maniac. (livia)

t'as eu vent de la soirée par Craig.
ils se retrouvent toujours chez le même type maintenant, des fois j'y vais, pas souvent, je t'assure. t'avait-il dit comme s'il avait des comptes à te rendre. t'as acquiescé d'un signe de tête, promettant à ton pote que tu n'irais pas foutre la merde. que c'était juste pour la voir elle, causer quelques minutes avec livia pour repartir aussi sec. t'as donné ta parole. mais ta parole ne vaut rien quand il s'agit de la fille henderson. t'as passé lé début de soirée avec Craig, vous avez bu quelques verres, discutez de sujets peu intéressants: les filles, les filles et ta caisse. le petit bijou offert par maman, un cadeau que tu ne méritais pas. puis t'as quitté le beau parleur pour t'engouffrer au volant de l'aston martin, tu l'as faite ronronner jusqu'au dit appartement. une rue paumée du queens. tu montes les escaliers à la hâte, et devant la porte t'hésites même pas quand tu frappes du poing. celui qui vient t'ouvrir n'a pas l'air ravi de te voir sur le pallier, et tu lui adresses un franc sourire avant de pénétrer dans les lieux. c'est un loft. pas aussi élégant que le tiens, pas aussi grand, tape à l'oeil, ridicule. tu retires ta veste en cuir, la jetant sur le premier tabouret que tu croises. les mecs, ismaël est là ! brailles l'abruti dans ton dos, comme s'il annoncer l'arrivée imminente d'une grenade. dans le coin salon tu sautes par dessus le dossier d'un des canapés pour atterrir entre deux corps qui ne te sont pas inconnus. ces deux types étaient tes potes, fut un temps. tes bras sur leurs épaules, tu leurs donnes une petite frappe peu amicale. alors comme ça on organise des petites soirées privées ? et on m'invite pas ?! t'as les babines retroussées en un sourire hypocrite. mais si, tu lui as pas passé l'info ?! lance Ian, passant la balle empoisonnée à son ami d'enfance. un rire t'échappe et tu te lèves, tes yeux clairs se posent sur Livia, t'arques un sourcil comme si tu lui posais une question silencieuse. et toi, tu m'as fais passer le message ? madame préfère faire la morte, depuis des mois, presque un an. vous qui étiez inséparables. tu poses ton cul sur l'accoudoir d'un fauteuil, t'emparant d'une bière sur ton passage que tu bois presque d'une traite. ils ont peur de toi, chacun d'entre eux, mis à part Livia. cinq mecs, pour une fille ? putain, vous vous faites pas chier mes salops. tu ricanes, alors que ton regard se porte sur l'être infâme posé à côté d'elle. tu pointes ton index vers lui. ton nouveau boy ? que tu demandes à Livia.

elle était toujours partante pour les soirées livia, pour les sorties, pour tous ces moments entre potes. eux qui étaient comme sa famille, ceux qu'elle avait choisi. et chaque jour, elle se sentait chanceuse d'avoir des personnes aussi précieuses à ses côtés. ils n'étaient pas forcément irréprochables, ils ne prenaient pas toujours les bonnes décisions et parfois, ils empruntaient les pentes glissantes, mais jamais ça n'avait remis en cause leur importance à ses yeux. il n'y avait pas plus fidèle que livia, et cela peu importe les obstacles qui se dressaient sur leur route. ismaël en était le parfait exemple, lui et ses années de taule au compteur. elle et sa patience, elle et sa dévotion. elle qui n'avait que rarement esquivé un parloir, quand d'autres l'avaient lâchement abandonné à son sort. ce n'était juste pas de cette manière qu'elle concevait l'amitié, encore moins quand il s'agissait de lui. les jours avaient filé et elle était encore là à sa sortie, comme au bon vieux temps. ce si bon vieux temps.
et ce vendredi était jour de soirée. égale à elle-même, elle avait été filer un coup de main livia, elle avait acheté deux-trois trucs qu'elle avait déposé en arrivant un peu plus tôt. elle n'avait certainement pas été prévenue de la moitié des personnes qui risquaient de se pointer la nuit venue, mais il lui avait suffit d'entendre que isma' ne serait pas des leurs pour sauter sur l'occasion. son moment ne serait pas gâché et c'était tout ce qui lui importait. très rapidement, elle se fond dans la masse livia. au milieu de ceux qu'elle ne connaissait pas plus que ça et de ceux qui étaient bien loin de lui être inconnus. pourtant, elle n'est pas décidée à naviguer en eaux floues ce soir, elle restera avec les habituels parce qu'on ne change pas une équipe qui gagne. elle s'invite auprès de deux mecs avec qui il était si facile de délirer, ce dont elle avait vraiment besoin. et ce qui avait si bien commencé semble tourner à l'orage quand elle entend le voisin de l'organisateur gueuler à travers la salle. les mecs, ismaël est là ! elle tique, parce que c'était pas le plan. si elle était dans les parages, c'était bien parce que lui n'y était pas, c'était ce qu'on lui avait assuré. immédiatement, elle se jure qu'elle ne manquera pas d'aller voler dans les plumes de celui qui la lui avait fait à l'envers. son regard ne met pas longtemps à se poser sur lui parce qu'ismaël, il n'est pas du genre à faire une entrée discrète. plutôt tout le contraire d'ailleurs. et elle le voit le vent de malaise qui plane au-dessus de toutes les têtes. peut-être même encore plus vivement sur les deux qui lui font face et qui se sont fait alpaguer par le sartier à peine eut-il passé la porte. ils ont bien du mal à se justifier et lui, il en joue, il insiste, avec l'arrogance qui le précède toujours. elle le connait par coeur, lui et ses manières. lui qui ne se sentait que mieux quand les autres s'écrasaient à sa vue. et c'est quand, fier de son petit manège, il se lève enfin que leurs yeux se croisent, pour la première fois depuis un an. il ne lui faut pas longtemps pour décrypter le message. évidemment qu'il lui en veut de ne pas l'avoir prévenu elle non plus, il doit lui en vouloir pour un tas d'autres petits détails aussi. elle ne le quitte pourtant pas du regard jusqu'à ce qu'il vienne se poser encore plus près d'elle, une bière jamais bien loin. cinq mecs, pour une fille ? putain, vous vous faites pas chier mes salops. y'a pas mal de paire d'yeux qui convergent vers elle. elle les sent livia, ceux d'en face, ceux qui l'encerclent et quelques autres têtes dans l'assemblée. comme s'ils la suppliaient de sauver la soirée. et le grand ismaël entre en scène dans trois, deux, un... ton nouveau boy ? c'est vrai que t'es bien placé pour m'faire la leçon toi. sans plus attendre, elle se lève et adresse un regard à ses potes, un de ceux qui veut dire : ça va, je gère. attrapant ismaël par le bras, elle le tire en direction du balcon et referme derrière eux. elle pouvait tenter d'arranger un peu les choses pour éviter que tout parte en cacahuètes mais elle n'avait pas besoin d'un public pour ça. qu'est-ce que tu fous là isma' ? qui est-ce qui t'as invité ? elle a le regard dur parce qu'elle voit bien qu'il est venu pour foutre la merde. il n'aurait pas pris un si malin plaisir à foutre mal à l'aise la moitié de la salle si ce n'était pas le cas et il serait venu directement vers le noeud du problème : elle-même.

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je fais tout de travers, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts en sang. je fous ma vie en l'air, à chercher la lumière et des vrais sentiments.

t’aime foutre le bordel.
te pointer et rendre tout le monde mal à l’aise, c’est ce que tu sais faire de mieux à vrai dire. t’es ravi de l’effet produit. ils se sentent tous comme des gros cons, et ils le sont. d’avoir pu penser que tu laisserai passer cet affront, que le monde pouvait arrêter de tourner autour de toi. mais c’est pas vraiment pour eux que t’es là, ni pour cette soirée ridicule. c’est pour elle. Livia et ses grands airs, qui lève presque les yeux au ciel devant ta mascarade. quand elle te répond, un léger rire t’échappe. elle dit vrai, tu n’as aucune leçon à donner. tu devrais juste fermer ta grande gueule, tu devrais même pas être là. c’est ce qu’elle te dit Livia avec ses grands yeux noirs, c’est ce qu’elle te dit quand elle se lève et qu’elle t’attrape par le bras. elle a un regard pour les mecs, comme si elle était reine à la matière. toi tu grimaces en la suivant à contre coeur sur le balcon, elle referme derrière vous et t’as déjà une cigarette allumée entre les lèvres. tu bois une gorgée de bière, tu la termines même et tu déposes la bouteille sur le sol. tu ricanes quand elle te parle, tu lui craches même ta fumée en plein visage. j’me suis invité. qu’est-ce que tu crois ? que ces branleurs allaient le faire. t’as un coup d’œil mauvais pour l’intérieur. ils sont bien trop heureux de t’avoir que pour eux. t’es parfaitement illégitime dans chacune de tes paroles. la jalousie est plus que déplacée, mais t’y peux rien. ça fait presque un an maintenant, qu’elle donnait plus signe de vie Livia. et t’as besoin de comprendre, pourquoi. vous qui vous étiez dit « amis jusqu’à la mort. » mais j’suis ravi de voir qu’au moins t’es pas morte. tu tires sur ta clope, à vrai dire tu le savais parfaitement, pour l’avoir aperçu à plusieurs reprises, pour avoir demander des nouvelles à droite et à gauche. et faut que je débarque à l’improviste pour te mettre la main dessus. c’est quoi ton problème Livia ? depuis quand tu filtres mes appels ? depuis quand t’es devenue une garce. t’arques un sourcil, c’est que ça t’a touché en plein égo, en plein cœur. c’est parce que t’as trouvé un mec et qu’il supporte pas ma gueule ? t’hausses les épaules, y’en a jamais aucun qu’a pu te blairer. de tout ceux des prétendants. t’as toujours été bien trop présent. tu cherches des réponses, t’as cherché longtemps. tu sais pour son frère, pour la prison, pour les mois passés loin d’elle. mais t’étais là toi, t’as toujours été là -du moins quand tu en avais le pouvoir.

elle voit rouge livia. parce qu'une fois de plus, il n'a pas pu s'en empêcher. il a fallut qu'il vienne asseoir sa suprématie aux yeux de toute la salle. il ne doute jamais de rien ismaël, il ne se sent jamais de trop. même seul face à une horde en délire, il bomberait toujours le torse, le regard fier. il a sûrement des raisons de réagir de la sorte. et sans user de mauvaise foi, elle ne pouvait pas lui enlever ça. sauf qu'il y avait des manières de faire et qu'à ce jeu-là, il n'y comprenait rien. alors qu'un vent de panique se ressent dans toute la salle par sa simple présence, elle n'est pas décidée à se démonter livia. elle qui savait être sûrement à l'origine de tout ce désordre. d'abord, elle entreprend de lui faire ravaler sa remarque désobligeante parce que sur ce point-là, il n'était pas en position de lui faire des reproches. c'était lui qui collectionnait les conquêtes avant de se lasser à la vitesse de l'éclair, pas l'inverse. puis, elle assure à la majorité de ses potes qu'elle va arranger le coup en le faisant sortir de là ou en lui calmant les nerfs. c'est dans cette optique qu'elle l'emmène à sa suite jusqu'au balcon, à l'abri des oreilles et des regards indiscrets. à peine la porte tirée, elle lui tombe dessus livia parce qu'elle déteste cette façon de s'imposer. cigarette déjà au bec, elle avait fait le constat depuis bien longtemps qu'il n'était pas capable de tenir une discussion sans sa meuf la plus régulière. j’me suis invité. qu’est-ce que tu crois ? que ces branleurs allaient le faire. elle laisse échapper un rire qui résonne comme un : et ça t'étonne. bah on s'est dit que t'en aurais pas besoin... la preuve. elle fait directement référence à l'entrée fracassante qu'il avait faite. et cela, peu importe si quelqu'un l'attendait ou non. ils sont bien trop heureux de t’avoir que pour eux. et là, elle secoue la tête parce que c'est n'importe quoi. elle se demande même où il va chercher tout ça. j'leur dois bien ça non, tu crois pas ? longtemps, il avait eu le monopole ismaël, et les autres étaient toujours passé au second plan. alors il était sûrement légitime qu'elle se rattrape un peu aujourd'hui, parce qu'ils étaient ses potes eux aussi. mais j’suis ravi de voir qu’au moins t’es pas morte. elle hoche la tête alors qu'il dégueule toute la rancoeur accumulée. elle ne l'avait pas volé mais ce n'était pas ce qu'elle avait prévu pour ce soir. et faut que je débarque à l’improviste pour te mettre la main dessus. c’est quoi ton problème livia ? depuis quand tu filtres mes appels ? il abusait parce qu'il aurait eu mille occasions de venir à elle si il en avait eu envie, mais il avait fallu qu'il attende une soirée comme celle-là. parce que comme toujours, il devait faire les choses en grand sinon ce ne serait plus digne d'un sartier. comme tous ceux de son nom, il avait besoin de briller en société. elle s'adosse au mur avant de le fixer en train de déambuler comme un lion en cage. son problème ? elle en avait eu plusieurs des problèmes. dont un qu'il n'avait pas su voir ou qu'il avait préféré ne pas voir parce que c'était plus simple. pourtant, c'est l'autre version qu'elle lui sert, parce que ça aussi, c'est moins compliqué. j'ai eu des choses plus importantes à gérer tu permets. mon frère, ça te dit quelque chose ? elle ne doutait même pas du fait qu'il le savait parce qu'il avait des indics et des taupes partout. le pouvoir sartier sans doute. et même comme ça, elle n'avait pas été capable de le rayer complètement de sa vie. puisque de l'autre côté de la vitre, quand elle venait rendre visite à diego, c'était toujours lui qu'elle voyait. peut-être bien que c'était un peu pour ça aussi qu'elle lui en voulait. pour avoir si bien fait en sorte de s'imprimer dans tous les recoins de son existence, à tel point qu'elle ne puisse même pas se soustraire à son emprise où qu'elle aille. c’est parce que t’as trouvé un mec et qu’il supporte pas ma gueule ? et c'était reparti pour un tour. t'es en boucle isma', qu'elle dit avant de soupirer. depuis quand est-ce qu'il se préoccupait autant de sa vie sentimentale ? je t'ai déjà demandé ce que tu faisais de tes nuits moi ? elle commence. non pardon... c'est vrai que j'en avais pas besoin, elle marmonne parce qu'il avait toujours été si fier de tout lui rapporter sans même qu'elle n'y porte un quelconque intérêt. et pourtant, elle s'en serait bien passé parfois. et même tout le temps à vrai dire.

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je fais tout de travers, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts en sang. je fous ma vie en l'air, à chercher la lumière et des vrais sentiments.

elle se fout de ta gueule Livia. ouvertement. tu l'as bien cherché avec tes grands air de conquérant. t'es venu sans carton d'invitation et tu savais très bien qu'on t'accueillerait pas à bras ouvert. que s'ils avaient pu te claquer la porte au nez sans que tu la défonces en retour, ils l'auraient tous fait. t'es la bête noire depuis ton séjour en prison, le gars qu'il faut plus vraiment approcher. celui a qui beaucoup ont tourné le dos. mais tu pensais pas que ce serait le cas de Livia, c'est ce qui te fou le plus en rogne et tu réponds rien à ses attaques. tu préfères vomir ta merde, encore et encore. t’intéresser à ce qui ne l'est pas réellement, chercher des problèmes là où il n'y en a pas. en créer des nouveaux, comme ce soir. des problèmes plus important à gérer, son frère et elle te prend de haut. comme si t'étais un parfait abruti, elle veut te faire redescendre de ton piédestal. tu lèves les yeux au ciel, tirant encore sur la cigarette, la consumant presque totalement. bien sûr que t'étais au courant. tu l'es toujours. surement que t'aurait du mieux te comporter, que t'aurait du prendre les devant il y a de ça des mois. ne pas la laisser dans son coin, enfoncer la porte beaucoup plus tôt. t'es comme un chien jamais satisfait, tu aboies encore. et elle te remballe. alors tu grognes sans le vouloir. tu fronces les sourcils. ça va, m'fais pas chier avec ça. que tu craches. si ça te dérangeait à ce point, t'avais qu'à me le faire savoir. que tu continues en secouant la tête de gauche à droite. ça avait toujours été comme ça entre vous non ? une amitié véritable ? une fille qui n'en était pas vraiment une, un pote, plus qu'une pote. mais ça fait des années que tu vois qu'il y a un problème dans cette équation. des années que tu te voiles la face. ouais, je sais pour ton frère. t'as un air désolé, et tu t'adosses à la rambarde du balcon, envoyant valsé le mégot par la même occasion. pourquoi t'es pas venu m'en parler ? tu connais déjà la réponse, c'est à toi qu'elle risque de demander des comptes, c'est toi qui aurait du demander. pourquoi tu joues à ça avec moi ? pourquoi tu me mets sur le banc de touche, comme si j'avais jamais existé, comme si j'étais bon à rien ? t'as un soupir excessif, et déjà l'envie de te rallumer une clope. l'envie de boire un ou deux verres. les excès reprennent trop vite le dessus, et s'il ne s'agissait pas de Livia, tu serais déjà retourné à l'intérieur, t'aurai déjà déjoué ses attentes et recommencer à foutre le bordel. mais t'attends, presque trop sagement pour que ce soit vrai.

elle n'aime pas ses accusations, elle n'aime pas ses sous-entendus, elle n'aime pas son ton, elle aime encore moins les airs qu'il prend. en continuant sur cette lancée, il ne risquait que de la braquer ou de s'attirer encore davantage ses foudres. lui et ses problèmes d'égo étaient clairement le cadet de ses soucis. elle avait dû composer avec des priorités autrement plus importantes comme elle ne se gêne pas pour lui faire remarquer. il avait trop pris l'habitude de se considérer comme le centre du monde quand il ne l'était pas forcément et il n'y avait rien qui l'agaçait plus que ça. elle guette ses réactions livia, elle le voit bouillir et elle sait pertinemment que ce qu'elle lui dit ne lui plait pas. trop souvent, elle s'était retrouvé confronté à ses traits crispés et ses éclats pour ne pas comprendre ce que ça signifiait. pourtant, elle ne se rabaissera pas, jamais. si il était venu la voir jusqu'ici dans l'unique but de lui chercher des noises, il allait être reçu de la manière dont il le méritait. sûrement à raison, elle estimait en avoir suffisamment fait pour lui pour mériter un minimum de respect. son premier angle d'attaque ne lui convient pas du tout, tant elle ne comprend pas pourquoi il tient absolument à lui inventer un mec imaginaire. alors elle saisit la perche si brillamment tendu pour lui signifier combien ça ne le regardait pas, au même titre qu'elle se serait bien passé des détails concernant ses ébats qu'il lui avait si généreusement offerts pendant des années. ça va, m'fais pas chier avec ça. si ça te dérangeait à ce point, t'avais qu'à me le faire savoir. elle secoue la tête dans un rire ironique. c'est vrai que t'as jamais rien su voir par toi-même, qu'elle commence, parce que les faits s'étaient vérifiés à de nombreuses reprises. par contre, tu redescends parce que j'suis pas venue pour m'faire agresser. il pouvait envoyer chier la terre entière si ça lui faisait plaisir, ce n'était pas pour ça qu'elle allait le laisser lui marcher dessus. ismaël ou pas, c'était le même combat. plus pour la forme que pour une véritable réponse qu'elle connaissait déjà, elle lui demande si le sort de diego était arrivé jusqu'à ses oreilles. pour qu'il comprenne qu'elle avait préféré se consacrer à son frère et que personne ne pouvait lui reprocher sa loyauté fraternelle. ouais, je sais pour ton frère. c'était bien ce qu'elle pensait et il trouvait encore le culot de le lui reprocher alors qu'il aurait pu faire lui-même le premier pas. pourquoi t'es pas venu m'en parler ? peut-être exactement pour ce qu'on vient de vérifier, t'aurais été au courant même sans moi. ou parce que j'me suis bêtement imaginé que tu reviendrais tout seul. et un peu aussi parce qu'elle n'était pas du genre à pleurnicher livia. on ne la verrait jamais ramper aux pieds des gens en geignant sur son triste sort. au contraire, elle prend le taureau par les cornes et elle avance. pourquoi tu joues à ça avec moi ? elle arque un sourcil et l'interroge du regard, pas certaine de comprendre la question. putain mais c'est pas un jeu isma' ! une fois encore, il la fait vriller bien trop facilement. et si les deux s'emballaient sur la même fréquence, la discussion qui devait s'avérer civilisée de base risquait de s'engager sur une pente bien plus glissante que prévu. elle le regarde pour guetter la moindre de ses expressions avant de reprendre. franchement, t'as vraiment l'impression que je joue là ? elle estimait l'avoir déjà suffisamment fait justement et elle en avait sa claque d'entendre de telles inepties. puis finalement, elle se retourne en direction de l'horizon, prenant appui sur la rembarde. tu peux pas comprendre que j'avais tout sauf envie de revivre ça. et par ça, elle entend les murs dégueulasses de la prison, l'angoisse des parloirs, les regards en coin, les échanges personnels qui n'en étaient même plus. tous ces petits détails qui cumulés l'avaient un peu égratignée avec le temps. pourtant, elle avait fermé sa gueule et attendu. et ça la faisait bien chier d'avoir traversé le pire avec lui pour être obligée de s'effacer quand le calvaire avait pris fin. parce qu'il y avait trop de mauvais souvenirs qui l'assaillaient et la prenaient aux tripes quand diego avait remplacé ismaël. pourquoi est-ce qu'ils s'escrimaient autant à suivre le même chemin pour l'abandonner à tour de rôle ? elle n'était pas taillée pour gérer ça livia, même si elle faisait en sorte d'en donner l'air. et j'pensais que tu me connaissais un peu mieux que ça isma'.

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je fais tout de travers, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts en sang. je fous ma vie en l'air, à chercher la lumière et des vrais sentiments.

elle a peut être raison.
t’es peut être qu’un putain d’aveugle.
toujours à te planquer derrière la facilité, à refuser de voir la véritable importance des choses. à mettre des œillères sur votre relation un peu bancale, un peu biaisée, abîmée et renforcée par le passé. t’as jamais vraiment su sur quel pied danser avec Livia, t’as toujours marché sur des oeufs. parce que c’est pas une fille ordinaire, c’est pas la nana que tu regardes comme un os bon à ronger. c’est celle pour qui tu prends peur, de qui tu te préoccupes à ta manière, celle qui a toujours été là malgré les erreurs et le meurtre sanguinaire. alors ouais, elle a raison Livia, t’as jamais su décoder les sous entendus quand il s’agissait d’elle. t’as préféré la considérer comme un pote, en oubliant qu’elle n’en avait pas les attributs. qu’elle était plus importante que tu pouvais te l’imaginer. c’est d’ailleurs pour ça que t’es là, à grogner dans le vent. à montrer les dents, alors que tu courberais bien l’échine pour une caresse de sa part. t’as trop de fierté Sartier, ça te perdra. tu lui devais bien ça ouais, t’aurai du revenir de toi même, plus calmement, plus patiemment. t’es qu’un con. elle sait te le faire comprendre mieux que quiconque, mieux que ta mère et ta sœur réunies. elle sort de ses gonds après ta dernière phrase, t’as tes yeux bleus rivés sur elle, tu fronces les sourcils. tu sais rien faire de mieux, t’as la gueule du lion mécontent. elle ne s’arrête pas, et elle fait bien, parce que c’est comme si tu prenais une claque en plein visage. une deuxième lorsqu’elle termine et s’appuie sur la rambarde non loin de toi. par ça tu sais bien ce qu’elle entend. les années d’enfermement, les discussions intenses au parloir, les émotions dévastatrices, ta gueule trop abîmées. tu l’as pourtant remercié pour tout ça, tu lui seras a jamais reconnaissant pour sa patience et sa bienveillance. pour cet amour trop réel, que tu ne méritais pas. que tu ne mériteras jamais, venant d’elle. Livia c’est la douceur, le soleil qui réchauffe les âmes, toi, t’es rien d’autre que le diable. tu soupires fortement à côté d’elle. j’pensais pas. que tu souffles. j’pensais pas que c’était si dur pour toi, au point que tu me rayes de ta vie... tout ça parce que ton frère a jouer aux cons. t’as un regard en coin pour elle, et tu regrettes instantanément ta phrase. tu la devance avant qu’elle ne puisse rétorquer. j’sais, je suis pas le mieux placé pour donner des leçons. je devrai même pas ouvrir ma gueule, parce j’ai saboté ma vie en l’air le premier... mais, putain, j’suis rien à tes yeux ?! c’était donc ça, le fond du problème. ce que tu pouvais bien représenter ? t’as jamais réussis à jeter un mec d’un soir un mec sans importance mais t’as pas eu de mal avec moi. aux oubliettes Ismaël, parce qu’autour de lui le monde part en vrille. tu ricanes bêtement. elle est là ta blessure, et elle peut bien la trouver ridicule. mais elle est bien la seule à pouvoir t’atteindre de la sorte.

il avait le pouvoir d'effrayer n'importe qui ismaël, même un type du double de sa carrure parce qu'il avait compris depuis longtemps que tout était une question de confiance et d'attitude. et la petite chose qu'elle était aurait pu se sentir menacée plus d'une fois par la bête surtout quand il était aussi irrité qu'à l'heure actuelle. mais pour une raison qui lui échappe, il n'en est rien. à la place, elle se contente de lui renvoyer ses balles parce qu'elle n'avait aucune raison de se sentir mieux que lui dans cette histoire. et elle déteste le fait qu'il ne puisse même ne serait-ce que le penser. elle réclame des réponses, dans l'attente d'entendre toutes ces choses qu'il pensait savoir, à tort. il lui prête le mauvais rôle, celui de la méchante qui s'amuse à jouer avec lui pour une raison qui n'existait même pas. c'est elle que ça fait sortir de ses gonds tant il est loin de la vérité. avant de reprendre la parole pour de vrai cette fois, elle le laisse évacuer son trop plein de colère, d'animosité, tout ce qu'il avait pu accumuler pendant son silence radio. elle n'allait pas lui jeter la pierre, elle qui n'aurait sûrement pas réagi beaucoup mieux à sa place. puis elle laisse échapper à demi-mots l'origine de son éloignement soudain, n'ayant pas de mal à s'assurer qu'il comprendrait. j’pensais pas. d'abord, elle n'a même plus le courage de le regarder, préférant de loin l'horizon à perte de vue. j’pensais pas que c’était si dur pour toi, au point que tu me rayes de ta vie... tout ça parce que ton frère a jouer aux cons. pourtant, il trouve rapidement le moyen de la ramener à lui, à l'aide de quelques reproches toujours bien calculés. si il y avait bien quelque chose qu'elle n'aurait jamais imaginé sortir de sa bouche, c'était ça. elle s'apprête à répliquer maintenant qu'il s'attaque à son frère, mais il reprend bien avant elle. j’sais, je suis pas le mieux placé pour donner des leçons. je devrai même pas ouvrir ma gueule, parce j’ai saboté ma vie en l’air le premier... mais, putain, j’suis rien à tes yeux ?! et là il va trop loin. elle prend une grande inspiration avant de se retourner et si elle n'avait pas un minimum de self-control, il se serait certainement déjà pris une baffe à base de tout ce pourquoi elle lui en voulait. t'es sérieux ? si seulement il pouvait s'imaginer combien elle ne se serait pas miné le moral si souvent en taule, si ce n'était pas pour lui. qu'elle ne se serait pas gêné pour l'accabler de tous les maux pour avoir ôter la vie d'un homme qui n'était sûrement pas plus mauvais que lui, si ça n'avait pas été lui. qu'elle aurait évité de perdre son temps bien avant à le défendre face à ceux qui lui avaient tourné le dos, si ça n'avait pas été lui. qu'elle aurait arrêté de lui répondre plus tôt et surtout que ça n'aurait pas été si compliqué, si ça n'avait pas été lui. il n'y peut rien ismaël, mais il est toujours à côté de la plaque. tu vois, moi j'pensais pas qu'on en était encore là toi et moi, elle commence sans le lâcher des yeux. j'pensais pas que t'avais encore besoin de déclarations enflammées pour savoir que j'tenais à toi. elle hausse les épaules, comme quoi on en apprenait encore tous les jours. il n'avait jamais recherché ce genre de certitudes et elle avait dû penser à tort qu'il n'était plus nécessaire de mettre des mots sur ce qu'il pouvait être pour elle. ça vient de sortir tes problèmes d'égo ou tu les avais juste bien caché ? blessée par ce qu'il insinue, elle ne trouve pas d'autre réponse que l'attaque. t’as jamais réussis à jeter un mec d’un soir mais t’as pas eu de mal avec moi. aux oubliettes ismaël, parce qu’autour de lui le monde part en vrille. et c'était encore dans ce cas-là qu'il se plantait sur toute la ligne. rappelle-moi quand est-ce que je t'ai jeté. c'est sans attendre qu'elle s'oppose parce qu'elle n'avait aucun souvenir de l'avoir fait un jour. pour la simple et bonne raison qu'elle n'en aurait jamais été capable. à la place, elle s'était contenté d'espacer les messages, de se rendre indisponible de plus en plus souvent, de filtrer des appels au compte-goutte. elle avait pris sur elle pour en arriver là, mais jamais elle ne l'avait fait contre lui. davantage pour elle. si j'en avais autant rien à foutre de toi que tu sembles le penser, j'serais même pas là à essayer de t'expliquer tout ça. je t'aurais déjà mis dehors ou j'me serais tiré moi-même. elle ne savait plus ce qu'il voulait entendre, lui qui aurait pu revenir de son propre chef mais qui l'avait presque trop facilement laissé s'éclipser. ils étaient sûrement à égalité tous les deux.

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je fais tout de travers, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts en sang. je fous ma vie en l'air, à chercher la lumière et des vrais sentiments.

tu sais même pas pourquoi tu baves toute cette merde. pourquoi t’agis pas normalement, comme l’aurait fait un ami intelligent. en essayant de comprendre ce qui pouvait bien lui arriver pour qu’elle s’efface de la sorte. t’es trop blessé, touché en plein cœur. mais comment pourrait-elle le savoir, toi qui t’évertues sans cesses à rester froid comme le marbre. aucun sentiment, aucune déception. elle s’agace tout de suite Livia, tu sais pas comment tourner tes phrases alors tu balances n’importe quoi, n’importe comment, sans le moindre tact. sans aucune réflexion en amont. tu passes pour un con, un gros con. ça te gonfle, tu souffles trop fort quand elle parle, tu sais bien qu’elle n’a pas tord. et ça te tord les boyaux rien que de le penser, alors imaginer lui avouer. faut croire que je les avais bien planqué ouais. mais ça t’empêche pas d’enchaîner sur d’autres sentiments mal formulé, qu’elle te renvoie aussitôt en pleine gueule. un putain de match de tennis dont tu ne sortais pas vainqueur. elle a bien trop d’avance. elle joue sur les mots, sur les faits, elle se défend à merveille et toi tu l’as toujours pas quitté des yeux. t’arrives pas à regarder ailleurs, que ses lèvres qui bougent et ses sourcils qui s’y accordent. c’était tout comme Livia. que tu rétorques enfin. tu t’es éclipsée, sans rien dire. et peut-être bien que j’ai tord, en débarquant à l’improviste pour tenter de voir. mais comment tu peux me reprocher de ne pas assez donner de ma personne, de pas assez comprendre, si tu cherches à m’en empêcher. t’arques un sourcil, tu sais pas ce que t’attends comme réponse, la discussion est stérile. comme beaucoup de vos discussions depuis quelques années. vous n’arrivez plus à communiquer, à vous comprendre. parce que vous êtes jamais foutu de dire ce que vous avez réellement sur le coeur. tu mettras jamais de mot sur tes crises de jalousies passagères, ni même sur ce manque que tu ressens depuis un an. ce vide, que tu ne saurai combler. tu fais chier Livia. putain tu fais chier. c’est à ton tour de fixer l’horizon étoilé, appuyé contre le garde-corps, une main à l’arrière de ta nuque alors que t’essaies de te détendre. d’arrêter ce flot de sentiment que tu pourrais vomir à tout moment. c’est une clope que tu allumes de nouveau. t’intoxiquer encore et encore pour oublier le palpitant dans ta poitrine.

elle sait pas comment elle a réussi à maintenir le cap pendant près d'un an livia. alors qu'elle ne se sentait jamais aussi entière de quand il était là, alors qu'il lui manquait comme la deuxième partie d'elle-même quand il n'était pas là. c'était la première fois que ça arrivait un éloignement qui perdurait aussi longtemps. et même si c'était elle seule qui l'avait décidé, et même si elle ne l'avouerait sûrement jamais parce que ça reviendrait à rendre nuls ses propres choix, elle lui en voulait de ne pas avoir mis à mal ses plans, de ne pas l'avoir acculé. c'était si facile de filtrer un appel alors que face à lui, elle aurait bien été forcée d'assumer ses décisions limite discutables. elle s'en prend à lui parce que c'est plus facile que d'affronter la merde qu'elle avait causé avec la plus grande des maîtrises. faut croire que je les avais bien planqué ouais. il n'a jamais eu besoin de ça ismaël, il sait ce qu'il vaut. et c'est bien pour ça qu'elle ne saisit pas tout malgré les efforts qu'elle y met. mais c'est aussi pour ça qu'elle préfère se taire et ne pas en rajouter, ça n'avancerait à rien, tout comme le reste de l'échange. puisque c'était comme s'ils ne s'entendaient pas parler. c’était tout comme livia. et il a raison ismaël quand il lui dit que sa prise de distance revenait à un abandon. tu t’es éclipsée, sans rien dire. et peut-être bien que j’ai tord, en débarquant à l’improviste pour tenter de voir. mais comment tu peux me reprocher de ne pas assez donner de ma personne, de pas assez comprendre, si tu cherches à m’en empêcher. et il a encore raison quand il dit qu'elle l'empêche de comprendre ce qui cloche. parce qu'elle en occulte la moitié, parce que ça ne servira à rien de lui dire de telles choses, à moins de chercher à compliquer encore plus ce qui l'était déjà bien assez. prenant le temps d'expirer lentement, elle a l'impression d'en perdre son latin pour la première fois depuis qu'il avait débarqué. parce qu'il venait de faire ce qu'il aurait dû faire depuis plusieurs mois déjà, et qu'elle ne pouvait plus lui répondre quoique ce soit sans lui mentir. touché. sauf qu'il ne peut vraisemblablement pas comprendre pourquoi elle en est là, pourquoi c'est devenu si difficile de lui parler sans peser chacun de ses mots. tu fais chier livia. putain tu fais chier. elle lève les yeux au ciel en même temps qu'elle répond. j'peux te renvoyer le compliment. si tu savais combien tu me facilites pas la vie non plus ismaël. heureusement que t'es venu. elle laisse échapper ça dans un demi-sourire, à peine perceptible. et même ça, elle n'est pas capable de le dire correctement. alors que ça sous-entend tellement de choses. tu m'as manqué, nos délires m'ont manqué, même tes coups de sang m'ont manqué, juste ta présence en fait. sauf qu'elle a perdu les codes au moment où elle s'est perdue elle-même entre ce qu'il fallait et ce qu'il ne fallait pas. et ça la fatigue d'être limite en guerre avec lui, elle a pas envie de ça. c'était pas de cette manière que c'était censé se passer. elle jette un regard vers la porte vitrée pour voir ce qui se passe à l'intérieur avant de reposer le regard sur lui. pourquoi on sait plus se parler comme avant isma' ? qu'est-ce qui a foiré ? elle commence. j'veux dire... c'est toi, c'est moi, on est au-dessus de ça, non ? elle voudrait juste que ça cesse, et qu'ils reprennent là où ils s'étaient arrêté, juste avant que ça déconne. avant ses gamineries qui n'avaient avancé à rien, à part à créer une espèce de gouffre entre eux.

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je fais tout de travers, je ne sais pas quoi faire de mes dix doigts en sang. je fous ma vie en l'air, à chercher la lumière et des vrais sentiments.

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