unillusion (nana)

march 2019 l'atmosphère s'échauffe, l'air devient électrisant alors qu'la situation semble vous échapper. t'as perdu l'sens des réalités dans une seconde d'flottement. une seconde qui a tout remis en perspective, l'avant comme l'après. tu t'es laissé piéger par la détresse d'la poupée, par les écorchures visibles et invisibles, jamais complètement colmatées. tu t'es laissé prendre au jeu dangereux que t'étais pas loin d'avoir initié et dans lequel tu t'étais toi-même engouffré. t'as craqué trop facilement pour la lueur tremblante qui vrillait ses iris. tu voulais vous éviter d'penser davantage, tu voulais vous éviter des explications qui n'sortaient pas. plus que tout, tu voulais vous offrir une parenthèse en marge du reste du monde. à l'abri d'tous les regards et du qu'en dira-t-on. pourtant, à un aucun moment, tu ne l'avais envisagé nana. pas sur c'terrain-là, pas comme ça. alors qu'elle était juste devant toi, de toute sa splendeur. mais ce soir, tu n'la vois plus comme autrefois. tu la regardes différemment, celle qui fait naître de nouveaux émois, celle qui fait étrangement palpiter ta cage thoracique, celle qui gomme des limites qui vous avaient longtemps maintenu à distance. de gré ou d'force. t'as cessé d'réfléchir et t'as plongé tête la première kemen. l'grand bain était si tentant, faisant taire les petites voix intérieures qui t'soufflaient de n'pas tout foutre en l'air pour les mauvaises raisons. sauf que tu n'savais plus lesquelles étaient les bonnes. et c'est l'désir insoupçonné qui s'fait plus fort, qui s'impose de toute sa carrure. c'est contre ses lippes que t'espères lui insuffler l'oxygène manquant, encore contre ses lippes que t'espères refréner le trop plein de questions et d'incompréhensions. tu t'autorises seulement à t'demander si l'envie était latente, inconsciente ou si c'était uniquement l'exaltation de l'instant qui vous menait à votre perte.
son parfum t'envoûte un peu plus à chaque passage, tu t'imprègnes de cette saveur acidulée. et c'est si naturellement qu'tu l'attires contre toi. tes mains trouvant trop aisément leur place contre elle, les siennes venant épouser ton derme. tu la sens s'dérider nana, tu la sens lâcher prise, enfin abandonnée par ses démons insistants. avant de s'arracher à toi, t'laissant orphelin. tu pourrais presque grogner d'mécontentement si les mots qu'elle expire ne t'faisaient pas sourire. tu as gagné. cette victoire-là est plus délicieuse qu'les autres. redis-le encore. les yeux dans les yeux, t'essaies de t'raccrocher à c'que vous avez. elle t'regonfle de fierté en t'donnant si peu. t'animant sans en avoir l'air, d'un claquement d'doigts. ton impatience s'fait meilleure ennemie et alors que ta patience s'effrite, à toi tu la ramènes. tes lèvres venant à nouveau percuter les siennes, sous la pression dans sa nuque. capture exquise, capture particulière. tu n'résistes pas à l'appel, pas à ton corps qui réclame le sien. tu couleras avec elle, victime consentante. sa crinière est dégagée avec habileté, dévoilant sa mâchoire et son cou qu'tu tatoues déjà d'ton empreinte. si elle filait à l'image d'un mirage que tu t'serais contenté d'fantasmer, t'auras au moins la satisfaction d'avoir savouré chaque millième de seconde qui fût tienne. arrête-moi si tu peux, arrête-moi si tu veux, qu'ta langue menace d'échapper. qu'elle t'freine maintenant, avant qu'le point d'non-retour soit effleuré, atteint et ignoré délibérément. avant qu'il n'soit trop tard pour faire demi-tour.

march 2019
ce n’est pas une renaissance qu’il lui offre ce soir, mais bien un soupçon d’espoir après ces quelques jours d’insomnie. par cet acte d’une chaleur intense, il a révélé l’inattendu, l’impensable malgré cette concordance extrême. il est tout aussi surprit par ce geste, semblait à la fois plus déterminé  que lorsqu’il faisait affaire - ce soir, il jouait un autre spectacle, représentation inédite dans laquelle nana devenait protagoniste.
habituée à le heurter dans un quotidien qu’il lui façonné, jamais elle n’aurait imaginé voir un jour cette relation basculer dans une ambiguïté commune aux plus modestes comédie romantique. et au delà du raisonnement derrière ce baiser, elle laissait soudainement sa conscience s’évanouir, encore brûlante d’incertitude il y a une heure à peine.
la confiance portée à son égard était bien plus puissante qu’avec toutes les autres âmes croisées sur son chemin. intimement convaincue que jamais il ne pourra entacher son âme d’une quelconque blessure, nana n’avait jamais pensée à l’inverse. une situation périlleuse ou ils seraient les seuls maitres d’un acte aussi doux qu’un baiser, traversés par les foudres de la curiosité et de l’envie.
est-ce bien ?
est-ce mal ?
peu importe.
à ce moment précis, son regard renversait les derniers remparts, détruisit les barrières protectrices érigées tout autour de son coeur pour que jamais quiconque ne puisse la faire souffrir autant que les débris du passé.
et là, devant lui, nana s’exposait à nue sans se rendre compte de l’importance d’une telle marque d’attention. malgré tout, elle se sentait rassurée, bercée par les mains de kemen contre sa peau froide, indolore depuis un tas d’année. son sourire comble les vides. ses mots et son corps tout entier évoquent l’idée de ce désir à peine assouvie, nana sent la balance tomber d’un seul côté, balayant tous les doutes qu’ils pourraient avoir en plongeant tête baissée dans la continuité de cette étreinte. elle s’est débarrassée de la raison au passage, confortée dans l’idée qu’il fera bien assez jour demain pour avoir les idées claires.
ses yeux t’appellent et ces quelques secondes pour les séparer n’ont eu d’effet que d’amplifier l’éclat de cet accord parfait. et elle se retrouve à nouveau sous l’emprise du mâle, poupée de chair à l’attention fragile, bien incapable de renier ses pulsions éternelles pour une marque d’attention. nana glisse contre lui, de sa bouche s’échappe un souffle lent lorsqu’elle ses lèvres découvre la naissance de son cou. sa faiblesse en réclame tout autant que l’homme souhaite lui donner, l’envie est irrépressible, se dévouer à lui lui paraît bien trop confortable pour s’en défendre.
continuer pour ne plus réfléchir,
s’imaginer guérir,
même pour une seule nuit.
sa main frêle se dépose lentement contre sa nuque en glissant dans ses cheveux. de son geste, nana accentue le frisson qu’il lui procure, le priant par la contraction de ses doigts de ne pas s’arrêter. même si il serait sûrement temps de tout arrêter.
elle se condamne à la célébration de leurs corps, se promet que si l’agréable n’est plus le facteur dominant, elle déciderait de s’en échapper. mais rien ne va dans ce sens.
sa poitrine se redresse contre son torse, provoque la ralliement des battements de leurs corps par une danse magnétique. elle mord son oreille, ajoute quelques syllabes saccadées et continue d’attiser la flamme incandescente. as-tu les idées claires ?
sommes-nous sur le point de sombrer ?
ou t'ai-je peut-être emmené sur le mauvais chemin...

march 2019 ce sont quelques années d'amitié pure et simple qui semblent s'envoler à travers votre étreinte. quelques années à vivre l'un à côté de l'autre sans en attendre plus qui s'consument dans tes envies inédites. tu signes l'abolition d'limites qui n'te conviennent plus dans un baiser. contact qui s'voulait salvateur, pansement d'maux qu'tu voyais trop distinctement à l'intérieur comme à l'extérieur. son âme assombrie par une vie qui la maudissait. pourtant, l'contact ne s'contente pas d'être la réponse muette que t'espérais. il s'fait insistant, comme un besoin plus fort que toi qu'tu sens brûler en-dedans. t'es incapable d'y résister, incapable de stopper la machine pour tout rembobiner et effacer. nana nouvellement vêtue d'une aura qui t'bouscule, court-circuitant tout c'que tu possédais encore d'raison, d'bon sens et d'maîtrise de toi-même. l'appel est exquis, sa chaleur si appréciable, son corps si désirable. et tu t'désoles d'être resté si longtemps aveugle à c'qui t'paraissait aujourd'hui évident. à l'instant t, elle t'fait tourner la tête nana, réveille les instincts primaires de l'homme touché. coulé. tu cherches pas à interpréter quoiqu'ce soit, ni à tenter d'deviner si ce n'était qu'une pulsion destinée à n'exister qu'cette nuit-là. tu laisses tes mains s'agripper, s'approprier son corps, tes lèvres dévorer sa peau. quand la sensation d'son souffle et la pression d'ses doigts t'faisaient sourire, te satisfaisant déjà. nana tu la voulais maintenant. à toi, pour toi, rien qu'pour toi. contre toi, dans tes bras. tu souhaitais lui faire tout oublier, en sachant pertinemment qu'ce n'était que poudre aux yeux, que tu n'faisais qu'retarder l'échéance. et que l'entièreté d'ses démons ne reviendrait que bien trop vite la percuter d'plein fouet. mais t'as arrêté d'penser kemen, isolé dans une bulle qui n'appartenait qu'à vous. enveloppé dans un confort qui t'dépassait et dont tu t'sentais déjà dépendant. juste avant qu'elle s'détache la poupée, et qu'tu la dévores encore d'ton regard marronné, d'ton regard envoûté par la sirène qui avait toujours été à tes côtés, qui emplissait ton sillage sans même en avoir l'air. as-tu les idées claires ? ce sont comme des mots glaçon qui t'attaquent. l'électrochoc qu'elle expie dans l'espace qui vous séparait désormais. les interrogations par millions qu'elle fait fleurir dans ton esprit et l'évidence qu'elle ramène face à tes pupilles aguerries. qu'est-ce que t'es en train d'faire kemen ? où est-ce que tu vous emmènes sans t'alarmer de l'absence de filet ? tu t'retiens d'lui avouer que t'as jamais eu les idées aussi claires. sauf que t'es pas légitime dans ta bêtise. tu franchis la ligne sous l'joug d'tes désirs en négligeant sa place à elle, ses besoins à elle. évidemment que t'as les idées claires, t'aurais pas dépassé l'étape du baiser si tu ne l'avais pas ressenti. ce soir, elle est ta faiblesse nana et tu t'fais berner par tes émotions frisson. mais elle est aussi celle qui t'ramène sur terre en imposant des faits. en t'rappelant qu'rien d'tout ça n'aurait dû être vous. en appuyant la vérité qu'au contraire de toi, elle naviguait en eaux troubles. perdues dans un entre-deux permanent qui la condamnait à n'pas savoir traiter les informations, ni les sentiments qui l'habitaient. t'condamnant par la même occasion à prendre les décisions pour deux, dans son propre intérêt. t'es pas un profiteur kemen, tu t'détesterais de l'être. et pourtant, tu t'en veux d'y avoir ressemblé, ne serait-ce que quelques minutes. tu respectes trop les femmes, nana encore plus. j'ai pas l'droit d'te faire ça... putain. c'est contre son épaule qu'tes lèvres s'échouent, alors qu'tu la serres dans tes bras. et c'est pas l'envie qui t'en manque. sauf que c'est pas c'que tu veux nana, même si au fond d'toi, tu l'crois. c'était sans doute pas votre moment, pas votre heure, pas votre époque. et tant pis si tu sens quand même la promesse d'un lendemain crépiter dans tes entrailles. tant pis pour toi.