Céleste Gainsborough;
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Nastya Kusakina WALDOSIA (avatar) Grisha, Virgil, Orphée, Messaline, Eleusis 303 969 33 Elle n’a d’yeux que pour son mari. Dans la chaleur du temps et des notes, dans l’ardeur du violon et du piano, de la harpe et de la flûte. Nous pouvons la voir sur quelques scènes qu’elle choisit avec méfiance, toujours son air légèrement inquiet.
| Sujet: Les mots étaient des loups (Elio) Mar 19 Jan - 12:01 |
| les mots étaient des loups Chaque histoire possède son monstre, qui les a rendues dures plutôt que courageuse, et alors elles ouvrent leurs cuisses plutôt que leur coeur, là où est blottie et cachée la petite fille du passé Sous le bras son échiquier bien calé, dans ses prunelles le désir de s’enfuir loin d’une réalité oppressante, sous ses pieds le macadam qui s’égratigne sous le poids plume de l’oiseau blanc ; Céleste se dirige prestement sous une pluie battant la démesure vers le lieu rituel d’une partie d’échec future. Elle a natté ses longs cheveux, s’est habillée de coton et de laine pour affronter le froid de l’hiver. Elle s’installe dans le sous sol aménagé de ce café situé en bordure de nature, toujours celle-ci la rassure, le vert des feuilles, la beauté des couleurs, changeantes, la texture différente, elle a la sensation du dur sur le bout de ses doigts, le bruit du vent dans ses oreilles, s’évade dans les impressions laissées par les divagations, elle rêve toujours quand il s’agit d’attendre son invité, joueur expert du moins très talentueux. Elle a placé sur la table réservée les deux plateaux lustrés, vernis, et, de son regard d’océan et de calme, observe le sieur Elio arrivant juste à l’heure. Aucune pique, aucune phrase. Céleste ne réussit jamais à dire bonjour, n’y voit pas un sens profond, supprime alors les troubles cognitifs de son cerveau, il est compliqué d’obéir aux lois de la politesse lorsqu’on ne les comprend pas. La femme a le regard rivé sur son adversaire, pèche déjà des indices de son humeur, sa stature toujours aussi droite, rigide, mais souple et tenace. « Tu as entendu parler du prochain tournoi ? En Californie. Je ne pourrais pas m’y rendre mais j’espère que toi, tu le pourras. » La voix dessine des cercles de douceur, les sons papillonnent, s’éclatent comme des milliers de fragments de cristaux, Céleste a la voix timide, fragile, claire comme une eau de source qui ne reproche ni ne critique. Un contraste qui détonne lorsqu’on mire ses yeux dans ceux de la créature blanche. Il y a au fond l’expression d’une volonté inquiète, terrible. Les mots déposés possède dans la tonalité un regret. Qu’elle taira cependant. « La dernière fois… » A la recherche du mot juste, elle contemple les pièces qu’elle manipule, elle les déplace d’un millimètre afin qu’elles soient toutes alignées parfaitement, ainsi se garantira-t-elle une concentration sans faille. Il faudra bien quelques heures afin de combattre les coups de Trafalgar, les ruses et l’intelligence. « J’ai besoin d’étagères. Je voudrais les installer dans ma chambre, mes livres traînent dans des cartons, je suis très peinée. » Ce n’est pas de cela qu’elle souhaitait lui parler mais les mots ricochent, prennent des sentiers légers, rassurants ; s’épancher serait une erreur. Certainement puisque l’humaine ne s’égare jamais dans la forêt des confessions de l’âme.
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