Told you not to worry... But maybe that's a lie ~ Shellie

traits de caractère / D'apparence douce et docile, elle n'est pourtant pas toujours ce qu'elle paraît. Oh, ne vous laissez pas trahir par les traits enfantins et les yeux d'ange de cette fille, c'est un oxymore a elle-même. La comprendre est une épreuve de taille même pour les plus aguerris. Cela dit, elle n'est pas non plus inhumaine et il suffit de creuser pour comprendre qu'elle se bat constamment dans ses propres contradictions.

Quelqu'un qui l'aurait rencontré une heure plus tôt vous la décrirait sûrement comme une fleur, toute douce, jolie et gentille. Une fille à qui l'on ne cherche pas des soucis, qui vous apporte de la joie dans n'importe quelle journée, quoique quelque peu maladroite elle saura vous arracher un sourire dans vos temps les plus moroses. C'est ce qu'elle inspire de manière générale quand on la voit déambuler avec grâce dans la rue, laissant un peu de poussière de fée partout où elle va.

Pourtant, demandez à son père et il ne saurait pas quoi vous répondre, sa fille est un réel mystère, il s'est déjà bien trop perdu dans ce labyrinthe pour pouvoir la présenter sans se mêler dans ses mots. « Instable ! » ah ça oui, il n'aurait pas peur de vous le dire, on ne peut jamais prévoir sa réaction, impulsive aussi, un peu trop à son goût. C'est normal, il a peur, sa petite fée s'est bien trop transformée et il en est désemparé. Pourtant, elle peut être drôle et créative, il a d'ailleurs toujours admiré son dynamisme et sa passion une fois qu'elle trouve quelque chose qui l'inspire, on ne l'arrête plus. Naïve, il a dû voir le cœur de sa Shellie se briser tant de fois, pourtant pas faute de l'avoir prévenue, il semble qu'elle revienne toujours au point de départ quand il s'agit de ses sentiments.

D'ailleurs si vous posez la question aux hommes qui ont eu son cœur entre leurs mains, vous aurez probablement les mêmes mots qui se répètent. Ah, Shellie qui vous envoûte avec ses yeux bleus et brillants, une romantique éperdue, il suffit de lui offrir une rose et de rajuster une mèche qui lui tombe sur le visage que vous l'aurez sous votre emprise... Pourtant, vous serez loin de l'avoir sous contrôle, ce n'est pas une fille que l'on contrôle. Sa jalousie maladive peut vous faire perdre tous vos amis, mais c'est plus fort qu'elle, bien entendu qu'elle ne veut pas vous faire de mal, c'est juste qu'elle est si lunatique et un rien peut déclencher des crises sans fin, oh combien elle est émotive. « Ne vous attardez pas trop sur une relation avec elle ce n'est que prise de tête et puis, plus susceptible on ne peut pas faire. »

Pour finir, n'essayez même pas de demander à Shellie même qui elle est... Elle vous regardera avec passivité, « je ne sais pas qui je suis. » c'est la réponse la plus envisageable, sauf si elle décide de s'ouvrir, mais ça ne vous mènera pas plus loin. « I'm a mess. » Anxieuse, perdue, excitée, stressée, énervée, nerveuse, heureuse, triste, euphorique, amoureuse...Un chaos total dans son petit cerveau.

Parfois, elle aime la vie, elle vous enchante, sautillant comme une sauterelle, souriant au soleil... Une autre fois, elle contemplera le vide du haut du pont de Brooklyn en se demandant ce qui l'attendrait si elle décidait de s'envoler.

Son premier souvenir remonte à longtemps, ou peut-on appeler ça un souvenir ? Plutôt un sentiment, une sensation. Cette odeur de lessive fraîche associée à une douceur inégalable, une voix mélodieuse et apaisante qui vous berce avec tant d'amour. Un effluve de jasmin qui parfume l'air. Une sensation qui est inégalable et pourtant si contrasté à ce qu'elle pouvait entendre la nuit, le jour peut-être, un bébé dort beaucoup. Les cris stridents, les bruits forts, une violence écrasante qu'elle ne pouvait assimiler dans son berceau, comme un cauchemar, entre la somnolence et l'éveil c'est si tôt qu'elle découvrit l'obscurité de la vie. Pourtant, elle grandit en étant une enfant plutôt enjouée et curieuse, l'obscurité la gagnait de l'intérieur sans qu'elle n'en ait la moindre idée.


Cinq ans, cinq ans qu'elle avait pointé le bout de son nez dans ce monde terrifiant, cinq ans qu'elle fut confrontée aux épreuves de la vie, apprendre à ramper, marcher, rire, courir, danser, parler, dessiner... Mais voilà que le verre se brisa, Papa tombé dans un sentiment d'abandon finit par commettre l'adultère, maman dévastée s'enfuit avec sa précieuse perle en un coup de vent. Tout changea si brusquement, New York, Oslo, Américains, Norvégiens... Shellie perdue. Perdue entre la peine de sa mère, le manque de son père comme volatilisé, le nouvel environnement, les nouvelles personnes, la nouvelle langue...On l'avait brusqué et on ne lui avait pas expliqué. « Papa et Maman ne peuvent plus vivre ensemble dans une maison, Papa a choisi une autre femme, Tu ne seras qu'avec Maman... » Pourtant, de temps en temps, elle s'envolait dans un gros engin pour traverser la mer et retrouver son papa le temps de quelques semaines. Puis c'était retour au froid Norvégien, retour derrière les caméras. « Tu es comme maman, faite pour être derrière la caméra ! Ma petite mannequin. » Elle ne pouvait rien lui refuser, sa maman était si triste tout le temps, alors elle acceptait de faire le petit ange pour les caméras.


Un bip sans fin qui lui glace le sang.
C'est à son dixième printemps que Shellie se retrouva pour la première fois face à face avec le désespoir. Pourquoi ? Pourquoi sa mère était elle partit si soudainement, pourquoi la brusquait-on toujours quand elle trouvait un semblant de stabilité dans la vie ? Le docteur essayait de lui expliquer avec des mots faciles ce qui lui était arrivée. « ...Une maladie très compliquée quand on détecte un cancer trop tard ça va très vite » mais elle n'écoutait pas, tout ce qu'elle entendait c'était le bip qui ne s'arrêtait pas. Elle l'entendait même après être sortie de l'hôpital, en fait il n'a jamais vraiment cessé de sonner dans sa tête. Il était temps désormais de bousculer son quotidien une fois de plus, il fallait retourner vivre à New York avec son Papa mais plus jamais voir Maman.
« La vie continue » Et si c'était pas le cas pour elle ? Et si sa vie s'était arrêté en même temps que celle de sa mère ce soir tragique ? C'était l'impression qu'elle avait, alors elle essayait de faire vivre sa mère à travers sa propre vie, en continuant dans la voie du Mannequinat, est-ce que ça lui plaisait vraiment ? Elle ne saurait vous dire mais elle le faisait, elle n'avait pas le choix.

L’adolescence, un grand challenge dans la vie de tout être humain. La découverte de son corps, de nouveaux sentiments, de nouvelles sensations. Shellie était trop vulnérable pour cette étape, pourtant, elle ne pouvait pas arrêter le temps. Elle aurait aimé revenir au moment où sa mère allait bien à boire un thé dans le port d'Olso, mettre sur pause à ce moment... Désormais elle devait vivre non seulement sans sa mère, mais avec un substitut vulgaire et une nouvelle enfant qui prit sa place dans le cœur de son papa. Elle connaissait le cliché de la belle-mère méchante et la sœur martyre mais elle pensait que ce scénario s'en tenait aux contes de princesses. Alors elle essayait de boucher le vide en elle par ce nouveau sentiment, l'amour. Encore bien trop jeune et fragile pour ça elle tomba pourtant amoureuse, du haut de ses 12 ans, le premier amour, le premier cœur brisé. Elle avait tendance à tomber pour le moindre geste d'attention et ça lui a coûté beaucoup.

14 ans.
Août
Un beau garçon, une boisson offerte, deux trois mouvements de danse, un baiser, pour sa première soirée ça se passait à merveille, pas d'alcool, juste de la musique et de la bonne humeur. Mais la nuit devient longue et son cavalier avait faim. Trop faim pour Shellie. Le corps du jeune homme ayant quatre ans de plus qu'elle était bien trop imposant pour qu'elle puisse faire quoi que ce soit, elle se souvient seulement de quelques détails, trop brouillée ou trop honteuse peut-être, pour vouloir s'en souvenir plus. Les paroles insistantes du garçon, la violence avec laquelle se déchirait son collant, l'impuissance, le froid de son touché, l'odeur d'alcool, l'hésitation. Était-ce de sa faute ? Elle aurait dû s'y attendre ? Elle aurait du savoir que ça allait finir comme ça... Elle était trop stupide, et désormais souillée.

15 ans.
Octobre
« De toute manière, t'es qu'un bébé ça se voit rien qu'à ta face t'avancera pas dans cette industrie ! » une voix aiguë suivi de rires moqueurs, à l'école elle avait des amies, personne ne lui disait qu'elle ressemblait à un bébé. Pourtant aux studios, dans les événements, partout à partir du moment où il y avait d'autres jeunes mannequin comme elle, on l'humiliait. Toujours des rires de groupes et ce sentiment de haine et de honte, où était sa mère dans ses moments-là ? « Tu es belle, tu es importante » elle avait besoin que sa mère lui dise ça, que sa mère la berce avec douceur pour calmer la guerre qui se jouait en elle.

Décembre
« Si tu continues d'être méchante avec ma fille je te fais envoyer dans un centre et ce n'est pas ton père qui va t'en sauver ! » Non, ce n'était pas son père qu'allait faire ça, il était bien trop occupé avec son travail et sa nouvelle famille, Shellie était un intrus dans sa petite vie parfaite, elle n'était pas la bienvenue. A quoi bon ? Elle vivait dans un foyer où tout lui était étranger, même au bout de 5 ans elle ne trouvait toujours pas sa place dans sa chambre, dédiée de base, aux invités. Son père ne voyait rien, comme s'il avait un filtre devant les yeux, il ne voyait pas la détérioration de sa fille. Joyeux Nöel.

16 ans.
Mars
« Vas-y mets les doigts sinon ça marchera jamais, si tu fais ça tous les jours tu perdras peut-être quelques kilos tu seras peut-être à la hauteur. » c'était peut-être bien le mieux à faire, elle avait probablement raison, pourtant Shellie sentait que c'était bizarre, mais peut-être qu'elle était juste trop ignorante, si elle veut réussir il fallait qu'elle le fasse, afin de pouvoir devenir une aussi grande mannequin que sa mère, elle n'avait pas le choix, elle écoutait sa nouvelle amie, elle suivait ses conseils, il fallait qu'elle devienne parfaite.

Mai
« - C'est quoi ces bleus ?
- Rien, c'est juste quand on s'embrouille avec Paul, mais c'est rien parfois je fais trop des crises et il s'énerve, mais c'est rien t'inquiète ! » enfin elle pensait, elle s'énervait trop souvent parce que Paul passait son temps avec sa  meilleure amie, en tout cas il prétendait que c'était juste une amie, mais elle pouvait pas s'empêcher que d'y voir autre chose et parfois elle était trop agaçante et il s'énervait, mais c'était pas souvent et après il était toujours doux... Ou peut-être pas, de toute façon elle l'a perdu lui aussi.

Juin
« - Les gars j'ai gagné ! Je l'ai eu hier pendant la soirée, quand j'ai sorti le grand jeu, vous savez les, je tiens à toi, j'veux pas t'brusquer tout ça, bah elle a craqué !
- Ben, t'as quand même mis deux semaines pour y arriver haha » Elle croyait qu'il était sincère, il semblait si doux, si gentil, si attentionné et pourtant depuis la fête de son amie il ne lui répondait plus, pas un signe de vie, rien, elle ne comprenait pas, ils devaient passer leur été ensemble.

17 ans.
Septembre
« Tu m'as trompée ? Je le savais cette garce n'était pas juste une amie ! Deux jours avant nos un an de relation ? Tu m'as trompée ? Vraiment ?! » Cœur brisé, alors qu'elle pensait avoir trouvé le bon, enfin, un an de sa vie qu'elle lui avait dédiée, elle était sûre que cette fois-ci elle ne s'était pas trompée. « T'es invivable tu t'en rends même pas compte, j'veux plus rien avoir à faire avec toi t'es vraiment toxique. » Invivable, que ce soit pour son père, sa belle-mère, ses amies, son copain, pour elle-même, elle était invivable.


Les gouttes de sang tachaient le tapis de bain, d'abord une, puis deux, puis beaucoup trop. Respiration trop rapide, vision floue, larmes salées, puis plus rien.
Et puis de nouveau, la lumière, la bouche sèche, désorientée. Pendant six mois, elle était enfermée entre ses murs blancs, la plupart du temps elle était trop shootée pour avoir les idées claires, on lui administrait des doses plus ou moins fortes d'antidépresseurs, selon les jours. Cette routine était horrible, elle ne pouvait même plus jouer de sa guitare la plupart du temps, car ses doigts étaient trop engourdis. Son psychologue était un vieil homme, elle n'était pas à l'aise en sa présence, et elle ne mettait jamais des mots sur tout ce qu'il s'était passé. Parfois, elle se réveillait à l'odeur de roses, signe que son père était passé la voir, pourtant elle détestait cette fleur. Certains jours elle se mettait à pleurer, à déblatérer des choses sans aucune chronologie. Puis elle verrouilla sa bouche à nouveau. C'est seulement quand on lui a ramené un set d'aquarelle qu'elle finit par sortir de sa léthargie. Le dessin, la peinture, l'infinité de couleurs qui s'offrent à nous... Sa vie reprit un sens.

19 ans
01/01/2019

Lettre à moi de 5 ans.i

Je suis désolée, j'ai gâché ta vie, tu aurais du avoir un futur incroyable, une belle vie pleine d'aventure et de surprises, au lieu de sa je t'ai juste fait subir les pires choses, je me suis infligée ça par moi-même, je ne plains même plus la vie, c'est moi. J'm'en veux, j'm'en veux, je m'en veux je m'en veux tellement, parfois je me déteste vraiment. J'ai pas été assez courageuse pour tenir tête aux personnes qui m'ont voulu du mal, j'ai été trop lâche pour chercher de l'aide, j'ai été trop faible pour me battre. J'ai envie de me rattraper mais je ne sais pas comment faire, je ne sais pas par où commencer, j'ai l'impression c'est tout le temps la guerre en moi, il y a deux heures j'étais en train de préparer mon dossier pour les études de mode et là je suis de nouveau en train de pleurer, je ne sais même pas pourquoi, parfois quand mon poing atterrit dans un mur je m'étonne moi même, parfois je me rend même pas compte des actions que je fais, c'est comme si j'avais pas le contrôle de mes propres émotions et actions parfois. J'ai l'impression que mon cœur explose parfois, ou alors ma tête, parfois c'est mon corps entier qui bouillonne et j'arrive pas à me gérer, je vis comme dans un grand huit. Et je suis désolée. Mais ça va changer, je vais commencer les études, je vais enfin vivre seule dans l'appartement que Maman avait acheté à l'époque, je n'aurais plus à supporter la seconde famille à Papa, je vais construire ma propre vie maintenant, promis je vais me mettre à fond dans la mode, je vais prendre un chien, je serais heureuse dans mon nouvel appartement, je vais essayer, je vais tout faire pour, pour toi et pour maman, je ne veux pas qu'elle soit déçue de moi. Je vais tout faire pour y arriver je te le dois, tu as survécu à pire et maman me surveille de là-haut, il faut que je me reconstruise.