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 La bonne étoile (ft. Orphée)

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Message Sujet: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Sam 29 Aoû - 10:49

la bonne étoile
Orphée & Misha

« A star falls from the sky and into your hands.  »
Cela s’est fané dans son regard comme un pourpier en plein hiver. Orphée n’eut de cesse de draper sa pupille d’un sindon de néant dès lors que sa gorge l'indisposait. L’ébranlement lui grattait encore le gosier, griffant la chair de l’intérieur, fracassant son esprit, muselant la langue si volubile autrefois. Misha accrochait chaque matin son regard, d’une pupille en biais feignant de ne rien voir. Il avait compris. Que chaque réveil lui paraissait insupportable. Comme c’était devenu un rituel lorsque les yeux de la poupée se noyaient dans le vide, et comme ses sourcils ployaient sous la réflexion soudaine ; “tiens, je vais bien ce matin”, et aussitôt cela lui revenait. De savoir pourquoi elle avait aussi mal. Misha n’avait pipé mot lors de ces entrevues intimes et régulières, ne lui avait guère fait part de ses affirmations qu’il jugeait sagace. Lui, grand ponte de l’humanité, savant de tout, ignorant de rien, puisque la société avait mené le conciliabule excluant les femmes depuis toujours et que s’était ainsi dressé le constat : même sans savoir, l’homme savait. Misha sait. Ce qu’elle endure, ce qui la gratte. Il craint surtout la levée de ce qui flamboie en elle et qui lui fait du bien. Orphée n’avait jamais su qu’en entrant dans son monde, elle avait allumé la lumière.

Le russe a l’empathie presque égoïste lorsqu’il s’agite dans les dédales de la maison endormie. Une heure du matin, dans les ombres d’un samedi bienvenu, Misha s’assigne la tâche de charger une voiture en compagnie de son chauffeur. Il y engouffre quelques couvertures, un drap puis un panier d’osier. ‘J’te laisse charger l’reste’, souffle-t-il à Sergueï lorsque ses pas le mènent ailleurs, vers l’antre de la fillette en prise avec ses démons. Et sur le trajet, fort heureusement trop court, Misha enraye les digues de ses pensées divaguant tout contre les transgression de la chair. Il ne veut pas s’imaginer ces ombres, l’organe mâle qui profane, les yeux terrifiés grimés de suppliques. De ces faciès qu’il toise pourtant fréquemment et qu’il asservit à son empire. De ces visages ne lui arrachant ni remords ni compassion. Misha a l’hypocrisie en étendard épinglée à la boutonnière ; il y a ces autres, les putains, denrées périssables et frugifères. Puis il y a elles; ces filles dont il se soucie un peu, à l’entrecuisse intime et respectable. Puis y a Orphée dans le coin de son crâne, recroquevillée dans l’alcôve de sa moralité poreuse. « Hey. La belle au bois dormant. Réveille-toi. On s’casse et y a une heure et demi de route. J’t’attends dehors. » Quelques coups toqués à la porte accompagnant la voix qui assène. Il a tourné les talons sans développer d’avantage. La surprise en bord des lippes. Un peu rude, faudra s’y faire. A son indélicatesse, son impertinence, les ordres qu’il vocifère. L’héritage de la rue, comme un fruit pourri s’enracinant profondément dans la rate.

Misha s’est efforcé de sourire dès lors qu’Orphée les a rejoint. Ca lui a pas traversé l’esprit de se dire que la petite, avec la violente sujétion dont elle avait été victime, avait le droit de savoir où elle se rendait en compagnie de ces deux hommes. Il a tenu à taire la question, l’invitant à prendre place à ses côtés dans la berline , “tu peux dormir, si tu veux. Y a un peu de route tout d’même”, s’est-il contenté de souffler sous la voix robotique du GPS ébauchant la Pennsylvanie pour destination. Ils ont roulé une partie de la nuit, se sont échappés de la chape ocre et dorée plombant New York. La ville qui ne dort jamais. Sous couvert de pollution lumineuse, un peu de lyrisme pour bien endormir les sens.

***

Plus rien jamais comme avant. Le grésillement en bruit de fond, parasites de son âme. Misha avait foutrement la trouille de ça, qu’il ne la récupère autrement. Alors l’avait-il menée ici, pas bien loin d’Allentown au sein d’un parc national. L’air frais a secoué foutrement bien ses pensées lorsqu’il a posé un pied au sol et a invité Orphée à faire de même. Et lorsqu’il a levé la tête, braquant ses yeux de charbon sur le ventre étoilé de la nuit, Misha s’est rendu compte qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. « T’as dit qu’tu voulais voir les étoiles. Mais bon à New York, quand même, tu l’as un peu dans l’cul. » Sergueï froisse le nez de dépit comme il déploie le drap de lin au sol. La démarche à la saveur exaltée et romantique s’est rompue tout contre le roc de sa langue râpeuse. Misha ne sait pas faire. Les grands émois et les belles intentions. Ca flanche toujours contre le palais, dès lors qu’il ouvre sa gueule. « On s’ra mieux ici, qu’est-ce que t’en dis ? » Enfin, demander l’approbation.

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Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices.
Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.

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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Sam 29 Aoû - 17:49

La bonne étoile
Orphée & Misha

        Dans cette houle étrangère Orphée se noie, chaque nuit quand le sommeil l’oppresse et chaque matin quand le réveille l’accapare. Les odeurs, nauséabondes, acres et masculines, les odeurs et sa langue, puis les voix et les doigts sur sa gorge, les quatre, ils étaient quatre. Chaque matin elle inspecte ses bras, se touche sa gorge parce que son cou la démange et qu’elle n’y peut rien. Parce qu’elle ne l’aurait pas dit aussi, elle sait, elle sait qu’elle ne l’aurait pas dit à ses parents s’ils étaient encore en vie, elle entend les palabres, les reproches des morts, elle s’imagine le père, énervé, grondant, tonnant, non, en réalité, il aurait pris la chose avec placidité peut-être aurait-il haussé les épaules et serait parti travailler. Dans cette vague d’obscurité, Orphée s’accuse. Et la lumière, tout là bas, chatoie. Désacraliser pour mieux distancer la douleur, ne pas oublier mais la contrôler, la transformer ; elle joue des métamorphoses. Des carnets, des papiers, des toiles. Des pinceaux, des couleurs, des livres. Et sa chambre, remplie. La jeune adulte a arroser son jardin de poésie, elle a peinturé de mirages pastels ses toiles, elle a déposé dans son lit ses totems sous la forme de romans et d’essais, de contes de fée surtout. Et chaque soir dessine-t-elle des personnages, son style possède les traits d’une dessinatrice de bandes dessinées, les déesses épousent les rois, et les paysages flamboient. Elle a fermé sa porte cependant, elle se retire dans son temple, ne souhaite voir personne ; son portable d’ailleurs, ne grésille plus sous les notifications. Juste le temps de ressourcer ma source de vie. La vague deviendra tronc, enracinée dans une terre d’Eden.

 C’est soudain cette main qui cogne et la voix de Misha derrière la porte, qui ordonne. Absorbée dans son album de Perrault, une chevelure de boucles qu’elle laisse s’échapper au naturel, Orphée a la fatigue au bord des cernes, car Orphée ne dort plus, ou presque, elle fait semblant comme un enfant, oui ça va, oui je dors, oui je prends mes cachets. Oui oui oui. Parfois glisse-t-elle un non pour ne pas éveiller les soupçons car elle s’efforce de sourire, mais ne s’efforce pas à rire. Elle hésite. L’air inquiet sur son visage, la paresse aussi dans le corps toujours gainé et toujours sculpté dans les muscles de la ballerine, c’est qu’elle aimerait  découvrir le monde de la Belle au bois dormant justement, pourchasser de son épée l’ogresse Belle Mère. Incroyable curiosité. Elle enfile un long gilet de laine, un jean et des converses. Laisse son recueil pour affronter les couloirs déserts et ténébreux, à tâtons, l’enfant femme traverse son Styx. Pour retrouver une lumière diffuse des lampadaires et la voiture qui chauffe, Sergueï déjà installé et Misha qui lui propose de s’endormir lorsqu’elle s’assoit sur les fauteuils en cuir. Pas une fois n’a-t-elle eu peur, méfiante de rien puisqu’Orphée, malgré l’épreuve se redresse ; il ne viendrait pas à l’esprit d’amalgamer les bourreaux sur les traits toujours dynamiques du sympathique compagnon.

 Elle n’a pas vu les grattes ciels sous la fenêtre de la berline, elle a fermé ses yeux, s’est inventé des images, sa tête tout contre la portière et ses pieds se posant loin loin loin. Elle s’est endormie grâce au bercement des roues, l’atmosphère douce et les deux hommes silencieux ; ils ne l’ont pas touché, ils l’ont respecté. Valeur absolue, le respect de l’être. Il me suffit de demander des balades en voiture pour m’assommer. Le sourire sincère bourgeonne sur ses joues détendues ; elle demanderait bien tous les soirs une promenade à Misha, pour le taquiner déjà puisqu’elle sait que la nuit, l’homme enfile ses oripeaux d’inconnu. Elle s’est réveillée lorsque la voiture s’est arrêtée. La brise sur sa peau de lait. Et les arbres, une multitude d’arbres. Orphée tressaute, le corps renaît, l’esprit voltige. Il y a encore la nuit qui héberge et protège, la nuit qui pare son univers de lueurs en pointillée. Et Misha, dans toute sa bienveillance a pensé à elle. Une surprise de poésie et de douceur, dans ce parc, une couverture sur l’herbe et les étoiles.

 Elle lève sa tête la fée, son visage resplendit enfin sous la sphère argentine. Recueillement d’une jeune fille sous la voûte céleste ; son corps se tend, les bras se lèvent et les pointes des pieds car elle souhaite attraper la lune, la faire sienne. Le mouvement de la danseuse, gracieuse, majestueuse.  « Je trouve ça magnifique ! » Quand elle plante ses flammes dans les prunelles angoissées de son ami, Orphée se dépêche d’enlacer ses mains aux siennes. Comme elle est belle entourée de la joie naïve, comme elle est belle entourée de cette empathie dévolue à l’autre. Misha a allumé la braise de sa résilience. Et elle aimerait tant effacer le poids qui l’étouffe, là, elle sent dans sa posture toujours cette grande rigidité, comme si l’existence de cet homme découpait et taillait sa vie en costume de lambeaux et de frayeurs. Elle enlace ses doigts aux siens pour lui offrir un contact, je suis là, je le serai toujours, celle ne le dit pas par les mots car cela lui semble évident, si évident qu’elle ne considère pas ce geste comme un sous entendu de séduction. Et elle lâche la main car l’enfant féerique s’exclame.  « Regarde Misha ! C’est la grande ourse ! » Sa voix est porteuse de bonheur, la découverte des constellations l’illumine.  « Je ne pouvais pas rêver mieux. » Un merci se niche dans le sourire espiègle et les océans de ses yeux. Près de lui et toujours debout.

@Misha Orlov
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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Dim 30 Aoû - 11:31

la bonne étoile
Orphée & Misha

« A star falls from the sky and into your hands.  »
Elle a fracassé l’accalmie de son essor dès lors que le pied de la ballerine a foulé le sol. L’envolée de ce corps de lune s’est tendu vers le ciel, a découpé la silhouette en une ombre aérienne, le lyrisme dans le mouvement. Elle a des airs d’un oiseau majestueux, euplecte à longue queue déployant les ailes sous la fraîcheur d’une nuit d’été. Et comme elle respire et pépie sa joie sous la pupille soulagée de Misha. Le garçon a amorcé un sourire en coin, bien logé sous le drap noir de la nuit. Il a serré volontiers sa main lorsque la reconnaissance est tombée dans sa paume. Monceaux de tendresse effilochés entre ses doigts, un peu de douceur bienvenue, de celle qu’il distribue sporadiquement. Lorsque cela l’arrange ou qu’il s’y attend le moins. L’espèce d’amour qu’elle lui portait était tellement entier, candide et spontané, que cela ne le paniquait pas. Misha avait toujours fait partie de cette plèbe non-désirée que le chaos recadrait paradoxalement en phase. Les efforts qu’il déployait parfois à lisser bien droit les plis de sa personnalité pour ne pas que ça dépasse, que ça rentre bien comme il faut dans les cases, que rien ne déborde et que rien ne soit critiquable. Cela lui aspirait une énergie folle et le tendait toujours au bord de l’échec. Auprès d’Orphée cependant, il avait trouvé les éclaircies levant les tribulations de son âme. Lui qui n’appartenait plus tout à fait au monde de la rue, pas encore à celui des nantis. Apatride, pas bien foutu de trouver sa place. Elle lui avait débusqué un gîte dans le tréfonds de ses rires.

« Regarde Misha ! C’est la grande ourse ! » Misha s’efforce de lever la tête et d’y lire ce qu’elle y perçoit. A force de nuques courbées, le spectacle est magnifique. Le dais de la nuit s’est piqueté d’autants de points lumineux, joli champ de blé au flambeau épars. C’est le ballet des feux purs, de ceux qui fuient les éthers pollués de New York. Il plisse les yeux sous la beauté soufflante, finit par affirmer d’une voix ne trahissant aucun émoi :  « Ah ouais. C’est foutrement beau. » Et lorsque Misha s’est retourné vers le chauffeur, son regard s’est agrandi sous l’ignorance. Sourcils levés et moue tordue de l’inexpérience. Misha a l’impéritie romantique. De la Grande Ourse et de ce qu’on lui a raconté, il n’en retient qu’un ustensile de cuisine jamais bien foutu de briller à ses yeux.

Les deux hommes ont vidé le coffre des couvertures de laine et des thermos de boisson chaude. En fond sonore, la ronde de la ballerine n’échappant guère à l’oeil affûté de Misha ; c’est qu’il s’assure qu’elle ne s’éloignera pas. Les charognards n’accordent pas de trêves même sous les cantilènes. Puis Sergueï lui assure préférer sa solitude et démarre avec le bolide. La lumière blanche des phares se meurt au loin, a éteint sur eux la lumière. Misha a tendu le tartan à Orphée, lui a intimé de s’y emmitoufler puis s’est étendu sur le drap. Dans l’obscurité piquée de points jaunes, on y décèle le bras se nichant sous la nuque. Et la voix suave aux modulations des steppes de l’Altaï, s’est levée doucement. « En vrai, j’y connais rien. Alors j’t’écoute, m’dame la prof. C’est quoi ce truc, juste là ? » La main a pointé vers le ciel, comme on s'agrippe à des rêves moribonds.

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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Mar 1 Sep - 13:20

La bonne étoile
Orphée & Misha

       Elle rêvait des luminescences étoilée, la nuit, recroquevillée, dans son lit aux voiles recouvrant sa nouvelle chambrée, elle rêvait de beauté, de douceur pour contrer les images affolantes, angoissantes, le froid sur ses genoux, les mains sur ses bras, enserrant la gorge, et le dard, elle ne se souvient pas, elle vivait l’émotion de l’horreur, recroquevillée, dans son lit aux voiles blanches recouvrant sa nouvelle chambrée. Son corps comme morcelé, des milliers de morceaux morts, elle criait dans ses rêves, à la vision cauchemardesque de ces amas de pieds et de jambes, et cette langue boursoufflée et ces éclats de miroir lui dévoilant son visage, le visage de la culpabilité et de la honte. Elle souffrait. Et la flamme pourtant continuait à pourfendre l’immense ténèbre qui essayait d’avaler la lumière. Elle se réveillait et constatait qu’elle n’avait point dormi plus que deux heures dans cette Nyx qui s’habillait maintenant de cruauté. Ce que Misha lui offre semble un cadeau de paradis, elle considère ce voyage comme un début d’épiphanie, la renaissance de sa joie. Orphée, l’infante, créait des songes aux couleurs pailletées et ocellées d’espoir.

 Sous la voûte tachetée d’argent et de noir, elle contemple les constellations, de son doigt peint les formes, perdue dans les méandres de ses pensées, de son imaginaire. Orphée possède la chance d’une intériorité riche, chaque chose devient des trésors et les trésors émerveillent la gosse, le sourire aux lippes. Puis elle revient, gracieuse dans ses mouvements, la souplesse d’un corps habitué aux gestes des ballerines, à la féerie de la danse. La douleur éveillait son corps, elle se surprenait à remarquer qu’elle en possédait un, qu’elle n’était pas une ombre entourée de de fantômes mais bien une créature de chair, traumatisée par le désir de l’homme, son dessein de prendre, de voler. Misha, dans sa prévenance, son attention pour elle, son affection pour elle, l’encourage à s’enrouler dans le plaid aux motifs écossais. Quand il s’allonge, Orphée l’imite. Un silence aiguise les sphères lointaines, elle se perd encore une fois, c’est l’image d’un garçon sans âge qui surprend et amuse, cette chimère littéraire ensemence l’idée d’une fantaisie de plus.  « C’est la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin ! » S’exclame-t-elle. Dans ses pupilles dilatées de plaisir, ses jambes qui bougent, inconsciemment, l’énergie du désir innocent. Elle poursuit.  « J’ai déjà volé avec Peter Pan. Si tu veux je t’apprends ! »

 Elle se relève, s’installe face à lui, Misha qu’elle oblige à s’asseoir. Dans l’iris la gourmandise des jeunes années, le sourire ravissant du bonheur retrouvé. On s’en fiche, pour la durée, que ce moment dure, qu’il ne dure pas, qu’il s’éclate pourtant de son aura bienveillante et chaleureuse !  « Maintenant ferme les yeux s’il te plaît » Elle ordonne dans le rire. Ses mains viennent se poser sur les masculines, les enlace fortement ; c’est comme un phare qui éclaire et qui guide, ces deux mains soudées sur les jumelles, les unes sont grandes, immenses, il tient dans ses paumes la gentillesse. Orphée épie, surveille s’il ne triche pas, tout repose sur les yeux fermés et l’émotion dévorée.

 Et les lèvres se soudent, s’accrochent, se lient. Sur les homonymes masculines. Dans un baiser chaste, l’oublie d’un temps de lourdeur pour reconstruire le futur.

 Elle ne désire rien d’autre que l’instant présent, celui de toucher de ses lèvres ces autres qu’elle convoitait. Elle a le désire de l’enfant qui prend sans arrière pensée que le plaisir. Tu m’as sauvé, retiré des affres de la violence de l’homme, tu m’as sauvé. Ce que je fais, je n’en sais rien, je le voulais simplement.

  « Je vais même pas m’excuser ! Notre baiser de la dernière fois était si court que je voulais recommencer pour bien voir le monde à travers tes yeux si beaux. » Elle fracasse le ciel de ses espiègleries, ces phrases qu’elle jette pour désamorcer, peut-être, une certaine tension. Il y a dans ses prunelles l’inquiétude de la faute bien vite rejetée au loin à la sensation encore ancrée sur ses lèvres, ce baiser comme une colombe au rameau d’olivier, ce baiser, une terre sur laquelle soigner les plaies. Les hommes ne sont pas tous des bourreaux, il y en a qui brillent et déblaient les misères.

@Misha Orlov
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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Mer 2 Sep - 22:07

la bonne étoile
Orphée & Misha

« A star falls from the sky and into your hands.  »
On ne peut aimer à la fois, et les bêtes et les hommes. Orphée est de ces superbes. De ces beautés que l’on ignore. Et pourtant sous la lippe, la palabre, toujours charmante. Déroutante pour un coeur de roc, pour les contrées de givre et de frimas dans lesquelles Misha s’égare. Orphée, lorsqu’elle parle, lorsqu’elle rit, lorsqu’elle soupire, assène la conviction que chacun possède et doit posséder une part de bonheur en dépit des tourments dont on se joue. Elle a gommé ses cauchemars sous le fatras de ses rires, soupirs affables lorsqu’elle parle et s’engouffre dans des rêveries se heurtant au pragmatisme du russe. "C’est la deuxième étoile à droite et tout droit jusqu’au matin !" Misha s’étonne, fouille le ciel à la recherche de l’énigme, achève sa quête d’un froncement de sourcils corroborant le soupir ; ‘hein?’, qu’il questionne, la moue renfrognée de ne pas comprendre. Les jambes de la danseuse se meuvent vers le ciel, le ballet sous la cheville, battant le dais noir comme on agite les étoiles. Elle se relève soudain puis l’installe, s’engonce encore dans ses palabres nébuleuses. Y a le gosse qui ne veut jamais grandir à la commissure de ses lèvres, un peu comme elle, lorsqu’elle dégoise :  « Maintenant ferme les yeux s’il te plaît. » « A quoi ça sert, puisqu'on s’voit pas. » Dans les ténèbres Misha devine. Qu’en dépit des épaules se voûtant dans l’arc de l’insolence et sous l’effronterie qui se bouscule en bord de langue, qu’elle a plongé si loin ses yeux dans les siens en l’intimant de se taire. D’un soupir Misha enfin s’abandonne, et la langue a claqué contre le palais, un peu complice et impudente. De ces claquements de consorts, friands de chamaillerie.

Je crève entends-tu. Je crève de la douceur que t’as toi, pour moi. Que j’suis pas bien foutu de te rendre, sinon de tout prendre. Lorsque tes lèvres effleurent les miennes, y a ton parfum qui m’assassine. De ces odeurs qu’on hume de si près, de ces effluves de peaux intimes.

Prompt à s’agripper à la saillie de ce baiser, Misha se confond dans la surprise et s’achève dans la douceur. Lorsque l’étonnement s’est fondu dans les premiers émois, y a les autres baisers qu’il veut lui rendre, dans la fraîcheur d’une nuit si douce et l’abandon de ses carquois. Le silence a la saveur d’un tout, qui se confond dans l’image pâle d’un doux baiser voûté d’amour. L’amour frugal, l’amour somptueux, l’amour candide. L’amour ne portant pas son nom. L’amour, qu’il ne porte pas pour elle, du moins, pas de ce gabarit. C’est pas le vorace qui le perfore. Ni le charnel ni l’insatiable. C’est la délicatesse, du moins de ce qu’il peut encore offrir, l’attention pour cette donzelle qu’il s’évertue à protéger.  « Je vais même pas m’excuser ! Notre baiser de la dernière fois était si court que je voulais recommencer pour bien voir le monde à travers tes yeux si beaux. » La culpabilité habille ses yeux sombres comme il soupire. Le souffle discret a buté à l’orée de ses lèvres lorsqu’il s’en veut. Y a rien de beau dans mes yeux, Orphée. J’suis le lierre qui anémie les glycines et les anémones. Ces fleurs là qui pourrissent à l’ombre de mes yeux, lorsque je les toise, les darde, les juge. Y a que toi pour voir éclore dans la pupille cette lueur d’humanité.

Misha pourrait arrêter là. Déposer les armes, étouffer l’égoïsme. Mais y a la saveur de sa bouche, la suavité de son parfum, qu’il veut goûter encore. Ainsi et d’une main qu’il dépose sur sa joue, réplique par un autre baiser. Jamais enflammé, toujours tendre. Pourvu que la violence se soit tue en l’instant et pour elle. Pourvu qu’elle s’épanouisse comme une rose, à la beauté de ce baiser, et que le lierre n’anémie pas la racine. Et lorsque le baiser s’est envolé, lorsque Misha a rassasié son égoïsme latent, il se souvient alors qu’il n’est pas fait pour elle. Qu’Orphée a besoin de ces hommes qui bercent, ces hommes qui aiment, ces hommes qui chatoient. « Ce qui se passe en Pennsylvanie, reste en Pennsylvanie. » J’ai rien d’autre à te donner, et si j’t’épargne ma toxine c’est pour pas qu’t’en crèves.

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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Jeu 3 Sep - 17:01

La bonne étoile
Orphée & Misha

         Misha, tu deviens ville, dans mon coeur des carrefours dans lesquels tu déposes ton essence, en toi, le silence qui comble, un peu de méfiance et de souffrance mais l’amour et tu ne le vois pas Misha, tes yeux, je les sens sur moi, tes orbes, je les adore quand elles se posent délicatement, protectrices et impérieuses, tu as bien des défauts comme cette inquisition aux coins de tes lippes mais ces ordre que tu donnes ne te rendent pas moins charmant, je ne pourrai pas dire, je ne saurai pas dire, je ne veux pas dire, tout cet éclat que tu renverses sur mon âme, tu me ravis parfois, tu m’illumines et cela est mieux, si tu ne t’en rends pas compte. Peut-être que je t’idéalise mais je m’en fiche, car tu es unique pour moi. Je n’espère pas devenir unique pour toi, si tant est que tu m’accordes une place dans ce coeur de hargne et de colère, dans ce myocarde où bat la violence de la vie, je n’espère pas t’adoucir, te changer, c’est ridicule, tellement cliché, non, mais j’espère que tu m’offriras un gîte, que tu ouvriras un jour les bras sur l’indicible bonheur. Avec moi ou sans moi, cela m’importe peu du moment que tu vives et découvres, que tu dévores la vie. Sans toi le monde est moins beau, il se pare de grisailles, de fumée des usines et de l’aliénation des convenances, toi tu sais faire, tu combats.

 Deux regards se mêlent, mélange d’agates masculines aux féminines, elle exhibe sa féerie, sa douceur et sa rêverie, transmet les étincelles de ses songes et de ses fantaisies ; un baiser pour réveiller l’innocence ou la candeur ou le mystère, ce mystère, furieux et séducteur, terrible dans son intelligible, terrible par sa  force, sa puissance, je t’aime moi aussi, je t’aime dans l’inconscient de ma pensée, dans l’inconscient de mes actes, dans l’inconscient de mes vertiges, je t’aime et je ne le dis pas parce que je ne le sais pas, ce sentiment qui ravage, qui détruit, qui construit, qui illumine et donne à l’âme, à l’esprit, une appartenance. Sans toi je ne suis rien, avec toi je suis tout. Sans toi je continue différemment, plus tristement. Avec toi, je m’émerveille de tout. Tu es mon ami Misha, quelqu’un, une personne qui, pour moi, a dévoilé l’éther d’un avenir alors que je n’en voyais plus, accablée que j’étais par la mort et ses ombres, par la fin et l’effondrement. Tu es arrivé au bon moment, par hasard, mais le destin semble tisser des liens. Un baiser, l’univers se déploie et s’étire. Elle le regarde comme elle ancre ses océans dans l’accalmie, un silence serein alors qu’elle pensait qu’il grognerait, qu’il la jetterait. Elle sait l’affection qu’il a pour elle, ses gestes, ses actes, discrets mais profond, elle sait aussi que l’homme ne s’ouvre pas aux promesses de ces femmes qui espèrent une histoire d’amour. Orphée n’espère rien, elle prend. Contemple le moment présent. En jouit et jubile.

 Le second se dépose sur ses lippes, sa main sur sa joue, d’une tendresse qu’elle n’a jamais connu, jamais perçu ; les baisers des hommes ressemblaient à des picotements, rapides, dévorants, tient je te montre que je t’aime, je t’embrasse, finalement, ils ne signifiaient rien puisqu’ils partaient héler d’autres présences, d’autres silhouettes ; mais Orphée ne s’en souciait pas, pour ne jamais être déçue, elle tissait son univers, bâtissait des monuments, partait vers des contrés lointaines, la danse, la musique, la poésie, puis ces personnes qu’elle aimait, à qui elle donnait, entière et pleine dans son amour, sans demander ce que les gens ne pouvaient lui offrir en échange. Et ce baiser avait le goût de l’éternité. Elle ferme ses paupières pour ressentir la vague, la mer, dans son corps ce n’est pas le désir physique mais une écume de bonheur, une tempête de joie, intense.  « Alors la Pennsylvanie aura pour moi une aura agréable de mangeuse de cauchemar. Je sais que je chérirai ce souvenir toute ma vie. Ça me suffit. » Un mouvement léger d’épaule, sourire de ses joues blanches ayant enlevé la couleur des nymphes du printemps de Botticelli. Moi ça me suffit Misha, d’être juste à tes côtés, ou juste d’éprouver ta présence quand tu n’es pas là. Parce que ma liberté est importante, la tienne le sera aussi. Et si tu veux qui ne se passe rien, du moment que je te vois, un peu, c’est le principal.

 Orphée s’allonge, glisse sa paume dans la jumelle.  « J’ai toujours imaginé que lorsqu’on mourrait, on se transformait en étoile. C’est un peu le cimetière poétique de la vie, le ciel. Je préfère m’imaginer mes parents en lumière. » La question ne tarde pas lorsqu’elle songe à ce soir où elle avait partagé un moment de liesse avec Misha, ce premier soir où l’Exorciste avait fait place aux confidences dans l’ombre d’une chambre inconnue.  « Tu m’avais demandé quel était mon meilleur souvenir et j’en ai profité pour te serrer dans mes bras. Mais toi, c’est quoi ton meilleur souvenir ? Celui qui te permet un peu d’affronter la cruauté de la vie. » Le monde n’a pas besoin des fléaux pour s’assombrir, il a besoin de feu et de passion pour s’alléger.        

@Misha Orlov
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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Sam 5 Sep - 10:51

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Orphée & Misha

« A star falls from the sky and into your hands.  »
Sur l’échevette de leurs baisers, elle a brodé l’agrément de leur secret. Sybillin et taciturne, enfoui dans les souvenirs qu’ils laisseront sur le chemin menant en Pennsylvanie et sans se soucier des ricochets. Misha a épié sa fièvre, l’a abritée des mauvais songes. Cette manie protectrice, cette délicatesse à vouloir soigner, apanage du coupable. Puis la raison de taire le baiser, sous couvert d’une connivence aisée, concession du couard. Ce n’est pas tant que Misha espère la fuir, tambour battant dans les dédales de sa candeur, mais il craint n’opérer sur elle encore - comme il put le faire avec tant d’autres - l’anesthésie des sentiments. Qu’elle ne ploie sous l’inclémence de son égoïsme, et qu’elle ne se torde des brûlants mensonges qu’il concède volontiers, que sa volonté soit faite, mais pas pour le meilleur. Ainsi scellent-ils ici leur silence, sans que Orphée ne s’en offusque, sans qu’elle ne quémande encore ni même ne le réprimande. Les deux jeunes gens se sont allongés de nouveau, d’une main chaude glissant dans celle, plus large et plus rude, du garçon lorsque les yeux se sont braqués vers le ciel. S’il ferme ici les yeux, Misha se souvient des brûlants étés, de l’asphalte fendillée sous la fournaise et les effluves du goudron chaud. Il se souvient de la poussière, des godasses sales frappant la malthe, il se souvient des invectives de ces graines de rien, ces semences délictueuses, ces garçons crasses dont il faisait partie hélant les flics comme les donzelles, le vocable garni d’offenses, d’obscène et d’indécent. Orphée a levé l’expiation lorsqu’elle a parlé, et comme elle l’a extrait des géhennes d’antan lui confesse volontiers les siennes. Ce qu’elle raconte de sa voix fluette et pétillante, Misha y injecte des monceaux de doute en amont. Lorsqu’elle a parlé des corps morts se muant en astres, il a froncé fort les sourcils, strié son faciès d’une moue de dépit. Les morts sont morts, pense-t-il si fort, prompt à lui asséner si froidement sa vérité lorsque le lyrisme de la jeune fille le percute. « Je préfère m’imaginer mes parents en lumière. » Ainsi Misha se tait, opine en silence. Il imagine ses parents en rien du tout. Atomes insignifiants, de la poussière pour vétille. Mais ses parents à lui sont bien vivants semble-t-il, et il est vrai que parfois, souvent même, Misha l’oublie.

Y a cette question à la commissure de ses lèvres qu’elle égraine en malice. Ton meilleur souvenir ? qu’elle plaide de sa voix de sucre. ‘J’sais pas trop’, souffle-t-il derechef, sans se laisser le temps de la réflexion immédiate. Le cerveau dépourvu de souvenirs agréables, du moins c’est ce qu’il croit. Mais Misha fait l’effort, pour elle, de fouiller dans sa mémoire, bien profondément et à bout de bras tant sa curiosité ébranle la terre jamais charriée de son passé. Il y aurait bien Grisha. De l’émotion vive qu’il a ressenti lorsque ce russe au faciès forgé dans la beauté du marbre et dans le givre de leurs contrées lui a glissé la nouvelle ; tu n’auras plus rien à craindre désormais, tu es officiellement mon fils à présent. Et c’était vrai. Comme il avait cru fort aux paroles de cet homme et comme il y avait déversé sa confiance. Lui le môme que l’on prête, que l’on teste, que l’on renvoie. Ce môme qui ne convenait jamais, ni aux républicains, ni aux démocrates, ni aux agnostiques. Il avait trouvé la figure du père et s’y était accroché fermement, en dépit d’une placidité postiche lustrant ses yeux d’ocre. Mais Misha fouille encore, plus loin, plus fort. L’exercice est délicat, pour ne pas dire périlleux. Il a évité les issues aisées, ces souvenirs imbriquant les rires de ces filles au gosier fin. On ne songe jamais assez aux femmes. De comment elles nous font du bien, en dépit des conneris mâles. Enfin la sape a buté sous les excavations. Misha soupire, gratte sa joue d’autant de réflexions. Remettre les bribes de souvenirs en place, humer les odeurs fantômes de pâte chaude, de sucre et de cerises. « C’est pas vraiment un souvenir, mais plutôt un parfum. L’odeur chaude des Syrnikis aux cerises, que m’faisait ma grand-mère. J’étais pas bien grand, mais j’me souviens bien, comment elle passait son temps à m’dire : si tu veux être grand et fort comme Lénine, faut manger. Bah, j’savais pas trop qui c’était, ce type, mais ça m’dérangeait foutrement pas d’gober ses pâtisseries. Ouais... » Le parfum douceâtre des gorges rondes et pleines de cerises a la senteur de la simplicité. La crédulité perdue. « C’était une chic femme. Pas bien foutue d’cacher ses appartenance communistes. Toujours en train d’râler, entre deux verres de vodka. Mais elle tenait sacrément bien la route et surtout, j’crois qu’elle m’aimait bien. » Le graal des sentiments, enfoui dans les mémoires d’un enfant de cinq ans, n’avait pas su éclore dans les vices ni déblayer le terrain.

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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Sam 5 Sep - 14:06

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Orphée & Misha

      Elles offrent l’abri pour les aveux, ces luminescences vespérales, elles protègent ces deux êtres allongés sur l’herbe sèche, sur une couverture maintenue par les pieds et les mains qui se serrent comme deux ancres qui guident. Orphée écoute, imagine le feu et, dans le feu, les pâtisseries qui cuisent sur les plaques. Elle imagine l’odeur de cette recette qu’elle ne connaît pas, s’approprie la saveur des cerises enrobées de sucre et de pâte comme l’on préparerait une tarte ou des dorayakis. Elle imagine cette femme, prompt à s’occuper de ce petit garçon assis sur une chaise dans une cuisine illuminée par le soleil matinal, ce petit garçon qui bat des jambes en attendant patiemment les sucreries encore chaude dans le ventre du four, et cette femme à la chevelure de neige, car Orphée s’imagine l’image D’Épinal de la grand-mère universelle. Et surtout je crois qu’elle m’aimait bien. Elle chute dans l’esprit comme un soupir, comme une terreur, je crois qu’elle m’aimait bien. Comme l’on pourrait se dire d’une amitié récente que le lien semble une respiration face à l’adversité de ces gens qui jugent, mais une respiration dont on doute de la valeur. Misha a soufflé la dernière. Normalement. Ma grand-mère m’aimait bien, je crois. Et Orphée comprend.

 Comprend que Misha n’a jamais eu de présences rassurantes, des phares dans l’enfance, protecteurs et bienveillants, des phares pour le nouveau-né sensés lui apporter des merveilles, des trésors de duplicités, tu es le fils que j’attendais, celui que je chérirais, tu es cet enfant désiré, réclamé, rêvé, tu es l’espoir d’une transmission et je suivrai ce rôle de gardien avec plaisir et dévotion, pour toi, mon enfant, mon chérubin, mon ange, je soulèverai le fardeau et suivrai mon devoir, celui de te combler de bonheur, de ne jamais te dire que tu m’appartiens car un enfant n’est pas possession, il est l’apparition divine d’un avenir. Pourquoi fait-on des enfants d’ailleurs ? Orphée fronce ses sourcils à cette question. Elle-même n’a pas été éduquée par son père, ni sa mère. Bien sûr, ils lui payaient des cours… pour se vanter auprès des amis. Parfois, et cela durait juste une journée, le père sermonnait ou la mère tentait une conversation de mère à fille, qui s’échouait dans l’expression espiègle et méfiance de l’enfant. Je ne t’écoute pas maman, toi qui n’a jamais su qui était ta fille, à toujours dire d’elle devant ces autres présences qu’elle était particulière, spéciale, mais pas dans le bon sens du terme. A toi maman, qui coulait des mots de reproche à tous ces gens que je n’appréciais guère, attablés sur l’immense table du salon pour les festivités, oh ma fille elle pleure trop, nous la pensons hyperactive, elle bouge trop, mais qu’elle est belle ! Heureusement. Et elle a de bonne notes aussi, ça compte. Elle se souvient de son frère, Solange, qui se prenait sur ses épaules quelques rôles ne lui étant pas destinés, car les parents s’absentaient souvent, car les parents même présents semblaient distillés dans l’absence de la ferveur de la renommée sociale. Leurs enfants étaient des plaies, mais ils considéraient qu’une vitrine de bonheur ne pouvait être atteinte sans les marmots. Une mascarade bourgeoise où le vin coule dans les verres d’opaline et les petits fours dans les gorges repues par le désir de briller.

  « Elle t’aimait ta grand-mère. Tu semble douter. Pour moi c’est une évidence. » Elle a la confiance de la femme qui rassure quand elle parle.  « Je ne sais pas ce que c’est les syrnikis et comment on les cuisine mais ta grand-mère te les préparait avec amour, parce que tu étais son petit fils qu’elle adorait et qu’elle chérissait. On ne remarque jamais aux petits gestes, mais ce sont les détails qui chatoient l’amour qu’on porte pour l’autre. Le reste c’est juste anodin. Elle te disait je t’aime quand elle cuisinait pour toi, quand elle te bordait le soir, quand elle te racontait des histoires. Parce que chaque enfant ne naît pas pour la haine mais pour l’amour. Et si les gens pensaient comme moi les enfants ne seraient pas des objets pour la fierté des adultes. Et parfois certains enfants s’occupent d’autres enfants alors que ce n’est pas leur rôle. » Elle chute, la dernière phrase, à la pensée du frère. Ainsley avait pris à charge l’éducation de sa sœur, un peu maladroitement. Quand les adultes disparaissaient, Ainsley prenait le flambeau à coup de « mouai, ok, je te laisse faire, t’es grande, mais demain essaie d’arriver à l’heure à l’école quand même », il était débonnaire, lasse surtout, un faux air serein sur le faciès  anguleux. Ses yeux, deux saphirs rutilant et sa chevelure, des boucles de romantique alors qu’il se moquait, ironique, de ces filles ou de ces garçons qui se bécotaient dans les couloirs du lycée. S’en suivaient des conversations, des jeux parodiques dans la cuisine alors qu’ils mangeaient n’importe quoi, chips, gâteaux, sodas, les deux ne cuisinaient pas.

 Elle délasse ses doigts pour essuyer les larmes perlant à ses paupières. Penser à lui la submerge de tristesse. Elle ne peut correctement faire face à l’émotion glaçante de la perte, du manque. Orphée ne respire plus, bloquée dans la solitude horrifique quand elle constate qu’elle n’a plus personne pour l’épauler, cette fille svelte mais abandonnée, touchée par la mort et ses fléaux. Elle se recroqueville dans le silence, tourne le dos pour affronter la tornade. Orphée n’a pas dormi depuis deux jours déjà, elle sait l’hyperémotivité vibrante, prête à rugir en déluge de sanglots.          

@Misha Orlov
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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Dim 6 Sep - 16:29

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Orphée & Misha

« A star falls from the sky and into your hands.  »
La fraîcheur de la nuit s’accompagne d’un frisson, d’un air nouveau sur la peau vêtue de ses confidences à mesure que la nuit se renfrogne. Misha s’est livré sous la question de la jeune fille, il a parlé sans ambages, déposé les souvenirs à ses pieds comme on défait les valises. Cela ne l’a guère secoué pourtant, de fourrager ainsi la mémoire à la recherche de monceaux de bonheur dispersés dans le coin de son crâne. Il a humé les odeurs des cerises gorgées de sucre et de soleil sous les rengaines de la vieille femme ne soufflant que le russe pour patrie. Puis s’est interrogé, un peu mollement et vautré sous la nonchalance, sur les élans d’un coeur parent à son encontre. S’il se fie à ces souvenirs, oserait-il encore braver les soupçons, s’entendre penser que l’affection de cette femme n’avait rien de surfait, rien de factice, et que lorsqu’elle feulait à l’encontre de la mère, sa fille, la rabrouait de son égoïsme empoignant le fils. Mais Misha n’a pas le goût du conseil judiciaire ; ce qui lui importe c’est que la vieille femme soit morte bien au chaud. Et que le début de sa débâcle fut vivace lorsqu’elle eut trépassé. Que l’envol de la vieille femme lui fit prendre ses valises vers d’autres contrées mesquines. Misha esquisse un soupir las sans se méprendre. Le russe n’a pas la culture du larmoyant lorsqu’il toise en arrière, se contente d’un haussement d’épaules et d’une pupille figée sur le ciel. Et c’est trop rien, c’que j’ai vécu. J’ai pas eu la chaleur d’un foyer mais j’ai eu tout l’reste. L’adrénaline pulsant le coeur à la vue de ces flics gardiens de l’injustice. Les clôtures que l’on franchit, à l’ombre des murs sales et chauds, le béton pour clématite. Tant d’années où j’ai vécu, à peu près homme, à peu près heureux, totalement libre.

Orphée s’efforce d’y déposer les mots comme elle souhaiterait panser une plaie. De l’amour sous la langue, un peu trop à revendre, tisser les brocards, soupeser le coeur. "Elle t’aimait, c’est sûr." Misha a beau cultiver sa nonchalance, feindre l’indifférence sous la mièvrerie, les palabres qu’elle lui concède le soulagent un peu. Il n’avait pas cherché le réconfort mais l’avait trouvé tout de même. Puisque la jeune fille offrait sans contrepartie, ce que lui dérobait toujours. L’atruisme bien en phase de son égotisme latent. Et ses mots ont le goût du sucre, la légèreté des agréments. Elle a lâché sa main pourtant, s’est recroquevillée sur le côté sans que le garçon n’y perçoive la détresse. Misha s’est tourné à son tour sur le flanc gauche, lorgnant la nuque de la demoiselle, le coude engoncé dans la dureté du sol. C’est la raillerie qui parle, lorsque l’indélicat converse : « Et donc c’est quoi ton projet dans la vie, devenir Gandhi ? » Mais le sourire s’est décousu sous le son des salines. Les pleurs étouffés l’interpellent, le recadre. Posant la main sur l’épaule frêle de la tourmentée, Misha la questionne. « Hey. Orphée. Qu’est-ce qui ne va pas ? » Pourquoi pleures-tu ? Cette absurde question. La lumière a éventré les ténèbres sans ensevelir les cauchemars. Ces mains qui ravissent, ces mâles qui violentent. Puis la solitude qui la broie, lorsque les Orlov festoient. D’une petite séquestration que l’on ignore, derrière les barrières forgées de ducats. « J’suis là, tu sais. » C’est pas grand chose, je te l’accorde. Et je m’excuse si j’suis pas bien foutu de faire tarir tes larmes.

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Message Sujet: Re: La bonne étoile (ft. Orphée)   La bonne étoile (ft. Orphée) Empty Lun 7 Sep - 11:38

La bonne étoile
Orphée & Misha

      Elle avait cherché sa place parmi les décombres de ses désirs, d’être aimée par des parents qui n’en avaient cure, elle n’était pas importante peut-être, un décor dans une maison aux allures de tombeau ; Orphée courrait à la quête d’un manque à combler, elle avait trouvé le sourire sur ses joues de marbres, le regard espiègles et le rire pour tromper le malheur de ces jours absents des figures parentales, elle avait compris qu’ils ne seraient rien qu’une façade pour curieux et naïfs, des amis qu’on invitait chaque samedi. Elle avait creusé le malheur, l’avait enterré dans un trou, avait surgit des profondeurs de sa tristesse la présence d’un frère, d’un ami, d’un père, une trinité dans le corps d’un garçon de trois années plus âgé qu’elle. Quand ils partaient, la mère et le père, Ainsley venait, s’intéressait à elle, l’aidait pour ses devoirs, se sacrifiait des sorties pour  rester près de sa sœur, elle qui ne demandait qu’une présence pour se sentir vivre. Ils ne savaient rien quand il la voyaient penchée sur l’amour qu’elle donnait, radieuse, effervescente, une jeune fille épanouie, très joyeuse. Elle avait vêtu un masque de bonheur, tissé sur ses joues la joie de l’enfant et le bien être de l’adulte, celle qui avait décidé de combattre le mal par un déluge de rires et d’éclats. Elle faisait croire. Et Orphée croyait. L’enfant avait lu des ouvrages de psychologie pour se comprendre elle-même, pour trouver dans le labyrinthe de ses douleurs une issue. Néanmoins, les joies s’amenuisent lorsque les mers de ses traumatisme apparaissent, elles laissent une flaque de tristesse, un flot de larme sur ses joues et la culpabilité. Je pleure parce que j’en ai le droit mais je ne me sens pas le droit, paradoxalement je m’accroche et souhaite plaire dans le regard des gens. Orphée pleurait quand l’émotion la submergeait, on la scrutait, étrangement apeuré par ce révélateur de faiblesse. Elle ne s’attarde pas sur l’appréhension du jugement de Misha, il pourrait se détourner, la juger, mais Orphée, spontanée, candide et naïve, pleine dans ses sensations et ses ressentis se fragmente et accueille les souvenirs. Ce qui la culpabilise et l’oppresse : le visage du frère qui, peu à peu, disparaît.
 La main sur son épaule laisse une emprunte d’affection bientôt avalée par l’embrassade d’Orphée. Elle le serre dans ses bras frêles de moineau, enserre le bassin de l’homme, pour récolter un peu de cette chaleur humaine qui lui manque tant. Misha ne se superpose pas à la figure de l’aîné, il est autre, un autre qu’elle n’expliquerait pas, ne rationaliserait pas, protecteur, sauveur, ami aussi, compagnon de vie quand elle l’entraîne dans ses fantaisies. Elle sait seulement qu’elle a besoin de lui car il a éclairé sa solitude et lui a permis de sortir du gouffre. Dans ses bras elle se sent bien.
 Je suis là tu sais. Comme une phrase qu’on énonce pour rassurer, pour consoler, Orphée se berce du son de sa voix grave, des phonèmes enroulés dans l’autorité protectrice, Orphée ne supporte pas l’infantilisme mais se noie dans l’idée de se savoir protéger, elle se sent aimée, l’amour qui se débarrasse des lambeaux de se sentir perdu dans l’immensité d’un territoire  sauvage, hostile. La chaleur de sa peau arrose la froideur de la sienne, elle s’immerge. Orphée ferme ses paupières, ne sait plus rien dire que de profiter un peu de ce corps, cette masse qui lui montre qu’elle n’est pas seule, qu’elle ne se transforme pas non plus en fantôme, qu’elle aussi possède un corps, une matière qui prend de la place. Un corps qu’elle a commencé à perdre lors de ses lueurs d’insomnies, des terreurs nocturnes elle sursaute quand elle se réveille, en sueur, refuse de dormir car elle ne souhaite pas mourir et sentir son myocarde bondir hors d’elle.  « Je ne dors plus. Depuis que tu m’as ramené chez Grisha et que tu m’as déposé dans mon lit. » Avoue-t-elle enfin. Alors je m’enferme dans ma chambre, la porte close pour ne pas dévoiler mes secrets, cette horreur qui m’étrangle la gorge et dont je ne sais que faire, je lis et je me noie dans les contes, pleine de dénie pour oublier certainement car je suis lâche. Cette confession essuie les larmes, elle se desserre de lui et enracine ses ambres dans les masculines ocellées de ces nuances céruléennes, elle voit les tempêtes calmes dans les iris de Misha.  « Mais c’est pas grave, ça passera. Comme tout passe. Parce que c’est ça la vie. » Et dans les phrases la maturité stoïque, la Orphée résignée. Elle jette le masque de l’insouciante pour se dévoiler adulte et placide.          

@Misha Orlov
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