mille degrés dans la soirée, personne peut me stopper.

(famille(s)) il n'avait que cinq ans. cinq ans, bon sang. à cinq ans, on arrive encore à avoir de l'imagination, même si robin n'a jamais connu les noëls et les anniversaires. des parents, sans être vraiment des parents. alors oui, quand-est ce que ça a commencé ? c'est le gentil voisin, celui qui avait de la peine, celui qui a aidé. c'est lui, lui qui a pris le téléphone quand il a retrouvé robin avec les mains blanches, sales. pas d'la terre. non. la poudre blanche. la peine de cet homme s'est transformé en colère. alors oui. cinq ans. ce môme qui avait encore le pouce à la bouche. ça a commencé chez une vieille dame. elle était gentille. mais très vite, plus tellement en âge pour garder un enfant. ça a continué à l'opposé de new york, dans un tout autre quartier. c'est revenu au queen. troisième famille. et puis... ça s'est enchaîné sur une quatrième. une quatrième qui aura réussi à briser le tout pour le tout. (ariste) ça a commencé jeune. cette passion. cet instrument qui l'a poussé dans de belles émotions, lui qui ne connaissait que le noir, que la peur. il était jeune. il a toujours été jeune pour beaucoup d'expériences de toute manière. mais là... c'est sans doute la chose la plus pure qu'il a pu connaître. c'est cette vieille dame. cette première femme à lui avoir apporté un peu de douceur, pour un enfant qui a survécu des tristes choses dès les débuts de sa vie. elle l'a installé. elle s'est mise à côté de lui. elle a touché une touche, en premier. le son a conquis robin. de ses cinq ans, il a fait le même geste. et à partir de lui, elle s'est promis de lui apprendre le piano jusqu'à ce qu'elle en soit encore capable. et robin ? robin ne pensait pas qu'il tomberait sous le charme d'un aussi bel, et, d'aussi pur objet. (échec). c'était certain. certain qu'il échouerait dans tous les domaines. personne n'a misé sur lui, et, robin n'a jamais cherché à donner tort à toutes ses personnes là. il a échoué dans tous les domaines. le sport, d'abord. on a essayé. de le faire rentrer dans une de ses activités, mais il n'aime pas courir et n'a jamais tenté de faire le moindre effort. l'école. bien qu'il réussisse ses premières années, il n'a plus eu envie et a baissé les bras si facilement. aucun diplôme. rien. à peine des aides, un job de merde. il vit dans un studio minable, mais un studio quand même. équivalent à celui de ses géniteurs, finalement. sa paye passe dans les bars. passe dans l'héroïne. tant pis pour l'eau chaude, le confort. tant pis pour les restaurants, et la vie plus ou moins luxueuse. robin ne cherche plus à se sauver, se sachant déjà perdu depuis longtemps. (la drogue). il a commencé par un joint. là. quand le papa de cette famille d'accueil était au bar. c'est un de ses colocataires de chambre qui l'a incité. il lui avait promis que ça faisait passer la douleur, alors il a commencé. et il n'avait pas tort. robin oubliait la douleur des coups, là. cette famille était horrible, mais c'est avec cette famille où les services sociaux l'ont laissé le plus longtemps. alors oui. d'abord un joint. et puis, ce même type au même âge qu'lui a commencé à l'incité aux soirées. avec des fausses excuses ; toujours des fausses excuses pour ses adultes qui 's'occupaient' d'eux. le joint ne suffisait juste plus. à partir de là, il était juste foutu, finalement. l'aiguille dans le bras, la poudre blanche au bord du nez. foutu. (silene). il s'en fichait avant. il s'accrochait à rien. à personne. robin est un homme qui gère les choses à sa façon, solitaire. robin, c'est celui qui allait aux soirées, celui qui continuait à boire avec ses gens pas ouf, mais des gens qu'il considérait du plus prêt à des amis. c'est celui qui tombait dans les bras des filles qui voulaient bien de lui, avant de la rencontrer elle. ce bijou. cette autre drogue dont on ne lui a jamais parlé avant. celle qu'il aime, ou du moins, quelque chose qui ressemble le plus à de l'amour. même s'il n'a pas de mode d'emploi. même s'il ne sait pas comment faire pour que silene reste avec lui et qu'elle ne reparte plus. même s'il a une vie d'merde et qu'elle est trop belle pour lui. même si beaucoup trop de choses finalement. mais... c'est silene. silene, qu'il veut. plus que tout au monde. silene, ce bout de femme, ses yeux bleus. silene. qui lui donne à nouveau envie de s'asseoir devant un piano et de composer pour exprimer ce qu'il ne saura jamais, jamais, dire en face.