juste pour voir - kidd

traits de caractère /
son sourire ne peut raconter seulement quelques bribes de son passé. kidd c'est un oiseau de nuit, se comparant, parfois, à travers l'intensité d'une étoile filant au grès de ses envies. c’est aussi un être aimant et affectueux, kidd. personnalité lunaire réduite au silence, étouffée dans l’absence. le regard du grand frère est parfois perçant quand celui du petit frère est amusé, mais l’indifférence peint les traits du cadet. il barricade son coeur de ces sentiments trop aléatoires. s’en remet à la nuit, son terrain de jeu. ce morceau de temps à part où les secrets sont confiés à un croissant de lune rieur.
c’est la rage au bout de ses poings qui le maintient en vie. l'appel à l'adrénaline, le souffle qui se coupe avant d'hurler. l’ambition est démesurée lorsque ses jointures sont serrées, amochées par les coups portés. les mains parfois saturées par l’hémoglobine pourpre de ces dettes à rendre. ses traits candeurs restent pourtant calmes, et tiraillés par l’ennui. kidd garde le contrôle sur ses émotions qui ne sauraient le trahir. ses rares moments de vulnérabilité laissent transparaître la dualité sommeillant en son coeur. l'âme meurtrie et déchirée par deux identités contradictoires. le mensonge est facile, obsessionnel, et les faux-semblants il les cultive. ses journées lumières n’ont d’égale que ses frayeurs nocturnes. cupide et lapidaire. comportement un brin destructeur, jamais assouvi par sa soif de vivre. bien aimant, bien-aimé ; impulsif mais vivant.

« tu sais c’quils font aux petits merdeux comme toi k ? ils les foutent à poil, les tabassent puis les jettent sous un pont après leur avoir fouillé l'cul comme jamais il n'aurait osé taper dans l'fond ta mère. »
ça en est trop pour kidd. l'impatience martelant l'intérieur de son crâne explose face aux mots de l'homme saoul et endetté. la bouteille vide dans sa main s’écrase contre son crâne, le projette au sol dans un état proche de l'inconscience. il observe la plaie béante s'ouvrir, l'hémoglobine souillant les cheveux grisonnants pour un coup impulsif parti trop vite. « jt’emmerde fils de pute. reparle un jour d’ma mère et la bouteille fini dans tes couilles. » il regretterait presque de s’être laissé à un accès de colère pour une femme qu’il n’a trop peu connu. mélange âpre d'alcool bon marché et d'ego surdimensionné, kidd se retourne, assène un dernier coup de pied dans le corps encore à terre avant de s'en aller sans se retourner.  

les heures filent, se délient en une étrange symphonie. c'est un ballet nocturne joué par ces quelques silhouettes sur fond noir, rythmées dans un queens silencieux presque désert.
joint coincé entre les lèvres, kidd ère dans une nuit où les étoiles, ses plus vieilles amies, le juge d’un regard fielleux. ses maux sont bleus. d’un bleu orage rehaussé par les éclats que parsèment ces lumières lointaines naissantes à la faveur de la nuit. il y a quelque chose de beau dans les rêves qu'il chérit du bout des lèvres. certainement cette envie d'un ailleurs fantasmé, la fougue d'un quelque chose ne pouvant plus lui appartenir que lors de ses soirées tièdes.
il ressasse dans sa tête les mensonges qu'il se raconte afin de mieux dormir, l'ambivalence d'une personnalité qui le ronge loin de ceux qu'il aime. ces histoires et autres conflits criés alors que sa mère s’était barrée. repense à cette soirée où il a échangé une chance pour une autre. il a enfilé ce qui ressemble plus ou moins à une sorte de sincérité postiche

c'était un garçon utopiste, kidd, qui plus jeune ne pensait plus qu’à l’espace et son infinité. tous ces ailleurs imaginés, une éternité offerte à quelques chanceux hasardeux. il connaissait son histoire par cœur, la récitait à celui qui voudrait l'entendre. il irait sur mars, commencerait par la nasa et un de ses astrocamps pour rapporter à ses frères ce que jamais un autre homme ne pourrait. un grain de sable jugé dans une autre temporalité, un fragment d’espoir et de pérennité. kidd rêvait d’étoiles et d’inconnus, de voyages vers un ailleurs fantasmé pour lequel il aurait tout sacrifié, sauf le sourire de ses frères.

mais, elle est étrange cette histoire. d’une douceur aigre-douce, pleine de nuances tirant vers le gris d'un azur ombré. kidd, c’est un enfant de la nuit, un enfant des étoiles. un enfant du bruit, bercé par la vitesse d’un palpitant coupable. la preuve que parfois le héro peut aussi être ce voyou décrit de façon si binaire. il n'y a alors plus que les astres juges pour détailler ses décisions houleuses. puisqu’aujourd’hui les mots de kidd sont rouges. d’un rouge colérique ou éclat selon les jours. il suffoque à l'image d'un gamin qui aurait perdu ses rêves, pour celle qui les a condamnés à un père absent, aux peurs de ses frères et à l’argent économisé aux centimes près.
famille. famille. il y aura toujours ses frères. leurs rires et leurs joies. fratrie bienheureuse, fratrie soudée et les phalanges du cadet qui s'abîment lorsque minuit sonne. il détale dans l’obscurité. se poste au coin d’une rue pour ses frères. dealeur puis frère pour leurs rires et leurs joies. franchit la fine ligne entre le bien et le mal, celle qu’on s’évertue à lui sommer de ne pas dépasser. il vend, parfois en trop grande quantité pour ne pouvoir ressentir ne serait-ce qu'une once de culpabilité. quelques grammes ubuesques de bonheur acheté au charmeur de serpent peu vertueux qu'il est. une réalité que beaucoup cherchent à quitter quand sa famille l'y raccroche. les excès de colère laissent quelques des blessures pourpres sur sa peau. mais y’a ses frères. ses putains de frères, à la vie, à la mort, pour lesquels il peut bien supporter quelques hématomes au cœur le cadet mcdonald.

en vrac / il aime ses frères plus que tout / il voue une admiration sans limite à son père / il n'a jamais brillé à l'école pour son intelligence / il aimerait parfois faire autre chose de sa vie, sans être vraiment doué ailleurs / il n'a jamais revu le gars qui lui a suggéré cette contre-carrière / il deale également la journée pendant ses heures de travail grâce à son poste de guichetier / on l'a déjà pris pour kurtis dans la rue.