(tw: sexe) all she wanted was the answer

Museaux qui se cherchent, se trouvent.
Je découvre des lèvres charnues et douces. Un baiser tendre et si savoureux. Il répond sans tarder à mon approche. Ses mains qui descendent lentement sur mon corps me poussent à échapper un soupir, une plainte de satisfaction. Encore... Une chaleur monte à l’intérieur de moi. Il ouvre le feu dans mes entrailles.
La mince fourrure qui me recouvrait, n'était pas encore assez riche pour me protéger de toutes ces sensations prometteuses. Lui, il savait tout ça. Il avait déjà mué bien des fois, j’en étais certaine.
Dusan réveille des choses en moi, des instincts inconnus et impartiaux. Divins.

Je me retrouve rapidement face à lui, nos yeux empoignés les uns aux autres. Je succombe à ses lèvres, à ses baisers si sensuels soient-ils.
Nos corps l’un contre l’autre.
Son bassin contre le mien.
La fièvre émane lascivement.
Ses mains qui maîtrisent la situation, des pattes expertes qui vacillent lentement sur chaque parcelle de mon corps.
Je m’abandonne de nouveau à lui dans une nouvelle étreinte.
Une étreinte qui s’enflamme lentement, comme un feu qui s’allume progressivement au sein d’une forêt.
La friction de nos lèvres qui se prolonge.
Une danse presque érotique de nos langues.
Une ritournelle si suave.
Sa main dans mes cheveux et son bras qui me presse contre son squelette.
Mes pattes se posent de part et d’autre de sa taille pour remonter lentement à ses reins.
Mes doigts frileux découvrent la douceur de son grain de peau, au creux de ses reins.
Ses os.
Sa colonne vertébrale si présente.
Ses côtes si creusées...
Des caresses appuyées du bout des doigts.
Des caresses qui sombrent en griffures.
La faim.
Les baisers s’intensifient progressivement.
Fougueux. Ardents. Crépitants.
Je suis captive de son extraordinaire étreinte.
Sa chaleur corporelle me brûle…
Encore.

Mon cerveau ne parlait plus que pour moi.
Profite.
Laisses-toi aller.
Ce n’est que la nature qui reprend ses droits.
Disais-il, le cerveau brimé, blessé, abîmé. « Abymé ».

Avant toi, beaucoup d'autres ont touché cette peau que tes doigts effleurent.
Que tes doigts caressent.
En réalité, je ne sais pas si ce sont des caresses, ou autre chose.
Je connais l'affection, pour en avoir été l'avatar auprès de ceux qui me glissaient suffisamment de ressources financières.
Mais je ne sais pas ce que c'est que d'en recevoir vraiment.
Je ne sais plus.
Maintenant, je m'incarne au gré des envies des autres. Toujours les autres.
Est-ce que toi aussi, tu es les autres ?
Tu ne me donnes rien. Tu n'es pas venue frapper à ma porte pour me demander mes services, pour ma nudité. Pour cette affection que je sais et travaille depuis toutes ces années.
Peut-être que la définition que j'en ai est fausse. Ce que je donne à ces autres n'a rien à voir avec ce que toi tu me donnes en ce moment.
Je ne sais pas comment ça s'appelle.
Mais je regarde.
Je sens.
L'entrelacement de mes os sous tes doigts.
La peau tendue sur ma carcasse émaciée.
Oui, vraiment, je pourrais être plus fort.
Je pourrais déplacer des montagnes.
Je pourrais faire tout ça.
Et si c'était plus agréable à toucher ?
Sans doute qu'une apparence dépourvue de chair est moins intéressante.
Tu me donnes envie d'y réfléchir. De faire des efforts. De me regarder plus près.
Je me demande à quoi tu penses.
Est-ce qu'il se passe la même chose qu'avec tous ces autres.
Et si je couchais avec lui, pour voir ce que ça fait. Il est jeune, y a pas d'engagement. Pas d'argent. Je peux fuir dans ma bagnole blindée quand je veux.
C'est vrai que je ne reconnaîtrais jamais un visage derrière des vitres opaques. Je ne cours pas après. Je garde mes forces pour recommencer à soupirer avec les autres. Les autres, les autres. Mes chasseurs, mes proies, mes fidèles, mes amants et amantes, mon piège le plus assassin, fatal et meurtrier.
Un rêve que j'entretiens avec verve et dévotion.
Sans un mot, j'attrape tes mains.
Tes poignets.
C'est dans tes yeux que je me noie en premier pour regarder.
Des lacs bleus dans lesquels je voudrais glisser.
Je crois que je me laisse un peu fondre sur toi.
Toujours à la crevasse du cou, là où j'aime le plus me réfugier.
J'y abandonne un soupir infini, écrasé par mille tonnes.
Je pousse tes paumes à voyager plus haut. L'abdomen. Le poitrail.
Je veux plus.
Plus.
Les autres ne me donnent jamais ce feu. Ils me laissent les braises.
J'embrasse encore, partout où je peux sur la surface qui m'est donnée, transporté d'une félicité silencieuse.
S'il faut, je ferai plonger tes caresses dans mes vides les plus terribles.
À la fosse où je repose, j'y laisse couler un rire goutte à goutte
satisfait d'avoir perdu à mon propre jeu.

Il y a l’imagine virtuelle.
Il y a l’avatar.
Il y a ce masque.

Ta peau, si douce soit-elle, a connu combien d’empreintes avant la mienne ?
Le bout des doigts qui découvre, sent une certaine frigidité.
As-tu déjà donné cette autorisation à l’inconnu, de venir ainsi découvrir cette pellicule intime et identitaire qui te protège ?
Caméléon.
Me laisserais-tu cette permission de toucher l’épiderme du Loup ?
Ceci contre la cupidité de l’attachement.
Mon Loup, fais moi la charité de l’altruisme…

Est-il nécessaire de trouver un nom à ce comportement ?
Je ne comprends pas non plus cette énergie qui me dépasse.
Ce besoin de me rapprocher de toi. Un rapprochement animal. Alors que nos regards se sont connus, il y a à peine quelques heures.
Je ne connais pas ces émotions.
Je ne connais pas ces sentiments.
Moi, la vieille carcasse, qui a déjà tant consommé d’individus.
Je ne les reconnais pas quand je te caresses.
Je ne me reconnais pas quand tes lèvres caressent tendrement les miennes.

Ta présence est un bon présage. Elle me fait oublier tous les artifices de ce monde. Elle enracine mes pattes dans le sol dur et tempère les dédales de ma vie. Elle apporte mon attention sur l’odeur, le parfum. Elle réveille mes papilles, adoucie le goût. Elle exalte mon ouverture sur le monde, revivifie mon regard sur l’essentiel.
Je me sens liée à Toi.

J’apprécie ton corps pour ce qu’il est, pour ce que tu es, pour ce qu’il me fait et rien d’autre.
Je suis restée près de toi, sans te connaître vraiment, parce que mon instinct me poussait à le faire.
Laisse moi cette chance de pouvoir te toucher encore, rien qu’une fois…
Je ne partirai pas.
Je ne prendrai pas la fuite.
J’ai été ta proie d’une manière, maintenant j’en suis quelque chose d’autre grâce à toi. Une nouvelle conquête, à une autre façon.
Je sens tes mains qui viennent chercher les miennes. Nos doigts qui s’entrelacent. Tes mains sur mes poignets. Mon visage se fige, nos yeux s’embrasent.
Ressens-tu ce que tu as illuminé à l’intérieur de mes organes ?
Il y a une flamme qui s’est doucement allumée.
Tes manœuvres ont tellement de poids sur mon être, que cette flamme parvient à se consumer délibérément. Le feu s’anime lentement en un tourbillon de sensations. Les flammes deviennent furieuses. De plus en plus agitées, recherchent cette oxygène qui leur permet de ne pas suffoquer.
Tu m’as ensorcelé.
Tes baisers dans mon cou, c’est une fureur. C’est ce feu qui me consume et m’anime.
Tu a ouvert une brèche à l’intérieur de mon corps. Et cette brèche désire plus que tout fusionner avec ta nature animale…
Dans le silence de notre étreinte, dans la mouvance du Queens, je susurre, haletante.
Spontanéité.
« Je n’ai pas envie que ça s’arrête... »
Il y a des idées qui se bagarrent et qui émergent à l’intérieur de moi.
Et le feu qui me motive.
La fièvre.
Je veux plus de Toi. Mon Loup.
Si je pouvais te toucher à nouveau, moi aussi, me jeter à ton cou comme on attrape une proie dans la neige de l’Arctique.
Tout comme nos ancêtres.
Si je pouvais enfoncer mes crocs entre tes os, après y avoir léché le fruit. Découvrir les centimètres de cette dépouille.
Mes membres souffriraient presque de cette frustration profonde, comme si que la vie m’avait handicapé depuis quarante-et-un ans.
Un réveil brutal et si intense…
Entends-tu mes désirs ?
Mes mains sous tes vêtements, sous cette fourrure épaisse.
Encore, et encore.
Les doigts qui découvrent, se déplacent le long de ce poitrail avec ton autorisation.
Remontent jusqu'à la nuque, les cheveux pour les agripper.
Intensément. Cette peau douce, si douce comme tu l'es avec moi.
Je le sens pourtant si vivant ce squelette si fragile.

Faisons de ce toit un autel...
Loin des regards indiscrets.

Dusan était cette espèce particulière et sauvage qui n'acceptait pas de pouvoir recevoir l'amour véritable, trop habitué à recevoir les avances matérielles, le plaisir éphémère, le bonheur illusoire.
Dans tout cela le vrai amour n'existe pas.
Il n'existe pas, et, fatalement, ces caresses partout sur son épiderme et ses recoins les plus sensibles font vibrer de concert cette machine mi-animale mi-humaine comme si l'amour avait toujours été là.
Il attendait simplement l'étincelle.
Il attendait l'appel, des doigts assez fins et malins pour se glisser aux régions les plus inexplorées. Hors d'atteinte. Il est difficile de toucher le cœur lorsque l'on n'a que le corps.
Un souffle puissant s'immisce en lui, chamboule les rouages huilés à l'intérieur et si rodés depuis tellement de temps que finalement le monstre semble s'arrêter de gronder tout à fait.
Je n'ai pas envie que ça s'arrête.
Lui, il ne sait pas s'il veut que ça continue.
Est-il seulement prêt pour ça, pour l'amour.
Les tendresses remontent à sa nuque, s'emparent de ses crins bruns.
Une fièvre lente et létale le pourfend, frappe chirurgicale.
Est-il seulement prêt pour ça.
Mû d'un formidable désir, le voilà à pousser la louve vers l'arrière.
Il la pousse, la pousse, avec autant de douceur qu'il est possible d'attirer l'amour contre les froides briques d'un toit nu et perdu en plein désert de béton.
Le genou entre ses cuisses à elle, fait l'affront à ce pan de robe trop blanche qui détonne dans la fureur vivante de ces soupirs abrasifs.
Hissé à son cou, toujours, ses murmures qui tombent, baisers qui chutent, retournent chercher les lèvres jumelles pour y goûter la saveur tant appréciée.
Ses paumes descendent, frictionnent la poitrine menue, ses flancs, préparent la danse.
Est-elle seulement prête à abandonner son humanité ici, si proche du premier ciel.
Enlisé dans ses envies les plus primaires, les plus définitives, son murmure se répand.

-- Maintenant... J'ai envie. Maintenant.

La confiance, s’installait-elle progressivement dans cette étreinte lascive ?

Selena découvrait la bête, l’animal qui s’érigeait devant elle. Son ombre l’enlaçait ardemment, lui faisant découvrir des sensations nouvelles et inconnues.
Les notions animales, la communication non verbale.
Ce garçon, tout juste rencontré en fin d’après-midi, avait muté en un mammifère flamboyant et sauvage. Cette créature semblait sortir d’un conte de fée, en vue de lui faire découvrir des sensations inouïes et ressortissantes des histoires chimériques les plus improbables.

Son corps frêle accolé contre le mur d’un toit nu. La procureur sentait les lignes froides et rectangulaires de la brique, qui se dessinaient dans son dos. Mais rien ne pouvait refroidir cette fièvre qui montait à l’intérieur de son corps.
Dusan maîtrisait parfaitement ses gestes.
Un satyre.
Le genou entre les cuisses. Cette robe médisante qui dérange. Ce peu de vêtement qui semble encore s’interposer à l’union.
Les déclarations de son étalon.
L’instinct primaire. La souffrance d’un désir inassouvi.
Les mains expertes sur sa poitrine.
Il y a la bouche qui halète, les yeux qui supplient. Le corps qui répond inlassablement.
Selena se sent si légère face à l’emprise de son Loup. Sa force telle qu’elle soit, elle ne l’arrêtera pas.
Ses mains à la chevelure descendent lentement sous le vêtement et attrapent cette ceinture de coton pour la tirer. Le lien autour qui sert ce jogging à la taille de Dusan, elle tente de lui montrer ses motivations.
Dessous.

Les frissons dévorent le corps de Selena qui se cambre.
C’est les baisers de son Loup.
Ces gestes si foudroyants la déchaîne.
Il n’y a plus de place pour la frustration…

Il y avait plus beau.
Plus cher.
Plus grandiose.
Mieux que la brique.
Mieux que le vent qui file et mord la peau.
Mieux que la toison d'une lame de béton.
Mieux que la nuit.
Mais il n'y avait pas d'instant plus précis.
Plus précis que celui-là.
Pelages qui se touchent et se découvrent,
se font et se défont.
Comme c'est étrange de traverser la barrière de l'intime sans qu'il y ait eu la moindre pièce versée. Le moindre billet froissé.
Il n'a pas l'habitude, Dusan.
Terre inconnue.
Peau douce et entretenue qui glisse sous la pulpe de ses doigts.
À l'ouverture de son bas, le contact se fait plus appuyé. Plus prononcé.
Signe qu'il est temps d'abattre les derniers remparts.
Ne serait-ce que pour une poignée de minutes.
Une poignée d'éternité.
Le ciel s'habille de noir et blanc, couvre sa pudeur.
Là où femme et homme, lentement s'effeuillent.
À elle il fait descendre la dentelle dissimulée sous les volants blancs.
Un peu.
Un peu plus.
L'accessoire s'échoue aux chevilles sans un seul bruit.
L'équilibre est mince, chancelant.
Précipité, le voilà qui pousse le jogging vers le sud. Flanc gauche, flanc droit. L'habit capitule par saccades.
Ne reste qu'une pellicule noire, drapant la virilité déjà enflée.
Le feu aux joues, le feu au corps, sa carcasse toute entière s'épouse à la louve, emplie d'un désir brûlant.
Il lui laisse le droit d'ôter la dernière preuve de son humanité, prison de tissu étroite et serrée.
Il lui laisse le droit, et pourtant, il a déjà guidé les caresses féminines jusqu'à son aine, faisant rencontrer les phalanges au relief qui se gonfle sous le noir mat.

Les prémisses, c’était cette parade nuptiale qui s’était éternisée entre nos deux corps.
Nous étions deux animaux vagabonds qui s’étaient trouvés sur le même chemin.
Il était nul question de vivre heureux et d’avoir beaucoup d’enfants, même si cela pouvait être la bonne définition pour la longévité de notre espèce…

Dusan m’avait offert la métamorphose, et me faisant découvrir le désir animal. Les sensations étaient décuplées. Je n’étais plus humaines, l’espace de ce temps qui semblait infini.
Mon odorat devenu exponentiel par la truffe. La vision était plus figée, fixe, je ne voyais que lui. Les caresses du vent sur le pelage, une fourrure protectrice. Je ne ressentais plus cette robe blanche qui ne me protégeait plus de rien. Mon attention ne se portait plus sur mon côté humain. C’était anodin. Pas prévu, et c’était agréable, si agréable.

Ses doigts sur ma peau, qui caressent la toison.
Les soupirs, les frissons.
Les étoiles commencent doucement à s’aligner, spectatrices de l’union, annoncent le baptême.
La délicatesse du Loup invite et détermine la suite.
Nous étions tous les deux fusionnels sur ce point.
Entre quelques baisers, caresses, il y a les yeux de mon Loup qui sont devenus noirs, brillants.
Mordre ses lèvres quand il fait glisser la dernière protection.
Sans prétention.
Comme il est difficile de résister à cet appel magique.
La main qui se trouvait en dessous, encourage encore, soucieuse de prendre le temps et de faire languir un peu.
Il y a des découvertes qui peuvent peut-être attendre une prochaine fois.
La louve ne peut plus attendre et cède à la tension.
Le tissu noir tombe lui aussi.
La main effleure et découvre en douceur.
Encore, elle fait languir quelques secondes pour découvrir la peau sensible et douce.
Les regards se croisent de nouveau.
Dans le bas-ventre, il y a le sang qui cogne, cogne fort.
Sans attendre, je passe mes bras autour de ses épaules, ceci afin qu’il me prenne dans ses bras et me porte.
Nos corps l’un contre l’autre.
Contre ce mur de brique.
Je retrouve ses lèvres, la sécurité.
La louve, désireuse de son étalon appelle en découvrant à son tour le cou.
Comme à la chasse, en Arctique.
Elle hume, et dépose la langue. Elle découvre un lien perceptible entre l’odeur et le goût de sa peau.
La salive est savoureuse.
L’envie d’y déposer les crocs est présente.
Les bras sont serrés au cou, les mains dans les cheveux, les doigts qui caressent.
La bouche à l’oreille.
Elle chuchote.
« Je n’attends que Toi mon Loup…. »

Sous la pâleur d'une peau trop maigre, la force survient en cet instant.
Elle coule dans ses veines, nébuleuses sous les bras.
Ses cuisses attrapées, puis soulevées, la voilà funambule pendant que lui les fait s'enfoncer ensemble dans la paroi bétonnée.
Un maintient précaire. Capable de s'écrouler en quelques secondes à peine.
En un soupir.
Sa plus grande sensibilité découverte, évidemment que le loup se palpe lui-même pour tester sa capacité.
Difficile d'ignorer ce qui s'érige lentement entre ses jambes.
Il n'existe plus beaucoup d'humanité.
À mesure qu'il la surélève, le relief de ses omoplates se dessine, marque les ombres. On devine des épaules plus fortes que prévue. Un dos courbé vers elle, empreint d'une dévotion pieuse, certaine.
Toujours niché dans ce caveau des soupirs, là où s'échouent morsures et salive animale, on entend sa respiration pulser avec force et vigueur. Ses yeux noirs et vitreux qui ne renvoient plus aucun reflet tant la chaleur y a fait brûler les couleurs.
Et pourtant toute la vie s'y écoule, fumante et prospère. Dense et fabuleuse.
La puissance se dirige à ses biceps, ses avant-bras.
Celle qui fut oiseau ne peut plus s'envoler seule désormais, n'est-ce pas.
Aussi la pousse-t-il à rejoindre les cieux. Une charge qui s'élance vers l'avant.
Et, enfin, le chemin se fait.
Un parcours qui lui arrache un grondement sourd et rauque, échoué à la brique rouge.
Les chairs s'épousent. S'affrontent.
Chaleur infernale et bourdonnante qui irradie au creux des reins.
Voir l'enfer puis le paradis.
Comme soulagé d'une antique blessure, Dusan rejette sa nuque vers l'arrière, rugit son ode à la joie.

Il est vrai que les plumes ont disparu.
L’envol n’est plus le même, mais je suis dans ses bras.
La bouche sur sa peau, les gémissements sont étouffés.
Un premier contact un peu rigide, qui laisse place à une osmose partielle et revigorante.
Une danse.
Une friction entre les corps.
Le Loup expose sa puissance.
L’union est unique, palpable.
Les mains qui attrapent vivement les cheveux.
Le souffle en saccade, une synchronisation pulmonaire intacte.
Les gouttes de sueurs qui perlent le long des tempes.
Mon corps se tend et savoure ce moment indélébile.
Le vent épouse la longue crinière blonde.
Les chairs réunies s’accomplissent, satisfaisant le corps.
Un bien indescriptible.
Avec lui, maintenant.
Encore…

Mon Loup,
Je t’ai attendu et je ne suis pas déçue.
Je ne peux imaginer ce qu’il en aurait été si je n’avais pas pris ce risque de te suivre.
Tu ne me fuis plus.
Convoitise conquise.
Écoute la musique qui berce notre fusion…

Le temps bat son plein en bas.
Le queens anime ses bars et ses discothèques à ceux qui veulent se rencontrer. Il y a les rires, les cris et les paroles en l’air.
Les voitures qui roulent toujours en bas, et qui grondent.
Mais je n’entends que lui, mon étalon. Ses plaintes m’absorbent.
Encore. Et encore.
Je l’accompagne, il semble si expert dans ses manœuvres…

Ce plan tout à l’heure. C’était tellement stupide.
Il avait raison. La spontanéité est tellement plus intéressante.
Le rôle que je souhaitais lui donner n’en est finalement pas un.
Le Loup, il en était vraiment un…

J'ai l'impression d'avoir dormi dans cette pleine lune qui a brillé pendant deux nuits de suite.
Au plus je sommeillais à l'intérieur de ce disque blanc dépourvu de son et de couleurs, au plus je plongeais dans un repos profond qui ne me destinait à aucun réveil.
Quelqu'un est venu crever cette bulle.
C'est peut-être de là que vient le croissant de lune.

C'est comme s'il ne portait rien.
Un souffle.
Une parcelle de chaleur, tout au plus.
Juché sur le toit, des rêves pleins la tête.
Dusan s'enfonce un peu plus loin.
La fraîcheur des briques, la pâleur du croissant au-dessus de sa tête.
Croissant prêt à le faucher à tout instant.
Il n'a pas l'habitude.
Lui il connaît le matelas trop dur, jauni à ses recoins.
Les ressors limés qui coupent les poignets.
Le cri des bêtes sauvages, les avertissements pour le cerner dans un carré d'appartement.
C'est comme s'il portait le collier. La laisse. Le harnais.
Mais ce soir
Ce soir non.
Ce soir il respire.
La chair ébouillantée qui pulse, qui pulse, qui s'écrase à elle.
Des muscles semblent pousser à son dos, épaissir ses bras.
La force.
La force de ne faire qu'un.
La force de quitter son cocon pour s'offrir à quelqu'un.
Pour s'offrir vraiment.
Pas d'argent.
Pas d'avertissement.
Pas de morsures qui enlèvent la peau.
Rien que des façons d'aimer.
De lui soustraire cette apothéose qui le fait gronder.
Hissée au ciel noir, la félicité glisse de sa gorge
court rejoindre la toison
pour peut-être aller à son tour s'engourdir dans un sommeil profond.

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