ombres chinoises (arya)

la soirée bat son plein dans une atmosphère vibrante et enivrante. malgré les visages et les âmes qui se succèdent dans c'club exigu, t'as l'sentiment que tu l'dois uniquement à la reine des glaces qui t'sert de partenaire. celle qui n'avait pas choisi son sort mais qui finalement était la seule à briller autant dans l'décor. bousculée par ton calme à toute épreuve, tu la regardais t'dévoiler, chaque seconde un peu plus, un détail d'sa personnalité. une pièce du puzzle énigmatique qu'elle représentait à elle toute seule. tant de morceaux éparpillés à tes pieds, qu'tu crevais déjà d'assembler pour pouvoir l'admirer dans son entièreté. pourtant, la partie n'faisait que commencer et l'mystère était si excitant qu'tu préférais faire durer encore les préliminaires. ne serait-ce que pour t'assurer d'toujours y revenir, quitte à déclencher de nombreux autres soupirs exaspérés. t'es tellement optimiste que t'imagines même pas qu'elle pourrait s'lasser et définitivement t'envoyer te rhabiller. t'es tellement sûr de n'pas la laisser indifférente que t'es prêt à balancer encore quelques cartes sur le tapis. la victoire était à portée de main, il suffisait de n'pas négliger tes efforts. ce sont tous ces petits détails imperceptibles, pour un regard non averti, qui font son unicité. jusqu'aux minces imperfections qu'elle laissait pointer. à l'image de chaque être humain, elle n'était pas infaillible la princesse. c'en était presque rassurant d'la voir partager un trait commun à chacun. elle s'intéresse à une éventuelle peur qui pourrait t'étreindre à son contact et tu n'peux t'empêcher d'ironiser. toi qui n'étais pas du genre à te laisser impressionner. un chaton ? tu me sembles plus dangereux que cela… disons que j'ai plutôt intérêt à posséder les armes qu'il faut pour lutter contre une tigresse de ta trempe. ça t'amuse de sous-entendre tout c'que t'avais l'impression d'capter à son sujet. et d'lui prouver dans l'même temps combien elle piquait ton intérêt. l'armure dont elle s'enveloppe t'apparaît comme solidement érigée, mais t'as bon espoir d'la voir se craqueler. au fil du temps et d'vos échanges. au gré d'ta patience et d'ta compréhension. c'est ton égo qu'elle regonfle à l'évocation d'ton prénom, appuyant en toi l'idée que tout n'était pas encore perdu. tu étais bien trop omniprésent pour que je puisse passer à côté de toi et de ton prénom. tu hoches la tête avant de reprendre. et j'dois l'prendre comme un compliment ou comme un reproche ? l'étirement des lippes est malicieux. avoue quand même que t'avais bien besoin qu'on te tende la main. et qu'ma présence était un moindre mal. tu t'acharnes à quémander des confessions qu'elle n'expulsera sûrement jamais. t'es pourtant intimement persuadé qu'sans toi, elle aurait eu bien plus à gérer. à commencer par des proches à qui elle aurait eu des comptes à rendre, bien plus souvent. et c'est à cet instant seulement qu'tu t'rends compte du changement qui s'opère. la clôture électrique qui menaçait d'te faire sauter à chaque seconde semblant perdre quelques volts. l'occasion est trop belle pour qu'tu la laisses filer sans t'en emparer. ce pourquoi tu feras un geste dans sa direction en lui offrant un verre qu'tu voulais témoin d'votre nouvelle relation. un cosmo. merci. et toi ? qu'est-ce que tu prends ? acidulé, au moins autant qu'elle l'était, dans toute sa complexité. la femme, dans toute sa splendeur. le choix sera déterminant, pour ta survie dans mon esprit. sa réponse te charme, le défi te booste. plutôt kir pour moi. habitudes gravées de toutes ces réceptions qu'tu organisais et de toutes les autres auxquelles tu assistais. j'vais tenter de rester soft, si j'espère pouvoir te reconduire jusqu'à chez toi. des éléments qu'tu déposes ici et là. l'espoir que t'as de grappiller encore quelques étapes à son bras. alors dis-moi princesse, j'ai marqué des points ? t'es un compétiteur dans l'âme kemen, rien n'te pousse plus encore à t'dépasser que l'avant-goût d'une réussite pleinement méritée. elle est ta bataille la plus dure à mener arya, mais elle sera aussi ton prix le plus estimé.

t'as l'âme d'un joueur, l'âme d'un séducteur. et l'rythme qu'elle impose t'fait marcher au pas. tu pourrais t'débattre et redistribuer les cartes, sauf que t'es trop tenté par l'expérience pour y couper court. le parfum du défi agissant comme un aphrodisiaque dans l'atmosphère qui vous entourait et vous éclaboussait. tu t'fais pantin consentant sous ses coups d'langue acérés et ses soupirs exaspérés. tu t'fais homme patient, l'contrôle bien gardé, s'il te promettait une fin d'soirée plus attrayante qu'à l'accoutumée. un pas après l'autre, t'es cadencé. et loin d'en être agacé, t'es même plutôt friand d'cette nouvelle façon d'jouer. arya, elle t'attire d'une manière qu'tu peines à cerner. parce qu'elle fait tout pour t'irriter et pourtant, tu continues d'la flatter. à côté d'elle, tu continues d'errer. quand tu devrais t'tirer, tu persistes à ramper. de bonne grâce, envoûté par les airs qu'elle empruntait à défaut d'réellement les posséder. l'amplitude d'la volonté qu'tu déploies la force à capituler. et la petite victoire a l'goût sucré du reviens-y. elle s'révèle lionne, tigresse, panthère. à tendance sauvage, là où ses traits n'exprimaient qu'une douceur infinie. t'as jamais compris c'qui t'poussait à rester. c'que dans l'portrait d'la reine des glaces, t'avais envie d'percer. peut-être voulais-tu y mêler ton feu pour sonder l'degré d'la carapace qu'elle s'était forgé. tu sens ta silhouette à nouveau parader, quand l'son d'sa voix glisse ton prénom. quand tu réalises que malgré l'fait avéré qu'tu l'oppressais, elle n'avait pu s'résigner à totalement t'effacer. je te laisse le loisir de l'interpréter comme tu le désires. un léger sourire peint tes lèvres quand tu choisis, seul, de l'traduire comme une note d'espoir dans un ciel, d'ordinaire, trop noir. et c'est dans l'étirement d'ses lippes qu't'y trouve l'signe d'un avenir plus chaleureux. tu la regardes, trop longtemps, trop intensément. simplement ses traits semblaient s'illuminer et s'sublimer quand elle acceptait d'baisser la garde. instant si court, faiblarde illusion. sans doute imperceptible, n'ayant pas échappé pour autant à tes iris affûtés et terriblement intéressés. l'amorce d'leur nuit aurait pu s'calquer sur la primeur d'une harmonie. sauf qu'tu fais tout foirer, sans même l'réaliser. les pieds dans l'plat et tout vole en éclats. le passé n'avait définitivement pas sa place dans un futur qui n'voulait pas lui ressembler. je n'avais pas besoin de toi, j'aurai tout à fait pu m'en sortir seule. seulement, tu t'étais donné beaucoup de mal pour m'aider. ce n'était pas poli de te rejeter. tu hoches la tête, passablement convaincu par des explications en demie-teinte, jugées irrecevables quand on lui connaissait l'caractère explosif qu'elle lui exposait depuis de longues minutes. donc ta famille était au courant d'tes nombreuses escapades nocturnes. t'es persuadé qu'elle ment kemen, mais tu refuses d'tirer sur la corde. pas décidé à couper l'fil si ténu que t'avais réussi à tisser, à grands renforts d'patience. tu t'contiens d'lui souffler qu'un tas d'jeunes lui envieraient ses parents si compréhensifs. tu mises sur l'silence quand vos verres vous parviennent, ton attention toute captivée. plus que tout, t'as besoin d'savoir si ce qu'elle entrevoit de toi t'met suffisamment en avant pour l'intriguer. tu marques des points. bien que l'hypothèse de me raccompagner chez moi semble un brin présomptueuse. à chaque fois qu'tu crois deviner une porte, elle te la claque en pleine face. j'te propose simplement de t'servir de chauffeur pour t'éviter d'passer l'trajet dans la voiture d'un parfait inconnu. c'est pas une demande en mariage, détends-toi. tu voulais désespérément qu'elle lâche prise, même l'espace de quelques secondes uniquement. qu'elle accepte de s'dérider et d'apprécier le moment présent en s'délestant d'la pression du quand dira-t-on. t'as jamais fait quelque chose sur un coup d'tête, dans une seconde de folie ? si elle régissait sa vie avec autant d'rigueur, tu comprenais sans mal qu'elle soit aussi froide. comment pouvait-elle ressentir l'éclair d'un sentiment quand elle ne percevait aucune étincelle ?

elle a capitulé. tu sais la route encore sinueuse, jalonnée d'obstacles, mais l'changement est encourageant. ce léger pas en avant t'donne confiance en l'avenir, t'pousse à croire en l'existence d'un demain. si l'destin ne s'essayait pas à jouer contre toi, après avoir si longtemps oeuvré pour toi. t'es intimement persuadé qu'tu la recroiseras sur ta route arya, parce que vos lignes de vie étaient écrites ainsi. d'abord fait pour s'rencontrer, avant de s'apprivoiser. la princesse te semblait intouchable quelques minutes en arrière. là, tu pourrais presque la toucher, la frôler. tâter l'terrain pour mesurer si t'allais t'y brûler. pourtant, t'as pas l'intention d'dépasser les limites dans l'immédiat. tu feras durer l'plaisir aussi longtemps qu'ce sera possible. tu t'contenteras d'un verre pour ce soir, peut-être d'une course improvisée si elle abandonnait l'idée de t'tenir tête. en même temps qu'elle gommerait cette fâcheuse tendance à tout l'temps t'envoyer bouler. à perpétuellement te rabrouer pour avoir la sensation de t'contrôler. c'est un souvenir d'votre passé commun, un vestige d'votre rencontre qui est abordé. ça t'ferait presque sourire d'voir qu'elle n'avait rien oublié. d'ta présence à ton intervention. en sa faveur. la main tendue, comme tu avais su réitérer l'expérience au milieu d'ce bar. ta cape de chevalier servant était comme une seconde peau. un rôle taillé sur mesure qui t'faisait t'sentir vivant bien plus qu'héroïque. parce que tu ne t'estimes jamais plus que quand t'es là pour quelqu'un, quand tu sens que t'as fait le bon choix. au moins pour cette personne-là. elle tait quelques vérités arya, elle est sauvage, mystérieuse et inatteignable. gardant secrètement tout ce qui touchait d'un peu trop près à sa vie. et tu voulais pas t'immiscer, simplement libérer qu'tu croyais qu'à moitié à ce qu'elle acceptait d'livrer. non. je suis du genre secrète. finalement, elle se déleste. de petits rien parsemés ici et là. j'avais pas remarqué. qu'tu lâches malicieusement. tu en avais été l'spectateur privilégié aujourd'hui, au même titre qu'hier. vos carcasses s'étaient percuté à maintes reprises pour que vous n'passiez jamais l'stade de minces salutations. et sans la moindre prétention, t'as l'sentiment étrange que t'étais typiquement l'genre d'homme qu'elle avait besoin d'côtoyer. ne serait-ce que pour chambouler l'existence bien trop réglée qu'elle s'infligeait. échange de bons procédés, de toi à elle. tu sais que tu es un inconnu, toi aussi… un léger rire s'échappe de tes lippes. elle marquait un point la poupée, un point qu'tu n'pouvais pas lui enlever. sauf que si tu restais l'étranger qui s'infiltrait sans cesse, ce n'était que d'son propre fait. t'avais fait des pieds et des mains pour aller plus loin. sauf que je t'ai déjà sauver la mise plus d'une fois, gage d'ma bonne foi. ça devrait jouer en ma faveur. les pions qu'tu tentes de renverser pour qu'la partie tourne en ta faveur. une goutte de ta boisson que t'avales avant d'reprendre. plus tu la regardes, plus tu t'rends compte que t'aimerais la découvrir autrement. la voir oublier l'monde autour et s'éclater, pour de vrai. lâcher prise et vivre l'instant présent. alors tu la poses ta question, t'oses sans savoir où elle va t'mener. ni même si elle va accepter de s'y pencher. si. la dernière fois s’est mal terminée. tu grimaces, tant tu n'avais pas prévu cette issue-là. et tu t'trouves con d'avoir ravivé des souvenirs douloureux. tu voulais la faire oublier et tu t'contentais d'la faire replonger. peut-être que tu pourrais me faire oublier ça ? l'étirement d'tes lèvres à c'moment-là révèle le fond d'ta pensée. elle te tend la perche que t'attendais, t'offre la possibilité d'la faire vibrer. t'as aucune idée de c'que tu viens d'faire. y'aura pas d'retour en arrière. c'est une promesse, l'serment qu'avec toi, elle sautera là où tu l'voudras. t'es conquis par la nouvelle arya. celle que t'entrevois dans l’entrebâillement. celle qui t'suivra les yeux fermés. t'es conquis kemen. et sans doute que ton regard l'dit au moins cent fois.