((you gave me peace in a lifetime of war))

traits de caractère /Et, elle observe le monde pour en analyser les pièces, elle clive les choses pour mieux les comprendre, enfant de l’analyse. Elle n’est ni bien, ni mal. Ni ange, ni démon. Elle n’est rien d’autre qu’une incompréhension pour le monde, une curiosité pour certains. Silencieuse, Briséis, elle découpe pour mieux recoller. Solitaire Briséis, elle répugne les foules bruyantes qui la torturent d’un trop plein de vivacité. Elle est une vague qui glisse sur les pieds des hommes et qui s’échappe avec désinvolture dès lors qu’ils la frôlent du bout des doigts. Étrangement calme et limpide, parfois opaque. Elle est des tâches de nuances sans nom. Ses gestes sont souvent portés par des automatismes, pâle copie de ce qu’elle reproduit. Elle est tout et rien à la fois. Elle est tout le monde, mais jamais elle – même, puisque qu'elle ne se connaît pas. Elle est la femme aux mille visages, à la curiosité exacerbée et indomptable, présence silencieuse pour les uns, sorcière dangereuse pour les autres. Amante aux effusions de tendresses pour des corps humains qui s’entrechoquent. Elle ignore qui elle est réellement, elle sait seulement porter une succession de couche de masques qui veulent tout et rien dire à la fois. Prisonnière d’une émotivité qui ne vient pas, pas même devant les tyrans et la noirceur de leur doigt. Elle est insaisissable.

Il y a des éclats de verres qui accompagnent les éclats de voix. Il y a le regard de la mère qui s’embrume derrière ses paupières tremblotante. Il y a ce grand frère qui veut se transformer en bouclier, mais qui ne parvient pas à se stabiliser. Et au milieu, elle est là, Briséis, le regard toujours un peu vide, l’observance à l’état pure. Passive et discrète, elle se laisse engloutir par les événements qui se succèdent. Les émotions sont cadenassées dans le crâne de l’enfant. Les connexions ne se font pas, alors devant le chaos régulier, elle demeure impassible. Ni triste, ni effrayée. Ni paniquée. Elle décortique, s’isole trop souvent, et elle ne dit rien. Ce langage verbal et corporel qui n’existe pas. Il y a trop de mondes dans sa tête, et elle se réduit au silence pour mieux parvenir à les museler. Elle a ce besoin de rationalisation qui la tiraille, quand elle observe la joue meurtrie de son aîné. Quand, elle l’entend qui hurle à s’en étouffé, que la communication n’est plus. Au fond, elle est errante, comme une âme qui se distord pour mieux se fendre dans les murs de la maison pittoresque familiale. Il y a ce père, qui n’en est pas tout à fait un, mais qui l’observe avec tendresse parfois. Il y a cette mère, qui ne comprend pas, main toujours posée contre sa joue, l’air grave déformant ses traits d’une trop grande beauté. Beauté qui s’efface à mesure qu’elle ingurgite la drogue légal, médical que la gamine parvient à décrypter. Et puis, il y a ce frère, avare de vivre à mille à l’heure, mine sur le point d’imploser à la moindre secousse. Et puis, il y a Briséis. Lunaire et solitaire. Mystère irrésolu.



Elle l'observe, la dame vêtue d'une blouse blanche qui recouvre son corps filiforme. Derrière les prunelles dorées de la gamine, il y a la pénombre, celle qu'on ne comprend plus, celle qui est une anomalie pour le monde. Briséis, elle l'observe à son tour, ses mots chantants d'une voix fluette coulent jusqu'à l'oreille de la doctoresse. Nerveusement, la soignante se saisie du dossier de l'enfant, les pleurs n'existent pas chez elle, elle semble figer. Marbrer. Ou, congeler sous des couches épaisses et rugueuses de glace. Le temps défile, et le cliquetis sonore de l'horloge murale génère en la jeune Stark une nervosité. L'agression sonore, une pulsion auditive qui est une infinie douleur. Elle n'est rien murmure-t-elle de la pointe de ses lèvres juvéniles. Elle n'est rien, parce que le monde est trop plein. Et, elle ne parvient plus à enfermer les choses dans des cases. La porte s'ouvre quand l'heure est passée. Derrière elle, l'ombre d'une mère qui n'en est pas vraiment une. Devant elle, les mains de son frère qui, lui est devenu un tout. Une étoile scintillante dans la pénombre. Elle sourit, facticement, de toute évidence. Et le diagnostic tombe surdouée. On met des mots sur sa souffrance, et ça la soulage. Comme si le bois moisi s'enflammé sous ses yeux. Elle s'illumine. Les chiffres tombent : 187 sur l'échelle de Cattell. Alors, Briséis, elle se veut rassurée, ce n'est pas le monde qui est trop vif pour elle. C'est elle qui devance le monde. Pourtant, son sourire satisfait s'efface lorsqu'elle suit le regard de son frère, qui empoigne les pupilles de leur mère. La terreur, l'incompréhension, tant de choses voilent les iris de sa mère soudainement dépassée. Presque fragilisée. Il y a une dose de regret dans les orbites de la femme. Et, Briséis, elle se dissout de douleur en silence, seule la pression des mains de son frère contre les siennes lui permet de rester ancré dans la réalité. Elle irait bien. Oui. Elle irait bien avec lui.


Ce sont d'abord des mots qui coulent à l'oreille de la gamine. Des mots qui ressemblent à de fines lames aiguisées. Différente, elle ressemble à un oisillon qui manque de plumes et de prestance. Elle peine à décoller, et chaque envole est une chute nouvelle. Une fracture de plus sur un myocarde qui, derrière sa robotique, n'en demeure pas moins humain. Elle ne déteste pas, la gamine, pas même ce père à la voix qui porte trop souvent trop haut. Ni même, à cette mère qui n'en est plus vraiment une, derrière ses orbites abîmés par la vie. Et surtout pas à ce frère, qui se cache derrière une hargne qui calcine trop souvent les âmes humaines qui croisent sa route. Pourtant derrière son impassibilité, réside une trop grande fragilité. Fleur qui se fane sous le poids d'un soleil trop lourd, qui n'éclos pas, en dépit des équations résolues dans un mélange de prestance et d'innocence. derrière ses silences teintées d'intelligence, il y a pourtant de multiples boules d'affects qu'elle garde dans le creux de ses mains sans trop savoir quoi en faire. alors elle les fige, à défaut de les transformer, de les modeler à son image. Elle devient une statuette de sel, à la beauté difforme. ô combien elle peut comprendre le monde, briséis, en demeurant incomprise.


stratégique. l'enfant devenue femme a appris à plonger dans les pupilles des monstres au visage humain afin de les démasquer. Elle souffle d'une voix à la palette monochrome contre les ennemis de la nation. Elle porte mille masque sans s'y confondre. Avec prestance et agilité, elle avance parmi la foule dont les sourires sont trop déformés. dont les secrets se tapissent dans l'inconscient, du désir le plus fougueux au souhait le plus sombre. ces poupées humaines, elle les apprivoise, devant le regard fier de ses prédécesseurs. parmi les monstres, elle n'est ni blanche colombe, ni cerbère à la cuirasse sombre. elle connaît les enjeux de ces guerres de l'ombre, et manie leur stratégie au point de se fondre dans la masse. sa peau devient armure devant la violence du seigneur des ténèbres, et quand le fou du roi lui tend la main, elle s'en saisi. et se pourfend à voir le visage humain du doux démon au nom de Vitaly.