♣ - Oh father tell me... do we get what we deserve ? - ♫

01 - Break My Baby Les souvenirs les plus lointains dont je suis capable de remonter sont également les plus douloureux. Je crois que j'avais entre 4 et 5 ans, mon père avait acheté l'un de ces grands tableaux en ardoise noir où le crissement de la craie à sa surface fait retrousser les lèvres et plisser le visage. A cette époque, il cherchait à m'apprendre les bases des mathématiques par l'intermédiaire de quelques multiplications et divisions qu'il inscrivait au tableau en me demandant de les résoudre. Ces conundrums insolubles occupaient toute la place possible du cerveau juvénile dont j'étais pourvu, et du plus loin que je me souvienne j'étais incapable d'en comprendre le commencement du début de quelque chose. Cette constatation cuisante dépitait mon père n'hésitant pas à me faire rester debout durant des heures devant cet amas de chiffres et de lettres dont je n'arrivais pas à saisir le sens. Celui-ci m'exhortait, me sermonnait, voir même d'un trop plein de frustration me servait une paire de claque largement " mérité ". Je crois que le plus dur, c'est d'essayer de lire un tableau flou, distordu par les larmes qui embuaient mes yeux, je ne distinguait plus les 9, des 6, ni les 3 des 8, j'avais simplement ce sentiment oppressant dans la poitrine d'être un moins que rien, et cette pulsion déchirante de réussir. Mais ce qui fait bien plus mal que la violence physique, c'est la violence psychique. " Bon à rien ", " idiot ", " abruti ", " feignant ", " incapable ". Ce ne sont pas des mots qu'un enfant devrait entendre de la bouche de son père, surtout quand il représente sa seule famille. Mais bon, dans la vie on à " ce que l'on mérite ", alors on serre les dents, on prend sur soi, on essuie les larmes qui coulent le long de son visage d'un revers de la manche, et l'on avance. Je dirais qu'au fil des années, les abus sont devenus de mal en pis. D'abord focalisé uniquement sur les résultats scolaires petit à petit ce n'était plus suffisant, même en étant premier de ma classe je n'étais pas " assez ", j'étais trop faible physiquement incapable d'être considéré comme un " garçon ", mon père m'a donc inscrit au football américain, au baseball, à la boxe et à tout type de sport qu'il jugeait suffisamment masculin et formateur. J'ai alors du subir contre mon gré les brimades de mes camarade, de mes entraîneurs mais également le regard inquisiteur de mon père. J'ai donc passé mon enfance dans l'ombre grandissante des attentes familial, dans un état de culpabilité permanent, où seul le résultat importait au dépit de toute autre considération.         02 - Glass House Grandissant avec un fardeau plus lourd que ce que mes épaules d'adolescent pouvaient supporter, j'ai appris à marcher seul, mais à marcher droit.  Les attentes toujours croissantes de mon père ont fait s'allumer en moi les braises incandescentes de ce que l'on appel l'ego et la fierté. Je voulais plus que tout au monde prouver à celui qui me dénigrait depuis tant d'années que je pouvais être à la hauteur de ses attentes, mais cela me semblait impossible tant que je vivais à ses dépends. Après avoir terminé un cursus scolaire brillant, autant dans le domaine des études que sportif, j'ai décidé à ma majorité de m'émanciper de l'autorité patriarcale. J'ai alors quitté du jour au lendemain ma vie d'avant, me débarrassant de ce poids m'encombrant le dos, le laissant au pied de la maison familial, sous les insultes de mon père, ses quolibets à mon attention, prétendant que je reviendrais en rampant jusqu'à chez lui, le suppliant pour une poignée de dollars qu'il me refuserait jusqu'à ce que je reconnaisse que je ne peux m'en sortir s'en lui. Mais je n'y prêta pas attention, je savais dans quoi je m'engageais et si pour arriver à mes fins je devais aller jusqu'à m'offrir au premier venu, je l'aurais fais sans me questionner ne serait-ce qu'une fois. J'ai donc pris les quelques affaires que j'avais acheté par mon travail durant mes jobs d'été, 500 dollars, une bouteille de rhum bon marché, et un paquet à demi-vide de Philip-Morris red avant de prendre le premier bus à 1 dollar en direction de New York city, ville dans laquelle j'espérais pouvoir réussir ma vie.    03 - Broken bones écrire ici.