Une heure. Deux heures. Bientôt une journée entière sans nouvelles de Binky. Sally elle sombre lentement sans son amie pour la repêcher, s'inquiétant toujours plus pour les autres que pour elle-même. Et si sa santé décline, que la faucheuse est venue donner une visite surprise à son amie ? Ça se chamboule dans la boite crânienne de la malade, les angoisses lui font l'effet d'un poids sur ses poumons brisés. Peut-être qu'elle est en voyage, courant après les objectifs de sa bucket list. Ou simplement occupée. Mais c'est la peur chronique de l'abandon de Sally qui refait surface, irrésistible, oppressante. Cette même crainte qui la pousse à quitter son appartement malgré l'heure tardive. Tant pis si le froid mord sa peau trop découverte, tant pis si les étoiles remplacent son soleil tant aimé. Binky vaut bien cette peur qui bouffe les estomacs, et Sally espère, elle prie pour que la course ne soit pas perdue pour son amie. Sa démarche est pressante, elle vient hacher son souffle qui meurt à petit feu quand elle monte les marches deux par deux. La porte de l'appartement se dessine devant ses prunelles bleues, c'est son palpitant qui menace d'exploser dans sa poitrine quand elle toque contre le bois vieilli. Pas de réponses. Malgré l'astre lunaire qui est à son paroxysme, la fleur prend l'initiative d'ouvrir la porte sur l'appartement qu'elle connait sur le bout des doigts. Sur le canapé, une silhouette, mais pas celle de Binky. C'est celle d'un homme qui a partagé ses draps le temps de quelques nuits, celui qui a failli faire battre son palpitant pour de bon. Andy, quatre lettres qui se sont accrochées à ses lèvres avec une nouvelle ferveur. Elle s'est échappée Sally, pour se protéger, pour le protéger d'une déception évidente. Consciente de sa maladie, elle a toujours refusée d'emporter les autres dans sa chute. Sa voix se fait murmure quand elle annonce sa présence. « Tu n'as pas vu Binky par hasard ? » Un souffle pour ne pas déclencher un orage qu'elle craint. La peur s'occupe déjà de lui torturer l'esprit, elle n'a pas besoin de rajouter de la gêne par-dessus. Sally la fleur se fane un peu plus face à sa relation éphémère.
Sujet: Re: worry about me. (andy) Mar 24 Mar - 15:12
2 mars 2020, queens contemporain, 21h49— il y a des journées comme ça où andy ne trouve pas la force de se lever du canapé. ça a toujours existé, et ça vient sans prévenir. d'un coup d'un seul c'est comme s'il se prenait une grosse claque en plein visage, il est blessé, presque humilié, alors il se cache dans sa tanière parfois même pétrifié. du plus loin qu'il s'en souvienne ça a toujours été comme ça et il a du apprendre à faire avec. étrangement, c'est maintenant qu'il est adulte qu'il se sent le plus libre de faire ce qu'il veut. il se fait porter malade au boulot si jamais ça tombe lors d'un de ses jours de poste. il négocie, il échange avec les autres, ça se passe toujours bien pour lui car même dans ces moments de faiblesses il sait toujours trouver les mots justes pour faire marcher les autres dans son sens. le lundi il ne travaille pas, alors souvent il s'octroie le luxe de rester chez lui à ne rien faire, c'est un peu son dimanche à lui. ce lundi tombait donc à pic. il avait fait l'effort de passer du lit au canapé vers 14h, s'était rendormit puis avait passé le reste de l'après midi à écouter de la musique tout en fixant tour à tour la fenêtre puis le plafond. il en avait même oublié de manger. aujourd'hui il était seul, personne pour tenter de le sauver ni même pour l'embêter. alors il savourait tout en s'interdisant de complexer à ce sujet. lorsque la porte d'entrée s'ouvrit à une heure tardive il pensait pouvoir accueillir sa colocataire, à la place il découvrit sally dans l'encadrement de la porte. ils ne s'étaient pas vus depuis quelques mois, et la revoir ainsi lui fit un drôle d'effet. le coeur un peu chamboulé par une courte rafale de souvenirs qu'il avait tenté d'oublier. elle avait tout fait pour se débarrasser de lui, et par fierté il avait cessé de lutter. « Tu n'as pas vu Binky par hasard ? » de toutes évidences elle n'était pas plus à l'aise que lui, et il ne s'agissait pas d'une simple visite de courtoisie. elle avait l'air inquiète. andy se lève d'un bond du canapé. dans un premier temps il grimace, il ne comprend pas. « binky? » il réfléchit, commençant presque à s'inquiéter. puis il rigole. « ohhh! mais binky va bien, si c'est ça ta question! elle a perdu un défis alors je lui ai donné un gage stupide où elle devait passer une journée sans son téléphone » il pointe du doigt le portable de binky trônant fièrement sur le meuble de l'entrée. « et ce soir elle est au resto avec une amie à elle. » ajoute-t-il avant de s'installer de nouveau dans le canapé, confortablement. « mais tu peux l'attendre ici si tu veux! » il a presque regretté sa phrase instantanément. même s'il avait prononcé ces quelques mots avec le plus de détachement possible, au fond il avait envie qu'elle reste. il avait une montagne de questions à lui adresser, sans être capable d'oser les lui poser. toujours plein d'orgueil.
l'agneau n'a pas trouvé mieux que d'expédier les textos dans les méandres de l'oubli. pour fuir une réalité qui la rattrape toujours, la lâcheté bien dissimulée derrière l'excuse de la protection. schéma habituel qui ne lui provoque aucune honte quand les opales bleues percutent celles d'andy. dans le meilleur des cas c'est une ambiance gênante qui s'immisce entre eux, les remords étouffés derrière l'inquiétude pour son amie, la seconde malade habitant les lieux. ça fait tambouriner le cardiaque dans un tempo désaccordé. l'ombre du trépas plane en permanence au-dessus de leurs minois radieux, c'est une menace que sally ne peut pas effacer. pourtant il est là, la tristesse ne vient pas déformer son visage qu'elle a connu de trop près. c'était trop rapide, trop fort. une aventure destinée à se terminer comme elle a commencé, dans la plus belle des précipitations. elle devrait fuir cet appartement, attendre sagement l'appel de binky pour la voir à l'extérieur. elle est le terrain où le bien et le mal s'affrontent, la curiosité qui pousse à laisser ses pupilles océan trainer jusqu'à tomber sur le téléphone. aussitôt les nuages se dispersent pour laisser les rayons réchauffer sa carne fatiguée. rictus léger qui vient se fixer sur les lippes, un mélange entre amusement et exaspération qui vient teinter son regard. « j'espère pour toi qu'elle n'aura pas de soucis. » la légèreté dans les paroles quand la proposition de rester dans ce salon qu'elle ne connait que trop bien est lancée. derrière la politesse, sally ne voit que l'occasion de briser la glace qui s'est formée entre eux. « fais-moi une place alors. » la veste posée sur le meuble où le précieux mobile trône fièrement, elle prend possession de la place libre sur le canapé. nouveau silence. les quenottes qui taquinent la chair de ses lèvres à la recherche des bons mots. c'est la fierté qui agit comme une barrière pour l'empêcher de s'excuser. « je vais commander des pizzas. » comme avant. c'est plus simple que de laisser les regrets lui tordre le ventre. elle pianote sur son téléphone sans laisser le temps à andy de donner son avis sur le choix de la soirée. écran posé contre le verre de la table basse, elle accepte enfin de l'observer sans que le sourire ne disparaisse. « tout va bien dans ta vie, depuis le temps ? » j'espère que tu ne m'as pas oubliée, que toi aussi tu sens ton crâne à deux doigts d'imploser face aux questions qui restent muettes.
Sujet: Re: worry about me. (andy) Dim 19 Avr - 17:19
il ne s'attendait pas à grand chose en invitant sally à prendre place. biensur au fond il espérait la voir entrer et refermer la porte derrière elle, même s'il refusait de se l'avouer, mais elle aurait tout aussi bien pu partir dans le sens inverse tout en claquant la porte. ils étaient toujours restés courtois l'un envers l'autre et c'était le genre de situation qui effrayait andy. ils avaient était bien trop polis, et il redoutait qu'à un moment l'un d'eux explose. il était prêt à parier sur lui car il avait passé de longs mois à bouillonner, plein d'incompréhension et de frustration. il avait passé ses nerfs sur ses colocs, ses collègues, ses clients, mais jamais sur sally. elle n'avait même probablement pas conscience de toute la frustration qu'elle avait causé chez andy. et lui avait bien tenté de la comprendre, en vain. d'autant plus qu'il s'était bien gardé de lui poser la moindre question. mais elle était là, ce soir, et elle avait visiblement décidé de rester. elle prit place à coté du jeune homme, et les deux idiots se retrouvèrent au milieu d'un silence long et gênant. le regard perdu dans le vague, andy voyait sa tête se remplir de questions et d'émotions toutes plus contradictoires les unes que les autres. « je vais commander des pizzas. » andy sourit, il la laisse faire tout en essayant d'observer par dessus son épaule pour vérifier que la commande est exacte. en moins d'une minute sally a déjà passé la commande et reposé son téléphone avant de lui demander comment il va, depuis le temps. alors andy bondit. « hey mais tu ne m'as même pas demandé ce que je voulais! j'espère que ta mémoire est bonne et que tu n'as pas oublié ce que j'aimais » si la commande devait être inexacte, il risquait de très mal le prendre. « oh et bien écoute » il soupire en s'enfonçant dans le moelleux du canapé en cuir « ma vie est géniale oui! vraiment incroyable! super... » il reste songeur, c'était peut être un peu violent comme réponse mais ça avait le mérite d'être spontané. rien n'allait, il en avait conscience mais refusait de le dire à voix haute, même à lui-même. « et toi alors, sally ? » il lui adresse un sourire un brin joueur. quand il pose la question il oublie sa condition, le fait que ses jours son comptés. la seule chose à laquelle il pense c'est lui-même et combien cette histoire l'a blessé. toujours très égoïstement.
Elle aurait pu claquer la porte sans une excuse supplémentaire, disparaitre comme elle est revenue dans la vie d'Andy. Fantôme en devenir, elle aurait pu jouer à la condamnée qui joue déjà à la morte en ignorant les vibrations de son téléphone devenues trop rares. Pourtant elle reste Sally, tout en sachant que c'est une foutue mauvaise idée, un risque inutile pour leurs propres bien. Elle est là parce qu'elle n'a nulle part où aller, aucun nid dans lequel se réfugier quand les pensées obscures viennent l’oppresser. Elle préfère encore la lourdeur du silence que la solitude. La réalité est là, frappante. Ils n'ont plus rien à se dire, bouffés par une rancune muette et les non-dits d'une relation qui a tout juste eu le temps de démarrer. Elle a le regard qui s'efforce de tenir bon quand elle l'observe, si loin et si proche à la fois. Le silence comme punition pour la malade qui le brise en proposant de commander des pizzas. Il y a le sourire joueur qui vient étirer les lippes rosées malgré l'ironie qui déborde. Ce serait mentir de dire qu'elle se souvient de tous ces moments qui n'ont fait qu'effleurer sa vie sans la marquer suffisamment. « Tu devrais savoir que je n'oublie rien. » Elle délaisse l'écran de son téléphone quelques secondes pour se reposer sur lui, le meilleur et le pire de ses souvenirs effacés. L'ironie qui teinte la voix d'Andy vient enserrer ses tripes, fleur trop innocente pour accepter le retour de flammes qu'elle a provoquée toute seule. Elle aurait dû fuir, une fois de plus, ne pas hésiter à refuser la proposition d'une soirée en l'absence de Binky pour tempérer la situation. Écran tactile contre le verre de la table basse, elle laisse à son tour son dos se reposer contre le canapé pour mieux se préparer à la bataille verbale qui se met en place. Elle n'a pas la force de se battre, mais encore moins celle de courber l'échine quand les reproches fusent en sous-entendus. « Si tu enlèves les douleurs, le moral et la maladie qui gagne du terrain un peu plus à chaque fois.. Je vais merveilleusement bien. » Pourtant pas du genre à s'apitoyer sur son sort, elle enfonce toute seule le couteau dans la plaie en lui accordant un sourire qui sonne plus faux que le précédent. « Enfin tu te doutes déjà de tout ça, pas vrai ? Il faut croire que t'avais juste besoin de me le rappeler. » Susceptibilité à peine dissimulée quand Sally quitte le canapé pour rejoindre la fenêtre pour se perdre sur la vie qui grouille quelques étages plus bas. Une vie qu'elle quittera bientôt.
Sujet: Re: worry about me. (andy) Dim 17 Mai - 18:59
l'égoïste en prend un coup. et s'il s'était donné la peine de réfléchir ne serait-ce qu'une seconde avant de parler alors peut-être se serait-il éviter cet inconfortable moment. et s'il avait pensé à sally au lieu de penser à lui, alors il n'aurait probablement pas été si offensant. comme souvent il avait agit, ouvert la bouche un peu trop vite pour ensuite regretter instantanément. il avait du apprendre en arrivant à new york que jouer au plus malin n'était pas toujours une bonne idée et que certaines personnes devaient bénéficier de cartes d'immunité. mais son attaque n'avait pas été aussi frontale que la réponse de sally, et en prononçant ces quelques mots il était bien loin de se douter de la réaction qu'ils allaient susciter chez elle. à croire qu'il n'apprenait pas de ses erreurs. alors il se tait, un instant, de peur de mettre les deux pieds dans le plat et que la situation soit irréversible. « oh sally s'il te plait ... » il se tourne alors vers elle, tentant d'accrocher son regard, laissant de côté à quel point il se sentait honteux. « tu sais bien que ce n'est pas ça que je voulais dire! tu le sais, hein?! » ça le surprenait qu'elle puisse croire qu'il avait eu envie de la blesser. oui, il avait voulu la piquer, mais à aucun moment il n'avait souhaité remuer le couteau dans la plaie en mentionnant sa maladie et combien sa vie allait être courte. « tu ne veux pas que je te traite comme une personne normale? car c'est ce qu'on demande aux personnes normales, comment elles vont! » encore une fois, terriblement maladroit. pourtant c'est ce qu'il essayait de faire au quotidien, avec binky, et ce qu'il avait tenté de faire avec sally. les traiter comme des personnes normales, ne pas se censurer de peur de les blesser. mais peut-être faisait-il une erreur en tentant d'oublier un peu trop souvent la réalité de la situation. mais il en prenait conscience petit à petit, leurs problèmes ne pourraient jamais être les mêmes.
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Sujet: worry about me. (andy) 
Lun 2 Mar - 16:36
