Le meilleur moyen de réaliser l’impossible est de croire que c’est possible. - Warston

♛Just close your eyes while I put my arms above you.

Il ne détend pas du tout l’atmosphère. Il lui en veut de faire la tête, il lui fait des reproches, tout cela parce qu’elle n’oublie par leur conversation en un claquement de doigts. Ou, plutôt, en un baiser. Peut-être qu’elle ne hausse pas la voix aussi vite que lui, Isa, mais elle n’en est pas moins une femme de caractère. Elle ne peut pas effacer ce qu’elle ressent sous prétexte que cela ne convient pas à son petit-ami. Elle tente juste d’éviter une dispute qui sera, elle le sait, inutile puisqu’il lui a clairement fait comprendre ce qu’il en est : Il ne lui laisse pas le choix. Elle essaie juste de faire preuve d’intelligence, parce qu’elle ne veut pas gâcher cet après-midi, elle souhaite simplement un peu de temps pour encaisser cette mission filature. Mais il insiste encore. Il lui reproche même de se murer dans son silence. Bon sang… – Je t’ai déjà dit ce que je pense, je suis contre cette mission, je voudrais que ce soit quelqu’un d’autre qui la fasse. Mais je n’ai pas mon mot à dire, alors qu’est-ce que je peux ajouter d’autre ? C’est bon, elle a parfaitement saisi. Elle n’a aucunement besoin que la conversation se répète encore et encore. Mais elle ne peut pas oublier en un instant ce qu’elle pense, bon sang. Elle n’a juste… Pas le choix. Alors elle l’accepte, oui, mais elle ne peut pas lui offrir un grand sourire et faire comme si c’était agréable, comme si tout allait bien. Elle reste à ses côtés pour ranger le reste de ses affaires, il devrait s’en estimer heureux. Même si, là tout de suite, elle n’est pas sûre que ce soit une bonne idée. Commençant déjà à sentir cette sombre angoisse qui la submerge, la Latina ne met pas longtemps avant d’aller récupérer un calmant dans son sac à main. Elle le fait sous les yeux de Nikolaï, sans même y réfléchir, d’ailleurs elle n’a aucune raison d’y réfléchir. Relevant la tête vers lui alors qu’il semble enfin prêt à la laisser tranquille, Isa acquiesce d’un signe de tête. – Non, on n’en parle plus. répète-t-elle, d’un ton maussade qui ne lui ressemble pas. Elle se sent soulagée quand il s’éloigne en direction de la cuisine. Elle ferme les yeux quelques secondes et prend une profonde inspiration, comme pour se sentir un peu mieux. Elle se sent toujours angoissée à cause de cette intervention. Et, en plus, elle a l’impression d’avoir elle-même créé un froid entre eux alors que… Bordel, elle est juste inquiète pour lui, parce qu’elle l’aime, c’est tout. Mais il ne semble pas le comprendre, et ça la rend dingue. Ouvrant à nouveau les yeux, la jeune femme finit par s’approcher d’un carton. Mais, à peine l’ouvre-t-elle qu’elle entend la voix de Nikolaï. Il l’aime. Elle le sait, bien sûr qu’elle le sait. Elle se tourne vers lui au bout de quelques instants pour croiser son regard. – Evidemment que je le sais. dit-elle avec un faible sourire. Elle se rapproche de lui finalement. Faiblement. Elle se blottit dans ses bras sans un mot, parce qu’elle est toujours touchée par leur échange, mais qu’elle sait que ça va passer. Elle a conscience d’être difficile à comprendre parfois. Elle est complexe, Isa. Le mot gentil pour dire qu’elle est névrosée sur les bords. Alors elle lui explique, doucement, sans décoller de sa place. – Que je ne dise rien, cela ne signifie pas que je te fais la tête. Simplement qu’elle est blessée en vérité, inquiète aussi. Mais qu’elle ne peut rien y changer, et lui non plus.

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Cette distance, entre eux, elle est loin d’être agréable. Ce n’est pas quelque chose dont elle a l’habitude en plus. Leur relation a quelque chose d’extrêmement fusionnel. Peut-être parce qu’ils étaient autrefois amants, peut-être simplement parce qu’elle est beaucoup trop amoureuse de lui. Peut-être aussi parce qu’elle a trop souvent été contrainte de se passer des gens qu’elle aimait. Mais elle se rend bien compte à quel point le temps qu’ils ont ensemble est précieux. C’est pour cette raison que, lorsqu’il revient auprès d’elle après quelques instants seulement, elle ne réfléchit pas longtemps. Il ne lui faut guère plus de quelques secondes, Isa. Quelques secondes pour se tourner vers lui et s’approcher finalement. Elle se blottit dans ses bras, comme pour retrouver son contact, comme pour sentir la présence qu’elle a voulu fuir quelques minutes plus tôt à peine. Toute pleine de ses contradictions. Mais elle n’est guère capable de rester loin de lui bien longtemps, c’est surtout cela la vérité. Heureusement pour la jeune femme, il semble en être de même pour son petit-ami qui a choisi de faire ce premier pas envers elle. Resserrée contre son torse, elle sent ses bras autour de son corps, et ça lui fait un bien fou. C’est comme si elle n’y avait pas eu droit depuis des jours, comme si elle en avait terriblement besoin. Les yeux fermés, elle respire son odeur rassurante, cette odeur qui l’apaise plus que n’importe quoi au monde. Mais ses mots, eux, lui font un peu plus mal à entendre. Elle a conscience d’être une femme compliquée, Isa. Elle ne dit jamais, ou presque, ce qu’elle ressent. Elle se referme sur elle lorsqu’elle va mal. Mais s’il savait à quel point elle a confiance en lui… Plus qu’en n’importe qui, désormais. – J’ai confiance en toi, tu le sais. laisse-t-elle échapper dans un murmure. Elle a besoin de le dire, elle a besoin qu’il le sache. Qu’il n’ait aucun doute sur ce point. Car elle a confiance en lui, c’est vrai. Il est la seule personne à laquelle elle a avoué tout ce que son père lui a fait subir, la seule personne en laquelle elle a eu assez confiance pour le faire. Il ne peut pas en douter. Mais voilà, elle n’a pas l’habitude de se confier pour autant. De même qu’elle n’a pas l’habitude d’être traitée avec tant d’attentions. Sans bouger, la belle profite simplement des douces caresses, si apaisantes, de l’homme qu’elle aime. Elle garde le silence plusieurs secondes durant avant de se décider enfin à reculer pour mieux ancrer son regard dans le sien. –  Tu sais ce que je ressens… Tu sais que je t’aime Nikolaï. Je t’aime, et j’ai peur qu’il t’arrive quelque chose. Et je… Elle en arrive aux confessions les plus douloureuses. Celles qu’il attend justement. – Je suis inquiète, et… Blessée aussi, de me dire que je n’ai aucun mot à dire. Aucune emprise sur ce qui va arriver. Je déteste ça. Elle marque un silence puis, avec un faible sourire, comme pour détendre l'atmosphère, elle ajoute. – Je suis une maniaque du contrôle, tu ne l'avais pas remarqué ?

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Si forte et si fragile à la fois. Elle n’en a pas l’air, Isa, car d’elle, on ne voit souvent que sa force. Mais elle est vulnérable en amour, parce qu’elle en a besoin, peut-être plus que la plupart des gens, elle a besoin d’être aimée. C’est peut-être ce qui lui cause tant de problèmes. Elle en a tant besoin qu’elle fait parfois de mauvais choix. Comme avec Luke qu’elle a accepté d’épouser si vite, comme avec Toby avec lequel elle a trop frôlé les limites, comme avec Nikolaï qu’elle a pris comme amant. Mais, pourtant, elle ne demande qu’à être aimée… Tout en étant incapable de se donner complètement, à cent pour cent. Dans tous ses paradoxes, dans toutes ses contradictions. Parce qu’au fond d’elle, il y a toujours cette idée qu’elle doit rester infaillible. Elle doit pouvoir se débrouiller seule car, s’il est présent maintenant, rien n’indique qu’il le sera toujours à l’avenir. Elle ne peut pas se reposer sur lui, elle ne peut pas se laisser aller, prendre le risque de s’habituer à compter sur lui. Elle ne peut pas apprendre à compter sur quelqu’un car, quand il s’en ira, qu’est-ce qu’elle fera ? Elle sait que Nikolaï veut veiller sur elle, la protéger, être là tout simplement. Elle le sait, tout ça. Son esprit a enregistré l’information mais son instinct, lui, est encore beaucoup trop fort. C’est cet instinct de survie qui l’a aidée à rester debout durant toutes ces années, elle ne peut pas le changer du jour au lendemain. Ce n’est même pas quelque chose qu’elle fait volontairement, encore moins consciemment. Enfouir ses sombres secrets au plus profond d’elle, c’est ce qu’elle a toujours fait. C’était déjà un automatisme alors qu’elle n’était qu’une adolescente, ce n’est pas quelque chose qu’elle peut changer. Ou, en tout cas, pas en quelques mois. Elle aime Nikolaï, elle aime plus qu’elle n’aurait jamais cru pouvoir aimer quelqu’un. Elle a aussi confiance en lui. Mais ce n’est pas facile pour autant de se laisser aller avec lui, car elle ne l’a jamais fait, jamais autant qu’il voudrait qu’elle le fasse. Elle a eu plusieurs histoires d’amour, des histoires qui ont toutes fini par s’arrêter d’un jour à l’autre. Même quand elle a tout fait pour les sauver, elle n’a souvent que précipité leur chute. Et pourtant, elle en a tellement besoin. Elle a tellement besoin de lui. Elle paraît indépendante, elle pense l’être, sans doute. Mais, au fond, elle a toujours ce vide en elle qu’elle n’arrive pas tout à fait à combler. Ce vide qu’il remplit, lui, tout doucement de cet amour dont elle a tant besoin mais qu’elle se refuse en même temps. Cet amour qu’elle a encore du mal à accepter, maintenant qu’il est devenu si réel. Mais elle essaie, Isa, elle tente de lui ouvrir son cœur, comme elle a tant de mal à le faire. Elle tente, aussi, de croire en la véracité de ses mots. Elle tente de croire qu’il ne les dit pas juste pour la rassurer, juste dans l’instant, mais qu’il les pense à chaque seconde. C’est tellement beau, en plus, ce qu’il lui dit. Tellement fort.  Elle laisse un faible sourire se dessiner sur ses lèvres alors qu’il affirme l’aimer comme un dingue. Elle ne sait même pas ce qu’elle peut répondre à une telle déclaration car, si elle avait conscience qu’il voulait être avec elle, elle ne se rendait pas compte à quel point il tenait à ce que cela fonctionne. Finalement, elle ne dit pas une parole. Elle se rapproche de lui pour l’embrasser longuement, amoureusement. – Moi aussi, j’ai envie que ça marche, crois-moi, j’en ai envie plus que n’importe quoi au monde. Mais elle ignore si elle arrivera un jour à dépasser cette barrière-là. Elle aura besoin de temps, assurément. – Je suis désolée si je peux te donner l’impression de me replier sur moi-même parfois. C’est, juste, un automatisme. Mais cela ne change pas ce que je ressens pour toi ou ce que je veux pour nous. Je dois seulement… Apprendre. avoue-t-elle, son regard ancré dans le sien. Elle glisse sa main dans celle du jeune homme avant de reprendre la parole au sujet de son enquête. – Et pour cette opération avec Luke. Je vais m’y faire, ne t’en fais pas. Je veux pouvoir tourner la page sur cette histoire, moi aussi.

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Son regard accroche celui de Nikolaï, intensément, comme elle, elle a besoin de se raccrocher à lui. Elle s’enveloppe de ses mots doux autant que de ses tendres gestes, doucement, comme pour mieux s’en imprégner. Elle a tant besoin de lui, Isa. Il n’en a pas conscience, il ne le voit peut-être pas. Mais, en l’espace de quelques mois, il est devenu son point d’ancrage. Celui à qui elle pourrait confier sa vie, mais aussi, celui pour qui elle la donnerait. Alors, bien évidemment, elle croit en lui. Elle croit en eux. Mais peut-être que subsiste au fond d’elle cette peur que tout s’arrête un jour. Elle voudrait, pourtant, elle voudrait avoir une foi inébranlable en leur couple mais elle a vécu suffisamment de déceptions amoureuses pour savoir que rien n’est éternel. Tout ce qu’elle veut, tout ce dont elle est sûre, c’est qu’elle fera tout ce qui en son pouvoir pour que cela ne s’arrête pas. Pas avec lui. Et peut-être qu’ils y arriveront, eux. Parce qu’il semble capable d’arriver là où tous les autres ont échoué, Nikolaï. Il a cette détermination à toute épreuve, ce besoin d’être là pour elle, mais aussi cette patience pour supporter ses côtés les plus sombres. Elle le trouve exceptionnel. Il est exceptionnel. Un tendre sourire apparaît enfin sur les lèvres de la belle alors qu’elle ne le quitte pas des yeux. – Tu es un homme incroyable Nikolaï Warren. affirme-t-elle, retrouvant peu à peu sa voix habituelle. Son émotion est toujours palpable mais la conversation s’apaise peu à peu entre les deux amoureux. Elle en arrive même à le rassurer au sujet de son propre ressenti sur cette enquête. Elle sait que, le soir où il partira en intervention, elle va penser à lui chaque minute. Elle le sait déjà. Mais peut-être qu’ils doivent en passer par ce moment pour effacer enfin ce nuage au-dessus de leurs têtes. Elle le contemple amoureusement alors qu’il dépose un baiser contre sa main, puis acquiesce finalement à ses dernières paroles au sujet de Luke. – D’accord, je te crois. déclare-t-elle avec un faible sourire. Son stress est toujours présent, bien sûr, mais elle va réussir à le gérer. C’est ce qu’elle fait toujours. Néanmoins, alors que la jeune femme pense que la discussion est terminée, son petit-ami lui pose soudainement une question. Une question à laquelle elle ne s’attend pas. – Pourquoi me poses-tu cette question ? demande-t-elle en guise de réponse en fronçant légèrement les sourcils, quelque peu intriguée. Elle va bien, Isa, bien sûr. Il y a beaucoup de choses qui la rendent heureuse, ces derniers temps, lui en tête. Mais de là à prétendre que tout va bien, c’est une tout autre histoire.

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C’est la première fois qu’elle a la chance d’être avec quelqu’un qui est prêt à tout pour elle. Tout, absolument tout. Il l’a toujours dit avec tant de sincérité mais, surtout, il a su le prouver. Peut-être qu’il ne pense pas être parfait, peut-être qu’il ne l’est pas, non, car personne ne l’est véritablement. Mais elle a le sentiment, de plus en plus fort, qu’il est parfait pour elle. Vraiment. Il est toujours présent pour elle, à chaque fois qu’elle en a eu besoin. Même quand elle n’était qu’une maîtresse pour lui, il savait être présent pour elle. Il réussit là où tous les autres ont échoué, Nikolaï. Il est là pour elle à chaque fois qu’elle le demande… Mais, aussi, même quand elle ne le demande pas. Car elle ne s’attendait pas à l’entendre la questionner sur son état, Isa. C’est plutôt étrange pour un petit-ami, c’est peut-être même l’une des premières fois qu’il lui fait une telle demande depuis qu’ils sont ensemble. Il sait qu’elle va bien, il devrait le savoir en tout cas. Alors, sans lui répondre réellement, la jeune femme tente de comprendre ce qui le pousse à lui poser une telle question. Il veut savoir… Seulement ? Toujours silencieuse, elle comprend un peu mieux où il veut en venir lorsqu’il évoque les cachets qu’elle prend de temps à autre. Enfin, elle comprend sa curiosité, mais pas qu’il lui demande si tout va bien. Elle secoue la tête négativement tout en prenant tout de suite la parole pour le rassurer. – Je vais bien. Ce sont juste des anxiolytiques. explique-t-elle calmement, comme elle pourrait dire qu’il s’agit de bonbons à la menthe. Mais, en soit, c’est vrai, ce n’est pas si grave. Elle n’est pas dépendante, puis, ce ne sont que des médicaments censés calmer le stress ou l’angoisse. Deux choses qu’elle connaît plutôt bien, Isa. Car si elle va bien, comme elle le prétend, il y a beaucoup d’éléments de son existence qui lui paraissent beaucoup trop incertains, inquiétants, ou carrément angoissants. Il y a son avenir professionnel dont elle n’a aucune idée, il y a le fait qu’elle ne fasse rien pour occuper la pile électrique qu’elle a besoin d’être durant ses journées. Il y a son frère pour lequel elle s’inquiète encore en permanence, ou bien Toby avec lequel leur relation est encore si précaire. Et puis, il y a cette situation avec Luke, cette enquête que Nikolaï mène sur lui, et tout ce qu’elle implique. Alors, non, peut-être que tout ne va pas bien, mais elle le gère comme elle peut, Isabella.