invisible au milieu de la foule, juste une inconnue qui s'incruste dans la soirée d'une connaissance qui ne connait pas grand chose sur sa personne. un moyen pour sally d'enfiler son plus beau masque sans que la maladie ne franchisse la barrière de ses lèvres. elle a besoin de ça la fleur, elle veut vivre toujours plus fort sans devoir affronter les questions qui agissent comme des couteaux dans son palpitant déjà trop affaibli par la maladie qui la ronge un peu plus chaque jour. un sms comme une invitation à quitter son appartement trop grand pour elle, une opportunité de se libérer des chaines pour montrer qui elle est vraiment. un petit bout de femme capable de danser les yeux fermés sans se soucier du regard des autres, pas une nana dont le destin est déjà tracé, aussi funeste soit-il. son ombre virevolte quand elle enfile un simple jean accompagné d'un body dans lequel elle se sent suffisament libre et confortable. quand elle débarque dans l'appartement, c'est son sourire-soleil qui parle pour elle, ses mains qui viennent naturellement se poser sur les épaules des invités pour saluer même les inconnus. amis ou non, réservés ou non, sally a un coeur assez grand pour tous les accueilli. le temps défile trop vite pour qu'elle pense même à remplir son verre, c'est une nouvelle tête qui vient l'aborder pour lui faire remarquer. le brun a tout juste le temps de terminer sa phrase que sally répond spontanément aux présentations pour le moment trop formelles à ses yeux. « sally ! je te suis avec la bière, c'est l'alcool que je supporte le mieux ! » la voilà qui s’éclipse pour esquiver les questions, il faut dire qu'elle est bien obligée de se limiter pour freiner la maladie à défaut de prendre un traitement. un saut dans la cuisine plus tard, la blonde se ramène auprès de wayatte en trempant ses lèvres dans le breuvage ambré. « tu as l'air de connaitre du monde ici ? » elle a ce regard vrai, celui qui pétille de curiosité face à l'inconnu qui n'a rien d'effrayant pour une condamnée à mort.
la ville est engloutie par l'obscurité, quelques étages plus bas les gens rentrent chez eux pour retrouver le confort d'un foyer, le douillet d'un lit et l'amour d'une femme attendant sagement le retour du mari prodige. s'il savaient qu'à quelques mètres au-dessus de leurs têtes rêveuses se dresse une soirée en apparence banale, des invités comme on peut en croiser aux quatre coins du quartier et au milieu, sally. elle apparait comme une extraterrestre qui a le sourire facile, mais ils ne savent pas eux. ils ignorent que chaque seconde passée dans ce monde est une bataille remportée face à la maladie, ils ne savent pas que son regard peut bien dévorer le monde entier en brillant toujours du même feu. elle reste à l'aise dans cet appartement qui respire la luxure, cherche du coin de l'oeil des similitudes avec son lieu de vie ou encore mieux, celui de son père qui ne vit que pour surveiller son compte en banque déjà bien trop fourni. l'unique personne qui se démarque de la foule reste ce brun, un parfait inconnu qui a l'air de sourire au moins aussi souvent qu'elle. quand sally refait irruption dans le soleil, il se trouve dans un petit groupe d'amis qui discutent, trop d'amis pour qu'elle prenne le risque d'avoir des questions sur ses cernes mal dissimulées derrière son fond de teint. dos contre le mur, wayatte vient bien vite la rejoindre pour rompre sa solitude, s'excusant au passage du manque de délicatesse de son entourage qu'il connait visiblement depuis de trop longues années. « je suis persuadée qu'ils sont sympas, c'est juste que... la foule, c'est pas mon délire. » un rictus nerveux accompagne la fin de sa phrase. c'est un demi-mensonge, l'étouffement vient vite oppresser ses poumons quand les corps sont serrés dans une atmosphère irrespirable. c'est aussi une invitation tout juste dissimulée d'aller prendre l'air. ses lippes se trempent une nouvelle fois dans la bière, provoquant un long frisson le long de son échine. « je plaide coupable, j'ai demandée à william de me changer les idées, voilà le résultat. » cette fois c'est un sourire plus sincère qui illumine le visage de la mourante, son visage s'incline légèrement sur le côté, vilain toc qui lui donne un air d'enfant curieuse. « dis-moi, tu bosses dans quel domaine pour connaitre du si beau monde ? » cette fois la discussion semble lancée, évitant à sally de fuir pour le moment.
sally elle est pourtant du genre à se mêler à la foule sans se soucier de ce que les autres peuvent penser d'elle, mais pas ce soir. ce soir tout est différent, elle rêve seulement d'être invisible, d'être en bonne compagnie sans se poser de questions sur la maladie qui gagne toujours un peu plus de terrain. c'est ce genre de jour où le moral se ferait bien la malle pour l'enfoncer dans sa solitude, mais pour le moment les sourire qu'elle échange avec cet inconnu maintient sa tête hors de l'eau, encore plus quand il lui propose d'aller prendre l'air sur le balcon de l'appartement. le sourire de la malade s'étire encore un peu quand il promet de remonter les bretelles de son ami. elle se fiche bien de tout ça, préfèrant agripper le poignet de wayatte pour l'attirer vers ce fameux balcon, attrapant de justesse son verre toujours remplit avant de déguerpir. le froid vient lui mordre agréablement la peau, ça lui permet de faire le vide, d'évacuer toute la tension accumulée ces dernières minutes. la discussion reprend vite sur les occupations qui viennent engloutir la plupart de leur temps libre. après avoir trempé de nouveau ses lèvres dans l'ivresse liquide, sally rétorque rapidement. « mon père est homme d'affaire également, je comprends bien. » cette fois c'est un rictus plus malicieux qui vient prendre place sur son visage alors que son index pointé pousse doucement le torse du jeune homme. « mais je t'ai demandé ce que toi tu fais, pas ton père. » sa curiosité la perdra sûrement un jour, si la mort ne le fait pas avant. les suppositions sur le métier de la blonde fusent, elles sont toutes fausses. il est vrai qu'elle n'a pas l'apparence classique d'une personne qui traine entre les bouquins parfois poussiéreux. « tu as tout faux sherlock, je gère une petite librairie pas très loin d'ici. » ses pupilles grisées s'attardent quelques instants sur le visage rasé de près, elle l'a déjà vu quelque part, mais sa mémoire lui joue de mauvais tours. « je ne vais pas t'accaparer toute la soirée, tu peux rejoindre tes amis si tu préfères. » bien sûr qu'elle n'en a pas envie, ses démons tournent trop autour d'elle pour qu'elle les laisse faire. il lui faut une arme pour les combattre, et il parait que le sourire est la meilleure arme.
la solitude est une caractéristique assez rare pour être soulignée chez sally. cet appartement sombre ne reflète que les souvenirs d'une adolescence à suivre son père pour faire bonne figure dans les galas. la vérité, c'est que sally rêve de fuir cette soirée qu'elle n'aurait jamais dû accepter, mais cet inconnu la retient sans réellement le vouloir, seulement en attisant sa curiosité. même si le froid frappe violemment son épiderme, cet air vient redonner un peu vie à ses poumons brisés. la barrière délimitant le balcon devient son nouveau siège, elle profite de cette fraicheur en fermant les yeux quelques instants, les menottes fermement agrippées à la ferraille. ce ne sera jamais son genre de se laisser basculer en arrière, elle aime bien trop la vie pour ça. un jour, quand son corps frêle sera relié par des machines, elle y pensera peut-être. son visage se tourne en direction de wayatte pour recentrer son attention sur lui et le mystère qui l'entoure, l'intrigue étonnamment. le cinéma. c'est un domaine vaste, mais ça ne la surprend pas. « le cinéma, nos deux métiers ne sont pas si éloignés. ça fait longtemps que tu es dans le milieu ? j'imagine qu'il n'y a pas que des avantages, mais si ça te plait, profite-en. ça doit provoquer de belles rencontres, non ? » la curiosité est piquée à vif, les questions fusent et franchissent aussitôt la barrière de ses lèvres. la blonde étouffe un rire gêné dans la fin de son verre. « pardon. » elle est sûrement trop ignorante, ou pas assez curieuse pour avoir reconnue le visage qui a défilé plusieurs fois sur les écrans, mais ce n'est pas pour la déranger. « les bouquins ont toujours été une évidence pour moi, j'aime leur tranquillité. » la discussion prend une nouvelle tournure quand l'inconnu avoue qu'il préfère rester dans le froid de la ville plutôt que dans la foule de personnes qu'il connait bien. ce n'est pas pour déplaire à sally qui se penche légèrement pour poser son verre sur le guéridon non loin, en profitant au passage pour reposer ses pieds sur la terre ferme, plus en sécurité. le sourire timide du début de rencontre est vite éclipsé par un rictus plus franc, plus lumineux face à cette rencontre qui l'intrigue. « si tu n'as pas envie de rester avec eux.. qu'est-ce qu'on fait encore là ? » c'est une main tendue qu'elle offre en guise d'échappatoire. pour ce soir elle peut bien le suivre où il veut, pourvu qu'il fasse en sorte d'éloigner les démons de son esprit, encore quelques heures, jusqu'à ce que la solitude revienne frapper à son esprit.
il y a quelque chose qui lui retourne le coeur dans cette rencontre, sans pour autant mettre de mots dessus. là, sur ce balcon, la malade serait bien capable de mettre des mots sur le crabe qui la bouffe lentement mais sûrement, lui expliquer la fuite, sa peur évidente de mourir seule, tout ce qui se cache derrière son sourire de façade. elle garde ce secret bien enfoui au fond de ses entrailles en attendant le bon moment, s'il arrive un jour. « j'aime les gens, la foule un peu moins. » sensation d'oppression avouée à demi-mots, c'est la raison qui la pousse à fuir une nouvelle fois cette soirée dans laquelle elle n'a pas sa place, mais pas seule, la discussion peut encore continuer le temps qu'il faut. la proposition est aussitôt accepté, les doigts s'entrelacent le temps d'aller récupérer leurs vestes. les personnes sont toujours agglutinées dans l'appartement, les corps se frôlent au rythme des verres qui se vident, il est temps de s'échapper. c'est sans compter sur l'hôte de la soirée qui se pose maintenant des questions sur ce départ anticipé. sally n'a pas le temps d'entrouvrir ses lèvres pour rétorquer que wayatte le fait, déclenchant chez elle un petit sourire satisfait. elle n'est pourtant pas du genre mauvaise la malade, mais cette soirée était sûrement celle de trop dans une période déjà difficile. un signe de la main suffit en guise d'au revoir, juste avant que les doigts se cherchent jusqu'à revenir dans la rue. son réel sourire ne tarde pas à revenir quand enfin, le froid vient les frapper de plein fouet. « il ne faut pas leur en vouloir, ils sont dans leur bulle. » elle est trop innocente pour accuser qui que ce soit, parfois la malade se dit qu'elle ferait une bonne avocate, à trouver des excuses à n'importe quels comportements. c'est un point de sa bucket list qui est complété quand elle s'engouffre dans la mustang. elle prend quelques instants pour contempler l'intérieur avec des yeux d'enfants, graver ces images dans son esprit pour qu'ils s'incrustent jusqu'à son dernier souffle. son chauffeur s'installe finalement côté conducteur, c'est ses yeux bleutés qui se déposent sur lui. « je t'offre un nouveau verre chez moi ? c'est calme là-bas, au moins. » le moteur de la mustang rugit dans la nuit, défilant à toutes allures dans les rues de la ville jusqu'à rejoindre la plage. le visage de sally est collé à la vitre, elle profite de cette trêve dans l'agitation de son existence. bientôt son immeuble apparait au loin. « tu peux t'arrêter là. » le bolide s'arrête devant l'appartement payé par la fortune de papa. les mains ne tardent pas à se retrouver une fois sortis de la voiture, bientôt c'est la chaleur du hall de l'immeuble qui vient réchauffer les corps. troisième étage, après avoir fouillée dans les poches de sa veste sally finit par ouvrir la porte sur cet appartement clair, illuminé par les baies vitrées qui entourent le salon. les doigts se lâchent, le temps pour elle de sortir une bouteille de liquide ambré qu'elle verse dans deux verres. « fais comme chez toi. si on vient du même milieu, l'intérieur ne doit pas te surprendre. » léger rire qui vient ponctuer cette soirée qui commence tout juste, loin du bruit et des faux-semblants de l'appartement précédent.