pour dévoiler innocemment les monstrueuses boucles d'oreilles qui pendent de ses lobes, décadentes de richesse.
« je pense qu'il vaut plus que ce que tu peux faire en une année, ou une décennie, vu le genre d'établissement que tu fréquentes. » lance fate, faussement plaisante, voulant monter des barrières, se séparer du loup et de ses manières toutes permises.
« aussi, bas les pattes. » ordonne fate, retirant les phalanges du brun de ses joyaux, lui redonnant sa main rugueuse, humaine, loin de la peau tendre des hommes en habits qui la courtisent habituellement.
« c'est impoli de toucher sans demander. » le réprimande mademoiselle waters, jouant avec le feu. elle n'a que son attitude comme armure, se demandant pourquoi elle refuse de jouer la proie. c'est son jeu favori, celui de l'innocente détresse, minaudant d'être sauvée, enlevée, possédée. sauf que cet homme n'a rien de ceux qu'elle fréquente habituellement, il émane le danger, enivrant de mauvaises intentions.