this ain't a love song. (chad)

01. 14 mai 1998. Tous les renseignements que j’ai, ce sont des informations que j’ai cherché moi même sur internet. Bill Clinton était notre président, on fêtait l’anniversaire de Georges Lucas, Frank Sinatra nous quittait et il faisait chaud, très chaud. Enfin ça, je n’ai aucune preuves. Le reste, c’est un gros point d’interrogation. J’ignore si j’ai fini dans le système parce que mes parents m’ont abandonné ou si c’est parce que eux aussi, sont partis vers un monde meilleur. Je me fais des petits scénarios sympas de temps en temps, pour éviter de déprimer face à l’abandon. C’est le seul point positif, je peux raconter tout ce que je veux et m’inventer l’enfance de rêve. 02. De famille d’accueil en famille d’accueil. Pendant de longues années, celles où je suis resté le plus longtemps, ça devait être quand j’avais trois ans, à peu près. Petit, je ne sais pas pourquoi on ne voulait pas me garder. Plus grand, j’avais juste l’impression qu’ils se cherchaient tous des excuses. Pas assez de temps, pas assez de moyens, déménagement compliqué … Je n’étais pas spécialement le garçon le plus facile du monde, mais je ne méritais pas ça non plus. J’ai pris des coups psychologiquement pendant un temps, persuadé que le problème principal dans ma vie, c’était moi. J’ai heureusement fini par tomber sur la bonne à l’age de 15 ans, famille que je  vois encore aujourd’hui, que ce soit mes frères et sœurs ou mes parents. Je leur serais toujours reconnaissant. Un peu de stabilité en pleine adolescence, la perspective d’un avenir meilleur après mes 18 ans. Comme quoi, il suffit juste de ne jamais perdre espoir. 03. L’avantage à changer de familles assez souvent, c’est que je passais mon temps à tester de nouvelles choses, sportivement parlant. C’est un truc que j’ai toujours aimé, bouger, et tout le monde la remarquer assez rapidement. Une fois je tombais sur la famille qui vénérait le football, l’autre préférait le baseball. Une famille, un nouveau sport. Plus tous ceux que j’essayais par moi même, par envie, par sensations. J’étais assez doué pour tout, décidant de me donner à fond à chaque fois que je me lançais. C’était bon, tellement bon. Et aujourd’hui, je m’amuse toujours autant à tester, encore plus à en faire mon métier. Une histoire qui m’a mené à la carrière que j’ai aujourd’hui même si bon, taper dans une balle avec une batte et sauter d’un immeuble à un autre, ce n’est pas totalement la même chose. 04. Le désavantage, par contre, à changer de famille d’accueil aussi souvent, c’est que je changeais d’école assez souvent. C’est pesant de toujours être le nouveau, d’être celui qu’on regarde bizarrement en se disant qu’il a forcément un problème, vu qu’il est arrivé au milieu de l’année. Mais je m’en sortais toujours, utilisant sourire et bonne humeur pour faire fondre n’importe qui, profs comme élèves. J’aime mettre mon manque de concentration sur ce fait, mais je dois avouer que je n’aimais simplement pas rester sur ma chaise à écouter quelqu’un parler. Heureusement que j’étais assez déterminé, voir borné, pour me pousser à garder de bonnes moyennes et pouvoir avoir mon diplôme de fin d’études. Philosophie de vie : quand je commence, je termine. 05. Fonder une famille a toujours été un rêve de gosse. Je n’ai pas eu la mienne, mais rien ne m’empêche d’en former une. Grande, belle, heureuse. Je jouais au papa et à la maman dans certaines de mes famille d’accueil, et j’ai toujours été le père sympa, cool, sévère mais juste. Des envies que je garde encore mais qui se sont compliquées avec le temps. Car l’envie est une chose mais la possibilité une autre. Il a suffit que je tente un don de sperme pour gagner du fric pour apprendre que j’étais stérile. J’ai tiré une fameuse tête en recevant la lettre du laboratoire où je m’étais rendu, pensant à une mauvaise blague. Si seulement ce n’était que ça. Mélange entre colère et honte, comment faire pour vivre avec cette idée, avec ce fait. Persuadé qu’aucune fille ne voudrait finir sa vie avec moi à cause de ce détail, j’ai enchaîné les conquêtes. Jusque maintenant. 06. Armé d’un crayon et d’un bloc de feuilles, j’ai passé ma vie à me renfermer sur ces pages blanches pour m’aider à surmonter ces changements constants dans ma vie. J’ai d’abord commencé à dessiner, puis j’ai fini par écrire dès que j’ai appris à le faire. Certains se sauvent en sortant, en prenant de la drogue, en buvant … Moi j’écrivais. Et des fois je faisais le débile avec mon skate. Enfin, avec le temps, tout à commencé à ressembler à quelque chose. J’ai tout créer, quelques pages de BD, des petites nouvelles, des potentiels scénarios. C’est mon petit secret à moi, mon truc, mon jardin secret. Et pourtant, je me dis que je pourrais faire quelque chose de tout ce que j’ai créer, être plus que ce gamin qui fait quelques cascades à la place des grandes stars. Bataille constante avec moi même, partagé entre mon jardin secret et l’envie de partager mes créations avec le monde. Bataille qui n’est pas prête de se terminer. 07. J’en ai rencontré des gamins, des beaux quartiers, des moins beaux. Facilité à se faire des amis mais aussi des ennemis. Rien n’est jamais facile, que ce soit pour les enfants ou pour les ados. Puis quand les hormones s’en mêlent, c’est encore plus difficile. Je ne dirais pas que je suis un coureur de jupons, juste que j’ai 22 ans et que je profite de la vie. J’ai eu des conquêtes, j’ai eu des copines. Mélange de romantisme et de manque de confiance, mélange de rêve et de réalité. La vie continue même si dans le fond, il n’y avait que le nom d’une seule fille que mon cœur répétait sans arrêt. 08. Et me voila, aujourd’hui, vivant la vie que je voulais. Mon passé m’a servi de leçons, retenant quelques unes importantes, ayant appris des autres. J’habite avec Mattie que j’aime profondément, j’habite aussi avec deux merveilleux enfants … Que je n’ai pas eu de mal à adopter. Je prends peut être une place que je ne devrais pas, mais je m’y sens tellement bien que je ne veux pas l’abandonner. J’ai la famille dont j’ai toujours rêver et je ne l’abandonnerais jamais. Peu importe ce que le monde extérieur nous réserve, peu importe les embûches. Je me sens tellement bien dans ma bulle que je sais que rien ne pourra la perturber. 09. Si seulement je savais ce qui m'attendais, je ne me permettrais pas d’être aussi confiant et rêveur sur mon avenir. Mais comme on dit, l'espoir fait vivre. Et j'ai assez fait confiance à la vie pour penser qu'elle pourrait me trahir.