Josie Kerns;
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lily-rose depp av/depraysie - sign/awona (code & img) cillian 380 2515 27 célibataire, en proie à une langueur qu'elle embarquera dans la tombe. elle vit d'aventures d'un soir, d'autant plus débridées qu'elle leur écarte si peu souvent les cuisses. danseuse au new york city ballet, prête à écraser les autres jusqu'à décrocher l'étoile. à moins que ce ne soient ses propres secrets qui ne causent sa chute, alors que la nuit, c'est sur les scènes de strip-clubs qu'elle délie ses courbes. contemporain le jour, effervescent la nuit, pour une double vie. amos •• leandro •• cez •• nikita •• thelma
| Sujet: mon écho (thelma) Lun 20 Nov - 21:04 |
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c'est qu'un soir de plus. une goutte carmin dans la blancheur immaculée d'une innocence retenue à bout de bras. comme la curiosité malsaine des gamins qui passent leurs doigts à l'extrémité de la flamme, la prenant de vitesse pour ne pas s'y brûler – une erreur, quand la peau vire au cramoisi, mais de celles qu'on répète, un peu épris de douleur. on y revient, quand ça n'fait pas si mal. quand le plaisir, aussi vicieux soit-il, est avant tout viscéral. c'est qu'un soir de plus à se laisser observer, disséquer, l'amour-propre étouffé ; à jouer, sur son podium haut-perché, les reines, subtilement séparée des fauves prêts à se déchiqueter le moindre éclat de chair trébuchant dans leur arène. rosa dompteuse des bêtes, aux hanches claquant comme des fouets, telle artémis s'étant quelque peu égarée. lions ou moutons, ont tous en commun le mépris qu'elle leur voue. l'habitude est tenace ; c'étaient les mêmes qui toquaient à la porte des kerns, à peu de choses près. de ridicules malheureux en manque d'étreintes tarifées. elle aimait à les dédaigner, moue dégoûtée du haut de son piédestal de sainteté ; et s'y amuse encore, bien que le socle la réhaussant soit serti de ses obsessions paradoxales, loin de la naïveté qui donnait raison à sa hantise. les rôles s'échangent, alors ; la catin est devenue martyre, tandis que la petite fille modèle s'est encanaillée. rosa quitte la scène et le fantôme maternel flotte tout autour d'elle, l'enlaçant de ses brumes étouffantes, fumée âcre craché sur les traits diaphanes, rire rauque extirpé d'outre-tombe pour souligner l'ironie dont josie s'est rendue complice. t'es tombée bien bas, ma pauvre fille. au moins, moi, je vendais mon corps pour toi. alors qu'en réalité, il n'y aurait eu que cela, pour réclamer un peu d'amour de la matriarche délurée : la suivre dans sa déchéance, jusqu'à ce qu'en son engeance, elle n'ait plus rien à jalouser.
sandy kerns fumait, après l'acte ; toujours une sale odeur de tabac qui imprégnait les murs, à la minute même où la porte claquait sur un type encore défroqué – à donner à josie des envies de clopes pavloviennes à peine rhabillée. cette habitude-là, c'est à elle que la poupée l'a empruntée. fusion avec l'obscurité, dès le spectacle achevé. avec la solitude. l'intimité conférée par l'arrière du bâtiment est presque implicite. elles sont rarement deux à y fumer, se laissant la place sans un mot, comme un purgatoire où, en silence, l'on se repentirait. valse incessante de péchés et de pardons ; dès la cigarette et la confession finies, c'est retour aux enfers, à se dandiner pour quelques billets. ou quelques regards enfiévrés. c'est qu'il y a plus d'une monnaie d'échange, dans le coin ; plus d'une dépravation à combler, même chez les blonds agneaux que l'on fait danser.
dans la bise automnale, elle aperçoit une semblable. enfin, pas une danseuse. elle n'en a pas l'assurance. il serait si facile de les apparenter, pourtant, les carcasses tremblantes, vacillantes. l'une qui n'a pas sa place à tourner autour du strip-club, et l'autre, pas davantage à s'y trémousser. trop jeunes pour se perdre dans ces ballets crépusculaires ; trop désœuvrées pour ne pas laisser l'idée leur percer la moëlle épinière. protégée par le ciel d'encre et les néons miteux, à bonne distance, josie jauge la nouvelle venue. entrera, n'entrera pas ? est-elle venue se perdre dans les entrailles de ces nuits sans fin, qui même des heures après l'aurore, hantent encore les femmes pantins ? l'entrée, c'est de l'autre côté, chérie. et l'attitude revêche, légèrement tapageuse, c'est de ses consœurs qu'elle la tient ; c'est en jouant les grandes gueules que l'on survit, par ici. ou, du moins, que l'on s'oublie. puis, d'un regard plus appuyé, peut-être mêlé de pitié, elle regarde le reflet offert par la nuit. tête blonde, pâlichonne, pas bien droite sur ses jambes. et le souvenir est mordant. elle se voit, elle, à cette place-là – trop déterminée pour s'arrêter, contrairement à cette fille. et si un ange était passé, ce soir-là, pour lui dire de tourner les talons ? se serait-elle reconstruite autrement ? n'y vas pas. deux pas dans la direction de l'inconnue, insufflés par... elle ne sait même pas si c'est sa conscience, sa culpabilité, ou bien un complexe de sauveur sorti de nulle part. mais josie s'avance. josie veut préserver les ailes de la blanche colombe, avant que la bave des crapauds ne les nécrose. si tu viens pour danser, repars, ça n'en vaut pas le coup. et il y a cette œillade hagarde que la fille pose sur elle. un peu folle, presque à l'en faire reculer. comme si elle avait vu un fantôme.
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