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 A la vie (Ella)

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Message Sujet: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Dim 30 Aoû - 21:44

A LA VIE
A LA MORT
(ENSEMBLE)

@Ella Gardner

Samedi 05 septembre, 4h00
Des acouphènes.
Violents.
Comme des battements stridents à intervalles réguliers ; écho des pulsations de son propre cœur qui raisonnaient jusque dans sa tête, du scope électronique rythmé par sa fréquence cardiaque.

Il hallucina Ella en cherchant à attraper la main de l’infirmière qui n’avait pourtant ni son allure, ni la bonne couleur capillaire, ni son gabarit, ni son sourire, ni son odeur. Elle, elle cherchait simplement à vérifier que la cicatrice restait bien propre sous le large pansement. Lui la cherchait tout court : Ella. Il bredouilla son prénom maladroitement, quasi-inaudiblement. « Tu n’as rien... »

***
Vendredi 04 septembre, 19h30
« Excusez-moi Mademoiselle, bonsoir, vous allez quelque part ? » Un sifflement admiratif plus tard, il glisse les mains autour de ses hanches, elle manque de faire imploser sa poitrine d’un battement de cils, il embrasse tendrement les lèvres impeccablement maquillées et recommence l’instant d’après à la dévorer d’un regard très amoureux. « Tu es incroyablement belle »

Le théâtre c’est une idée de Spencer : Ambroise n’y connait rien en la matière, n’y comprend rien dès lors que les pièces virent au trop contemporain à son goût (ses capacités d’abstraction sont très vite limitées), mais il lui a assuré que celle-ci est un petit bijou : même pour lui. Depuis l’Italie, Ella lui manque sans cesse. Il renonce volontiers à sa solitude pour la retrouver elle – rien qu’elle et lui, ensemble. Il s’est dit que le théâtre plairait à la graine de comédienne, il est même toujours persuadé qu’elle a un talent monstrueux même si longtemps loin des planches. L’idée a eu l’air de lui plaire : et lui aime rien que la perspective de passer un brin de temps avec elle, plus encore lui faire plaisir. Du coup, il lui a donné rendez-vous en bas de chez lui pour qu’ils y aillent ensemble, ça l’arrange, ça lui permet de prendre une douche et se changer rapidement après sa journée de travail.  

***
Les acouphènes. Toujours les acouphènes.
Et puis pourquoi la lumière dans sa chambre était si éblouissante ?

***
Ella lui fait définitivement perdre la tête : mais pas les jambes, heureusement. Il cherche à la hâte dans les poches de son pantalon, n’y déniche que son paquet de cigarettes. « J’ai oublié mon portefeuille, attends-moi là j’en ai pour une minute »

Ni une ni deux, il repart à travers les quatre étages du vieil immeuble vétuste, laisse sa belle patienter le temps d’un aller-retour qu’il imagine assez rapide. Les ruelles à côté de chez lui sont plutôt étroites, plutôt mal éclairées : mais il est encore tôt dans la soirée bien que les passants soient toujours assez rares par ici, il n’a jamais eu le moindre souci. L’éternel optimiste n’a pas l’idée de se méfier pour elle, n’a de toute façon qu’elle en tête, omniprésente et obnubilante.  

***

Le haut-le-cœur le prit sans prévenir. Il se redressa d’un coup pour vomir la bile acide de son estomac vide et arracha dans le même mouvement brusque la perfusion de son avant-bras à gauche. A droite, son ventre lui fit un mal de chien. Il n’en identifia pas la cause, ni ne remarqua les gouttes de sang de la veine percée tachant les draps blancs.

Il replongea aussitôt dans un sommeil sans rêve.

***
« Si tu la touches je te tue ! » C’est un homme ou une femme, il a une cagoule ou une casquette ou la tête nue, il a oublié la couleur de ses yeux et celle de ses vêtements, la nature des menaces : c’était une histoire de portable, de portefeuille ? il veut son collier, la toucher ? Il a oublié, Ambroise. Il revoit pourtant très nettement le couteau à viande pointé en direction du ventre de sa moitié, la taille terrifiante de la lame tremblante, à un doigt de déchirer le tissu de la robe. Il se souvient clairement de la peur acide qui l’a saisit d’un coup sec, n’épargnant aucune parcelle de son être. Sa voix raisonne encore plus tard dans sa propre tête – c’est curieux, d’ailleurs. « Si tu la touches je te tue ! » Il va le faire. Ambroise ne sait pas détester mais pour la première fois il découvre le parfum de la haine. Il a peur comme il jamais n’a eu peur de sa vie – court jusqu’à elle, jusqu’à eux, vite comme jamais il n’a couru. Il va le faire. S’interpose, pousse Ella derrière-lui sans délicatesse, décroche son plus beau crochet du droit : comme jamais il n’a cogné. Cogne à deux reprises, les dents claquent et quelques unes d’entre elles craquent et jaillissent avec une giclée de sang. Il n’a pas idée de discuter, négocier, réfléchir avant d’agir. Il n’a pas idée de chercher à se protéger, lui aussi.

« Si tu la touches je te tue ! »

Ensuite, c’est flou.
Il y a un grand moment de flou étourdissant.

Le voilà lourdement installé par terre, adossé aux pierres sales, la main dégoulinante et poisseuse là où, juste en-dessous, sous les côtes à droite, la peau est sans doute profondément ouverte. La respiration est rapide et saccadée mais bizarrement, la douleur est supportable. Ca fait mal : mais l’adrénaline joue encore en sa faveur, quand le sang coule et dégouline dans ses vêtements.

Tout va bien, il répète plusieurs fois à Ella d’une voix mal assurée, tout va bien. C’est idiot car il vient de se faire embrocher dans le ventre alors clairement, ça ne va pas trop bien. Il n’est pas très bon anatomiste mais dans un élan de lucidité inutile, il se dit qu’il y a probablement son foie qui se situe sous l’hypochondre droit poignardé, que c’est une zone richement vascularisée, que c’est normal que ça pisse la rage. Tout va bien, fais le 911. Parle calmement. Il se tait, économise ses forces qui s’écoulent en même temps que file l’hémoglobine, la peur change de cible et la tête commence à lui tourner.  Merde, c’est mauvais signe. Il ne veut pas l’inquiéter inutilement, c’est aussi plutôt crétin car elle n’est ni stupide ni aveugle et remarque forcément la flaque pourpre en cours de constitution dans laquelle elle va bientôt se retrouver à patauger à genoux... Mais quand on panique, on fait du mauvais travail. C’est son quotidien : lui s’acharne à ne pas paniquer tous les jours au travail. L’urgentiste est tout de même dans une posture à la fois inédite et fâcheuse. Tout va bien.

« Appuie fort par ici, tu ne vas pas me faire mal, appuie de toutes tes forces »

Les pensées s’emmêlent et s’embrouillent, s’éloignent et prennent des saveurs italiennes mal adaptées à la situation (ensemble, Ella divine dans les eaux limpides interdites : tout va bien, ensemble), les sirènes sont infiniment loin, il commence à faire froid, il tremble un peu et tout devient soudain flou. Le noir complet.

« Si tu la touches je te tue ! »

***

Samedi 05 septembre, 6h30
Sophie avait battu le record absolu de vitesse pour traverser tout New York depuis Manhattan, funambule entre la vie et la mort depuis le coup de téléphone. A présent elle veillait son fils blessé et encore endormi (son petit, son tout petit), infiniment douce dans la rage qui pourtant agitait son cœur. Mère ourse, mère louve, mère infiniment aimante, elle avait gardé sous silence ses peurs et le chagrin déjà dévastateur. Petit brin de femme d’une soixantaine d’années, elle était aussi maîtresse d’une force insoupçonnable sous ses sourires éclatant de lumière. Ella, elle l’avait reconnue en moins d’une fraction de seconde : même tout ce temps plus tard. L’avait accueillie avec chagrin et compassion le temps de la serrer brièvement dans ses bras tremblants de peur, après quoi elle avait monopolisé une place libre à côté d’Ambroise endormi.

Tony était d’astreinte cette nuit-là, à la maternité tout proche. Etait donc arrivé le premier sur les lieux... Le deuxième, finalement. A la brune incandescente, il n’avait pas été capable de décrocher le moindre mot. L’avait foudroyé d’un regard plus inquiet que quoi que ce soit d’autre : l’instant était à la folle inquiétude pour son fils unique et plus tard, peut-être, il aboierait. Il restait là, l’impressionnant et grand paternel grisonnant, très droit, dans l’embrasure de la porte, adossé au mur froid et inhospitalier, les bras aussi croisés que son visage était fermé. Tout irait bien, selon le chirurgien. Aucune structure vitale n’avait été touchée, ils avaient retiré un morceau du foie mais plus tard ce ne serait pas gênant. Il n’aurait qu’une belle balafre en guise de cicatrice : tout irait bien. C’était ce dont il essayait de se convaincre, Tony, les paupières closes, sous son masque de marbre glaçant. Il n’avait abandonné son poste que quelques minutes plus tôt sur les ordres de son épouse, pour récupérer un café sucré allongé et un muffin aux myrtilles et glisser le tout dans les mains d’Ella. « Il faut manger un peu, c’est important », avait conseillé doucement mais fermement Sophie en cessant rien qu’une seconde de caresser les cheveux bruns.

Personne n’aurait eu envie de la contredire dans ces instants-là.



Toujours des acouphènes, mais cette fois-ci ils semblaient supportables. Au réveil Ambroise n’avait qu’Ella en tête et pourtant, c’est le parfum que sa mère qu’il reconnut avant même d’ouvrir les yeux. Elle le portait depuis ses plus lointains souvenirs, il était sa plus belle madeleine de Proust. « Reste allongé chéri ». Il voulu rétorquer peut-être, grogna quelque chose de tout à fait incompréhensible, groggy par l’anesthésie générale et la morphine, ne bougea finalement pas trop. Son ventre le tirait anormalement. Quelque part sur le côté droit. Sa mère avait pleuré, la toute première des deux seules et uniques femmes de sa vie avait les yeux encore rouges d’avoir versé des larmes : cela acheva de le tirer pour de bon des bras de Morphée. « Ca va... » Il articula d’une voix soufflée, cligna plusieurs fois des yeux, abasourdi et totalement désorienté. Son père s’était redressé, avait abandonné son air de glace pour quelque chose de plus authentique, toujours aussi silencieux.

Dans chacun de ses bras une perfusion était posée, les bruits des machines familières lui parvinrent nettement après quelques secondes de réveil pénible, puis plus lentement, laborieusement, le souvenir très flou du couteau et d’Ella, Ella et le couteau.  

Ella dont il croisa en dernier le regard, Ella qui Dieu merci, allait bien. Il lui sourit béatement, happé, capturé par les immenses prunelles sombres, oubliant complètement le reste du monde, l’esprit encore bien trop ensuqué pour paniquer à la hauteur qu’aurait pu exiger la situation. « Je vois que vous avez fait les présentations sans moi... » Il articula moins fort qu’à l’accoutumée, ferma les yeux un instant, fronça les sourcils car profondément embêté par la tête qui lui tournait et ces foutus acouphènes, les ouvrit à nouveau pour plonger nulle part ailleurs que dans ses yeux à elle, encore. « Ca va ? »  




Sophie Marshall : #cc66cc ; Anthony (Tony) : #996600
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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Mar 1 Sep - 21:39


☾ ☾ ☾
{ à la vie }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Le bonheur n’est jamais fait pour durer,
le sol s’est dérobé sous leurs pieds,
ils étaient heureux, pourtant, ils commençaient seulement à l’être,
avant d’être plongés au cœur de l’enfer.


Les prunelles sombres, encerclées des demi-lunes violacées, fixent Ambroise sans ciller. Le corps tremblant, l’âme tourmentée ne sent pas les frissons qui tentent de détourner son attention. Pas plus qu’un quelconque épuisement. Focalisée sur lui, elle est submergée, Ella, par bien d’autres tourments. Il y a, plus que tout, la peur irréfrénée de ne pas le voir se réveiller. Le médecin a assuré, au trio silencieux, qu’il ne devrait pas avoir de séquelles de ce qui lui est arrivé. Il l’a affirmé, confiant, sûr de lui, mais elle n’arrive pas à le croire. Elle a besoin de le voir. Besoin de voir le velours de ses opales venir caresser ses iris chamboulés ; besoin d’entendre la douceur de sa voix venir bercer son âme bouleversée. Besoin d’être sûre, certaine, qu’il va bien. Que tout ira bien. Inexorablement, l’abîmée s’accroche aux mirages d’un espoir qu’elle ne sait pas où trouver. La douleur, toujours plus lancinante, vient lui rappeler que, de tous les deux, c’est lui, qui sait espérer. C’est lui qui sait y croire, c’est lui qui a la foi.

Ambroise, il faut que tu te réveilles. Il faut que tu viennes m’envelopper de ta lumière. Parce que ça fait des heures, maintenant, que je me sens noyée, je me sens suffoquer dans les ténèbres. Ambroise, c’est toi l’optimiste de nous deux. Moi je sais pas ce que c’est l’espoir, moi, je peux même pas prier un putain de dieu. Ambroise, il faut que tu reviennes. Parce que, moi sans toi, c’est pas possible. C’est plus possible.

Ella, il y a longtemps qu’elle ne croit plus en rien. Rien d’autre que lui. Lui qui sait l’éclairer de ses sourires, lui qui sait l’illuminer comme s’il détenait un pouvoir invisible. Lui, détenteur de son esprit torturé, autant que de son cœur ébréché. Il ne peut pas l’abandonner, pas maintenant, pas comme ça.

Ambroise, tu peux pas me faire ça. Tu peux pas revenir dans ma vie, la bouleverser en un éclat, puis repartir aussi vite. Ambroise, t’as pas le droit de faire ça. T’as pas le droit de me laisser encore une fois. Ambroise, moi je ferais quoi, maintenant, sans toi ?

Ambroise, j’ai besoin de toi.


Mais les rafales de l’amour sont plus violentes, encore, qu’elles n’y paraissent. Avec la violence d’un tourbillon, elles encerclent l’âme maudite, elles la rendent prisonnière de son déchirement. Prisonnière d’une culpabilité grandissante. Les remords rongent son esprit tumultueux, ils hantent un cœur déjà brisé en deux. Une partie encore présente, ici, au fond de sa poitrine aux battements anarchiques ; et l’autre, avec lui, détenteur des sentiments indélébiles. Elle se déteste, Ella, elle se déteste parce qu’elle a engendré tout ce qui est arrivé. C’est elle que cet homme est venu agresser. C’est à elle qu’il a demandé son téléphone, son portefeuilles, tout ce qu’elle avait. Et ce n’était pas beaucoup pour la môme, elle ne possède plus grand-chose. Mais elle a refusé ; elle a refusé d’obtempérer. Indocile, la féline, elle a montré ses griffes. Elle a haussé la voix pour marquer son désaccord. Et le mettre plus en colère encore. Ella, elle aurait pu tout lui donner, elle aurait dû tout lui donner.
Elle lui aurait tout donné… si elle avait su ce qu’il ferait.

Ambroise, je suis désolée. Je suis tellement désolée. Je pensais pas… je pensais pas qu’il ferait une chose pareille. Je pensais pas que je risquerais de te perdre. Ambroise, y’a que toi… y’a que toi qui compte. Y’a que toi qui aurais dû compter. Ambroise, je me détesterais à vie pour ce qui est arrivé.

Les images fracassantes ne cessent d’éclater dans son esprit nébuleux. Elle voit le couteau dressé vers elle, vers eux. Vers lui qui est arrivé en courant pour lui porter secours, lui-même porté uniquement par son amour. Elle entend sa voix crier, tellement de fois, à l’homme qu’il ne doit surtout pas la toucher. Elle voit les coups balancés, les assauts se multiplier. Elle voit, son corps tomber. Et son propre cœur, au même moment, se décrocher. Tout le sang qui coulait, l’optimiste invétéré qui tentait encore de la rassurer, alors qu’il perdait un peu plus de son fluide vital à chaque seconde qui passait. Ses mains plaquées contre le corps de l’être aimé, les rétines qui débordaient des larmes qu’elle n’arrivait pas à verser. Elle qui hurlait, elle qui l’appelait, elle qui le suppliait, de ne pas la laisser. Elle a la sensation de revivre la scène, encore et encore, depuis des heures qu’elle est là, assise à son chevet. En proie à l’amour autant qu’à la culpabilité, victime de sa propre fatalité. Ce n’est pas seulement l’argent ou bien son téléphone que l’âme en perdition voulait conserver. C’est aussi la came qu’elle venait de récupérer. Toxique, Ella, elle est autant que la poudre qu’elle s’enfile. Elle se haït, elle se hait comme jamais, elle n’a détesté personne de toute sa vie. Elle se hait pour l’avoir mis, lui, en danger, juste pour quelques grammes de poudre de fée. Elle se hait parce que s’il est ici, sur ce lit d’hôpital aujourd’hui, c’est seulement pour l’avoir sauvée ; pour l’avoir défendue sans qu’elle ne le méritait. S’il est ici, aujourd’hui, c’est seulement parce qu’il a eu le malheur de l’aimer. Il voulait simplement l’inviter, au théâtre, pour la rendre heureuse. Autant qu’elle est amoureuse. Il voulait provoquer des étoiles dans ses pupilles. Mais c’est elle qui a plongé les siennes dans la nuit. Alors comment pourrait-elle, hein, comment pourrait-elle survivre sans lui à ses côtés ?
Elle serait incapable, sans lui, de continuer.

Ambroise, tu m’as redonnée goût à la vie,
mais je pourrais pas y prendre plaisir,
je pourrais pas continuer de vivre,
pas sans toi,
pas sans toi.


Étouffée sous les songes obscures, l’écorchée vive n’a pas su adressé plus d’un mot aux parents de son ange déchu. Peut-être deux, un merci, elle n’est pas sûre, quand un muffin lui a été présenté. Elle n’a pas pris garde aux yeux fauves du père glacial ; ni à l’étreinte chaleureuse de la mère qui l’accueillait dans ses bras. Elle n’a pas réagi, Ella, elle est plongée dans la torpeur. Noyée dans ses peurs. Certainement les mêmes que les deux parents terriblement inquiets pour leur enfant. Quelque chose que la gamine esseulée ne connaît pas, car elle, chaque fois qu’elle atterrissait à l’hôpital, c’était son géniteur le responsable. Les méandres du passé, mêlés à la nuit qui vient de s’écouler, la damnée croit presque halluciner, quand elle voit enfin les deux lunes qui l’ont toujours envoûtée. – Ambroise ! elle s’exclame, et se relève instantanément. Le soulagement évident dans les yeux noirs, elle se rapproche immédiatement du lit ; immédiatement de lui. Il tente péniblement de se redresser mais consent à rester allongé sous la demande de celle qui lui a donné la vie. La gamine bouleversée, elle, continue de le fixer, comme si elle tentait d’analyser son état de santé. Quand, après de brèves secondes qui paraissent durer une éternité, elle croise les prunelles de l’être aimé, Ella, elle laisse un sanglot s’échapper. Toute l’émotion refoulée, durant toutes ces heures, risque à tout moment d’exploser. Mais elle se contient, autant pour Ambroise, que pour ses parents tout aussi effrayés. Quand il ose, encore, lui demander comment elle va, elle se mordille la lèvre, chancelante. Elle sent ses jambes qui tremblent, elle peut encore respirer les effluves de son sang sur elle, puis il y a tous ces remords obnubilants. – C’est à toi qu’on doit demander ça… elle murmure, la voix fragile, presque chevrotante. C’est l’émotion qui devient incontrôlable. Elle réprime la culpabilité qui la pousse à le supplier de lui accorder son pardon. Il n’y a que lui qui compte en ce moment. – Comment tu te sens ? elle l’interroge, enfin, tentant de se dire qu’il va bien. Elle retrouve ses prunelles, elle retrouve sa voix, elle le retrouve lui tout entier. Tout va bien aller.

Ambroise,
j’ai cru mourir avec toi.


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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Mer 2 Sep - 11:22

Tornade.

Elle était une tornade. La tornade de son existence. Chassant stratus et cumulus pour laisser jaillir les rayons du Soleil à travers un ciel sans nuage, bousculant les eaux lisses pour y ajouter ici et là quelques vagues, des tournants imprévus au paysage moins calme. Tornade, avec ses aléas et ses coups d’éclats, tornade, imprévisible, le poussant dans ses meilleurs retranchements. Tornade, mais jamais le marin n’avançait sans la moindre brise pour souffler dans ses voiles.  Elle était son moteur et son Soleil et sa lumière même à n’importe quelle heure de la nuit noire et froide. Elle le faisait respirer et donc vivre, mais vivre pour de vrai et pour de bon.
Tornade : et son Soleil, et son univers tout entier.

C’est de peur qu’Ambroise avait failli mourir et maintenant les souvenirs lui revenaient mais lentement, au rythme de croisière auquel le brouillard dans sa tête voulait bien se décider à se dissiper. Les anesthésiants précipités dans ses veines se diluaient finalement, les pensées se réorganisaient sans se bousculer. Il avait peur pour elle, tout le temps : que son amour de camée se perde sur un rail de trop, que la poudre lui fasse perdre ses moyens et sa prudence et qu’il lui arrive malheur d’une façon ou d’une autre, que le manque et les angoisses la noient, que le téléphone sonne une triste nuit où ils ne seraient pas ensemble. Naïvement, dans un héroïsme débile, il n’avait jamais imaginé qu’il puisse arriver quoi que ce soit à son âme sœur tant qu’ils étaient ensemble : alors il n’avait pas réfléchi. Cent fois, il gardait sa place. Cent fois, sans hésitation aucune, plutôt qu’elle gisante sur les pavés souillés de sang chaud entre les mains impuissantes de l’urgentiste dépouillé. Cent fois, tant il mourrait sans elle, le sacrifice devenait évident.

« Fatigué et lourd, souffla-t-il, le corps pesait une tonne et les bras étaient pénibles à décoller du plan du lit, comme après un passage imprévu sous une moissonneuse-batteuse. Mais ça va, je crois » A son amour épuisé, il décrocha toute sa tendresse en un sourire, des promesses silencieuses pour avaler ses peurs ses cris qui raisonnaient encore par-dessus ses acouphènes : tout irait bien maintenant. Plus lourd encore que son corps comme désarticulé, son cœur écrabouillé par la vision de ses yeux cernés plein de larmes. Il hésita très fort à lui glisser viens-là c’est fini maintenant, la serrer dans ses bras pour la réconforter et étouffer d’elle, lui dire de ne plus pleurer, lui répéter que tout irait bien alors que sans doute, elle sangloterait contre la blouse aux odeurs aseptisées. L’envie était forte et dévorante puis dans un moment de rationalisme, il supposa les craintes de ses parents propulsés dans le souvenir de leur adolescent de fils turbulent. Il n’était pas question de les blesser d’avantage, quand déjà la culpabilité s’était franchement immiscée en lui – ça n’était pas volontairement sa faute mais il était néanmoins le seul responsable de tout ce que leurs trois cœurs avaient été malmenés. Il aurait préféré leur présenter Ella dans d’autres circonstances (bien évidemment, qu’il la leur aurait présentée à un moment donné, elle était la femme de sa vie), leur expliquant d’abord calmement qu’elle était son tout mais pas son contraire, qu’elle le faisait rire, vivre, espérer et rêver, qu’elle était si loin du portrait sombre qu’ils avaient pu imaginer quinze ans plus tôt, qu’il fallait qu’ils lui fassent confiance et ils verraient forcément comme elle était lumineuse et comme elle faisait son bonheur. Il n’avait pas eu le temps du tout de préparer le terrain… Et probablement que cela compliquerait les choses. C’était comme cela. Il n’avait pas envie de se cacher pour autant.

C’est un sanglot mal étouffé de sa mère qui le tira de l’échange appuyé et prolongé de regards silencieux avec son amour. A la vitesse de l’éclair Ambroise retrouva les iris qui partageaient précisément la même couleur noisette que les siens : « Pleure pas maman, ce n’est rien… » Que n’avait-il pas dit là. En une fraction de seconde, il se prit le revers de son optimisme mal placé : « Ce n’est rien ?! » Sophie se scandalisa soudain tout fort, renifla rapidement et essuya ses yeux du dos de la main. « J’ai cru perdre mon fils cette nuit, mais ce n’est rien, tout va bien maman ! Tu aurais pu mourir Ambroise alors ne me réponds pas que ce n’est rien ! » Elle lui coupa le clapet, d’autorité et très nettement. Ca sonnait pourtant faux et mal, lui le seul des quatre à ne pas réaliser combien ça aurait pu mal se terminer. Plus tard peut-être, il réaliserait. Pour le moment il se sentait juste à la fois vide et idiot et coupable. Et fatigué, surtout. Elle s’exclamait et se scandalisait trop fort. « Je dis simplement que je ne me sens pas si mal… »  Las, l’urgentiste dont le rôle avait été échangé malgré lui se laissa mollement retomber sur l’oreiller inconfortable, sans qu’on ne lui laisse toutefois le loisir d’avoir les yeux fermés plus d’une demie-seconde. « As-tu seulement pensé à ta pauvre mère rien qu’une seconde ? Ils m’ont appelée en pleine nuit pour dire que mon fils avait été poignardé, que tu avais perdu beaucoup, beaucoup de sang, je » Elle s’arrêta un instant rapide dans son chagrin théâtral pour sangloter plus fort, la voix coupée de spasmes. « Je savais de toute façon que ce quartier, c’était une mauvaise idée ! Je te l’avais bien dit, mais tu ne m’écoutes jamais ! » Et Ambroise de se sentir, non pas plus concerné que cela, mais particulièrement idiot. Il ne répondit rien, jugeant parfaitement inutile tout demande visant à arrêter de le considérer comme l’enfant qu’il n’était plus. Fit par contre abstraction des derniers reproches bourrés de chagrin et d’inquiétude, releva le drap remonté jusqu’à ses clavicules et poussa la blouse simplement posée sur son torse. Quelques électrodes avaient été laissées-là, et juste en-dessous une très longue et large compresse lui barrait, à droite, une bonne partie des côtes et de l’abdomen. Pour la première fois il réalisa qu’il avait dû être opéré, s’inquiéta un peu de ce qui avait bien pu lui être fait (mais rien qu’un peu), fronça des sourcils surpris alors qu’il atterrissait péniblement sur la terre ferme. Probablement que la drôle de sensation d’avoir été éviscéré n’était pas juste une sensation anormale. « Ils m’ont pas tout retiré au moins… ? » C’est vers son médecin de père qu’il leva cette fois un regard interrogatif, persuadé d’y trouver une tirade moins dramatique, plus concise, quoi qu’Anthony Marshall ait pu penser. « Le chirurgien est passé tout à l’heure. Ils ont pratiqué une petite hépatectomie partielle et rien d’autre. » « … Oh. » « Tu as eu beaucoup de chance. » Et pourtant le morceau de foie qu’on lui avait retiré ne lui manqua pas plus que cela, et pourtant les mots lentement pesés et articulés de son père ne l’atteignirent pas plus que cela. Il avait eu de la chance : et il voulait bien remercier le ciel pour cela, mais ce qui était fait était fait, c’était comme cela. Sa mère repartit aussi vite dans une tirade qu’Ambroise n’écouta pas, les larmes coulant à flots sans s’arrêter, et lui ne voulant rien d’autre que la rassurer haussa ses épaules fourbues : « Ca repousse, le foie. »  « Ambroise ! – Ambroise ! Tu es complètement inconscient ! » Son rationalisme mal approprié lui gicla une fois de plus à la figure… Il était épuisé. Il laissa les remontrances cingler et glisser sans l’atteindre, probablement qu’il planait encore assez haut sous le coup de la morphine et autres antalgiques. Il tourna la tête vers Ella, sourit stupidement et tendrement, articula silencieusement un désolé. Désolé que tu assistes à cette scène (absurde à son sens à lui puisque tout irait bien), désolé de t’avoir gardé éveillée toute la nuit, désolé de te laisser avec encore un peu de sang séché sous les ongles, désolé pour la soirée catastrophique. Il ferma les paupières un temps, inspira calmement, se concentra sur le bruit du scope, tourna la tête de l’autre côté à nouveau, soupira encore.

« Je suis fatigué… Je voudrais juste cinq minutes avec Ella. S’il-vous-plaît. »
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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Ven 4 Sep - 20:07


☾ ☾ ☾
{ à la vie }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Il suffit d’un instant,
il suffit d’un battement,
il suffit de ses opales plantées dans les siennes,
pour que le souffle lui revienne.
Il suffit,
pour qu’elle reprenne vie.
Les flots paniqués paraissent se calmer en quelques parcelles de secondes, les marées d’incertitudes et de terreur s’apaiser, alors qu’elle croise enfin les billes de velours de l’être aimé. Elle a eu si peur, l’âme torturée, si peur de le perdre à tout jamais. Indispensable, il l’est devenu, en quelques semaines,  indispensable pour la survie de son cœur, son âme, son être tout entier. Ambroise, il est tout à la fois, son opposé, sa complémentarité. Le premier être qu’elle a aimé, purement. Intégralement. De toute son entièreté, elle l’a aimé. Et, comme le plus doux des miracles, il a su retrouver cette place. Comme si, après toutes ces années, il reprenait seulement le trône qui lui revenait de droit. Comme un emboîtement parfait, le cœur taillé sur mesure pour le laisser s’engouffrer. Le plus harmonieux des assemblages ; Ambroise, il est son irremplaçable.
Avec lui, elle se sent entière,
achevée de la plus belle des manières.

La plus imparfaite,
mais la plus belle,

Ambroise, il est son éternel.


Il fait ressortir avec une telle facilité les fragments d’elle les mieux voilés. Ceux qu’elle s’évertue, depuis sa naissance, à cacher. Pour se protéger de tous ceux qui pourraient user de ses fragilités ; pour se préserver de tous ceux qui pourraient l’abandonner. L’éclopée des sentiments ignore comment il a pu acquérir un tel pouvoir sur elle ; comment il a pu atteindre l’organe cadenassé, comment il a pu en franchir toutes les barrières, pour mieux l’atteindre. Mais c’est en sentant le soulagement la submerger avec une violence quasi-cyclonique qu’elle réalise. Que, pour la première fois, elle mesure, combien elle a besoin de lui. Combien il est devenu vital à sa vie. Il est la douceur perlée dans le plus aride des déserts, il est la mélodie qui résonne dans les silences les plus mutiques. Il est le fragment de vie retrouvé dans ses abîmes. Ambroise, elle a eu si peur de le perdre mais, même rassurée de son état, elle continue de s’inquiéter. Même soulagée, le corps frêle de la camée continue de trembler. Mais toute son attention, c’est sur lui qu’elle est portée. Les opales rivées sur le détenteur de son cœur, l’âme tourmentée écoute les mots qui s’essaient à la rassurer.

J’ai eu tellement peur, Ambroise,
j’ai toujours peur.


L’affolement écrase encore son âme, furieux rapace qui brime la moindre parole, le moindre geste dont elle devient incapable. Les serres acérées de l’angoisse retiennent son cœur en otage comme les iris embrumés se laissent suffoquer sous la souffrance prédatrice dont elle n’arrive pas à se libérer. Elle est traumatisée, l’âme déchue ; mais elle essaie de faire bonne figure. S’accrocher au sourire que l’astre solaire n’a pas perdu. Les noisettes célestes parviennent, un peu, à la réchauffer dans la glaciale obscurité. Et, tandis qu’elle essaie de brimer l’émotion de toutes ses forces, la génitrice de son âme sœur cède sous le contrecoup. Elle est restée si courageuse, Sophie, si brave, qu’il était évident qu’elle finirait par craquer devant son fils éveillé. La gorge de la gamine abîmée vient à se nouer alors qu’elle assiste, impuissante, au chagrin transformé en rage inopinée. – Ambroise… elle a eu très peur… elle laisse échapper dans un murmure à peine audible face à la colère d’une mère encore inquiète. Elle n’a jamais assisté à une scène pareille, Ella. Pourtant elle ne compte pas toutes les fois où elle est rentrée chez elle, effilochée, violacée des coups qu’elle avait elle-même provoqués. Mais c’est la première fois qu’elle assiste, de toute son existence, à une démonstration d’amour aussi pleine. Aussi inconditionnelle. Aussi maternelle. Indéniablement chamboulée, si elle n’était pas aussi soulagée de le voir réveillé, elle trouverait presque son ange injuste devant l’émotivité de sa mère. Silencieuse, la tourmentée se risque seulement à le soutenir quand il tente de relever les draps blafards, elle l’aide avec une tendresse qui ne lui ressemble pas.

Parce que, Ambroise, il éveille la plus belle partie d’elle,
le fragment de tendresse qu’elle cache au reste de l’univers.


Elle veille sur lui, l’oreille pourtant toujours attentive devant la conversation qui reprend de plus belle. Aux reproches qui reviennent. – Il est fatigué… il ne se rend pas compte… elle intervient, seulement à cet instant, pour prendre sa défense. Pour la première fois, quand ses pupilles noires rencontrent les siennes, il parvient à déclencher l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Je t’aime. Si tu savais combien je t’aime. Les murmures inaudibles de leurs cœurs emmêlés ne suffisent bientôt plus. Il demande, le grand blessé, à se retrouver seule avec sa muse. D’un bref regard, Ella devine tout de suite que la demande ne plaît guère au paternel. – Ta mère était morte d’inquiétude, Ambroise. Lui aussi, sans doute, mais l’homme impartial ne montre rien. Juste pour elle, un agacement certain. – Elle a besoin d’être avec toi. Ella aussi, elle en a besoin. Excessivement besoin. Car elle se sent incapable de lui formuler tout ce qu’elle peut éprouver, là, maintenant, en présence de ses parents. Incapable d’avouer sa culpabilité, sa peur, et aussi tout l’amour qu’elle éprouve si violemment. – On pourra se parler plus tard, c’est rien. elle assure, l’air affirmé, rejetant la voix qui se met déjà à chanceler. Sa main retrouve celle de son âme sœur, presque trop discrètement, alors qu’elle a toujours les lunes plantés dans ses rétines. – Tu veux un peu d’eau ? Quelque chose ? N’importe quoi. Elle le fera. Tout ce qu’il voudra. Pourvu qu’il la laisse être là.
Pourvu qu’on lui laisse Ambroise.

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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Sam 5 Sep - 15:34

La gravité était plus marquée que d’ordinaire et le moindre mouvement était encore coûteux en énergie – ce qui d’ailleurs contrariait fortement l’esprit entêté qui avait décidé qu’il allait très bien et donc qu’il pourrait très bientôt repartir comme si de rien était avec son pansement flambant neuf. Mais glisser sa paume contre celle de la jeune femme se fit au contraire tout naturellement ; enlaçant et entrelaçant les phalanges entre les siennes, enveloppant doucement les doigts glacés pour les réchauffer. Veiller à ce qu’Ella n’ait pas froid était une mission qui s’était imposée à lui et qu’il se fixait régulièrement à chaque fois qu’il constatait combien elle pouvait avoir les extrémités gelées. Ses paluches à lui, bien qu’habiles, étaient moins fines, moins délicates, faites d'un cuir usé et moins doux, mais toujours brûlantes. Tu es gelée, pensa-t-il en détaillant les iris sombres, mais Ella démentirait et refuserait catégoriquement qu’il l’enveloppe dans la couverture rêche et inconfortable dépliée par-dessus ses jambes, il ignorait où étaient passés ses vêtements alors il n’avait aucune veste à lui glisser de force par-dessus les épaules, à supposer que le tissu ne soit pas tout éclaboussé de sang séché. Ella ne geignait pas, ne se plaignait pas, gardait tout verrouillé à double tour au fond de sa tête et se faisait passer bien après les autres. Elle était courageuse, Ella. A sa place à elle, bien qu’habitué aux plaies sales et violentes et délabrantes, l’urgentiste serait mort cent fois après l’arrivée de l’ambulance pour son amour sanguinolent : elle, en revanche, avait cette force incroyable dont il était à peu près certain qu’elle ignorait l’existence. Comme il devinait aussi que les plaies d’Ella, personne n’avait même songé à les panser. Elle avait crié si fort et imploré avec tant d’énergie qu’il était impossible qu’elle n’ait pas laissé un morceau de son être sur les pavés souillés : mais Ella ne dirait rien, ni ne geindrait ni ne se plaindrait, pas tant qu’ils étaient à quatre. Qui soignerait en attendant ses blessures et ses peurs à elle ? Qui lui demanderait : tu as froid ? Qui se soucierait du fait qu’elle n’ait pas fermé les yeux depuis des heures, de grands yeux fatigués aux rétines encore éclaboussées de pourpre, la poupée indomptable et courageuse et fragile ? Lui avait été blessé mais rien qu’au ventre, blessé puis ouvert d’un coup probablement net et sec de scalpel puis de bistouri électrique, blessé puis réparé, refermé, recousu, recollé, agrafé. Il avait eu de la chance oui : mais ce qui avait été fait était fait, cicatriserait gentiment, rien d’autre n’arriverait pour l’optimiste sinon, dans le pire des cas, quelques douleurs séquellaires. Mais : Ella ? Qui s’était occupé d’Ella quand on aseptisait sa peau à lui et qu’on récupérait le foie dilacéré ? Alors Ambroise se dit qu’au moins il pouvait protéger les cinq doigts tremblants entre les siens et ne pas les lâcher avant qu’ils aient un peu tiédi. Une fois de plus il avait peur qu’elle ait froid : et également le besoin vital de la sentir au plus près de lui. Sentir qu’elle irait bien et son souffle vivant. Il somnola à nouveau quelques secondes en caressant lentement la peau sous la sienne.

**

(quelques jours plus tôt)
« Tu m’en as déjà parlé ? Je la connais, peut-être ? » « De qui tu parles ? » « Tu as rencontré quelqu’un » « C’est une question ? » « Une affirmation » « Qu’est-ce qui te fait dire ça ? » « Je suis ta mère, tu ne sais rien me cacher. Ton comportement a changé ces derniers temps et je suis certaine que tu n’étais pas tout seul en Italie » « Même si j’admettais fréquenter quelqu’un, il est beaucoup trop tôt pour ce genre d’interrogatoire » « Je peux au moins connaitre son prénom ? Avoir une photo ? Tu as forcément une photo ! » « De une, je n’aime pas les photos. Et de deux je ne suis pas du tout en train d’avouer quoi que ce soit ! » « Je crois que si mais tant pis, j’attendrai... ... Mais tout de même, tu pourrais au moins me donner son prénom » « Je ne dirai rien de plus »

**

Il trouva son père vrai mais dur à la fois, sans trop savoir au final lequel d’entre eux était le plus injuste. Il le sentait fatigué et inquiet bien-sûr, mais dur et exigeant. Il ouvrit la bouche pour insister, expliquer que le ton moralisateur n’était pas nécessaire (mais papa voyons je n’y suis pour rien), répéter que tout irait bien. Ella fut plus arrangeante que lui, et lui eut la confirmation rien qu’en la regardant qu’elle ne pensait pas ce qu’elle disait. Mais une fois de plus : la belle ne jouerait pas les demoiselles en détresse, ne se plaindrait pas. Il ne soupira pas ni ne leva les yeux au plafond, finalement soucieux d’éviter de près comme de loin le moindre affrontement (il n’en avait pas l’énergie), ses pensées s’emmêlant et s’entrechoquant sans réelle organisation, à la vitesse d’un escargot un jour de sécheresse. « Je veux bien un verre d’eau », accepta-t-il finalement sans autre manière de briser le silence. Il abandonna la main chérie, il aurait préféré l’avoir rien qu’elle (c’était tout ce qu’il voulait), mais si Ella estimait qu’ils avaient à patienter encore un peu, il l’écoutait. Il n’y avait qu’elle, qu’elle écoutait... Raison pour laquelle son intransigeant père le trouvait lui-même tout aussi dur et injuste et exigeant. « Merci » Il glissa à la brune fatiguée mais douce, la bouche un peu moins sèche, avant de lui retourner le verre à moitié vide ou encore à moitié plein.

La désirer de toutes ses forces et brûler du besoin de la sentir contre lui ne l’empêchait toutefois pas d’élargir le panel de ses pensées ou de ses sentiments. Il l’abandonna pour quelques secondes, son amour et sa courageuse Ella, pour revenir à sa mère. Sa mère dont les larmes agitaient son cœur et sa colère (il aurait du taper encore plus fort). Les mêmes yeux couleur noisette, reflet et miroir des siens, noyés dans un amour inconditionnel, lui fils injuste parfois, fils trop distant parfois, fils aimant toujours. Il aurait du taper plus fort, juste pour éviter qu’elle ne pleure, sa mère. Ca n’est pas ma faute, maman : alors pourquoi la culpabilité le serrait-elle si fort ? « Pardon... Il avoua enfin, fier souvent, mais pas il s’agissait d’elle. Je voulais pas te faire pleurer, juste te rassurer... J’ai eu de la chance mais tout ira bien maintenant » A sa mère il sourit, promis puisqu’il y croyait dur comme fer. Il ouvrit les bras et dans une précaution infinie elle fondit contre son épaule, il grimaça à la pression de la cicatrice sensible, elle inonda encore un temps la peau de son cou, à son tour à lui de la bercer comme un enfant blessé entre ses bras, promettre encore que tout irait bien, écouter les mots qu’elle glissait tout bas rien que pour lui. « Moi aussi Maman » Un dernier sanglot mourut contre lui, puis vint le début du calme après la tempête.

« J’ai eu très peur pour Ella... Il confia sans lâcher l’étreinte invincible, la voix plus forte cette fois. Comme si soudain il était devenu indispensable de lui expliquer qu’il n’avait pas simplement agi stupidement. Les détails n’étaient pas importants : mais Ella était le raz-de-marée de son existence et il pensait que ses parents avaient le droit de savoir à quel point elle lui était indispensable. Sa mère comprendrait. Son père probablement pas avant un certain temps. Elle était menacée par cette lame immense, j’ai pas réfléchi, j’aurais peut-être pu négocier un peu plus intelligemment... J’ai pas réfléchi, je voulais juste qu’il ne lui arrive rien. » Il y eut un silence, encore, dans lequel Ambroise devina toute la désapprobation paternelle. Mais le silence demeura finalement intact de toute réponse acerbe, ni ne fut brisé par un nouveau sanglot. « Je savais bien que j’avais raison » Et puis un rire, secoué et brisé par l’émotion. Sa mère se recula enfin, essuya définitivement ses yeux tirés, n’expliqua ni à la principale concernée par la discussion de quelques jours plus tôt, ni à son époux à quoi elle faisait allusion. « Cinq minutes alors, pas plus. Viens Tony, nous avons besoin de prendre un peu l’air. »  

Ella, Ella enfin, rien qu’Ella
Pour cinq minutes et pour toute une éternité
Ella à la vie à la mort
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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Dim 6 Sep - 20:44


☾ ☾ ☾
{ à la vie }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
La chaleur irradiant de son ange vient instantanément la réchauffer. Elle, son corps, son cœur, son être tout entier. Ambroise, il l’enveloppe de ses phalanges brûlantes comme il l’illumine de sa lumière incandescente. Comme s’il avait le pouvoir d’embraser cette flamme fragile dans son cœur, si fébrile, mais encore en vie. Car il a su, mieux que quiconque raviver les braises au milieu des ténèbres. Ambroise, centre de son univers, hier ; aujourd’hui ; demain. Même dans la tourmente, même dans l’agonie, il est encore le seul dont elle a besoin. Le seul dont elle a besoin pour se sentir bien. C’est sur lui qu’elle est focalisée depuis l’instant où elle a retrouvé la douceur de ses opales. Et même largement avant ; toutes ces heures durant ; elle les a passées à le contempler, lui, sans jamais ciller. Mais son esprit torturé est mis sur pause le temps de le retrouver. Les songes obscurs évaporés, les démons tumultueux balayés, il n’y a que lui qui compte désormais. C’est peut-être même la seule pensée vaguement partagée avec les parents douloureusement inquiets. Spectatrice d’une scène familiale, sûrement tout ce qu’il y a de plus banal, l’enfant perdue se sent anormale. Anormale dans le cadre, anormale par son propre entourage, anormale Ella. Cloîtrée dans son silence, elle a la sensation de prendre déjà trop de place. Elle sent les regards sans doute inexistants des deux géniteurs sur elle. La mère, le père surtout, ou c’est peut-être seulement son inconscient qui lui vient lui faire comprendre qu’elle n’a pas sa place dans cet endroit. Un fragment d’elle voudrait s’échapper d’un claquement de doigts ; mais il y a l’autre, directement rattachée à son cœur beaucoup trop en émoi. c’est lui qui lui donne tout ce courage, Ambroise, c’est lui qui lui donne la force autant que l’envie de rester là. Toujours mutique, l’âme en perdition assiste aux retrouvailles emplies d’émotion d’une mère avec son enfant. Elle entend les mots de l’homme qu’elle aime qui se veut rassurant ; qui se veut encourageant. Mais, en voulant apaiser celle qui l’a mis au monde, c’est celle qui partage le sien qu’il submerge, un peu plus encore, de culpabilité. Comme un poison déjà dans ses veines, le corps de la camée reconnaît le venin. Il se diffuse en elle si fort qu’il éveille de nouveaux dommages dans un terrain pourtant suffisamment détérioré ; une âme déjà trop bousillée.

Car tu le sais, Ella,

c’est toi la coupable,
toi la responsable,
toi la seule blâmable,
toi, toi toi,
toujours toi.


Jamais, Ambroise ne se serait retrouvé dans une situation aussi cauchemardesque si elle n’était pas dans les parages. Mais elle est comme ça, la junkie, partout elle passe, c’est ce qu’elle fait, des ravages. Âme maudite, déjà condamnée à l’abîme, elle entraîne avec elle tous ceux qui l’approchent dans son agonie. Tous ceux qui l’aiment, elle les emmène à leur perte. Tous ceux qui s’y sont risqués, ils ont fini brisés. Ambroise, être de lumière dans l’obscurité tout entière, il pourrait être sa plus belle victime. Coupable de l’aimer d’un amour si intense qu’il en perd tout son bon sens. Toute la raison, toute l’intelligence qui l’auraient protégé si c’était lui qui était en danger, tout a vrillé, quand il a vu celui qu’elle, elle courait. Mais, en voulant la sauver à tout prix, il a manqué d’y laisser sa vie. Les lunes noires se détournent, pour la première fois depuis qu’il est réveillé, de l’être tant aimé. Comme si elle n’osait même plus le regarder. Lui, qui l’a sauvée ; lui, qu’elle a failli tuer. Lui qui l’aime tant alors qu’elle ne connaît de l’amour que sa cruauté, toute la souffrance qui y est associée, toute cette putain de culpabilité. Elle se mordille nerveusement la lèvre inférieure quand elle entend Ambroise expliquer ce qu’elle sait déjà. Ce qu’elle a compris, durant toutes ces heures passées dans cet hôpital. C’est sa faute s’il est là. C’est sa faute mais il ne lui en veut même pas. Noyée dans ses songes tourmentés, Ella ne saisit pas tout de suite ce qui semble faire rire Sophie. Elle relève ses prunelles noires vers elle, puis vers le père qui la toise avec froideur, juste avant qu’il ne consente à partir. Qu’ils ne consentent, tous les deux, à la laisser avec leur fils. En tête à tête avec l’homme qui la hante, l’écorchée vive n’ose pas s’avancer vers lui. Elle parvient à peine à relever ses iris. – Ton père me déteste toujours autant. elle fait remarquer, avec un petit sourire qui se veut amusé, mais fatalement forcé. Elle ne s’est jamais réellement préoccupée d’être appréciée, Ella. Elle a toujours eu besoin d’être aimée. Aimée, pour de vrai, par des personnes qui comptent, pas appréciée du plus grand nombre. De l’école maternelle jusqu’à présent, elle n’a jamais fait l’unanimité, encore moins auprès des parents. Elle ne s’en est pas davantage inquiétée. Mais, cette fois, c’est différent. Parce que le père Marshall a raison de la haïr, la détester de toutes ses forces. C’est à cause d’elle que son fils est cloué dans la chambre aseptisée d’un hôpital. Elle prend une légère inspiration, comme pour tenter de contenir toute l’émotion, tous les sentiments qu’elle retient depuis tout ce temps. Elle maintient encore les barrières, même face à lui, pour éviter de se laisser submerger par le flot de culpabilité qui menace d’éclater. Elle maintient les barrières, même face à lui, pour éviter de la pousser, en plus, à la rassurer. – J’ai eu… tellement peur pour toi, tu sais. elle préfère confier, l’amour éplorée, plutôt que la culpabilité, plutôt que les remords qui sont en train de la ronger. Et, doucement, elle commence à s’avancer. – Plus jamais… plus jamais, je veux que tu fasses un truc aussi con. sa manière à elle de le remercier. Mais Ella, elle était si effrayée, terrorisée. Elle saisit enfin ses mains avec les siennes si petites. Ses doigts s’entrelacent aux siens comme si elle avait peur d’en être séparée. Peur de le voir s’en aller. – J’aurais fait quoi après, moi, sans toi ? elle demande dans un murmure à peine perceptible, la voix tout juste audible.

Parce qu’elle a la gorge qui se noue et le cœur qui se serre,
parce qu’elle ne pourrait jamais accepter de le perdre,
Ambroise, épicentre de son univers.


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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Dim 6 Sep - 23:54

Les prunelles suivirent la porte grinçant paresseusement, se refermant sur les deux silhouettes épuisées d’inquiétude et de soulagement, claquant finalement. Puis retrouvèrent sans aucun masque, sans aucune barrière, celles tant aimées. « Il a été pris au dépourvu » Il nuança doucement, Ambroise, pour chercher des excuses au paternel glacial. Il ne souriait que rarement, il faisait savoir haut et fort tout ce qui le contrariait, il parlait peu pour le reste : le bougre était impressionnant, et de carrure et d’autorité, mais tout sauf une mauvaise personne. Il était inquiet, sous son masque quasi-assassin : pour son fils, sans doute de moult façons. Qu’il soit passé à un rien d’y rester, d’avoir risqué de si près des séquelles bien plus lourdes, que le malheur se reproduise, qu’un jour la chance l’abandonne. Qu’il manque encore de prudence, l’enfant pourtant éloigné depuis longtemps des mains parentales avant de traverser les autoroutes de la vie. Qu’il se soit fait embarquer bille-en-tête par la belle enchanteresse, qu’elle lui ait dilapidé le cerveau à coups de savants jeux de jambes, qu’elle soit restée la mauvaise influence d’antan. Tony pensait ainsi que les gens ne changeaient pas : son fils n’était pas nécessairement contre cet argument-là, par contre il avait toujours su qu’Ella avait été jugée trop vite et mal à la fois, d’emblée. Ambroise avait hérité de l’entêtement paternel, mais heureusement également de la tolérance maternelle. Alors il le connaissait par cœur, son père bougon mais néanmoins aimé et adoré inconditionnellement ; il savait quelles pincettes utiliser, sans que sa patience ne s’effiloche de trop. Il aurait préféré d’avantage de temps : rien que pour lui égoïstement, prendre le temps de redécouvrir Ella de A à Z et l’aimer rien que dans leur bulle hors de tous les autres êtres humains de leur existence respective ; du temps aussi pour ménager ses parents, son père surtout. Amener la chose progressivement, lui expliquer qu’il l’aimait mais toute entière et donc qu’à son avis elle méritait une véritable chance d’apprendre à être connue. En elle, il avait toute confiance. En son père aussi... Mais lui aurait besoin de plus de temps, d’attention, d’avancer à tâtons. Et puis Ambroise pensait aussi qu’il était tout bonnement impossible que le monde tout entier ne réalise pas, lui aussi, combien elle était incroyable. Incroyablement intelligente et belle et drôle, sexy, inventive, incandescente, inspirante. « Il changera d’avis », il conclut, sûr de lui, le fils bien-sûr soucieux de l’approbation parentale, l’amant prêt à tout pour défendre sa belle coûte que coûte. Il accompagna la parole d’un sourire, trahissant au moins aussi fort que ses yeux captivés l’attraction qu’elle produisait sur lui.

A nouveau, le blessé entrelaça ses doigts contre ceux de sa muse, fragiles un peu, moins qu’elle ne l’imaginait, salvateurs surtout. Il se noya à la fois dans ses yeux, ses mots, contre sa peau, attira ses mains jusqu’à ses lèvres, y appuya un baiser très tendre alors que les paroles se succédaient, flots brisés articulés avec une difficulté qu’il imaginait percevoir.  

Non, c’est moi qui ai eu peur pour toi
Je t’ai vue toi, je te vois toujours toi en toute première ; puis je l’ai vu elle, la lame luisante des derniers rayons du Soleil couchant ; je t’ai vue toi encore et je n’ai plus réfléchi – mais pas une seconde je ne regrette ni ne fais différemment si l’opportunité m’est offerte
J’ai eu tellement peur pour toi
Pas pour moi, pour toi


Il pensait enfin un peu, lentement mais il pensait. Les pensées se faisaient moins vagabondes, moins volages, moins versatiles. Plus organisées, solides, orientées. Il serra plus fort les doigts tremblants contre les siens (tu es gelée), fort comme son cœur tambourinait douloureusement à la vue des iris trop brillants. A moins que ce soit l’impact des aveux déclamés à voix basse, de la déclaration à lire entre les lignes. « J’espérais en fait que tu accepterais d’être mon infirmière... Si c’est d’accord, alors je dis que le risque méritait largement d’être pris. » C’était complètement con (mais il préfèrait être un sombre idiot plutôt que de laisser la moindre entaille supplémentaire abîmer la poupée), et sa réponse n’était guère plus futée, mais il espérait lui décrocher un sourire. Pour son sourire, il tuerait. Il avait découvert qu’il en était véritablement capable : il aurait cogné cogné cogné cogné encore, cogné plutôt que de risquer de faire taire à jamais son rire. Ambroise garda les promesses de vie pour elle, de mort pour l’autre, encrées silencieusement au fond de sa tête ; se décala sur le lit inconfortable, un peu gauche mais lentement et sûrement à la fois. « Tu viens ? » Lui ne se sentait pas de retrouver l’usage de ses deux jambes sur la terre ferme tout de suite, planant encore assez haut dans les vapeurs des anesthésiques. Elle par contre, poids plume, si elle occupait tout son esprit, n’était physiquement pas encombrante. Ca n’est qu’une fois le corps frêle et divin - son bouclier pourtant -, allongé contre lui, qu’il réalisa un peu mieux sa chance. L’opportunité enfin de ne plus étouffer : puisqu’elle était là. Sa chance n’avait pas été le trajet bien heureux de lame n’embrochant pas trop profondément d’organe vital : c’était elle. Elle retrouvée, elle miraculeuse, elle inattendue et pourtant attendue depuis toujours. La chance, c’était de pouvoir sentir sa silhouette épouser la sienne même sur un matelas brinquebalant, goûter à ses lèvres encore tremblantes, enfouir son visage contre le sien et fermer les yeux pour s’enivrer d’elle plutôt que des odeurs aseptisées, retrouver ses doigts encore, toujours. « Toi et moi, on est invincibles. Il murmura tout bas mais sûr de lui, la paume appuyée et choyée dans la sienne. On a bien trop à faire, je ne partirais nulle part sans toi. » Ni ici, ni là haut, ni en bas. Quoi qu’il arrive, il lui avait déjà promis. Il promit encore. La serra possessivement contre lui, du côté où la peau était restée intacte, embrassa son front doucement pour lui interdire la peur et la culpabilité, referma les yeux encore en respirant la peau brûlante et les cheveux d’ébène. Le sang qu’il avait perdu aurait pu lui manquer, si cela avait continué : mais Ella était irremplaçable.
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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Dim 13 Sep - 20:53


☾ ☾ ☾
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Seule avec l’être aimé, elle peut recommencer à respirer. À se noyer dans ses grandes opales emplies de cette douceur infinie, à retrouver un brin d’oxygène alors qu’elle se rapproche de lui. Pas si atteinte par la froideur paternelle à son égard, elle ne s’en préoccupe pas réellement ; pas pour le moment. La môme en colère a trop l’habitude d’être celle dont on se méfie, celle qu’on décide de haïr, quand l’ignorer devient impossible. Elle a l’habitude, Ella, de pousser le monde qui l’entoure à la fuir. Mais pas lui. Ambroise, elle a besoin qu’il soit auprès d’elle, constamment. Tout le temps. Besoin que rien ne l’éloigne d’elle, surtout pas son père. Alors elle devine, plus qu’elle ne perçoit, le désir du fils que la femme qu’il aime soit acceptée. Et la crainte l’envahit, d’imaginer la manière dont il pourrait réagir, si l’approbation n’arrive jamais. – J’espère que t’as raison. elle évacue le sujet aussi vite qu’elle l’a lancée. Trop effrayée de se laisser submerger par la peur que ce ne soit pas vrai ; la peur que, lui, puisse changer d’avis. Qu’il réalise que son père a raison sur elle, depuis le début, et pour toujours. Qu’il l’aime, peut-être, mais qu’une histoire avec une femme comme elle, est nécessairement vouée à l’échec. Trop tourmentée, trop paumée, trop torturée, elle est possédée par des démons qui l’empêchent d’aller de l’avant. Prise au piège dans les affres abyssales, elle n’est pas la femme que l’on imagine épouser son fils. Elle n’est pas la belle-fille dont on rêve, ni même, la femme dont on rêve. Elle n’est rien d’autre qu’une carcasse vide, à l’âme effilochée sous toutes les écorchures dont elle est victime.

Ambroise, il mérite mieux que ça.

Ambroise, il mérite la lumière incandescente. Celle qui l’illuminerait, sans jamais le brûler. Celle qui le ferait voler le plus haut possible, sans jamais tomber. Celle qui l’aimerait, sans jamais le briser. Ambroise, il aurait mérité une Ella qui aurait été moins abîmée ; moins bousillée par une vie emplie de tourments. Les méandres de sa propre existence se répercutent sur celle de l’homme qu’elle aime. Au point qu’elle soit terrorisée, la camée. Terrorisée que le père ait raison de ne pas l’aimer ; qu’elle aussi, à sa place, elle se méfierait. Ce sont ses vices qui l’ont poussée à tenir tête à son agresseur ; ce sont eux qui ont manqué de lui faire perdre le détenteur de son cœur. Car elle sait, Ella, que s’il se retrouve dans ce lit d’hôpital, elle en est la seule coupable. Les prunelles noires rivées sur celles de son ange, elle sent ce petit picotement envahir tout son corps, comme chaque fois qu’il pose ses lèvres sur sa peau. Sur elle, si vulnérable, sous son regard. Elle ferme les paupières, un bref instant, mais refuse d’oublier la conversation qu’elle a besoin d’avoir avec lui. Même quand il s’essaie à la faire sourire. – Ambroise… elle le réprimande, comme un enfant. Un sale gosse qui a le don de faire vaciller son cœur chancelant. L’esprit trop préoccupé pour s’amuser de ses propos, la culpabilité trop ancrée dans son corps. Elle contient tous ses songes torturés, toutes ses pensées étouffées, parce qu’elle a trop peur de craquer. Elle se laisse attirer, sur ce lit, auprès de lui. Presque timidement, le corps frêle rejoint son autre moitié avec beaucoup de précaution, par peur de le blesser ou, même, de le fatiguer. Mais, incapable de rester loin de lui, comme si une force invisible la poussait à lui revenir, la ténébreuse se retrouve tout contre lui. Elle savoure le contact de sa peau, les arômes de son parfum après avoir respiré trop longtemps les effluves aseptisés des lieux. Elle savoure la douceur de ses doigts contre les siens, la tendresse de ses prunelles. Elle savoure, lui, tout entier, enfin retrouvé. Elle voudrait oublier le poids de la culpabilité, juste quelques secondes, sans y arriver. C’est quand il affirme qu’ils sont invincibles à deux que l’âme en perdition se met à flancher. – Pourtant, sans moi, il ne te serait jamais rien arrivé… elle avoue, la gorge nouée, la voix qui peine à conserver sa stabilité. Les iris envahis des perles qu’elle ne tient pas à verser, pas ici, dans cet hôpital, avec les parents d’Ambroise qui pourraient arriver à tout moment. – Ambroise, je suis désolée… elle commence à céder, Ella, trop bouleversée. Elle commence à craquer, les perles salées, qui ne demandaient qu’à couler. Et c’est dans ses bras que les tourmentes diluviennes viennent à s’échapper. Au même titre que la culpabilité qu’elle n’est plus capable de contrôler. – Tellement, tellement, désolée…

Désolée de t’avoir mis en danger,
désolée de ne pas avoir su te protéger,
désolée de t’entraîner dans mon obscurité,
désolée de n’être qu’une putain de camée,
désolée de ne pas te mériter,
désolée de trop mal t’aimer,

désolée de t’avoir condamné dès l’instant où tu m’as aimée.

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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Mer 23 Sep - 22:32

« Non... Ella... » Il la supplia tout bas, elle dont le prénom résonnait toujours si bien – Ambroise aurait pu le répéter inlassablement une éternité durant, Ella, ça claquait avec la même poésie, la même chaleur envoûtante et les mêmes promesses. Aux premières perles salées ses bras enveloppèrent plus fort le corps frêle frissonnant irrémédiablement contre le sien, son cœur se serra dans la cage thoracique elle saine et sauve. Il embrassa tout doucement le front pâle, garda très longtemps son visage appuyé contre le sien. S’enivrant de toute l’intensité de son parfum, l’âme secouée par chacun des sanglots de sa belle quand ils lui renvoyaient toute l’incapacité à éponger sa peine.

La faire rire, c’était le graal. Il la trouvait toujours belle, Ella, il était toujours fou d’elle, Ella – mais il se serait damné pour son bonheur : pour la sentir rayonner loin de ses démons. Que sa plaisanterie échoue et s’éclate très net sur le carrelage aseptisé de la chambre d’hôpital, c’était une chose, il s’en remettrait. Sa souffrance en revanche l’atteignait de plein fouet, bien plus profonde et durable, maintenant qu’il pouvait en connaissance de cause comparer avec ce que cela pouvait faire, de recevoir un véritable coup de poignard. La lame était froide et surprenante, coupait le souffle très nettement au moment où la chair craquait et se déchirait, puis l’adrénaline prenait le relai et tout passait finalement très vite. Les maux de son tendre amour, en revanche, s’ancraient, dévastateurs et glaciaux, éclataient et puis allaient plus loin encore, le tétanisaient quoi qu’il dise ou fasse. Il était terrifié, Ambroise. Quand il constatait que toute l’énergie du désespoir n’avait pas déjà suffi à panser ses plaies. Quand il lisait dans les grands yeux sombres des histoires dont il n’imaginait pas encore toutes les ombres. Quand il la savait si impulsive et si cruelle avec elle-même, à deux doigts de vriller tout droit dans l’autodestruction si le vent venait à tourner trop brutalement. Quand l’aimer comme un fou, peut-être, n’était pas une accroche suffisante.

Alors, faute de mieux, faute d’être plus fort, c’est dans ses bras qu’il l’accrocha, Ella. Ne la lâchant un peu que pour ajuster par-dessus son enveloppe abimée la couverture trop fine et inconfortable ; mais tant pis puisqu’elle était encore tremblante et glacée. Il écouta sans les entendre les aveux abracadabrantesques, se scandalisa tout bas mais si fort à la fois, mais même l’étreinte ne suffit pas à calmer ni l’incompréhension, ni la torpeur, ni la révolte, ni la peur. Il oubliait la cicatrice encore fraiche quand elle pleurait, Ella, car ça c’était bien plus authentique et douloureux. Il s’en voulut cruellement, en balayant d’une tendresse infinie une perle plus lente que les autres sur les joues de sa muse, de ne pas avoir cogné plus fort. Il se disait stupidement que l’enfoiré aurait lâché sa lame possiblement, qu’Ella ne serait pas là à verser des larmes d’épuisement de peur de culpabilité contre lui si impuissant. Il s’en voulut tout aussi fort de ne pas savoir la protéger mieux que ça, de ne jamais lâcher sa main (il avait promis) et pour autant de la laisser face aux marées et tempêtes, sa douce imprédictible.

« C’est pas ta faute. Le seul coupable tenait le couteau... Et s’il t’avait blessée, je ne m’en serais jamais remis. Ne t’en veux pas, s’il-te-plaît » A nouveau, il caressa du bout des doigts les joues si précieuses, le visage tant admiré, dessina la ligne de la mâchoire, balaya une autre terrible perle. Tout irait bien à présent : il avait eu peur comme jamais il n’avait eu peur, il avait détesté comme jamais il n’avait détesté, mais ses plaies à lui cicatriseraient plutôt proprement. A présent il s’inquiétait pour celles d’Ella. « Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée », spontanément et assez fort pour ne laisser place à aucune hésitation, même les veines toujours dégoulinantes d’anesthésiques, même la carcasse comme fracassée, même si le sang avait continué de couler à flots, même si les organes vitaux avaient fini par lâcher.

Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée : et je t’en supplie n’en doute jamais.

Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée depuis ces dix longues dernières années, tu es la meilleure chose qui me soit jamais arrivée. Sans toi il ne m’arrive rien, ni virage imprévu, ni éclat de folie rappelant combien la vie est belle et précieuse. Sans toi il ne m’arrive rien, le corps reste une savante mécanique et rien de plus, sans toi je n’ai ni les yeux qui brillent, ni ces sourires crétins à répétition, ni le cœur qui s’emballe et palpite. Sans toi j’ai les pensées libres mais mornes tristes lisses répétitives, sans toi il n’y a aucune prise de risque – et c’est triste.  Sans toi il ne me serait jamais rien arrivé : mais rien de rien. Tu es la meilleure chose qui me soit arrivée pour une vie toute entière et si tu t’en vas il ne m’arrive plus rien, mais rien de rien, sans toi les jours n’ont plus de raison, plus d’accroche, sans toi.

Toi et moi, on est invincibles.
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Message Sujet: Re: A la vie (Ella)   A la vie (Ella) Empty Ven 25 Sep - 19:19


☾ ☾ ☾
{ à la vie }
crédit/ tumblr ☾ w/@Ambroise Marshall
Il a la douceur d’un rayon de soleil, Ambroise.
Il caresse sa peau glacée comme autant d’éclats incandescents venus la raviver. Ses bras protecteurs enveloppent la carcasse gelée ; son corps fort, même blessé, vient instantanément la réchauffer. Il provoque en elle cette forme d’apaisement, un peu étrange quand les frissons tendent à s’arrêter ; les battements effrénés du cœur dévasté, eux, ont du mal à devenir réguliers, et les sanglots, à s’étouffer. L’enveloppe charnelle sans doute moins vulnérable encore que l’âme en détresse. En proie à la culpabilité, la junkie tente de trouver chez l’être aimé la sérénité qui lui manque atrocement. Seulement, l’accalmie ne dure qu’un bref instant. À la première éclaircie, trouvée dans ses bien trop envoûtants iris, l’écorchée vive laisse transparaître tous les remords éprouvés. Toute la souffrance cruelle d’être celle qui a tout déclenché. La douleur est lancinante, elle est cuisante. Comme un mur de béton qui s’abattrait sur son myocarde déjà trop abîmé. Elle se sent brûlée par la chaux qui se déverse, Ella, déchirée par le ciment qui se se plaque contre elle. Écrasée sous le poids de son infamie, elle est en train de se bousiller, l’âme tourmentée, plus encore qu’elle ne l’est.

Parce qu’il y a trop longtemps que t’as pas ressenti un truc pareil,
il y a trop longtemps que tu n’as pas tenu à quelqu’un,
quelqu’un que t’aimes de tout ton être,
tellement que t’as peur à chaque seconde de le perdre,
tellement que t’as peur de ce que tu pourrais lui faire,
l’entraîner, avec toi, dans tes ténèbres.


Mais l’ange qui se tient à ses côtés ne paraît pas submergé par les mêmes idées tourmentées. Il s’évertue à lui redonner, à elle, un éclat qu’il est le seul à savoir faire briller. Les onyx scintillent encore des perles versées tandis qu’elle le contemple, silencieusement, les sécher. Doté de ce pouvoir flamboyant sur elle, l’âme lumineuse vient quelque peu l’éclairer ; il tente de réparer les maux qui l’ont envahis de ses mots à lui. Toujours bien trop adoucis. Trop tendres dans une telle vie ; trop bouleversants pour une fleur aussi fragile. Il lui assure que le coupable était son agresseur ; celui qui l’a envoyé sur ce lit d’hôpital ; celui qui a choisi de lui faire mal. Mais, toi, tu sais, Ella. Tu sais que t’as tout provoqué. Tu sais que t’aurais pu l’empêcher. Tu sais que t’aurais pu tout arrêter, simplement en lui donnant tout de suite ce qu’il voulait. Mais tu l’as pas fait. Juste parce que t’es une putain de camée. Dévorée par la culpabilité qui la submerge, qui les surplombe tous les deux, bien trop haute, bien trop cruelle. Elle pourrait l’engloutir, là tout de suite, mais la présence d’Ambroise la maintient encore à la surface.

Il est fou, Ambroise,
fou d’amour, ou bien d’inconscience,
il croit que tu es la plus belle chose qui lui soit arrivée,
quand t’es celle qui l’a condamné.


Les songes trop obscurs gardés pour elle, l’âme en perdition incapable de lui avouer la vérité choisit de se taire. L’aveu trop pénible reste, là, noué dans sa gorge alors qu’il ignore encore ce qui a pu engendrer la violence de son agresseur. Alors qu’il ignore encore tout le poison qui commence déjà à ronger son cœur. – Toi aussi… toi aussi, t’es la meilleure chose qui me soit arrivée… elle balbutie, entre deux sanglots réfrénés avant d’approcher fébrilement son visage du sien pour l’embrasser. Doux baiser, empreint pourtant de l’intensité ; victime de la puissance avec laquelle elle essaie de s’accrocher. À ses lèvres envoûtantes, à toute sa présence ; à lui, qu’elle découvre seule source d’apaisement autant que détonateur unique de sa passion. Elle retrouve un peu de vie en le retrouvant, lui. Toutefois, la réalité vient vite, trop vite, les rattraper quand la porte de la chambre finit par s’ouvrir. Lentement, le minois éreinté se recule alors que les parents inquiets reviennent auprès d’eux. – Ambroise, tu as besoin de repos. elle décèle dans la mise en garde un reproche à son encontre. Peut-être se trompe-t-elle, Ella, elle a conscience d’être à fleur de peau. Plus encore qu’à son habitude, elle pourrait prendre la moindre parole déversée contre elle ; parce qu’elle est la première à se sentir responsable de toutes les peines. Elle est, la rose abîmée, sa juge la plus cruelle. Bien plus certainement que ne le sera jamais Marshall père. - Ton père a raison. Il faut que tu penses à toi. elle affirme, ses prunelles bien ancrées dans ses pupilles. Elle connaît Ambroise, elle connaît son cœur immense. Elle a parfaitement conscience que, tant qu’il s’inquiétera pour elle, il ne se focalisera pas assez sur lui-même. C’est pour sa générosité, sa lumière, sa capacité à penser toujours aux autres - parmi tant d’autres choses - qu’elle l’aime. Mais il doit penser à lui. Elle, elle survivra… elle survit toujours, Ella.
Elle y arrivera,
tant qu’il sera là.

Parce que j’ai besoin de toi,
autant que le cœur a besoin d’un battement,
parce que je me raccroche à toi,
bien plus encore qu’à la vie,
parce qu’Ambroise,
t’es bien plus que l’amour de ma vie,
t’es celui qui me maintient encore en équilibre,
encore en vie.

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