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 entre les flammes (jo)

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Nikita Aleïev;

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Nikita Aleïev



y. rose
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paradis d'anthologie souillé par satan. vengeresse viscérale promise à celui qui l'a rendue monstre.
fantôme ambulant qu'on déifie. se dévêt sous les néons et fait ouvrir les cuisses d'une autre à sa place.
traditionnel

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Message Sujet: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Lun 27 Sep - 22:07

son reflet déshonore sa beauté antique. son tronc frissonne une dernière fois avant le choc de l'arctique. à mesure que la cocaïne infuse, ses membres s'engourdissent. sa silhouette devient une vitre de gel, ses yeux des glaçons de givre. les sensations s'endorment, se débarrassent avant leur sommeil d'une imperméabilité samaritaine. et la percent, elle, d'une insipidité crue, ne laissant d'elle qu'une âme caillée aux écailles pétrifiées. alors elle pleut, la putain boréale. s'en va rejoindre une nouvel incendie dont elle devra éponger les flammes. elle n'a pas peur, des ardeurs des brûlements. parce que le feu coûte cher. et qu'il achète son accès aux médicaments. la dépendance au cœur du froid, du chaud. comme qui maintient l'être à l'assiduité. appliqué à s'éveiller, s'empoisonner, et s'exhaler. et puis, recommencer. jusqu'à ce qu'un réveil ne vive plus, ou qu'elle ne se couche jamais plus une fois sans avoir rêvé.

niki porte sur ses épaules l'insuffisance d'une soierie spécieuse, faisant d'elle le polichinelle des tapins élitistes. dessous la maigre copie, une vieille lingerie. longtemps abîmée par d'autres pyromanes, mais souvent efficiente pour lui permettre de réduire les passions fauves en braises félines. c'est comme ça qu'elle se rend à la crémation, qu'elle arrive la carne glacée et les lèvres gercées jusqu'au nouveau bouillon humain. un bouillon qui lui paraît peu houleux. de prime abord. « nikita. mais appelle moi comme tu voudras. » puisque lorsque je suis avec vous, et bien moi je ne suis plus là. elle se présente, sur un ton stérile. le stoïcisme est annoncé. il est dur, le glacier. même s'il se sait déjà fondu pour quelques billets. « c'est deux heures, que t'as acheté. » précise-t-elle en commençant le décompte des minutes. bientôt, le téléphone vibrera pour figer le temps. et elle pourra s'enfuir périr encore dans les abysses de chronos.

alors qu'elle s'installe enfin à ses côtés, elle la regarde pour la première fois. et la fonte des glaces se précipite. l'incendie relèverait presque d'un aumône, pour le moment. mais elle connaît, nikita, les sinistres qui se déclarent d'un seul mégot envoyé en l'air. méfiante psychologiquement, elle abolit pourtant déjà les barrières physiques en sondant cette cliente particulière de ses doigts froids posés sur sa cuisse. « alors, dis-moi, qu'est-ce-que tu veux de moi ? » qu'ai-je vendu cette nuit, jolene ? qu'est-ce-que je laisserai ici en repartant chez moi ? de quelle partie de moi vas-tu me dépouiller ? quel souvenir me manquera demain, lorsque toi, tu te souviendras ?

@jolene weisz  entre les flammes (jo)  3476085353
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organe désséché, peinturluré de rouge pour donner l'impression qu'il bat encore.
faire des lignes, et des lignes, encore des lignes, et se les mettre dans le nez.
la môme vagabonde entre l'hostilité des rues, se retrouve toujours dans des appartements inconnus à imprunter un lit.

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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Mar 28 Sep - 11:48


j'oublierai tout dans un coffee avec une fille de l'est
et puis elle me dira "je t'aime" suivant le prix qu'je mets


la chimère s'est brûlée, s'est consumée de la férocité logée dans ses entrailles, laissant des bleus ecchymoses sur ses bras, de ceux qui ne s'effacent pas et qui brûlent, silencieusement. elle attend la faucheuse jo, comme une foutue âme en peine, poupée de chiffon dont la mort ne vient pas, dont l’au-delà réfute la présence. l'infaillibilité se lit sur le visage pâle, tandis que les souvenirs diurnes sont ramenés dans le monde des vivants, pour un temps. jo n'est plus qu'une illusion trop bien ficelée, une môme aux convictions destructrices, malsaines, le cœur déchiré au couteau, les plaies soignées à l'ammoniaque pour quelques heures de plus à cogiter. prisonnière d'engagements faits à un mort, les pupilles semblent aqueuses, l'azur a perdu de son bleu, qui lui s'est logé dans le creux des coudes, sous les coups des seringues. le myocarde se couvre un peu plus d'accrocs à chaque jour passé, s'abîme comme un morceau de verre sur l'asphalte des nuits. elle se nourrit du malheur des autres jo, comme une nécessité viscérale de blesser l'autre, à croire qu'à faire du mal, le sien s'en ira.
nécrosée jo, c'est comme ça qu'elle fonctionne, les tissus érodés qui ne guérissent jamais, la gangrène qui se propage lentement dans les âmes des autres.

elle se perd dans ces ressentiments accidentés, dans ces envies meurtries de sentir son souffle s'arrêter, d'avoir les poumons qui s'extasient à récupérer la moindre parcelle d'oxygène pendant que l'aorte s'affole de cette chute soudaine. (meurtrie, cette nuit) le silence est roi dans cette ville rapiécée par ses erreurs, par ces fantômes aux couleurs néon qu'elle se plaît à observer. elle a erré jo, sans doute trop, en quête de sa prochaine proie, du prochain corps qui lui susurrera des mots doux qui feront office d'héroïne, pour cette nuit seulement. ce prochain corps qu'elle payera avec des billets volés pour quelques caresses artificielles, pour un contact humain surfait. c'est elle que jo a choisit. le visage d'un ange, l'âme trop transparente pour qu'on puisse voir à travers toutes les fautes commises, tous les sentiments meurtris qui se diffusent dans l'échine. nikita. c'est beau. qu'elle serait tentée de répondre, mais jo est redevenue robotique, à l'agonie, amorphe face à la demoiselle fanée qui se tient en face d'elle. jo. qu'elle balance simplement, du même ton glacial.

nikita fut solaire, un jour ou un autre. elle le sait jo, elle lit entre les âmes, songe à se les approprier, parfois. t'étais différente avant, nikita. ça se voit. les syllabes sont appuyés sur son prénom, faire comme les autres, réduire les anges en simple chair à consommer. ils t'ont abîmé. comme ils ont abîmé jo. la flamme du briquet vient caresser la cigarette, et jo enfume la pièce, s'enfume le crâne par la même occasion. la cuisse qui frisonne de ce contact froid, c'est les regards qui se croisent, les rétines qui se sondent. tes yeux m'diront ce qui s'est passé dans ta vie, ils sont trop le reflet de ton âme pour que ça m'échappe. j'voudrais que tu te consumes avec moi, qu'on soit deux. j'voulais pas être seule ce soir. mais t'es là, maintenant. le sourire se fait faussement heureux, faussement carnassier, nikita n'a jamais été une proie, c'est jo qui prend cette place. môme qui se croyait infaillible et qui tombera sur le macadam, à la recherche de quelques baumes à se mettre dans le cœur.




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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Mer 29 Sep - 18:23

jo, elle a le prénom aussi dur que son visage. ses longs cils grandissent des yeux tranchants comme des silex, ses trous topazes transformés en sphères obsidiennes. elle perce les autres d'un regard prêt à les poncer tous, jusqu'aux os déjà dépecés, faisant d'elle un menhir monolithe, prêt à opérer le sertissage de son basalte avec un autre. c'est un peu déconcertant, de se retrouver devant un fossile qui se recouvre de gommes et de résines pour arborer une coquille vernissée. « t'étais différente avant, nikita. ça se voit. » qu'elle pressent, l'audacieuse. à la façon d'un couteau sorti des mers, solen avide de se mettre à sculpter les écumes des bas-fonds. mais la crasse des eaux salés ne se lavera pas pour assouvir sa curiosité. parce que de toutes les pierres, niki en est le cimetière. j'étais différente, parce que nikita n'existait pas. différente, parce que tu rencontres un fantôme. parce que tu ne fais face qu'à un ectoplasme, qu'une frime à l'intérieur de laquelle tu penses pouvoir fouiller. ce que je vois, jo, moi, ce n'est plus que l'au-delà. et des écervelés qui s'improvisent extralucides. longtemps qu'il n'y a plus rien à visiter de son monument. longtemps qu'elle s'est écroulée en ruines, l'aleïev. et de la poussière, il n'y a rien à façonner. « ils t'ont abîmé. » devine-t-elle encore justement. autrefois, elle était l'abime. le gouffre qui aspirait les âmes, et s'en oxygénait pour vivre. elle respirait de ceux qu'elle possédait, incarnait le diable avec une telle facilité qu'on doutait de son humanité. mais elle était amoureuse, eden. amoureuse veuve et vive, amoureuse de trois hommes - d'un fétiche funèbre, d'une vendetta viscérale, et d'un ennui qui présageait la paix. ce sont les chagrins d'amour qui lui ont rendu sa mortalité. myocarde battant, myocarde abattu.

fâchée impassible, un deuxième doigt rejoint la carne de marbre. et ils glissent, délicats, en caresses tendres et empoisonnées. « ce sont les gens comme toi, qui m'abîment, ma douce. » initie-t-elle pour la faire taire. « les gens qui payent pour me consommer. les gens frustrés, qui pensent régler leurs problèmes ou combler leurs complexes avec une pute et des billets. » blâme-t-elle d'une voix faite de dentelles. c'est faux. plus rien, ne l'abîme. ceux qui se l'offrent sont des nécrophiles. niki ne ressent rien de leurs coups et caresses depuis que de son corps, ne reste qu'un squelette. « tu vois, ce sont les gens qui m'achètent, qui m'abîment. » elle insiste. ses yeux posés sur les siens, alors que sa bouche attire l'attention en étirant un sourire. « mais tu n'es pas comme eux, pas vrai ? » feinte-t-elle dans le seul but de la culpabiliser. tu as tout d'eux, en vrai. tout de leurs saletés et de leurs portefeuilles. tu as tout, de leurs contrariétés et de leurs caprices, tout de leur misérabilité. parce que toi aussi, jo, t'as payé.

« j'voulais pas être seule ce soir. mais t'es là, maintenant. » elle explique. bien-sûr qu'elle est là. elle ferait tout pour de la morphine. « bien-sûr que je suis là. » répète-t-elle. « là pour toi. et je ne compte pas partir. » pas encore, pas avant qu'une heure cinquante-sept ne s'écoule. c'est bien ça, que tu veux entendre, ma douce ? des mensonges qui te font croire à un soutien émotionnel, des compliments faussés à la chaîne ? restes ici. je te ferai vivre des merveilles pour atteindre les miennes. la blonde se déplace d'un mouvement agile, se tournant à elle, une main toujours sur sa cuisse, l'autre s'aventurant sur sa tête, effilant quelques mèches de cheveux avec suavité. « de quoi est-ce-que tu t'ennuies dans la vie ? » s'intéresse-t-elle enfin pour éponger ses flammes.

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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Ven 1 Oct - 10:58


reminded me of when we were kids
with this ultraviolence


c'est le feu ardent qui la brûle, la chimère se fait carnassière, avide d'âmes à arracher, à consommer pour soulager le vide sous son plexus, celui qui la meurtrie trop depuis que les anges s'en sont allés. insatiable, comme la mort qui se fait ombre, la surveille de ses yeux onyx attendant que la catharsis s'échoue, que les mots se fasse déchirants dans la trachée. si autrefois, il rougissait les joues, le myocarde n'est plus que ce vieil organe desséché et traîné depuis tant d'années, avec une indifférence feinte qui se voit sur les traits tirés de la môme, cernés de violet, salis de bleu. stigmates trop présents, enfant terrible n'est plus qu'un amas de perceptions détruites, que l'émanation des nuits sans fin où la scène se repasse en boucle dans son encéphale. la perte qui l'érode.  (encore et encore, jusqu'à l'overdose, jusqu'à la collision) chaque nouvelle aurore n'est que le début d'un recommencement dont la fin est déjà connue, dont le dénouement n'est plus qu'un abîme sans fond. (elle le sait) la ville lumière ne cesse de rappeler à jo qu'elle n'est que mortelle, qu'une amorphe vie ne sachant contrôler le paroxysme de son effervescence amère. et jo se brûle les ailes, tente d'ignorer tout les signes que lui envoie le destin, se pare de ses médicaments les plus purs pour éviter de s'écorcher. le palpitant est lourd aujourd'hui, semble peser sur lui tout les maux qu'elle a refoulé, des amas de peines en décomposition, aussi moisis que sa propre âme.
elle noircit jo, et entraîne les autres dans sa maudite chute.

je tombe, vous tombez avec moi.
la proie ne s'est pas laissée faire, ne paraît plus si solaire sans cet éclairage néon, reine déchue. c'est l'éclairage aux émanations colorées venant se perdre dans la rétine, c'est le cœur qui rejette le sang carmin, qui veut s'approprier les âmes errantes, les plus éméchées, les consumer de cette haine qui veut les ruiner. mais c'est jo qui s'est perdue dans le regard de l'ange blond, la toise d'un regard tranchant, ardant, laisse moi te découvrir, toi, je t'abîmerais pas. l'atmosphère est acide sous les caresses superficielles qu'aucune des deux ne rejettent, deux êtres apathique en quête de paradis surfaits, empoisonnés. tu m'penses comme les autres. les lippes esquissent un sourire provoquant, se ferait intimidant si le crâne n'était pas éteint, (on/off), si les traits du visage ne se faisaient pas si surfaits, tentant de se redonner une pulsion de vie invisible. nikita n'est plus qu'une créatrice de mirages, qu'une héroïne mal dosée, une chair carnivore qui oppresse soudainement jo et sa quête de mots doux. elle est une sirène qui attire inévitablement pourtant, qu'une succube qui se nourrira des billets pris, des mensonges distribués à l'arrache.

la sirène se tient devant elle, si belle, mais jo sait que ce soir, elle ne l'apaisera pas, la dépouille ne se fait pas assez docile, jo lit dans son regard les affabulations déjà préparées, celles déjà distribuées en masse, comme un monologue robotique. tu n'es là que pour une heure et cinquante minutes. lui répète-t-elle. mentir n'est pas la meilleure des choses, tu sais, nikita. le faux sourire se fait amère, presque faussement boudeur. tu m'échapperas. t'es trop sauvage. pourtant, jo s'abandonne à cet état de lassitude, se laisse sous les caresses, la main de la succube dans ses cheveux, les paupières qui se ferment un instant. ne parlons pas de ça. parle moi de toi. que je sache si j'ai raison. je te laisserais des billets, je te laisserais seule.
échappons nous d'ici, au fond.



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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Ven 1 Oct - 14:51

la tension de deux cœurs électriques est palpable. les organes noirs obscurcissent leurs alters, comme s'ils étaient imperméables à leur propre décharge sépulcrale. la friction porte à l'électrolyse, et les deux chimères ne peuvent infirmer leur décomposition chimique. ne peuvent s'hérmétiser à ces substances visqueuses plaquées à leurs parois internes, qui se réduisent, se désintègrent, poussées par la puissance d'un second capable d'opérer jusqu'à la dissolution. leurs ampères en perdent leurs anodes, les centrales se parent à disjoncter sous l'illusion inoffensive de leurs caresses nucléaires. chacune de leur syllabe s'avance sur un terrain miné, la moindre coulure d'une salive décliquerait la bombe, alors qu'il suffirait d'affinités pour la désamorcer. d'une alliance, d'un pacte de deux mémoires électrisées en rétention, survoltées d'un passé pétrolier, dont l'illicite est devenu la seule essence, le drame l'ultime solution.

les électrons se font trop indépendants, pour vouloir poursuivre l'étincelle à deux. « tu m'penses comme les autres. » comprend-t-elle, alors que la blonde assume un acquiescement pour ponctuer ses pensées. dans ses yeux, elle ne voit rien de différent, niki. rien qui ne s'oppose à ses autres clients. dès leur première collison oculaire, elle y a lu la perte, en jo, elle y a retrouvé une solitude travestie, étouffée par les billets et la sollicitation d'une prostituée. alors elle est comme eux. prête à tout pour exister, aux yeux des autres, au point d'en acheter d'illégitimes, des contrefaits, qui la persuadent de son existence seulement parce qu'elle a payé, seulement parce que grâce à elle, eux pourront après exister. il n'y a rien de gratifiant à s'accommoder de la compagnie d'une putain. rien de rédempteur. il n'y a qu'un temps qui, d'ordinaire, passe au moins plus vite pour quelques heures. « tu n'es là que pour une heure et cinquante minutes. » « une heure quarante-neuf maintenant. on perd du temps. » joue-t-elle, l'incisant d'un sourire moqueur. décomptons l'explosif ensemble, ma douce. je n'ai pas peur de détoner. « mentir n'est pas la meilleure des choses, tu sais, nikita. » réplique l'incisée. et l'ancienne impératrice de l'artifice ne peut retenir le rire qui s'extériorise en un souffle. prudemment. sincèrement. elle ne persifle rien, mais plutôt la plaint d'y croire encore. c'est à ce moment qu'elle devine son plus jeune âge. quand bien même elle pouvait paraître aussi grande de ses traits, son impulsivité parlée trahit sa verdeur. « c'est la première fois, que tu fais ça ? qu'tu payes une putain ? » essaie-t-elle d'abord de comprendre. parce que d'un coup, jo a beaucoup, de l'innocence des premières fois. beaucoup, d'une électrocution qu'on voudrait retarder. au moins pour elle. de quelles couleurs sont faits tes rêves, ma douce ? je serais curieuse de connaître l'excellence de tes espoirs, et leurs facilités à te couver. « parce que c'est notre métier, de mentir. tu payes pour ça. » la désillusionne-t-elle alors. mais elle ne s'excusera pas, nikita. loin d'elle l'envie de demander pardon pour lui avoir appris qu'elle n'achetait qu'un canular. grandis, ma douce. je mens pour vivre. je mentais déjà à l'aube de ma vie, et je mentirai jusqu'au tombeau. jusqu'à faire écrire le pire sur l'écriteau.

« ne parlons pas de ça. parle moi de toi. » la compassion au bord des lèvres, la blonde se prête à l'assouvir. un peu. parce qu'elle émane du pur, la pierre. et qu'elle crève de son vivant, eden enfin le ressent. sauf qu'à son âge, elle, exaltait de ses entailles. aussi épaisses, aussi intenses. aussi encastrées, pour qu'elle ne se soient jamais réparées. alors, elle veut bien inventer, pour la soulager. bien lui livrer ce bout d'elle qu'elle réclame, puisque c'est ce qu'elle a pensé marchander. des mots. des aveux d'une autre vie, dont elle pourra comparer la perdition à la sienne. « d'accord. alors, moi, je m'ennuie des larmes. avant, je ne pleurais pas. mais la cocaïne m'a rendue bien émotive. je m'ennuie du queens et de ses gratte-ciels qui ne s'effondrent pas, je m'ennuie des mojitos sans sucre et de l'odeur du dernier parfum que l'on m'a offert. je m'ennuie de mes réveils, et des lèvres des autres qui ne me plaisent plus, je m'ennuie du monde qui tourne rond. » se livre-t-elle alors. est-ce-que je rentabilise ton argent, jolene ? est-ce-que ça te satisfait, que de m'entendre semoncer l'ennui ?

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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Lun 4 Oct - 10:29


it was a bad idea
calling you up


les pupilles se feraient brûlantes de passion devant la terre qui s'embrase, érodées d'un plaisir surfait qui s'infiltre dans la chair, la dévore au fur et à mesure que le microcosme fraîchement créé s'évapore dans une brume à l'allure d'opioïdes. foutu simulacre dissimulé sous le visage de la môme, comme une tragédie grecque qui arracherait les derniers lambeaux de lucidité existants, les réduisant à néant, ce sont les érinye aux yeux couleur sang qui abrite ses nuits cauchemardesques, ses tourments volages qui se replient dans ses poumons à chaque cigarette allumée. mortels tourments, cachés sous les mots durs, de ceux qui caressent les mensonges et tranchent les derniers myocardes encore debout. (ils sont peu) jo n'est plus qu'un corps céleste fané, qu'un macchabée assassiné par des sombres mirages aux couleurs de la morphine. c'est l'avare qui mélange le temps, le rend plus mélancolique jusqu'à ce que le noir s'y fasse maître, jusqu'à ce que les regards se fassent d'une violence monstre, perlent des larmes couleur carmin. les allusions des derniers souvenirs diurnes couvrent l'aorte d'un peu plus d'accrocs, l'ont éraflé comme un vulgaire morceau de verre sur le macadam. les sinistres de l'animosité, comme une gangrène, couvre la peau laiteuse, la marque de sa naïveté envolée, arrachée par cette vie avide de peines. (à croire qu'elle fait exprès)

charognarde jo, à aspirer les âmes de ceux qui n'en ont plus besoin, à s'en consumer. à regarder les anges danser dans des robes faussement blanches, à les payer pour quelques instants promis, miroités, à demi consommés, aux mensonges déjà tout préparés à ces clients en quête de maux doux. elle est l'une des leurs, une ombre amorphe aux yeux belliqueux, dont le vide s'est approprié l'être et l'organe tout entier. une tumeur qui cherche à s'emparer de la beauté des autres, de leur pureté, même soit-elle illusoire, des morceaux de leur identité, tout obtenir. c'est la haine qui se placera sous des bons augures, timide mais présente, lassée de ces mots peu sincères, du creux inextinguible qui se dessine et qui stagne dans des ressentiments corrompus. ouais. qu'elle répond jo, les traits du visage qui se durcissent, j'attendais tes mots doux, menteuse, défigurés par la vérité aux éclats tranchants, elle chute la gamine, icare en plein vol, brûlée par l'orgueil. la succube s'est emparée de l'utopie qui se logeait dans les rétines, l'a écrasé de sa verve cinglante, de son regard qui fait pâlir tant il attire. et jolene ne la quitte pas des yeux pourtant. si attirée par ce qui détruit. une chimère aux mille visages, pourtant si naïve. elle aperçoit les anicroches à travers nikita, la putain qui ne devrait pas en être une, les manques qui l'abrite et les fissures d'une autre vie passée, d'une transparence à jalouser.

cependant, c'est l'anachronisme effacé d'une soirée aux couleurs noircies, les prunelles bronze de jo se sont perdues à travers la fenêtre, lors d'un instant, détaillent avec une lassitude prosaïque les détails de la pièce, chose qu'elle n'avait pas fait auparavant. les ressentiments se sont synchronisés, remplis de la même ferveur, et nikita parle enfin. elle s'est parée de mystères, de non-dits, de ces phrases qu'on balance pour écourter les discussions. alors on se demande si il y a une part de vérité là-dedans. est-ce que je peux croire ce que tu racontes? mens-tu encore? joues-tu à être une autre personne? le crâne à l'envers, ankylosé, elle allume une autre cigarette jo, en pose une près de la sirène fané, si tu veux, prends la. la souffrance s'est un peu apaisée auprès de ces paroles sans sens, on ne distingue plus le vrai du faux, les mirages ou la cruelle vie. si le queens t'ennuie tellement, tu devrais t'en aller. loin. qu'elle ajoute, plongeant son regard dans celui de la blonde. j'partirais même avec toi. autant s'abîmer totalement.


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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Mer 6 Oct - 18:46

fabriquée de mensonges, eden s'expose comme une imposture. maîtrise en tricherie, ses pommettes sont fardées de feinte, ses lèvres mystifiées de mirage, son sourire dilué de simulacre. d'un moindre trait qu'elle étire, de la moindre expression qu'elle dégage, des moindres vibrations qu'elle émane, elle trompe, comme une brodeuse d'émotions qu'elle invente. c'est une artificielle, eden, articulée par le cataclysme d'une vie devenue insignifiante. mais c'est un artifice, niki, des sous-marins, dont le feu qui brûle se congèle en ses eaux cyclones. avant, elle se forçait d'aimer pour vivre. aujourd'hui elle meurt d'amour. avant, elle générait ses larmes de crocodile, aujourd'hui, elle a les crocs qui pleurent. louve aux canines émoussées, solitaire dépendante aux cachets, prédatrice devenue leur jouet. les temps sont difficiles. niki se livre sur ce qu'eden voudrait cacher. mais elle reste sensée, la prostituée. incarne la duplicité en s'imposant en deçà de sa réalité. confie ses ennuis en omettant de préciser son entité. « est-ce-que je peux croire ce que tu me racontes ? » à moitié, ma douce. parce que mes sentiments ne naissent plus que lorsque j'avale mes médicaments. à moitié, parce que je te plains les lassitudes d'une vie qui n'existe plus. à moitié, parce que mon crâne n'a plus l'opportunité de s'ennuyer. il est déjà crevé. la vérité, c'est que la cocaïne suscite sa tangibilité. qu'elle se sent étrangère au queens qu'elle ravageait autrefois. que ces gratte-ciels trop hauts l'empêchent de rejoindre le ciel. qu'elle n'est plus capable de différencier les saveurs du sucre de celles du rhum, plus capable de sentir les arômes aspergés sur son cou et qui bâchent l'odeur de son cadavre. qu'elle rêve à nouveau d'embrasser, mais qu'on a volé à ses lèvres leur poison. la vérité, c'est qu'au lieu de tourner rond, elle voudrait que le monde se paralyse. comme elle. et que de tous les impuissants, elle en devienne leur souveraine. « tu peux. » lui répond-t-elle avec impartialité. elle assure la possibilité, néglige le devoir. ça ne relève pas de son choix si la gamine doit y croire. je t'ai offert des mots que t'as payés, jolene. des mots spéculatifs amputés de sincérité. t'es assez grande pour acheter, alors t'es assez grande pour décider. tu peux faire de moi une faussaire ou une fidèle. tu peux me laisser t'impacter ou t'indifférer. tu peux faire de moi, pour toi, une éphémère, ou une immortelle.

jo se déleste d'une cigarette. niki s'en empare. et c'est sûrement à ce moment-là qu'elles révèlent pouvoir partager leurs hypogées. ensemble, elles enfument leurs caveaux desquels elles clamsent. « si le queens t'ennuie tellement, tu devrais t'en aller. loin. » la blonde arque un sourcil, et pince un sourire presque attendri. elle en est persuadée, jolene y croit. sous ses os pulse encore l'expectative d'un exutoire. pour la vendue, c'est différent. elle sait déjà, que même à loin, il n'y a rien. qu'en nul part habite son échappatoire. elle sait, l'absence d'issue. elle connaît, son dénouement. ce sera la fin. et rien que ça. « j'partirais même avec toi. » niki, activée par la poudre, enfin souffle un rire. parce qu'elle la fait rire, la rêveuse fougueuse. se détache peu-à-peu des autres auxquels elle l'avait rattachée. « combien, le salaire ? pour que je te suive ? » elle ne plaisante qu'à moitié. son ironie se veut incarner une blague, mais à la fois, lui rappeler qu'elle ne lui capture qu'un temps de travail, et non des utopies complètement insensées. comme un rappel à l'ordre d'une mère qui aurait oublié de lui dire de ne jamais suivre des inconnus. le jour où elle part avec elle, jolene, elle n'en reviendra pas. niki tente donc de l'en dissuader, en se moquant de son invitation. en la décrédibilisant. elle reprend, égoïstement. « j'ai déjà essayé. » j'ai déjà essayé, d'aller mourir ailleurs. mais le queens est particulier à mon cœur. et sera le seul capable d'hospitaliser mes démons, de loger mes errants le jour où ils reviendront. et puis, regarde ! le seul capable de me faire rencontrer les esprits. t'es là, jolene ! tu serais peut-être même taillée à rentrer en mes troubles, vu comme t'es cassée. vu comme t'es belle. « et c'est ici que je m'ennuie le moins. » confie-t-elle encore. pour vrai. tuant sa cigarette dans le cendrier. « pourquoi tu veux partir ? » elle s'intéresse, réellement, même si elle ne doute plus vraiment. elle en est persuadée, la gamine n'a rien à fuir. mais plutôt tout à chasser.

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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Mar 12 Oct - 19:54


the pink champagne of ice
and she said:
we are all just prisoners here, of our own device


l'atmosphère s'est érodée, est devenue amère de ces lieux aux fantômes trop présents, dévalant les dernières pulsions de vie qui s'amenuisent de leurs erreurs passées. les êtres aux sourires allègres s'en sont allés, réduisant le queens en poussière, en béton qui ne demande qu'à avaler les derniers damnés, à les achever de moisir dans un endroit aux couleurs asphaltes. les mots ne sont plus que des moyens amères d'acheter une fausse proximité, des illusions trop bien ficelées, des caresses qui électrisent le corps, l'embaumement d'un émois artificiel. le myocarde s'apparaît à un vide simulacre, toujours à battre contre la douleur qui s'est nourrie des âmes des autres, il est la pénitence qui la relie à ces derniers souvenirs, de ceux qu'on tuerait contre le silence de la peine. de celle qui se fait chétive, insatiable, aux allures d'une déesse persécutrice, malade d'eux. mais jo, t'es plus que ça, qu'une morte aux organes qui marchent. la chimère feint une assurance mirage, un sourire carnassier, et des lèvres rouges pour mieux les dévorer, les emmener plus bas que terre, partager sa souffrance avec ces proies aux doux visages. rien que pour créer des anges déchus, les maquiller de noir, et les abîmer en quelques instants, pour qu'il ne reste plus rien. des foutus squelettes, comme elle. c'est le feu qui s'est abrité dans l'encéphale, l'a incendié de pensées acides, celles qui tuent la lucidité et se propagent dans tout le corps, comme une gangrène au goût de l'ammoniaque. kamikaze fugace, les méfaits sont gravés dans la chair, et le bleu sous les yeux se fait plus puissant qu'autrefois, témoigne des nuits héroïne qui se baladent sous les rétines. jo, charognarde de ces autres corps, quelques billets sous les yeux et les promesses se feraient si réelles, à faire pâlir la lune de leur douceur laiteuse.
j'voudrais qu'on me dise que j'existe, que tu m'aimes, même si c'est faux, que tu m'abîmes, ou qu'on le fasse ensemble, pourvu que la solitude ne me tue pas. (je te crois)

elles se laisseront des cicatrices, celles d'un soir ou celles qui restent imprimées dans la peau jusqu'à ce que le dernier souffle s'en aille. elles se consumeront, avec leurs doses d'adrénaline qui ne durent qu'un court instant, les remords s'en iront tant que le soleil ne se montre pas, lui non plus ne veut pas assister à la déchéance de gamines abîmées, de mômes aux palpitants trop noirs et nicotinés. elle est belle nikita, avec ses yeux d'un azur presque parfait, et sa blondeur qui ne rayonne plus, arrachée à cette vie de ténèbres. trop belle pour se vendre, mais tant pis, jo l'a achetée, comme un vulgaire morceau de chair à s'approprier. une oasis qui disparaîtra dès que les deux heures se seront écoulées, si réelles, si intemporelles de ces deux furies. elles auraient pu être le même reflet de ce miroir brisé, des êtres à recoller, mais le destin ne laisse pas de dernière chance. elles devront subir les conséquences de leurs fabrications artisanales d'utopies. mais jo n'a plus que la rage aux tripes et les phalanges rougies par les fardeaux de sa propre existence à porter pour arrêter d'emprisonner les autres dans sa prison aux murs tordus. combien tu veux? qu'elle lance avec les lippes qui se tordent dans une moue provocante, donne moi ton prix, ce sera peut-être dans mes cordes. peut-être que tu m'appartiendras cette fois, comme les autres. peut-être que tu t'en iras, comme les autres. nikita est une sirène au chant belliqueux, de celui qui envoûte et ne laisse pas indemne. pourtant, jo serait prête à se laisser damner par n'importe qui, à redevenir chimère, à s'éteindre doucement dans le coin d'une rue du bronx. le queens est mon tombeau. qu'elle ajoute, tristement, le regard se fait distant, deviendrait aqueux si l'autre présence ne se faisait pas si incandescente.  il m'a tout pris. une autre cigarette est allumée, jo ne les compte même plus, seul compte les mains tremblantes d'une dose qui n'est pas venue. le monde devrait tourner, tourner, tourner trop vite autour de jo, aussi vite que l'encéphale fulmine. certaine de ne pas vouloir partir? on irait au brésil, je suis sûre qu'on s'ennuierait pas là-bas. je t'ai payé pour que tu enlèves ma souffrance, mais je ne vois plus que les nôtres, additionnées dans un chaos.



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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Jeu 14 Oct - 0:56

jolene possède finalement peut-être l'inconscience de l'âge. pourvue de traits indociles, ces derniers semblent tout de même d'avantage se décrypter comme des étendues d'espoir plutôt que des creux de vie irréparables. il est vrai que ses cernes labourent son visage, mais en font aussi de charmantes écailles. avec tout l'attrait et le magnétisme qu'elles symbolisent. certes, dans les yeux de la gamine se morfond une sale histoire. qui s'ennuie par définition à attendre trop longtemps. le sale attend le blanchiment, l'histoire l'absolution. mais elle attend, l'utopiste, ne fait que patienter dans les limbes quand eden en est déjà une résidente avérée. elle pense peut-être qu'elle peut l'expier de ses souffrances, mais le problème réside là où la putain en est une. à vendre son corps en s'appropriant tous les cœurs qui l'achètent. nymphe née pour discréditer, la seule purification qu'elle aurait à lui offrir serait de lui laver le cerveau. « combien tu veux ? » « bien plus que ce que je vaux. » répond-t-elle en l'instant, portée par la confiance qu'elle octroie trop vite à cette gamine de rêves de mort qu'elle pense déjà avoir cernée. parce que niki croit aussi en la vie, avec ses rétines regrossies par la poudre. la blanche l'aveugle des risques et des autres. lui fait sous-estimer le siècle et ses disciples. alors que le monstre sobre aurait métré avec une justesse implacable chaque impact potentiel. aujourd'hui, jolene peut en être un. parce qu'elle rencontre tant les vestiges de la vengeresse qu'un fantôme fait de failles. « donne moi ton prix, ce sera peut-être dans mes cordes. » évidemment, que nikita a un prix. puisqu'elle ne pèse plus rien. je veux la vie, jolene. je veux que tu payes un appareil pour raser mon passé, je veux que t'envoies un missile atomiser les souvenirs qui me submergent. je veux que tu me fasses don de la verdeur de ton âge pour faire un bond dans le temps. je veux que tu fauches un saint pour m'offrir la virginité de son âme et les vertus de son être. je veux vivre, jolene. comme si je n'étais jamais morte. la question est difficile. la soumise au trépas se fourvoie. « t'es prête à quoi ? » finit-elle par lui répondre. d'un sérieux qui tend à effrayer. d'une curiosité qui veut la découvrir. qui es-tu, ma douce ? es-tu prête à me proposer l'illimité de la morphine, ou la passion d'une existence ? qu'as-tu, pour moi ? des grammes, ou la graisse ? des sédatifs, ou le sérum ? où se situent les limites de tes capacités, jolene ? à quoi ressemblent-elles, et, comment peuvent-elle s'accommoder aux miennes ?

à travers les intimités qui s'échangent, niki continue d'exécuter ses facéties. ses doigts glissant toujours abstraitement dans la chevelure brune, pensant souvent qu'elle voudrait en faire sa tête à coiffer. « le queens est mon tombeau. » présente-t-elle en assumant son extinction. « il m'a tout pris. » elle précise, la tristesse ridiculisant son chien. eden commence par faire la moue, indécise. « moi, c'est un homme. » choisit-elle de révéler pour mieux poursuivre. « qu'est-ce-qu'il t'as pris ? » porté par des syllabes apaisées, sur un ton bienveillant. conte-moi, jolene, l'histoire de ta vie et ses mauvaises issues. apprends-moi, les contours de ton âme aux écorchures fumées. c'est que c'est une obstinée, la gamine, qui cherche à convaincre. ou se convaincre elle même. « certaine de ne pas vouloir partir ? on irait au brésil, je suis sûre qu'on s'ennuierait pas là-bas. » surtout, se convaincre elle-même. ils ont une belle couleur, ses rêves. mais la camée n'est plus capable de les percevoir, fondue dans les ombres éternelles. « le brésil ? pourquoi le brésil ? tu t'y imagines loin des favelas, étendue sur le sable à fredonner sur de la bossa nova ? » elle sourit, prête à entendre la saveur de ses espoirs à défaut de les voir. fais-moi rêver, ma douce, avant que je ne te désillusionne.

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Message Sujet: Re: entre les flammes (jo)    entre les flammes (jo)  Empty Dim 17 Oct - 16:52


you couldn't save me
but you can't let me go


les flammes de l'enfer se feraient déchirantes d'une agonie aux couleurs d'une douce aube, aux promesses remplies de poison jusqu'à leur couper le souffle, brûlantes contre ces corps aux expectations trop grandes pour que les dégâts ne les érodent pas un peu plus. le queens s'est fait le tombeau de ces âmes à demie vides, le béton les retient prisonniers, mais c'est ce même béton qui nourrit leurs idées d'un gris trop sombre, d'une couleur rouge sang, des pertes que leurs âmes subissent à vouloir trop se battre contre les démons qui les pourchassent inlassablement. trop nombreux sont les morts aux organes vivants qui errent en quête de rédemption, d'une éternelle pulsion de vie, de celle qui nettoierait le noir dans leurs myocardes salis, dans leurs encéphales qui tournent trop vite ou au contraire, qui refusent de fonctionner, ils s'amuseraient à brûler les dernières traces de notre monde pour que leurs pupilles brillent à nouveau, le feu devant eux rougirait leurs visages aux traits trop éteints. mais les palpitants se remettraient à battre, et c'est tout ce qui compte. la destruction de leurs failles, les couvrir d'une délicate peinture, de délicieux mensonges, en faire des amas poussiéreux et cendrés, reprendre le contrôle face au vide qui se creuse dans la chair et la gangrène à chaque fois que le jour se montre, avide de douleur. alors, ils s'approprient les leurs, refusent de leur donner cette satisfaction, d'voir leurs regards écailleux. jolene en fait partie, de ces fantômes qui s'évadent, de ces absents qui n'ont plus que les cachets pour créer des paradis artificiels, ces caresses faussement consentantes qu'ils minaudent pour quelques billets, pour les mensonges qu'on leur sert avec des moues carnassières, pour qu'on déchire leurs psychés tant ils moisissent de l'humidité de leurs larmes. tout s'érode, même l'espoir que les érinye arrêtent de pourchasser les défunts, alors jo s'offrirait comme sacrifice, tout ça pour crever et goûter l'éther qui s'infiltrera dans ses poumons nicotine, pour s'échapper de l'atmosphère acide qui s'infiltre dans les rues comme une malédiction dont on ne revient pas. de l'argent ou de quoi oublier? un sourire se dessine sur les lippes, elle a de quoi tout anesthésier jo. de quoi s’débarrasser des crimes qui les abritent, de faire d'elles des corps chétifs. je sais que tu rêves de cette poudre, comme j'en rêve. je le vois dans ton regard trépas. tu es une sirène aux iris azur, je ne suis qu'une chimère aux mille visages. ton chant m'envoûterait si je n'y étais pas si imperméable.

la môme n'est plus qu'apathique face à la nymphe à la douceur trop surjouée, aux utopies auxquelles elle ne veut plus croire, aux propositions d'un ailleurs qu'elle finira par rejeter avec des tendres excuses puisque nikita est comme les autres, qu'une poupée brisée que jo voudrait faire sienne, pour s’approprier son âme et ses fissures pour qu'elles complètent sa collection de défunts vivants, réparer les accrocs de son cœur et la laisser s'envoler, pour que enfin, nikita retrouve l'aura solaire qui avait été sienne auparavant et qu'elle brûle jo avec la chaleur de ses nouvelles illusions. on ne vit plus qu'avec ça, les illusions ou les substances. damné jo, c'est les dernières convictions qui s'effacent avec le temps, détenue dans le froid d'une solitude meurtrière, d'un amour enterré six pieds sous terre. les hommes... qu'elle soupire, et nikita n'est plus que le reflet de jo, tout autant brisée, tout autant fissurée, mais pourtant, les deux gamines sont encore debout, à s’enivrer d'héroïne mortelle. il m'a pris un homme. qu'elle ajoute, le regard fuyant. je ne te laisserais pas voir mes failles, c'est les tiennes que je veux voir. c'est les tiennes que je rêve de réparer. enfin, c'est de ma faute. c'est moi qui l'ai laissé se donner à la mort. pourtant, le cycle infernal se répète et bientôt, ce sera à jo de se laisser à la faucheuse, ce jour là, elle sera prête. elle l'attend. provocante. elle consomme les êtres jolene, mais cette fois, l'exception porte un prénom qu'elle retiendra. n i k i t a. ouais, quelque chose comme ça. ou on peut aller aux bahamas, si ça te tentes plus. les plages sont sympas de ce qu'on dit.  elle s’obstine jo à vouloir réparer les abîmés, à vouloir les évader de ces hauteurs qui se font encore plus sombres. pars avec moi. sinon, je resterai là. avec toi. ou sans toi.




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