(tw: sexe) all she wanted was the answer

Je trouvais presque sa réaction excessive quand il accueilli la cigarette entre ses doigts. Il me fit presque penser à ces personnes en manque. J’en avais vu un certain nombre en visitant à plusieurs reprises la prison du district. Je n’en prenais pas compte, malgré que cela pouvait laisser songeur.
Il est vrai que je m’attendais à autre chose, et peut-être que finalement ce genre de réseau pouvait laisser place à bien des imaginations. Peut-être un peu trop enjôleuses d’ailleurs.

Nous avions tous les deux des profils qui se correspondaient plutôt bien, s’il aimait les femmes mûres.
Je restais bloquée sur ces derniers mots. Ambigus. Je ne comprenais pas ce qu’il voulait dire par « c’est désirable. »

Il me rendait ma cigarette, j’avais presque l’impression de perdre la main sur la conversation. Son comportement me faisait presque penser qu’il tentait de me dominer. Par son regard, sa voix, ses réactions et ses paroles.

Ce que je cherchais sur cette application. Si seulement je le savais… Ce que je cherchais... Oui je le cherchais c’est vrai. J’attendais qu’il me tombe dessus…
Mon ancienne vie à Los Angeles n’était pas dans les mêmes tonalités. Je portais l’alliance, devais me montrer sérieuse dans mes fonctions. Cela ne m’arrêtait pas pour autant, je n’avais bizarrement pas les mêmes facilités à trouver des amants redoutables. J’en étais même arrivée à trouver un détenu très investi dans sa défense jusqu’à son procès. Être avocate m’aidait à rencontrer régulièrement des hommes, et bizarrement la prison est un bon moyen de frustrer les humains, mais pas de les castrer.
Ce que je cherchais… et bien, une personne qui saura me faire vibrer.
Je tirais une dernière fois sur ma cigarette avant de l’écraser dans le cendrier en verre. Mon regard se posa dans ses yeux qui changeaient déjà de couleur. Surprenant.
« Et bien… comme tu as pu le voir, je suis une personne avec des moyens et une situation professionnelle très… riches. Je… je suis divorcée. »
Pour ne pas dire que je m’ennuyais, clairement, et que j’avais cette envie de la peau, de l’humain. J’avais ce besoin, comme chaque animal sur cette terre, de connaître la friction entre deux corps, la sensualité, le réveil des sens, l’osmose, sans finalement émettre de sentiments là-dessus. Je ne savais clairement pas expliquer ma situation. A croire que je pouvais raconter des tirades, en plein milieu d’un tribunal face à une centaine de personnes. Mais j’étais incapable de dire à un inconnu que mes envies de sexe étaient particulièrement… exigeantes.
« Beaucoup de femmes n’assument peut-être pas ce genre de choses. Mais pour ma part, je souhaiterai trouver quelqu’un avec qui découvrir... la sensualité, la vraie.  Dans le respect, et dans des règles strictes parce que je ne souhaites pas exposer ma profession. »
Il est vrai que me retrouver à dire ce genre de choses en plein milieu d’un café, ne me mettait pas à mon aise, mais c’était dit.
Je remarquais que la lumière du jour baissait doucement en opacité. J’avalais de nouveau quelques gorgées de café, cherchant un léger réconfort dans la boisson. Je repris la parole, moins assurément que précédemment.
« Je pense que tu as remarqué dans nos échanges que… que j’aime les choses raffinées… Cela me ressemble beaucoup, et même dans le sexe. »
Mon regard semblait regarder les personnes autour de moi, je n’étais pas à l’aise pour en dire plus. C’était intime et ça m’appartenait.
« Que recherches-tu sur cette application, des femmes plus âgées… j’imagine que ce n’est pas pour se regarder dans le blanc des yeux... »
Je pouvais être très réservée comme très cash, c’était un trait de ma personnalité.
Je n’aimais pas forcément que nous passions par des explications pour passer un moment ensemble, mais finalement c’était peut-être un moment indispensable. J’avais réalisé le même rituel avec Andrew, même si je devais avouer que j’étais bien plus à l’aise avec lui qu’avec Koval. Je finis par briser le mystère.
« Comment t’appelles-tu ? »
Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais avec ce type. Allait-il vraiment convenir à ce que je cherchais, et allait-il rester ?
Je pouvais très bien lui faire peur avec des fantasmes à l’eau de rose…

Dusan.
Voilà un prénom que je n’avais encore jamais entendu. C’était la première fois que je l’entendais. J’aurais d’ailleurs pu le confondre avec un énième pseudonyme. J’avais souhaité connaître son prénom parce qu’il est vrai que je commençais à m’impatienter.

Je n’appréciais pas cette image que je commençais à lui soumettre de ma personne. J’avais cette impression de venir quémander, mais si je voulais que les choses prennent formes, il fallait bien mettre des mots et des limites à mes désirs.

Mon choix de surnom avait l’air de lui plaire malgré tout, c’est que finalement l’image du cygne ne lui déplaisait guerre. Difficile de cerner ce jeune homme, je mettais cela sur la jeunesse. Je me rassurais en m’assurant qu’il était rarement possible d’avoir le beurre et l’argent du beurre. Difficile d’avoir un homme endurant avec une certaine maturité. J’en faisais une généralité. Je sais… ce n’est pas bien.
« Tu peux m’appeler Selena. Mais si ton désir… c’est de continuer à m’appeler et à me traiter comme un cygne… et bien… je te laisse la liberté de m’appeler comme tu le souhaites... »
Je ne savais pas si j’avais pris un air sérieux ou plutôt un tantinet aguicheur, mais j’avais bien pris soin de le regarder dans les yeux.
Cultiver le mystère, c’était finalement une très bonne stratégie pour mettre un peu de piment entre nous, mais est-ce que ce garçon appréciait vraiment ce genre de commodité ?
Jouer sur les surnoms, me laisser considérer comme un animal, c'était peut-être là que nous allions trouver un terrain d'entente et de succès.

Dusan commença un petit jeu avec sa serviette de table. Inconsciemment j’étais suspendue à sa réponse et j’en fis toute étonnée quand j’en entendis le contenant. Il me faisait clairement frémir.
Au delà de me faire croire qu’il ne cherchait rien... Ses mots étaient émoustillants, chauds. Peut-être faisait-il exprès de me poser des questions aussi particulières pour attiser quelque chose ?
Il était peut-être joueur ?
Je n’étais pas à l’aise pour y mettre des mots, pas ici.
Dans l’intime, oui, mais étant à la terrasse d’un café.
Il y avait toutefois une pointe d'excitation à saisir dans ces moments. Je n'y étais pas indifférente.
« Tu te poses vraiment la question ? »
C’était dit sur une voix posée, sans excès. Pour accompagner mes dires, je vins doucement chercher une de ses chevilles en tentant de me retrouver à l’intérieur de son tibia. Du bout d’une de mes sandalettes, je commençais à découvrir un pied confortablement recouvert d’une basquette. Mes orteils pouvaient reconnaître les lacets de la chaussure, alors je remontais doucement à l’ourlet de son jogging, allant jusqu'à me faufiler à l'intérieur. Joueuse, j'étais à la recherche d'un petit chemin à se frayer.

Je n’avais pas froid aux yeux, clairement pas. C’est vrai que je savais ce que je voulais dans ce genre de moment, mais je me sentais comme happée par le vide malgré moi. Je ne savais pas où j’allais avec ce type parce que je ne le connaissais pas assez. Finalement, le virtuel avait ses limites. Au delà de me plaire physiquement, moyennant efforts, je ne connaissais pas ses capacités et ses envies.
J’arrêtais lentement le petit jeu que j’avais commencé d’entreprendre. C’était une simple mise en bouche, et je souhaitais rester prévenante sur ce que je faisais. Si mes idées n’allaient que dans un sens, je n’aurais pas apprécié de jouer avec ma réputation. Je ne m’éternisais pas sur les personnes qui n’avaient pas envie de s’investir un minimum.
Dire cela ne veut pas que j’avais pour habitude de rencontrer des personnes tous les quatre matins…
Je finis par lui demander dans un air faussement innocent.
« Ça te parle ?... »

Je commençais à me demander ce qu’il avait prévu pour ce soir.
Il avait été adorable sur Tinder, mais finalement quelles étaient ses réelles intentions ?
Avait-il imaginé quelque chose avec moi ?
Pour ma part, je n’avais pas prévu de tomber sur un jeune homme aussi simple, mais la vie peut parfois révéler bien des surprises…  

Je prenais ce qu’il m’arrangeait dans la description du cygne. Je me retrouvais dans sa grâce, sa volupté et son regard mystérieux. Je voyais dans le cygne, un être délicat et sensible, presque inaccessible. Dans les yeux noirs du cygne, on ne peut lire tous les secrets intimes dont il s’interdit de se défaire.
Je n’avais pas cette image de fidélité comme on aurait pu la décrire, mais Dusan pouvait trouver fidélité s’il trouvait les moyens pour me satisfaire…
Pourquoi irais-je chercher de nouvelles aventures, si finalement la rencontre d’un homme talentueux me portait à la véracité. Il n’était pas question de porter mes intentions à l’inconnu, si le regard du cygne est ainsi fait.

J’écoutais ses réactions, réactions plaisantes car il se projetait dans l’immensité des loisirs que je lui proposais. Un animal, si je devais me rapporter à ses photographies et l’image que j’ai de lui, un chien ou un loup me semblait le plus approprié.
Je le dévisageais, aujourd’hui il ressemblait à un sac à puces avec désinvolture. Ses cheveux rebelles me rappelait ces images que l’on trouve dans les comptes de fée. J’étais loin de m’imaginer dans le rôle du petit chaperon rouge car je rencontrais des difficultés à me sentir aussi innocente… Maîtresse du jeu, je lui répondis sans vergogne.
« Tu me fais penser à un loup... Parce que le chien, c'est trop domestiqué... »

Bien sûr que cela lui parlait…
Ce jeu subtil, cette sensation foudroyante. Sa réponse à mes actions me laissait stupéfaite. Mes yeux vinrent retrouver les siens, il me piquait au vif. Cette première caresse divine en appelait à d’autres, me laissant échapper un léger soupir entre mes lèvres. Il pouvait lire la surprise dans mes yeux, couleur du ciel d’été. Un ciel où le cygne aurait pu prendre son envol vers de nouvelles contrés…
Je lisais sur ce sourire malicieux tout un panel de surprises. Il me rendait curieuse. Curieuse avec cette retenue incertaine et nonchalante.
J’avais besoin de ces réponses qui donnent le courage et l’audace, bien que j’avais déjà bien amorcé les règles du jeu. Sa réaction, sa malice, une fourbe sans faille. Sa réponse allait au-delà de mes espérances. J’étais plus que satisfaite maintenant.
Ma voix se voulait calme et féline, appelant à la poursuite de ce petit jeu, de ces quelques secondes si intenses.
« Je crois que je n’ai rien à t’apprendre... »
Soufflais-je.

Toutes ses suppositions me laissaient rêveuse, presque conquise. Ses plans et ses propositions m’invitaient à l’imaginaire. Un loup pouvait-il vraiment apporter ce luxe à un cygne blanc ?
Toutes ces préparations demandent une certaine rigueur, une discipline, la patiente. Je me rappelais délibérément qu’il était jeune, une vingtaine d’années. Se sentait-il capable de répondre à de telles exigences, venant d’une femme qui avait vingt ans de plus que lui ?
Avait-il déjà, ne serait-ce que vécu un tel schéma ?
Je ne croyais pas si bien dire, je le sous-estimais énormément. Énormément…

Ce qui me faisait brûler de passion, c’était bien sûr le conditionnement. Le conditionnement d’une bonne soirée, et j’étais prête à payer le prix pour que tout soit parfait.
Le conditionnement  trouvait sa place dans l’armature de la séduction. Il résultait d’un tout et d’une combinaison de bonnes manières. Une façon de parler. Une sortie inattendue. Un échange de texto virevoltant. Une soirée bien arrosée. Une discussion passionnante.
Oui, il y avait dans toutes ces occasions, une retenue forcée et frustrante, toutes deux assez importantes pour provoquer la passion, le bestial, l’exception, et l’inaccoutumé. La surprise. Le silence.

J’étais prête à lui offrir les bonnes conditions pour réussir à me surprendre. Si telles étaient ses exigences. Il avait le droit à ce que je ne sois pas la seule à jouir des avantages.
Quelle belle posture avait-il, de se voir ainsi proposer une telle opportunité.
Je crois que si j’avais été un homme, j’aurais jouit de pouvoir ainsi faire bénéficier de mes talents à une femme importante et de pouvoir…
« Serais-tu prêt à commencer une période d’essai ? »
C’était ironique bien sûr, car ce n’était pas un emploi. D’un air amusé, je lui lançais sans retenue.
« On a toujours le droit à une période d’essai non ? Avant de mettre un chien à son nom ?
Le prix de l’adoption n’a aucune importance pour moi alors… si je dois te payer un nouveau collier, je le ferai... »
Sous entendu pour parler de ses vêtements bien sûr. Dusan commençait à prendre doucement de la place dans mon estime et me rassurer dans ses prises d’initiatives. Le payer, non. Le mettre en condition, oui.
Ces quelques mots tendaient peut-être au mystère, mais je ne souhaitais pas lui dire ce qui m’attire et me satisfait. C’est la surprise qui provoque le contentement, pas la réponse à une attente…
C'était à lui de venir le chercher et le découvrir...

Il était loup, mon puissant prédateur, celui qui allait me transformer en proie.
Dusan, que je me devais d’apprivoiser, sans le dompter afin qu’il ne perde pas son état sauvage et brut.
Un loup sauvage que j’imaginais rustique, aux poils durs et drus. La gueule puissance, prête à lacérer mes chairs, la truffe concentrée sur mon odeur, mon identité.
J’espérai mon loup cérébral et fin stratège, délicat à la chasse.
Je me faisais des idées de nos rencontres. Avide.

Il était prêt, prêt à devenir quelqu’un, ce loup.
Il était disponible.
J’entendais ces mots comme jamais un homme ne m’avait parlé. J’en étais d’ailleurs surprise d’en être arrivée là avec lui. Je n’aurais jamais pensé que ce rendez-vous allait partir sur un tel délire. Quelque chose de profond, d’intense, qui réveille tous mes sens.

Jouissif.
Cette image qu’il se donnait auprès de moi, et pourquoi ?
Je me demandais ce que moi je pouvais lui apporter. Un plaisir. La luxure. La liberté.
Peut-être.
Un frisson.
Une caresse.
Une énigme.
Un fantasme.
Bien assez pour briser la monotonie de ses jours.
Il me faisait conserver un sourire satisfait à la commissure de mes lèvres.

Il était en phase de m’appartenir, sacré jeu.
Tentons.
« Je t’appellerai Bosco. C’est le nom que l’on donne au maître d’équipage sur les bateaux. »
Il y avait tant de métaphores par ici. Avec le bleu océan de mes yeux qui invitait les navires à y naviguer. Le cygne, cet oiseau d’eau qui peut très bien observer de loin les bateaux échoués. Des images s’apparentaient à ce délire.
J’étais prête à tenter cette expérience que je n’avais jamais eu l’occasion de connaître par le passé. Rien ne m’effrayait vraiment. Je me disais que cela aurait été vite expédié en cas de déception.

Dusan semblait désireux de bien des choses, presque impatient. J’aimai cette engouement, signe de frustrations futures. Je pris ma pochette pour en sortir quelques billets afin de payer l’addition de nos cafés. A cela, je sortais mon agenda. Un symbole semblable à une balance était encré sur la couverture en cuir noire. J’ouvrais celui-ci, cherchant un créneau fiable dans la continuité de ces jours-ci. Des audiences, des rendez-vous importants, des procès. Des annotations ici et là pour chaque thème abordé. Je finis par le vendredi, dans trois jours et trois nuits.
« Vendredi. »
Je sortais un stylo noir de marque Montblanc acheté à Paris, il y a de cela quelques années. Doucement, la plume gratifiait le papier de petites arabesques pour y écrire quelques mots.
Bosco. 21 heure.
« Vendredi soir, vingt-et-une heure. Je veux que tu réserves la meilleure table, au The View Restaurant… »
Je ne savais pas s’il connaissait cet endroit. C’est un restaurant très chic qui offre aussi le service hôtelier. La partie restaurant se trouve au dernier étage d’un building, offrant une magnifique vue sur notre chère ville de New York. Les menus y sont gastronomiques, de qualité.
« Tu réserveras la meilleure suite pour la nuit. Je paierai. Je veux du vin au repas, et du champagne dans la chambre. »
Il n’aurait jamais eu les moyens de payer le dîner et les locations de la chambre, mais ce n’était pas un problème. J’espérai pour lui qu’il allait se vêtir en conséquence, autrement je serai dans l’obligation d’avorter.

J’arrachais un morceau d’une des pages de mon petit agenda. Un jour, qui était passé depuis un certain temps maintenant. Le 7 septembre. J’écrivais avec application mon numéro de téléphone, avec ce pseudonyme qu’il avait l’air d’aimer. Ton cygne blanc. The View Restaurant, vendredi, 21h. Je lui lançais un regard avant de continuer d’écrire une notion : avec protection. J’espérai qu’il comprenne.
Il était un homme, il se devait de comprendre.

La serveuse vint retirer son dû, sans demander si nous souhaitions prendre autre chose. Je finis par tendre le morceau de papier avant de ranger mes affaires. Si Dusan était curieux, il aurait vu qu’à l’arrière du papier se trouvait des écritures. En effet, des rendez-vous, des détails provenant de la semaine d’avant. On pouvait y lire : reconstitution avant réquisition. Une phrase qui pourrait dire tout et n’importe quoi pour quelqu’un qui n’y connaît strictement rien en justice…
« As-tu des questions ? »
J’étais prête à lui donner ce qu’il fallait pour l’achat d’une tenue, mais peut-être qu’il n’en souhaitait pas tant ?
Les hommes ont aussi leur fierté, n’est-ce pas ?

J’étais dubitative en voyant ses réactions.
C’était peut-être un peu trop pour lui.
J’étais peut-être un peu trop autoritaire non ?
Un peu trop décisive ?
Un peu trop… décideuse ?
Mon métier m’avait forgé ainsi, et je me rendais compte sur le coup que j’en demandais peut-être un peu trop à ce garçon. Au vu de son look, et sa jeunesse, il fallait être réaliste. Ce gars n’avait pas l’air d’être habituée à fréquenter des endroits comme ce restaurant et ses servitudes…

« La réservation, bonne question. Au nom de Wingston. Pour le vin et le champagne, je te laisse la liberté de me surprendre... »
J’avais pour habitude de réserver sous un faux nom pour éviter d’avoir des problèmes. Je n’appréciais pas que l’on me reconnaisse. Cette parade me permettait de vivre une vie à peu près normale, ce qui ne donnait pas matière à ceux qui souhaiteraient m’enfoncer.

Je pensais que nous nous serions directement rejoint dans ce restaurant. Sa question me laissait imaginative. Je prévoyais d’autres surprises s’il s’avérait efficace, mais pour l’heure il était peut-être bon de ne pas trop lui en demander.
« Je te propose de choisir. Que voudrais-tu faire ?… Excuse-moi, je suis peut-être un peu trop… directive… »
C’est vrai. Peut-être que finalement ce mec cherchait un coup d’un soir, tout ce qu’il y a de plus banale. Il y avait, peut-être, de quoi se poser des questions. Rien que l’application sur lequel nous nous étions rencontrées.

J’attendais de la sincérité de son côté, même si je le voyais en plus position de suiveur que de meneur. Cette position de meneur, il la décrochera tôt ou tard lors de notre premier rendez-vous. Mais peut-être que cette situation n’était pas réellement attrayante pour lui ?
Au final, se taper une bourgeoise, d’un certain âge, sans réellement savoir qui sait. Est-ce vraiment excitant ?

Il est vrai que je le traitais comme s’il n’avait que ma personne à voir.
Je ne lui avais pas demandé ses disponibilités, partant du principe que me rencontrer était bien plus important que le reste. Il est vrai que depuis nos premiers échanges sur cette application, nous étions restés tous les deux respectueux des emplois du temps de chacun.
Je le voyais très pris le soir car il m’écrivait moins, et à contrario je le trouvais très disponible en journée. Sa profession de livreur devait sans doute lui rapporter plus en travaillant de nuit.
Pour ma part, cela ne changeait rien. J’avais des horaires de fonctionnaires, réalisant des heures supplémentaires à ma guise en cas de semaines chargées, pour ne pas dire tout le temps. Étant une femme célibataire, sans enfant, je n’avais rien d’autre à faire.
Le fait d’être friquée n’apporte pas forcément le bonheur, surtout lorsqu’on est seule.
Je cherchais en cette rencontre plus de compagnie que de parties de jambes en l’air finalement, il s’en rendrait peut-être compte si nous devions nous revoir.
Il était simplet, et je trouvais cela très bien.
Mon quotidien me berçait bien trop souvent dans des situations érigées par des hommes hauts placés. Rencontrer quelqu’un de simple est parfois un bon pied à terre. Cela permet de souffler, de ne pas toujours devoir apporter une science nauséabonde à qui voudra l’entendre…
Finalement, c’était bien de lui laisser une certaine liberté. Alors pour la tenue, je lui répondis simplement.
« Je te laisse carte blanche. »
C’est vrai. J’aimais les choses simples et trop de bling bling ne m’aurait pas plus non plus. A qui me lit, on pourrait me prendre pour une personne qui ne sait pas ce qu’elle veut. Je suis juste une femme…

Dans un souci de savoir s'il se sentait à l'aise avec cette situation, je lui demandais sagement.
« Qu'attends-tu de cette soirée, et qu'est-ce que tu aimerais y vivre ? »