Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Ven 11 Déc - 9:24
« Tu as tout ce qu’il te faut ? » Heaven acquiesce du menton ; elle n’a ni papiers ni carte de paiement mais une liasse de billets froissés dans la poche arrière de son jean, ainsi qu’un téléphone hors d’usage. Elle observe son interlocutrice un peu longuement, s’étonne que la différence de taille ne l’ait pas frappée plus tôt et s’en amuse, s’esclaffe dans son coin ; treize centimètres les séparent officiellement, seize en réalité.
« J’adore cet endroit. Et pas que pour la soul food, d’ailleurs. » Dit-elle alors qu’elles passaient toutes deux devant un énième food truck dont les effluves de poulet frit et d’épices lui donnaient l’eau à la bouche. Heaven adorait se promener dans cet arrondissement, non seulement parce qu’elle lui trouvait un charme certain mais aussi parce que personne ne semblait la reconnaître. Loin du public cible de RHONYC, Heaven semblait retrouver de sa vivacité légendaire. Contrairement aux apparences, Heaven détestait la célébrité. Si elle se fichait qu’on la prenne en photographie ou qu’on l’interpelle dans la rue, elle avait en revanche beaucoup plus de mal avec l’attention maladive que certaines personnes lui portaient ; elle avait dû déménager par deux fois en l'espace de trois ans, harcelée à la fois par des fans qui semblaient lui vouer un culte et à la fois par des haters qui juraient sa mort, à en juger par les menaces qu’elle recevait régulièrement dans sa boîte aux lettres.
Alors, quand une voiture s’arrêta de leur côté, toutes têtes tournées vers elle, des cris s’échappant de l’habitacle en même temps que des téléphones se dégainaient à travers la vitre, Heaven ne tenta pas d’y échapper et joua le jeu ; elle enchaîna quelques poses en prenant soin de caricaturer chacune d’entre elles, tirant la langue, arquant les bras en grimaçant, gonflant les joues et donnant un petit coup de pied dans l’air. Puis, elle salua son public qui ne ratait aucun de ses mouvements alors qu’un groupe de jeunes gens qui arpentait le trottoir d’en face, intrigué par ce spectacle, la dévisageait en haussant les sourcils « who’s that chick? ».
« Par ici, Jaaq ! » S’écria-t-elle en désignant du pouce une porte délabrée en contrebas ; l’un de ces endroits qu’on ne fréquente jamais par hasard, dépourvu de néons et qui ne laissait rien supposer de son activité. Tandis que les cars de touristes affluaient dans les endroits chics, référencés sur des sites comme TripAdvisor, ce club lui en était encore à utiliser le réseau MySpace. Un club d’habitués - pas encore assailli par les touristes ou les néophytes, pas trop exigeants sur la salubrité mais extrêmement pointilleux sur la musique. « Je te promets, ça vaut le coup. » Dit-elle en jouant avec ses sourcils, attrapant sa main comme elle l’aurait fait avec tant d’autres pour l’inciter à la suivre. Puis, elle sautilla sur place, jouant avec les briques du bout des pieds, se jetant avec maladresse sur la porte parce qu’elle venait de trébucher. « JAAQ. Fallait pas me lâcher. » Dit-elle hilare en ouvrant la porte du club. « Bon, prête à t’encanailler ? »
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 965 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Lun 4 Jan - 10:01
Bien qu’Heaven ait mile fois foulé ces lieux, monté et descendu inlassablement ces mêmes marches, la jeune femme manqua tout de même de tomber par deux fois encore, se rattrapant maladroitement aux bras de Rayleigh. « Plutôt prête à m'empiffrer, je t'avouerai. »« Super ! » Répondit-elle en glapissant, attrapant sa main pour l’entraîner sur ses pas, comme elle l’aurait fait au beau milieu d’une foule pour ne pas la perdre. Elle se jeta sur la première banquette disponible et s’étira de tout son long sur l’assise.
Elle inspira avidement, emplissant ses poumons de ces flagrances si particulières ; de ce vieux bois imprégné par les épices, de l’atmosphère chargée de térébenthine, des relents de friture qui s’accrochent désespérément aux tissus dans une cacophonie de senteurs enivrantes, non sans être un brin méphitiques. Puis, elle prononça d’un ton trop solennel pour ce qu’elle avait à dire. « Bon. Rayleigh. Il faut qu’on passe aux choses sérieuses maintenant. » Désignant du menton le présentoir qui affichait trois plats tracés à la craie : green collards, hushpuppies, jambalaya, elle ajouta. « Tu prends quoi ? J’vais prendre un jambalaya. » Si Heaven avait eu une obsession ce soir, à l’exception de rencontrer Rayleigh Jaaq, de la cuisiner et de la dévorer, elle ne pensait désormais qu’à une chose, remplir le gouffre sans fond qu'était son estomac.
Heaven avait toujours été mince - dans le genre mou cependant, et elle ne devait sa silhouette filiforme à aucun avantage métabolique que ce soit, encore moins à quelque activité physique. Elle ne s’astreignait à aucun régime particulier et n’avait aucune restriction alimentaire. Elle grignotait sans cesse, partout et tout le temps, à défaut de manger réellement et peut-être sa ligne incroyable tenait-elle en partie de son incapacité à cuisiner ou à patienter. Ainsi, il lui arrivait bien souvent de se contenter de restes. « Dis, j’ai une question à te poser. » Dit-elle en plissant les yeux, observant la joueuse du coin de l’oeil, s’apprêtant à lui demander ce qui avait longtemps taraudé son esprit. « T’avais l’air gênée quand je t’ai proposé un muffin. En fait, je me suis toujours demandé si vous pouviez manger ce que vous vouliez ou si vous deviez rendre des comptes, tenir un journal des calories ingérées ou des trucs tordus dans ce genre. Je t’emmène ici, dans l’un de mes endroits préférés au monde et je n’ai même pas pensé à te demander si tu pouvais manger, en vrai. Comme une personne normale tu vois. Parce qu’il faut savoir un truc sur moi. Quand je mange, tout le monde mange. J’déteste manger quand en face, personne ne le fait. » Dit-elle dans un souffle avant d’interpeller de la main un serveur, en grande impatiente qu’elle était. « Et j’espère que t’es pas du genre à commander une salade et à me piquer toutes mes frites ha ! » Ajouta-t-elle en tapotant la main de la joueuse à l’aide de sa paume. Malgré tout, Heaven n’était en rien possessive avec le contenu de son assiette puisqu’elle-même avait tendance à piocher dans celle des autres. Elle avait définitivement un problème avec la notion de propriété. Si Rayleigh avait eu une veste, elle lui aurait certainement emprunté. Juste comme ça. Bien sûr.
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 965 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Dim 21 Mar - 19:07
Heaven méditait ses paroles, frissonnant ne serait-ce qu’à l’idée de se priver. Elle détestait l’idée même du contrôle, étant plutôt de nature à céder à ses pulsions dès qu’elles surgissaient, assumant tout à fait son impulsivité, celle-là même qui l’avait amenée à se marier… « D’accord », dit-elle en reprenant sa respiration, « j’ai tellement de peine pour les filles qui se privent… un peu moins pour celles qui comptabilisent leurs calories dans leurs téléphones et punissent tout écart par une série d’exercices physiques… celles-là me font peur », ajoute-t-elle en riant, lui épargnant les excès dont elle avait été témoin tout au long de sa vie. « Tes cils sont étonnements longs. » Relève-t-elle le plus naturellement du monde, ne pouvant cesser de contempler la moindre parcelle de son visage et particulièrement les contours de ses lèvres dansant au rythme de sa voix, s’attardant sur le moindre détail, comme si elle tentait d’en absorber les contours. « J'aime cuisiner aussi, au départ, je voulais être cheffe… » Rayleigh venait d’agiter un hochet sous le nez d’un bambin, les yeux d’Heaven s’illuminent aussitôt ; elle se rêve déjà attablée chez Rayleigh, émerveillée par ses talents culinaires. « La prochaine fois, on fait ça chez toi alors ! » Dit-elle une lueur malicieuse à peine contenue dans le regard. « Mon crédo c’est plutôt d’équilibrer plaisir et encore plus de plaisir. » Elle appuya ses propos d’un clin d’œil tout droit sorti d’une publicité, surtout espiègle mais aussi un peu aguicheur.
Les gens comme Rayleigh l’attiraient inexorablement. Elle n’avait que trop connu cette réalité où les gens roulent trop vite, dépensent à outrance, où les relations se font et se défont au rythme des saisons et au gré des humeurs. Avec Rayleigh, c’était différent, bien loin des excès et des faux-semblants auxquels elle était toujours confrontée. Elles étaient toutes les deux sur le même pied d’égalité, œuvrant sous le feu des projecteurs et touchant probablement un salaire tout aussi indécent l’une que l’autre et si la joueuse de soccer n’avait jusqu’à présent posé aucune question sur sa vie professionnelle, cela induisait qu’elle ignorait tout de son identité. Heaven avait tout le loisir d’être qui elle voulait et surtout pas une bécasse de téléréalité quelconque. « Au fait, tu ne m’as toujours pas offert à boire. Si je me souviens bien, j’ai deviné lequel de ces petits bolides était le tien. »
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 965 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Sam 10 Avr - 11:09
« Des allergies, des intolérances ? » Heaven se fend d’un nouveau sourire « … du tout… ce que j’aime, ce sont les plats confectionnés avec amour, c’est tout » dit-elle en levant le menton, l’air rieur. « Chez moi, on s’assoit autour d’une table uniquement pour parler affaires. Personne ne fait jamais la cuisine. » Cette confession somme toute anodine lève un voile sur des blessures auxquelles Heaven n’a jamais voulu faire face ; la jeune femme a toujours eu l’impression de manquer d’amour. Dans un élan de sincérité et parce qu’elle manque terriblement de pudeur, elle ajoute. « J’ai jamais eu de post-it qui disait « à réchauffer » ou encore « il y a une part dans le frigo pour toi ». Au mieux, ma mère me laissait cinquante dollars pour me commander à dîner. Laisse-moi te dire que je commandais une pizza à quinze dollars et que je gardais la monnaie. » Ces mots prononcés sous le ton de la plaisanterie ont tout pour faire sourire ; sa voix un tantinet geignarde, l’anecdote en elle-même qui semble tout sauf relever du traumatisme… et pourtant, révèle bien plus sur elle-même et son histoire que tout ce qu’on pourrait lire dans la presse. Par-delà la publicité permanente qu’est sa vie, on peut aisément deviner la solitude d’une enfant ballotée derrière les caméras, riant aux éclats face projecteurs et pleurant à chaudes larmes dans le fond de son lit une fois la lumière éteinte.
Heaven n’a jamais connu ses grands-parents, décédés avant qu’elle ne puisse avoir la chance de les rencontrer. Elle n’a jamais connu d’apple pie fumante pour la réconforter d’un chagrin d’amour ni même de sachets de bonbons pour la féliciter de quelconques réussites scolaires. Personne n’a jamais réellement cuisiné pour elle. Et ce fait la renvoyait aux paradoxes de sa propre existence. Alors, quand Rayleigh s’est inquiétée de son régime alimentaire, Heaven a eu l’impression d’exister. La jeune mannequin n’avait jamais eu besoin de grand-chose pour s’enticher ; un regard, un simple geste… mais elle avait l’impression - aussi fugace qu’ait été ce sentiment d’être vue et considérée, qu’il suffirait à la joueuse de soccer de ne faire qu’un pas dans sa direction pour qu’elle en tombe amoureuse. Ça aurait été tellement facile de tout recommencer, opportun également pour oublier une autre paire d’yeux émeraudes… Mais on ne tombe pas amoureux parce qu’il serait opportun de le faire, n’est-ce pas ?
« Qu'est-ce que tu veux boire alors ? » « Un coca m’irait très bien. » Répondit-elle presque timidement, un tantinet gênée par la profondeur de ses réflexions - après tout, son statut était pratiquement celui d’une inconnue.
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 965 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1