Sunday morning rain is falling {ft Amara}

Sunday morning.

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But things just get so crazy living life gets hard to do.

T'as encore un semblant de sourire quand elle fait remarquer qu'elle est la gentillesse incarnée. Tu ne peux pas le nier, c'est un fait. Elle est la douceur incarnée aussi. Elle est bien des choses de ce genre là. Et t'as parfois l'impression d'en profiter un peu trop d'ailleurs. Parce que ça te fait beaucoup de bien et t'apporte énormément de choses. C'est pas encore le cas, je te rassure. Que tu précises quand même pour qu'elle n'aille pas croire que c'est à ce point là. Ça ne l'est pas. C'était juste ta façon bien à toi de la taquiner. Apparemment pas assez évidente pour qu'elle s'en rende compte. T'as sans doute tout à revoir à ce niveau là. Tu plaisantes un peu moins quand ça parle de peluche de ta fille qui a mystérieusement disparu. Tu n'as vraiment pas fait exprès. Ça n'a même rien à voir avec toi. Mais d'un côté tu ne peux nier que ça t'arrange. Ce truc ne ressemblait plus à rien. Elle refusait que je le lave. C'était trop. Ca m'arrange qu'il ait disparu. Et le sujet est clos. T'as pas envie de tourner autour de la chose toute la journée.

D'autant plus que, très vite, vous prenez place à table pour le petit déjeuner. Tous les quatre. La présence de Amara là où devrait se trouver Jenny, ne te choque plus. Au contraire. T'as l'impression que tu ne serais rien sans elle. Sans sa présence réconfortante, sans l'aide précieuse qu'elle t'apporte, sans elle toute entière. Tu sais que parfois ça va trop loin et qu'elle t'offre trop. Mais tu ne peux plus t'en passer alors t'oses pas encore le lui dire. Tu te sens comme un profiteur mais tu continues. Sa simple présence parfois suffit à apaiser un peu de ta douleur. Et tu te gardes bien de le lui dire, ça aussi. Tu ne veux pas qu'elle se sente obligée de rester. Et t'as jamais été bien doué pour exprimer tes sentiments non plus. Jenny te l'a souvent fait remarquer. Les débuts de votre relation ont été un peu chaotiques pour cette raison. Les deux premières années au moins. Tu savais pas lui dire que oui, tu l'aimais, oui, tu voulais t'engager sérieusement avec elle, oui t'étais heureux. Il t'a fallut une année entière pour faire en sorte que tout ça devienne normal pour toi, de t'exprimer et t'ouvrir à elle. Quand t'as estimé que t'étais à la hauteur, tu l'as demandé en mariage.

Mais que reste-t-il de tout ça aujourd'hui ? Tu te fais la sensation de n'être plus qu'une coquille vide. Sans vie. Amorphe. Qui ne survit que grâce à ses enfants et à la douceur de Amara qui devrait plutôt l'offrir à quelqu'un d'autre. D'accord. Euh ... si t'as le temps, j'pense que Lily préférerait que ce soit toi qui l'aides avec ses vêtements ... Parce qu'elle trouve que tu ne lui choisis que des tenues classiques. C'est vrai que t'es pas du genre à prendre de gros risques en matière de tenues. Tu te contentes d'un jean et d'un tee shirt la plupart du temps. De tenues monochromes, dans d'autres cas. Mais Lily c'est une petite princesse qui veut des couleurs, des jupes, de jolies chaussures et des coiffures autres que la simple couette -que tu maîtrises pourtant à la perfection maintenant-. Tu récupères ton fils pour aller l'habiller très rapidement dans sa chambre. Tu l'abandonnes ensuite dans son parc le temps pour toi d'aller te perdre du côté de la douche. Bien méritée.

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Bavardage peu sérieux, petit déjeuner tous les quatre autour d'un bon repas, c'est ce que j'appelle un bon dimanche matin. Un Suileabhan dont le coeur n'est pas en miette serait encore mieux mais il y a du progrès. Au moins il s'alimente. Il montre l'exemple à ses enfants. Juste après le décès de Jenny, j'ai rompu avec Jack et je me suis retrouvée seule. Personne pour être derrière moi et me dire de manger pour ne pas dépérir. Ma mère un peu, si. Mais elle-même était au fond du gouffre à ce moment là. A devoir rester forte et empêcher mon père de péter un plomb. Personne dans la famille n'a fini alcool ou réellement dépressif. Il nous a juste fallu du temps pour digérer la nouvelle, accepter que le chauffard a été jugé pour homicide involontaire sous l'emprise d'alcool et qu'après ses cinq années de prison - trois s'il se conduit bien, il sera de nouveau dehors. Sans permis certes, mais dehors et en vie. La vie est amère quand on y songe.

Voilà bien pourquoi me concentrer sur ce qu'elle peut apporter de beau est important. Ma nièce et ses histoires totalement loufoques par exemple. Mon neveu et sa façon de progresser tous les jours à la marche et à la parole. Puis Suile et sa force malgré la tristesse. Ça doit être éreintant de constamment faire bonne figure et de ne rien montrer. Les cernes qu'il affiche parfois le prouvent, bien qu'il prétexte être fatigué à cause de son travail au bar. "Bien sûr. Je m'en occupe." je lui réponds alors que je rassemble les assiettes pour les mettre dans le lave vaisselle. Il reste quelques pancakes que je rassemble dans une boîte pour plus tard. La table débarrassée et nettoyée, je prends ma nièce dans mes bras et vais avec elle dans sa chambre. "Il va faire beau aujourd'hui, qu'est-ce que tu voudrais mettre ?" Un robe de princesse. Ben voyons. Elle en a plusieurs dans son armoire et même si elles sont sublimes, elles ne sont pas appropriées pour une promenade en ville mais plutôt pour une sortie à Disneyworld. "Et si tu mettais cette robe là, elle a plein de fleurs et quand tu tournes, la jupe s'envole !"

Enthousiaste, elle est d'accord et je l'aide à s'habiller tout en lui proposant toutes sortes de coiffures. Ses cheveux longs sont idéals pour tester de nouvelles choses, si elle est assez patiente pour rester immobile quelques minutes. Une fois d'accord sur ce que j'allais lui faire, je lui dis d'aller au salon le temps que je récupère un peigne et deux trois élastiques dans la salle de bain. Je toque à la porte pour m'annoncer. Avec un peu de chance, Suile a terminé. "C'est moi. J'ai besoin de quelques trucs pour la coiffure de Lily, si t'as fini..." Je patiente devant la porte, souriant en voyant ma nièce tester sa robe comme je le lui avais montré. Elle virevolte tellement que lorsqu'elle s'arrête, ses pas sont incertains tellement elle a le vertige. "Va pas trop vite, tu risques de tomber." je la vois tourner encore jusqu'à ce qu'elle s'écoule sur le canapé en éclatant de rire. Au moins, elle est occupée le temps que je prenne ce qu'il me fallait pour finir de la préparer.

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Le réveil de ce dimanche aura finalement été plus positif que prévu. Plus plaisant, tout court. Parce que, encore une fois, Amara est venue illuminer ta journée. Ce qui est agréable. Sa présence est toujours très appréciée, même quand tu n'es pas capable de simplement le lui dire. T'espères au moins qu'elle en est consciente. Ce n'est pas uniquement l'aide qu'elle apporte qui te fait du bien. C'est sa présence toute entière. Elle illumine tous les endroits par lesquels elle passe. Jolie petite luciole qui fait beaucoup de bien. Parfois sans avoir grand chose à faire pour ça. Juste être elle même. T'aimerais être capable de le lui dire. Mais t'es trop occupé à te morfondre, replié sur toi même. T'en es conscient, c'est déjà ça. Tu te dis que c'est déjà du mieux. Qu'avec le temps tout finira par s'arranger. Même si tu ne vois pas encore la lumière au bout du tunnel. T'as envie de croire que ça viendra tôt ou tard. Qu'il te faut juste être très patient. Et éventuellement, il faudra que t'envisages de faire un peu plus d'efforts à un moment ou à un autre. Dans l'immédiat, c'est encore trop te demander.

Comme à chaque fois que vous êtes tous ensemble, tu ne peux t'empêcher de lui demander de s'occuper de ta fille. L'habiller et la coiffer, tu sais faire, il n'y a pas de problème avec ça. Mais niveau vestimentaire, Lily préfère être avec sa tante qui lui permet de s'habiller comme une véritable petite fille à tendances princesse. Quand toi tu choisis un style plus simple mais qui a au moins le mérite de fonctionner. Avec discrétion. Tu les laisses donc gérer toutes les deux de leur côté, pendant que tu files prendre ta douche. Pas de stress, tu sais que t'as un peu de temps devant toi. Quand t'es seul avec les deux petits, tout ce que tu dois faire seul, tu le fais aussi vite que possible. Pour éviter de les laisser trop longtemps sans toi dans les parages. Cette fois tu te permets donc quelques minutes de plus à te laver corps et cheveux. Une fois hors de la cabine de douche et une serviette enroulée autour de la taille, tu prends même le temps de t'occuper de ta barbe. Qui se doit d'être un minimum entretenue. Tu viens de terminer ça ainsi que de te laver les dents, quand Amara frappe à la porte.

Spontanément, t'ouvres presque tout de suite. Tu sais que t'es encore avec simplement la serviette autour de toi. Mais tu ne penses pas que ça posera de problème. Depuis le temps que vous vous connaissez, t'as pas l'impression qu'il puises y avoir beaucoup de gêne entre vous. Vous êtes déjà partis en vacances à plusieurs. Vous vous êtes vus au moins en maillot de bains sans que ça ne soit gênant. En tout cas pas pour toi. Et tu n'imagines pas une seule seconde que ça pourrait l'être pour elle. Tiens sers toi, je sais pas ce que tu veux. Tu lui montres le meuble à tiroirs en espérant qu'elle s'y retrouvera. Le rangement tu maîtrises à peu près. Mais faire le tri et garder un ordre plus que parfait, c'est plus compliqué. Mais tu penses pouvoir compter sur sa bonne connaissance de cet appartement, pour s'y retrouver toute seule. Avec un peu de chance, elle connait même ta façon un peu hasardeuse de ranger tout ce fameux bordel. Parce que toi, tu sais bien t'y retrouver mine de rien, dans ton bazar.

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Je ne perds pas des yeux ma nièce en patientant devant la porte de la salle de bain. Qui finit par s'ouvrir assez rapidement sur un Suile uniquement vêtu d'une serviette de bain autour de la taille. Même avec toute la volonté du monde, je ne peux empêcher mon regard de se poser sur son torse tatoué. Je sens même déjà mes joues rosir d'embarras. Je passe ma main dans mes cheveux et j'entre dans la pièce pour qu'il ne capte pas mon soudain changement de couleur de peau. "Elle veut une natte africaine. Tu sais, celles qui sont collées au crâne. J'en ai pas fait depuis des années mais elle a si enthousiaste. Puis elle a les cheveux longs maintenant, c'est idéal pour tester de nouvelles choses." Et voilà que je radote comme une vieille femme ! Tout ça pour me concentrer sur quelque chose d'autre que son corps à moitié nu à côté de moi. Je fouille les tiroirs et trouve finalement ce que je cherche. Des élastiques colorés et un peigne. "C'est bon, j'ai trouvé."

Je me redresse et sors de la salle de bain sans un regard pour mon beau frère. Je reste concentrée sur ce que je tiens en main jusqu'à rejoindre Lily sur le canapé. Je la place entre mes jambes pour pouvoir avoir une vue parfaite sur sa tête. "Alors il va falloir que tu restes immobile pendant que je te coiffe ma puce, sinon ce ne sera pas joli." Une peluche entre les mains, je la laisse s'occuper pendant que je commence à définir sa raie et débuter un côté. Je tente de ne pas tirer trop fort pour ne pas lui faire mal mais c'est un peu compliqué de faire tenir le tout sans un peu de force. Elle est courageuse et quand je finis un côté, je la félicite avant d'enchaîner avec l'autre. Quelques fines mèches rebelles refusent d'obéir mais le résultat final n'est pas trop mal. Je choisis des élastiques en accord avec sa robe puis lui fais un bisou sur la joue quand j'ai terminé. "C'est bon, tu peux aller te regarder dans le miroir si tu veux." Lily descend du canapé et court jusqu'à la salle de bain en appelant son père.

Tout en écoutant les commentaires de la princesse du jour, je rejoins Lucas qui joue dans son parc. Je m'accroupis pour être à sa hauteur "Et toi mon grand, ce sera quoi ? Une barbe et des tatouages comme papa ?" Déjà qu'avec ses beaux yeux il allait faire des ravages, s'il ajoutait le style de son père, il allait être à tomber. Voilà que je me remets à fantasmer sur mon beau-frère. Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi sérieusement ? Heureusement qu'il ne peut pas lire dans mes pensées, il serait choqué. Moi même je me donnerais bien des baffes parfois.

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Si tu remarques le bref regard de la jeune femme qui flotte sur son torse, tu ne captes pas le trouble qui suit. Elle est déjà en train de se détourner pour farfouiller dans les tiroirs, à la recherche de tout ce dont elle pourrait avoir besoin pour la coiffure de Lily. Ce faisant, elle te fait part de ladite coiffure. Ta fille veut tester un truc nouveau de toute évidence. De quoi t'amuser, même si tu te contentes d'un semblant de sourire pour exprimer cet amusement. Si tu commences à répondre à toutes ses petites envies, ça va aller crescendo ... Que tu la préviens quand même. Toi tu le sais, t'es habitué à devoir lui dire non. Avant, t'étais le parent cool parce que tu ne voulais pas jouer le flic à la fin de ta journée de boulot qui te demandait ces efforts là. Mais désormais tu n'as plus le choix. Tu dois être le parent cool et le parent flic tout à la fois. Ce qui n'est pas tous les jours facile. Mais tu fais avec, tu n'as plus le choix. T'es juste soulagé que Amara soit toujours dans les parages pour te donner un coup de main et ainsi t'alléger.

Amara qui ne tarde pas à trouver ce qu'elle est venue chercher et qui quitte la salle de bain pour rejoindre ta fille. Tu refermes la porte pour pouvoir rapidement t'habiller. Un bermuda noir et un débardeur blanc par dessus lequel t'enfiles une chemise noire dont tu ne fermes pas les boutons. Tu laisses tes cheveux humides, rabattu en arrière. Qui sécheront tranquillement à l'air libre. T'as pas envie de te prendre la tête à les sécher. Il fait bien assez chaud pour qu'ils fassent le boulot eux même de toute façon. T'as à peine le temps d'ouvrir la porte pour quitter la pièce, que ta fille y entre en trombe. Elle file se poster devant le miroir à pieds que t'as placé là pour qu'elle puisse se voir et uniquement pour ça. Toi tu te contentes très bien du miroir qui se trouve au dessus du lavabo. Qui s'avère être bien trop haut pour une gamine encore haute comme trois pommes. Dis donc, c'est vraiment joli ça ! Que tu commentes avec sincérité, mais aussi et surtout pour lui faire plaisir. Elle est friande de compliments ta fille et t'es pas doué pour l'en priver. Du bout des doigts tu viens caresser le sommet de son crâne sur lequel volent quelques cheveux trop courts pour rester bloqués dans la natte.

Tu lui proposes d'aller enfiler sa paire de chaussures, avant de quitter toi aussi la salle de bain pour rejoindre la chambre de Lucas. Où tu trouves Amara accroupie pour être à sa hauteur. Merci pour Lily. C'est très réussit. Que tu commentes avec l'ombre d'un nouveau sourire. J'espère qu'elle ne t'a pas trop fait galérer. Que t'ajoutes dans la foulée. Toi qui es toujours en train de la conseiller pour qu'elle ne se prenne pas trop la tête avec la gestion de ses enfants. Surtout Lily qui semble prendre de plus en plus de place dans la vie de sa tante. Qui n'a de cesse de la demander quand elle n'est pas là et qui te harcèle parfois pour que tu l'appelles et lui demandes de venir. Ce que t'évites de faire en général. Tu refuses de gâcher sa vie quand t'es déjà pas capable de prendre soin de la tienne en tant qu'homme. Tu veux que la sienne s'arrange.

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"J'en ai conscience. Mais je suis la tatie, je suis là pour ça !" Pour combler les lacunes d'un père bien trop souvent largué. Le truc des coiffures, ce n'est pas fait pour lui et pourtant je le vois s'appliquer comme il peut pour faire plaisir à sa fille. Pouvoir sortir les enfants du trin trin habituel est ma mission et si ma petite nièce me réclame des choses aussi simples qu'une coiffure originale, qui suis-je pour refuser ? J'avais ma soeur quand j'étais petite moi pour m'apprendre ce genre de chose. Et ma mère pour d'autres. Lily n'a ni l'un ni l'autre alors il est hors de question qu'elle passe à côté de découvertes. Si elle commence à faire des caprices à Suile, il lui suffira de m'en faire part et je m'adapterai. En attendant, je ne vais pas me priver de jouer avec ma nièce pour la transformer en princesse comme elle le voulait. Le résultat semble lui plaire d'ailleurs vu comme elle s'enthousiasme devant le miroir.

"Avec plaisir." que je réponds quand Suile me rejoint près de Lucas. Je me redresse pour lui faire face avec un sourire. "Bien sûr que non. C'est une O'Brien, elle sait ce qu'elle veut." La voilà qui arrive pour me montrer sa nouvelle paire de chaussures. Des sandales avec des paillettes sur les côtés. Là encore, je m'adresse à lui en observant la petite faire un défilé de mode. "Tu sais choisir ce qui fait plaisir à une fille de son âge. Je suis même jalouse de ces chaussures !" Bien sûr je plaisante juste pour enchanter encore un peu plus ma nièce, toute enthousiaste à l'idée de prendre l'air maintenant qu'elle est totalement apprêtée. Je l'accueille dans mes bras quand elle me fonce dessus en riant. Je me redresse et elle en profite pour me faire un câlin ponctué d'un baiser sur la joue. Décidément, elle me fait craquer.

Comment pourrais-je me lasser de moments comme ceux-là ? "Alors, tu veux aller où ?" question posée au père mais déjà la fille s'écrie pour se faire entendre. Le parc qu'elle souhaite visiter a un grand air de jeux pour les enfants, de quoi l'occuper pendant un bon moment. Même pour l'âge de Lucas, entre le bac à sables et le petit toboggan, il y a de quoi faire pour les amuser et surtout les fatiguer. N'ayant aucun impératif aujourd'hui, je suis prête à les suivre partout si ma présence ne les dérange pas. Puis deux adultes valent mieux qu'un pour surveiller deux bambins pleins d'énergie. Surtout si le parc est bondé comme un dimanche d'été le laisse présager.

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Tu n'as aucune envie d'insister quand elle affirme que c'est son rôle d'en faire toujours plus pour Lily. T'es pas sûr que ce soit vraiment le cas. Mais t'as pas non plus envie qu'elle s'arrête pour de bon. Tu sais à quel point Lily aime sa tante et a besoin de cette présence féminine dans sa vie. Sa mère lui manque beaucoup. Elle a mit longtemps avant de comprendre ce que signifiait la mort et son caractère définitif. Tu ne te vois pas rajouter par dessus, l'absence d'une tante de laquelle elle a toujours été très proche. T'as peur de la voir s'accrocher ainsi à elle. Mais t'as confiance en Amara. Tu doutes qu'elle ait la moindre intention de disparaître de nouveau. Elle qui a longtemps voyagé pour mener à bien sa petite affaire devenue entreprise plus ou moins florissante. Tu te contentes encore d'un semblant de sourire à la répartie qu'elle t'offre. Tu crains toujours autant qu'elle se sente étouffée par cette vie. Elle qui doit faire son deuil en parallèle et qui se retrouve à jouer le rôle de la maman auprès de deux jeunes enfants. Ce n'est pas son rôle. Tu penses que sa grande liberté finira par lui manquer.

Tu te contentes de lever les yeux quand elle te complimente au sujet du choix des chaussures de ta fille. En général, tu ne fais rien d'autre que suivre les envies de Lily elle même. Qui semble mieux connaître que toi le style des fillettes de son âge. En vérité, c'est plutôt simple. Elle aime ce qui brille. C'est très princesse selon elle. Et Lily, c'est une princesse. T'as pas le temps de répondre à la question qui suit. Juste d'ouvrir la bouche et de la refermer dans un bref soupir. Voilà, on a qu'à aller là bas. Encore une capitulation sur la longue liste. Elle me mène par le bout du nez. Que tu commentes dans la foulée en offrant un bref regard à Amara. T'as pas vraiment besoin de le confirmer à voix haute pour qu'elle s'en rende compte. Mais tu avoues t'en être bien rendu compte. Et t'avoues par la même occasion ton incapacité totale à lutter contre ça. Ta petite t'a eus. Tu peux faire quoi ? A part arrêter de lutter et la laisser décider de trop de choses ?

On prend ma voiture ? Ce sera plus simple. Puisque t'as une famille avec les sièges pour les enfants à l'arrière et déjà la poussette dans le coffre pour ton fils. Tu jettes un coup d'oeil à ta montre pour t'assurer qu'il n'est pas trop tard. T'as pas non plus l'intention d'improviser un pique-nique. Et deux / trois heures à l'extérieur par les chaleurs qu'il fait, ça devrait être largement suffisant. Vous rejoignez donc ta voiture sans plus attendre. Dans laquelle tu ranges quand même un sac pour le cas où il faudrait changer la couche de Lucas et dans lequel tu ranges aussi de quoi boire et grignoter pour tout le monde. Tu t'installes au volant et démarres pour te lancer en direction du parc que ta fille à choisis toute seule. Ce n'est pas la première fois que vous vous y rendez et tu sais qu'elle l'adore. Le grand espace enfant est en grande partie à l'ombre grâce aux arbres hauts et touffus qui se trouvent tout autour. Et il y en a pour tous les âges au niveau des jeux. Tu sais que Lucas ne s'ennuiera pas plus que Lily qui s'occupera certainement à jouer parmi les trucs des plus grands, avec les autres enfants.

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La bonne humeur de la plus jeune est contagieuse. Personne ne peut rester de marbre devant sa bouille d'ange et sa façon de s'exprimer bien à elle. Dans un sens, elle me ressemble. A parler parfois pour elle-même, dans son monde, là où elle peut rêver et s'épanouir sans que personne ne la dérange. C'est pour ça aussi qu'on s'entend si bien. Je ris à la remarque de Suile, parce qu'elle est totalement vraie. "Elle est ta fille, c'est son rôle !" Je repose la demoiselle au sol pour qu'elle court chercher un gilet, des fois que le temps se couvrirait. Je laisse le tatoué s'occuper de son fils tandis que je vais récupérer mon sac que j'ai laissé près de l'entrée en arrivant. "Ça me va." je réponds à la proposition de Suile. Sa voiture est équipée avec les sièges des enfants, ce serait stupide de tout déplacer dans ma trois portes beaucoup moins adaptée.

Sortir avec des enfants est tout une aventure. Mais là encore, mon beau frère est au taquet. Je ne sais pas s'il s'en rend compte, pourtant il gère plutôt bien l'organisation. Il n'a pas eu le choix bien sûr. Maintenant, ça se fait naturellement, il pense à emmener des affaires de rechange pour les deux aventuriers et même de quoi manger si jamais quelqu'un à un petit creux avant l'heure du déjeuner. Je ne pense pas que j'aurais fait mieux, encore moins sans une liste de choses à ne pas oublier. Mais faire des compliments pour ça ne sert à rien, il se contenterait de dire que c'est son rôle, ce qui est vrai. Alors que dans le fond, je voulais juste souligner qu'il progressait. Dans la voiture, les enfants se mettent à chanter. Enfin Lily chante et Lucas suit en marmonnant mais ça fait office de distraction pour les quelques minutes nécessaires pour rejoindre le parc. Les places de parking se font rare, preuve que pas mal de monde ont eu la même idée.

"Lily, reste avec nous, tu pourras courir après." je viens à peine de la détacher que déjà elle s'empresse de gambader sur le chemin de terre qui mène au parc. Entre les voitures et les cyclistes, le risque d'accident est présent. Mais elle obéit la petite. J'aide Suile à sortir le reste des affaires et nous allons tous les quatre vers l'aire de jeux quelques mètres plus loin. Les cris d'amusement des enfants se font déjà entendre et il est de plus en plus difficile de tenir les deux têtes brunes. Lily s'empresse d'aller avec les autres gamins de son âge pour faire du toboggan. Lucas, lui, montre du doigt ce qu'il veut faire. A savoir, suivre sa soeur, bien évidemment. "Il y a un banc qui vient de se libérer, si tu veux poser les affaires. Je m'occupe du petit monstre." Je le prends dans mes bras et fais des mimiques pour le faire rire avant de l'emmener dans le sable. Déjà, il a oublié qu'il voulait rejoindre sa soeur. La moindre chose l'émerveille et je le surveille tandis qu'il avance doucement, les pas incertains. Jusqu'à finalement trouver la place idéale, juste devant Suile pour qu'on puisse l'observer tout en restant à l'écart. Je rejoins mon beau frère et je m'installe sur le banc alors que Lily nous appelle pour qu'on la regarde descendre du toboggan. Pas un moment de répit, mais c'est ça, la vie.

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Tu ne réponds rien quand elle affirme que c'est bien le rôle de Lily de le mener par le bout du nez comme elle le fait si bien. T'es pas vraiment sûr de ça. Mais t'insistes pas. Tu ne peux rien contre, de toute façon. Elle a déjà un sacré caractère, du haut de ses quatre ans et demi. Et t'as beau en avoir un aussi, tu ne sais absolument pas lui résister. Avec ses grands yeux bleus et ses petits mous parfaitement maîtrisées et réalisées. Tu ne te poses pas plus de question quand vous décidez d'aller au parc tous les quatre. Tu essaies de ne pas t'arrêter sur le fait que c'est Jenny qui devrait occuper cette place à côté de toi dans la voiture. Depuis bien longtemps, tu luttes contre ce genre de pensée. Pour ne pas en vouloir à la terre entière et plus précisément à Amara. Tout ce qu'elle fait, c'est être là pour vous et pour toi. Vous aider, vous épauler, te sortir la tête de l'eau même quand tu refuses d'avouer que t'as un besoin presque vital de cette aide.

Une fois garé, tu laisses Amara gérer ta fille pendant que tu files toi même attraper le sac et la poussette dans le coffre. Tu n'installes pas Lucas dedans quand tu la sors et l'ouvre, parce que tu ne sais que trop bien qu'il préfère marcher. Comme tous les gamins à cet âge là, il se pense même capable de marcher aussi longtemps que les grands. Il suffit généralement de cinq minutes à peine avant qu'il n'abandonne en se laissant tomber les fesses à terre. Il traîne un peu la patte mais tu le laisses marcher, sa petite main dans la tienne tandis que vous vous approchez de l'aire de jeux. Tu te contentes d'un hochement positif de la tête aux paroles de la jeune femme. Ton regard file brièvement du côté de ta fille pour être certain qu'elle va bien et est en bonne compagnie. Avant d'accepter de t'en détourner un court instant pour aller poser ton sac sur le banc et installer la poussette à côté. T'es jamais sûr du temps que Lucas tiendra avant de s'épuiser et de vouloir piquer un somme. Tu ne prends donc pas encore le risque de partir sans cette poussette. T'hésites à aller aider mais constates tout de suite que Amara n'a pas vraiment besoin de ton aide.

Finalement tu te laisses tomber sur le banc. Pas mécontent de ce petit moment de tranquillité. T'aimes tes enfants. Mais t'es jamais contre quelques minutes -ou heures- sans avoir à jouer avec eux. Bientôt, ta belle soeur est assise à côté de toi. Autant occupée que toi à surveiller le petit et à regarder les "prouesses" de la grande. T'es vraiment certaine de ne pas avoir sacrifié ton dimanche pour nous ... ? Que tu ne peux t'empêcher de lui demander, quand ton regard revient à elle. Tu ne sais pas si la place d'une jeune femme célibataire, sans enfant, sans attaches réelles, se trouve réellement dans un parc pour enfants. Tu te demandes toujours comment elle fait pour ne pas trouver le temps long, s'ennuyer et éprouver l'envie de partir vite et loin de vous. Tu ne doutes pas de sa sincérité. Tu te dis juste qu'elle est trop polie pour simplement s'éloigner. D'autant plus que, par dessus le marché, t'es pas le type le plus causant qui soit. Moins encore depuis douze longs mois. T'es même pas capable de lancer une conversation intéressante.

Sunday morning.

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La question de Suile est légitime, je le sais. Pourtant, je ne me vois pas être ailleurs en ce dimanche ensoleillé. Chez moi, je me serais plongée dans le travail, j'aurais dessiné toute la journée jusqu'à ce que la nuit à l'extérieur me fasse m'arrêter. Je suis une bourreau de travail, encore plus maintenant que je sous-traite le merchandising de ma marque. J'ai donc plus de temps pour créer pendant que quelqu'un voyage pour moi, fait la promo de mes collections et se charge d'établir des contrats avec des bijouteries pour me faire connaître. La seule chose que je tiens à faire seule, c'est le site internet. Je choisis les bijoux à mettre en avant, les modèles photos et les lieux pour les shootings. Je peux le faire de chez moi ou n'importe où du moment que j'ai un accès à internet. Puis ça reste de la création dans un sens, mon vrai domaine. Je ne passe pas une journée sans tenir un crayon en main pour griffonner quelque chose sur le papier. Et pas que des bijoux d'ailleurs. J'aime dessiner les paysages et les portraits même si je garde cette partie plus personnelle. J'ai une pièce dans mon appartement qui est remplie de croquis inachevés qui ne m'inspirent plus et que je ne souhaite pas jeter.

Je regrette d'ailleurs de ne pas avoir emmener un bloc de papier dans mon sac en partant. J'adorerais immortaliser le moment en dessinant Lily et Lucas en train de s'amuser. "Je ne sacrifie jamais rien quand je suis avec vous, Suile." Je ressens le besoin de le rassurer, que je ne fais pas ça uniquement par bon coeur. "J'aime passer du temps avec vous trois." Je ne suis pas non plus douée pour les mots. Expliquer mon ressenti n'a jamais été mon fort et c'est bien ma veine, je suis avec l'homme le moins bavard de la terre. Rester assise à côté de lui sans parler ne me dérange pas, pourtant je sens comme des non dits, des questions qu'il se pose et ça ne me plaît pas. "Si je devenais trop envahissante, tu me le dirais n'est-ce pas ?" En espérant qu'il trouve cette remarque ridicule, je reste attentive aux mouvements des enfants et notamment à Lily qui a décidé de tester toutes les parties de l'aire de jeux.

Les cris des enfants sont assourdissants, pas étonnant que certains parents soient pris de mal de tête à la fin de la journée. Puis les pleurs qui s'y ajoutent font tourner toutes les têtes vers l'auteur pour s'assurer qu'il ne s'agit pas de son enfant. Lucas est tranquille dans le sable, même si par moment il a envie de mettre tout ce qu'il attrape dans la bouche. Je sors machinalement mon téléphone de mon sac pour regarder l'heure et ne prête pas attention aux messages qui polluent ma page d'accueil. Le travail ne s'arrête jamais vraiment mais quand je suis avec ma famille, je tiens à leur consacrer toute mon attention. "Et le bar alors ? Ça se passe bien ?"