Carry you - Nia

Sisterhood. T’as jamais été du genre solitaire toi. Enfant unique, certes, mais souvent entourée. La solitude, tu ne connais pas. T’es trop sociable, une pile électrique allant en permanence vers autrui. T’étais cette gamine insupportable qui disait bonjour à chaque passant, allait voir tous les enfants dans le parc. Un putain de rayon de soleil, exubérante du haut de ton mètre à peine atteint, présentant l’assurance propre aux enfants, portés par leur curiosité. Mais doublé d’une forte tête en ce qui te concerne. Et ça a fait des étincelles avec elle. T’étais pas habituée à ce qu’on te tienne tête, qu’on s’obstine, pas devant ton sourire et tes couettes blondes. Mais elle a tenu bon elle, et c’est peut-être ça qui a fait que ça a collé entre vous, que vous vous êtes mis à rire sans pouvoir vous arrêter. T’avais enfin trouvée ton égale. T’avais beau passer encore ton temps dans les bac à sable, tu savais déjà ce que tu voulais, et Ely. Ely t’allais pas la laisser partir comme ça. Family don't end with blood. Tu sais pas si c’est parce qu’Ely n’est plus avec toi, scolarisée dans un établissement privé. Si c’est parce que cette complicité te manque au quotidien, mais ça a tout de suite fonctionné entre toi et River. Bonne fortune, hasard heureux qui a fait qu’il a posé ses fesses à coté de toi alors qu’il venait de débarquer, mais toujours est-il qu’il a fallu d’une seule remarque sur le style capillaire du prof pour que vous vous mettiez à trainer ensemble. T’avais 16 ans, la confiance facilement acquise, et vous pensiez posséder les rues du queens, déambulant pendant des heures avec son frère Maddox et Ely que t’avais d’abord trainer de force pour qu’elle fasse leur connaissance. Car t’en étais déjà persuadée, vous quatre, c’était fait pour durer. Famille de cœur que tu t’étais constituée et que tu ne lâcherais jamais. Tu te l’étais juré. Vous quatre, personne ne pourrait vous séparer. Vous aviez trop de points communs, trop de fous rires partagés, de disputes entre toi et la forte tête de River pour ensuite mieux vous retrouver. Ceux-là, tu les aimes, River et Maddox étant devenus aussi essentiels pour toi qu’Ely ne l’était déjà depuis des années. Si on t'avais demandé qui était ton meilleur ami, ton cœur aurait hésité entre Ely et River. Parce que t'avais beau ne pas le crier sur les toits et le taquiner plus que de raison, Ta relation avec lui était sincère. breaking everything apart. T’as grandi avec eux. Passant encore la majorité de ton temps avec ta bande. Ils sont ceux qui ont connus les débuts erratiques de ta vie sentimentale. T’as vu Maddox se faire briser le cœur. T’as vu Ely et River se rapprocher, devant le couple presque idyllique. T’étais heureuse pour eux. Vraiment. Voir les personnes que tu aimes être heureux te suffisait. T’étais bien trop concentrée sur tes études toi pour chercher ce qu’ils partageaient. T’étais heureuse pour lui. Vraiment. Son succès il le méritait. Mais t’arrives toujours pas à lui pardonner pour ce qui a suivi après. Qu’il te mette à l’écart, tu l’as mal digéré, ça t’a blessée. Mais la façon dont il a traité Ely ? Tu ne le reconnaissais pas. Cet homme n’était plus le River qui s’était assis à côté de toi, celui avec qui tu te voyais partager tes soirées, voir même ta vie. Il a tout abîmé, il a tout gâché. Et t’as essayé pendant un temps. Lui faire entendre raison. Ta voix s’est brisée un nombre incalculable de fois à force de lui hurler dessus. Y’a des choses que tu ne peux pas pardonner, et le mal qu’il vous a fait en fait partie. Alors t’as pas vraiment eu des difficultés à te ranger du côté d’Ely, a tenter de la ramasser à la petite cuillère après la rupture franchement crade qu’il lui a imposé. A partir de ce moment-là, River était mort à tes yeux. Il n’avait plus rien de ton ami. Ta loyauté ne se portant que sur Ely et Maddox.  Spread your wings. Peut-être que t’avais besoin de te changer les idées. D’oublier ce passé, mais toujours est-il que pendant les cinq dernières années, tu ne vis plus que pour le travail, tes études, tes recherches. Tu sors lorsque Ely te supplie ou que l’envie de voir Maddox est suffisamment forte pour te faire sortir le nez de tes bouquins. T4enchaines les relations sans lendemain. Une colère toujours vibrante au collée à ta carcasse. T’as beau tenter d’aller de l’avant, ta rancœur ne s’efface pas. Et t’as beau trouver ça tragique, tu peux pas t’empêcher de te dire que le karma a rattrapé River avec son accident. Qu’il l’a bien cherché. Mais ça te concerne pas n’est-ce pas ? T’as autre chose à faire. T’es pas pressée de le revoir, car tu sais que tu ne mâcheras pas tes mots, amnésique ou pas. T’essaies d’avancer sur les cendres de ces relations qu’il a désintégrées. Et t’es fière de ce que t’as accompli. Fière de ton doctorat en poche, de ce contrat signé et qui te lie à l’université. T’as toujours été douée pour ça toi. Faire l’autruche est aussi une de tes spécialités il semblerait. T'as pas fait attention au rapprochement entre Maddox et Ely, ou plutôt t'as pas voulu le voir. Open your eyes. Ça t’es tombé sur le coin de la gueule y’a quelques mois. Tu t’es rendu compte que lorsqu’il te parlait d’elle, ça te faisait mal. Tu l’a pas vu venir celle-là. Le fait que ta poitrine se sert lorsqu’il parle d’Ely, qu’il te confesse ses sentiments naissants. Et ça a beau te piétiner le myocarde chaque jour un peu plus surement, tu passes outre. Tu mets la tête dans le sable et fais comme si de rien n’était. Tu prends sur toi, tu te dis que ça peut pas être ça, toi et Maddox, ça ne t’étais jamais venu à l’idée. Et pourtant, ton rythme cardiaque s’envole lorsque tu l’aperçois. Et c’est peut-être du a cette douleur, ou parce que tu as la tête froide et que tu sais que ça ne marchera pas que vous vous êtes disputés. Que le ton est monté alors que t’essayais de lui faire entendre raison. Que lui et Ely ça ne collerait pas. Et t’as eu envie de le lui hurler, de lui marteler. « Regarde-moi. » Mais t’as gardé le silence, enchainant d’autres raisons, lui opposant ta logique alors qu’il te parle de sentiments. Il ne pouvait pas être avec l’ancienne fiancée de son frère, il ne pouvait pas. Tu sais plus comment ça a dérapé. Comment vous êtes passés des cris aux caresses. Aux baisers qui n’avaient rien de tendres au début. Comme si ta colère avait enfin une échappatoire, un moyen de s’apaiser. Ce besoin viscéral de lui que tu pouvais enfin assouvir. Cette nuit passée avec lui t’a au moins fait comprendre une chose. T’as besoin de lui. Tu l’aimes et ça, ça te fait peur.  Never saw you as a coward. T’as jamais eu à gérer ça avant. Enfin si, mais pas dans ces conditions. Quitter un lit encore chaud alors que l’aube est encore loin, tu connais. Mais t’es pas habituée à jeter un dernier coup d’œil sur la silhouette assoupie sous les draps. T’es pas habituée à ressentir cette envie de rester, de le voir s’éveiller doucement. Et c’est peut-être ça qui t’as poussée à partir plus vite, à courir presque. Tu sais pas comment gérer ce besoin, ces sentiments que tu ressens pour lui alors qu’il te parlait encore d’Ely la veille. Alors t’as décidé de prendre du temps, de t’éloigner pendant un moment. T’en a parlé à personne. Pas même Ely alors que t’as continué à la voir. Si elle se doute de quoi que ce soit, elle ne t’en a pas parlé en tout cas. T’as vu ses messages et ses appels manqués. Combien de fois tu n’as pas regardé ton téléphone sonner sans oser décrocher. Parce que t’as peur de ce qu’il pourrait te dire, que ce qui s’est passé entre vous était une erreur, que ça n’aurait jamais dû arriver. Pas alors que la seule chose que tu veux est de retourner dans ses bras. Alors t’as beau ne pas être une lâche d’habitude, là, c’est plus fort que toi. L’angoisse et la peur te rongeant un peu plus à chaque moment. Tu sais pas comment tu ferais pour surmonter son rejet, et c’est plus simple de fuir pour ne pas qu’il le fasse.  Notice me. T’es devant chez lui. T’as qu’une envie c’est d’aller frapper à sa porte. De te réfugier dans ses bras et de lui dire de ne pas te foutre dehors. Tu voudrais pouvoir parler avec lui à cœur ouvert comme c’était à votre habitude. T’as pas envie d’abimer ce qu’il y a entre vous, tu ne supporterais pas de le perdre. Alors tu restes plantée là, indécise. Ça te ressemble pas ça, ne pas savoir sur quel pied danser. T’as toujours su ce que tu voulais et t’as toujours tout fait pour l’obtenir. Mais tu tiens trop à lui pour lui imposer quoi que ce soit. Il faut que vous parliez, tu le sais. Tu ne peux pas le fuir éternellement, pas lorsque son absence te dévore un peu plus chaque fois que tu rejettes ses appels. Alors tu restes plantée là, indécise. Voulant tout lui avouer et craignant le pire. Tu finis pourtant par t’éclipser. Demain. Demain tu l’appelleras. Tu vas peut-être aller voir Ely en attendant pour te changer les idées.