I'm not your friend. ♠ Joana

traits de caractère / *Intelligente* elle n'est pas de celles qu'on dit belles mais bêtes. Douée pour comprendre les logiques étriquées, elle était une enfant qui prenait les compliments des professeurs. Puis, une fois adulte, elle a très vite compris comment fonctionnait le monde. - *Rusée* - C'est probablement là son trait de caractère principal. Elle sait arriver à ses fins avec toutes sortes de ruses et de fourberies. Joana a un oeil pour comprendre ce qui se passe devant elle, pour exposer les choses comme elle le souhaite et pour les exécuter ensuite, à sa manière. *Manipulatrice* La ruse est une corde à l'arc de la manipulation. Un arc qu'elle sait manier depuis sa plus tendre enfance. Les yeux doux, les regards enjôleurs, les sourires carnassiers, les touchés désinvoltes... tout un arsenal qu'elle sait user pour persuader son interlocuteur que ce qu'il fait, c'est lui qui l'a décidé. - *Séductrice* Evidemment, tout est lié. Si elle parvient si facilement à convaincre son public qu'il veut ce qu'elle veut, c'est parce qu'elle sait comment le charmer. La femme est souvent fatale, encore plus souvent vénale mais toujours sublime. - *Indépendante* Bien que vivant entourée d'artistes et d'hommes riches, elle demeure une personne qui ne compte que sur elle-même pour survivre. Elle n'a besoin de personne. On pourrait même la qualifier d'égoïste car seule sa personne compte. Mais elle ne cherche pas le bonheur. Elle cherche surtout le malheur des autres, comme si elle voulait prouver que tout ce monde ne vaut rien. - *Talentueuse* Ce n'est un secret pour personne, Joana Harper est définitivement une perle pour le monde de l'art théâtral. Elle sait incarner ses personnages, elle leur donne vie. *Secrète et mystérieuse* Personne ne sait jamais ce qu'elle pense, ce qu'elle fait, qui elle est. Quelles sont les motivations qui guident cette dame de caractère? Riche de par ses fraudes, personne ne questionne. Parce que tout le monde sait qu'il n'obtiendra pas réponse.

Two sisters, two daughters.

Maman, maman, où es-tu? C'est le cri d'une gamine dans la rue. C'est le bras d'un père qui vous retient par la manche tandis que vous vous débattez avec virulence. C'est le soleil qui se couche et qui vous promet de ne plus revenir. C'est votre vie qui n'a plus de sens, plus d'avenir.

La brune de 11 ans se débat avec son père pour échapper à leur hôtel et aller s'engouffrer dans les rues londoniennes. La nuit ne va pas tarder à tomber mais Joana Harper se fiche du danger. Que peut-elle bien risquer? Que peut-elle perdre alors que...? Ses pieds se lancent sur l'asphalte avec une frénésie qui ne lui ressemble pas. Elle ne sait pas exactement où elle va. Les policiers étaient assez lacunaires au téléphone mais elle a tout entendu, comme toujours. Fouineuse, elle a soulevé le combiné pour écouter les conversations privées de son père. Elle aimait encore bien le taquiner en lui faisant comprendre qu'elle avait surpris quelque détail confidentiel dans ses affaires liées au tabac. Mais ce coup de fil ne concernait pas le travail. Mrs Lily Harper is dead. La phrase résonne tandis que l'enfant court à tout rompre. Picadilly street n'a jamais semblé aussi faux et hypocrite tandis qu'elle traverse la place bercée de lumières. La joie des touristes lui donne envie de vomir. Mais elle ne s'arrête pas. Elle court jusqu'à, enfin, tomber sur la rue qu'elle cherchait sans savoir où elle se trouvait. Une voiture est encastrée dans un poteau. Des journalistes, des policiers, des infirmiers, toute une ribambelle de gens pour couvrir les faits. Elle s'avance, soudain frigorifiée. Elle est sortie sans sa veste, elle est sortie dès qu'elle a entendu.

Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas? Comment pourrait-ce être vrai ? Cela n'a aucun sens. La bâche qui recouvre des corps, là, tout près, elle recouvre des inconnus, c'est tout. Elle avance avec des larmes qui inondent son visage tandis qu'elle voit sa mère, ce matin, lui montrer le piano en souriant. "Joana, je sais que tu n'as pas répété hier soir." La gamine s'était écriée que si avant que sa mère ne coure derrière elle en riant et en laissant ses mots sortir entre les rires "Oh oui, oui, tu as répété pour la guitare! Mais ton père et moi on te paie des cours de piano jeune femme." Elle l'avait attrapé dans ses bras et elles s'étaient écroulées au sol en riant tandis que la mère chatouillait sa fille.

C'est ridicule. Demain, elle la grondera encore gentiment avant de lui demander de lui faire écouter comment elle gratte son instrument à cordes, c'est sûr. Elle marche d'un pas incertain et un policier l'arrête. Mais une main se pose sur son épaule, une main qu'elle reconnaît sans difficultés. Son père explique qui ils sont et le flic baisse ses yeux vers la jeune fille en secouant la tête, visiblement peiné. Il explique à Sir Harper que ce n'est pas à voir pour une enfant mais l'enfant n'est déjà plus là. La blague a assez duré. Elle court vers les civières et retire le drap qui recouvre un des corps. Un cri lui échappe. Ce visage si parfait, c'est celui de... de sa mère. Mais ce n'est pas elle. Les policiers foncent sur elle mais trop tard, le deuxième corps est découvert et le même visage apparaît mais cette fois, avec celle qu'elle redoutait dans cette enveloppe corporelle. Les jumelles sont là, étendues, froides, inanimées. On essaie de retenir la gamine, de la faire faire marche arrière mais elle hurle, elle hurle tellement fort Joana. Les caméras ne ratent pas une miette de ce spectacle déchirant. C'est la première fois que Joana est sur le devant de la scène. Et c'est la dernière fois qu'elle offre de vraies émotions à son public.

Good bye daddy.

Il est mort. A tes yeux, il est mort. Pas comme ta mère, ta mère sera toujours vivante, en toi, en l'air que tu respires, dans les rayons de soleil du matin. Mais lui, il est mort. Comme un homme qui n'a plus aucune valeur pour toi. Cela fait des années que tu le vois se désintéresser, se détacher, se renfrogner. Des années qu'il est ton pire ennemi. Depuis que Lily vous a abandonné, il a cessé d'être un père. Comme si ce rôle était lié à celui de mari. Comme s'il ne pouvait t'aimer sans elle. Et en vérité, c'est toi qui ne parviens pas à l'aimer sans ta mère. Elle avait changé quelque chose en lui. Et maintenant, tu ne vois plus que la pourriture, celle dont tu as hérité. Les faussetés et les tromperies qu'il t'a enseignées, voilà ce que tu vois. Et Joana, admets-le, tu aimes ce côté. Car ce côté, cette froideur, cela t'a permis de survivre, d'oublier ta peine. Mais aujourd'hui, tu saisis ta vie, tu reprends le contrôle de ton destin.

Ah il a osé dire que tu ne poserais pas de problème. Il a osé prétendre que tu épouserais Santiago si son père le souhaitait? Mais pour qui te prend-il? Pour une marionnette, comme toutes celles qu'il t'a apprises à manipuler. Mais c'est là le danger, n'est-ce pas? Quand l'élève dépasse le maître. Et tu n'en es pas loin Jo', tu n'en es pas loin. Mais tu n'attendras pas sagement qu'il te vende. Tu as bien compris que tu ne représentais rien d'autre qu'un morceau de marchandise pour lui.

Alors te voilà, sur les sentiers new-yorkais, à chercher l'hôtel où tu passeras ta nuit. Tu n'as pas pris sa carte bancaire, tu t'es émancipée de lui. C'est ta haine qui te guide dans la nuit. L'enseigne flamboyante du Hilton te sourit et tu pénètres le hall d'entrée avec le nez en l'air. Du haut de tes seize ans, tu en fais facilement 18 quand tu es ainsi maquillée. Puis, rendons à César ce qui est à César, ce n'est pas ton physique qui te vieillit mais ton attitude. Sûre de toi, tu te rends au bar. Tu t'assieds sur le tabouret en hauteur qui laisse tes jambes pendre et révéler leur frêle carrure. Tes talons les mettent en valeur sans aucune fêlure. Un homme t'aborde au bout de deux minutes seulement, tu le sais, tu as chronométré. Et il t'offre à boire, c'est parfait, tu n'as pas à présenter de fausse carte d'identité. Tu bois son verre et tu le suis dans sa suite trente minutes plus tard. Il est sauvage, affamé et tu sais que tu vas devoir agir vite. Tu le laisses t'embrasser dans le cou pendant que tu fouines dans ton sac à la recherche de ton portefeuille. Tu en retires une carte d'identité, la tienne. Tu souris en l'immisçant devant le visage du pauvre fou qui pensait pouvoir te culbute. "Qu'est-ce que...?" Il ne comprend pas mais ne regarde pas non plus. Tu pointes ton doigt sous la date de naissance pour lui faire comprendre que tu es mineure. Il se redresse d'un coup, comme électrocuté. Piégé, l'animal commence à chercher une sortie. Mais c'est toi qu'il doit faire sortir. "Détournement de mineurs, ça coûte cher, non?"
Le ton de ta voix lui indique que tu vas négocier sa liberté. Il n'est pas foncièrement mauvais sinon tu serais déjà couchée sur le lit et tu payerais l'affront que tu lui fais. "Qu'est-ce que tu veux?" Tu regardes la suite, analyses tout ce qui s'y trouve lentement avant de lâcher avec nonchalance "Une chambre dans l'hôtel, à ton nom." Tu le tiens, il a demandé lui-même comment payer sa rançon. Il ne comprend pas. Comment pourrait-il? Il descend et tu attends qu'il revienne avec ta carte pour ta chambre. Il pourrait aller appeler la police pour extorsion mais il aurait bien plus de soucis que toi et tu as bien pris soin de le lui dire avant qu'il ne quitte la chambre. Lorsqu'il revient, tu saisis la carte en mimant le mot "merci" du bout des lèvres. Ton logement est assuré pour cette nuit. Et pour quelques autres aussi. Tu ne vas pas te gêner de faire savoir à la réception que ton grand frère a prolongé ton séjour de deux ou trois jours. Puis tu iras ailleurs, avec une fraude mieux montée. Celle-ci était risquée mais tu n'avais pas du tout envie de dormir à la belle étoile alors tu as joué et, cette fois, tu as gagné.

à la belle étoile.

Allez, dis-lui, montre-lui. Un sourire sur le visage, la belle éclate de rire alors qu'ils jouent tous deux aux cartes. Cela fait des semaines que cette pièce de théâtre a commencé entre eux. James Marlowe, joueur et parieur, s'est relevé de ses blessures en se laissant séduire par la renarde. Il a dû penser qu'elle s'offrirait à lui, qu'elle se donnerait à lui. La beauté est souvent gage de bêtise mais Joana a su lui prouver, au fil des jours, qu'elle ne cédait rien. Il pensait qu'il pourrait la manipuler et elle l'a laissé faire, consciente que c'était elle qui avait plus à y gagner. Douée pour se faire passer pour ce qu'elle n'est pas, elle n'avait pas de souci à prétendre qu'elle pouvait être la marionnette de l'aîné des Marlowe. Mais le jeu vicieux qui s'est créé entre eux est devenu trop fort pour elle. Eprise du danger qu'il représente, elle sait aussi qu'elle ne peut s'abandonner aux dérives qui la hantent.

James. Marlowe. Matelot qui a trouvé la sirène alors qu'il chancelait en pleine mer de sentiments. L'océan ne pouvait l'engloutir mais le bateau allait se fracasser jusqu'à ce que la méduse monte à bord. De ses simagrées et de ses soupirs forcés, elle a réussi à le divertir. Et de tout cela, une relation bien étriquée s'est créée. Mais dans les abords de cette complexité, Joana a commencé à craindre de se perdre. Quand la manipule-t-il, quand le manipule-t-elle? Le flou prend le dessus. Si bien que Joana, incapable de perdre le contrôle, s'est vendue à plus offrant, pour bien se séparer de ses éventuels sentiments. Irène. Sous des airs amicaux, elle a proposé à cette charmeuse rentrée dans la vie de son beau-fils de le trahir, de l'espionner et de lui faire rapport. Joana va partir. Elle a négocié sa trahison. Elle y gagnait déjà assez rien qu'en ayant un coup d'avance sur James, un coup qu'il ne pouvait pas anticiper. Mais Irène proposait de payer et Joana a été à bonne école, il faut toujours demander plus que ce dont on pourrait se contenter. La NYU. La gamine qui lors de sa fugue avait terminé le lycée avec quelques difficultés, se voit offrir des papiers, des frais d'inscription et une admission à l'école de théâtre la plus prestigieuse de New-York. James semble victorieux en lui montrant la carte maîtresse de son jeu. Il gagne la partie mais le sourire de Joana n'est pas anodin. "Je pars demain." Où? Pourquoi? Elle n'en dira rien. Elle sourit toujours et secoue sa chevelure brune avec dédain tandis qu'il la dévisage, attendant de comprendre où est le piège. Mais elle se lève et fait tomber sa nuisette en soie, celle qu'il a gagné de voir au sol. C'est la règle du stript-poker. Joana s'approche de lui et s'assied sur ses genoux. "Ne te tracasse pas, on se reverra."

Le lendemain, à son réveil, elle n'est plus là. Partie dans la nuit. Elle a laissé une enveloppe avec quelques informations pour Irène avant de partir. La marâtre a souri et lui a souhaité bon vent, déplorant de la voir déjà partir. Joana était un atout intéressant dans la main de la belle-mère. Mais Joana a besoin de distances, elle a besoin d'un nouveau souffle et surtout, elle a besoin de se prouver qu'elle ... n'a pas besoin de lui.

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Gamine des rues, gamine qui a fraudé pour avoir un endroit où loger, la voilà qui rayonne sur les planches de l'académie d'été. Repérée par le producteur d'une pièce de Shakespeare, elle en oublie presque qu'autrefois, il lui est arrivé de dormir sous les ponts. Dans sa manière de jouer, on perçoit qu'elle a assez de vécu pour tout incarner. Mais Joana n'est plus l'enfant en fugue, n'est plus l'ado qui sourit pour un toit. Aujourd'hui, elle crie devant mille personnes qui l'applaudissent et puis leur sourit tandis que ses mains glissent. Adroite et froide, elle sait que son succès, elle ne le doit qu'à elle-même. Personne n'est en droit de maîtriser son destin. Joana est libre. Et sa liberté, elle la trouve dans les délits qu'elle commet. La renarde comme on l'appelle dans le milieu est une voleuse de haut vol.