Heaven n’avait pas le goût de l’effort physique et si elle n’aimait pas le sport, elle aimait encore moins le regarder. Son père avait bien essayé de la convaincre mais il s’était rendu compte qu’elle préférait de loin gribouiller sur les bancs plutôt que de se concentrer sur ce qui se passait sur le terrain - il n’avait pas insisté. Il lui avait alors donné une balle entre les mains, puis entre les pieds mais là encore, il dut se rendre à l’évidence : Heaven ne serait jamais une grande sportive. Après une énième tentative pour la déloger du canapé, la réalité vint le rattraper de plein fouet lorsque sa fille réussit, d’un unique revers de pied, à renverser la cafetière avant de s’assommer avec son propre ballon. Alors, quand son agent a évoqué une éventuelle campagne publicitaire promouvant des vêtements de sport, Heaven s’est tout naturellement dit que le destin se moquait d’elle. N'ayant travaillé depuis des mois, elle avait fini par accepter de se manifester à quelques rencontres sportives afin de faire peser les négociations en sa faveur. Si elle n’avait pas voulu de ce contrat auparavant, elle avait aujourd’hui besoin.
YANKEE STADIUM
Les seules connaissances d’Heaven en matière de football se résumaient à distinguer les gardiens des autres joueurs et à différencier les équipes les unes des autres à travers leurs maillots. Elle s’était pourtant fait violence pour tenter d’apprécier les qualités de ce sport, sans succès : elle s’ennuyait fermement dans les gradins. De plus, l’objet de son obsession n’était qu’un tout petit point en contrebas et l’écran géant s’escrimait à ne montrer que ce qui ne l’intéressait pas. Heaven passa donc le match à écouter de la musique et à grignoter des cochonneries en scrutant sa montre. Puis, ce fut la délivrance. Elle jeta ses emballages de bonbons avec empressement, maugréant contre les spectateurs qui s’agglutinaient de façon désordonnée à chaque sortie, ce qui ralentissait indubitablement sa progression. Après de longues minutes passées à piétiner dans la cohue, Heaven joua finalement des coudes pour s'extirper de la foule.
En fin de parcours, elle était parvenue à se faufiler dans l’espace réservé aux joueurs et aux familles, non sans efforts et avec ruse, attendant patiemment à la sortie des vestiaires, déterminée à approcher Rayleigh Jaaq dont elle s’était éprise à travers un écran quelques mois plus tôt - une tocade, forcément. Heaven attendit patiemment une bonne vingtaine de minutes avant de s’impatienter une dizaine de minutes encore. Elle l’avait raté, c’est sûr ; elle avait mis bien trop de temps à descendre des gradins, à se frayer un chemin à travers la foule, à parcourir les couloirs de ce foutu stade… Elle sortit alors du renfoncement dans lequel elle s’était nichée, les yeux empreints d’une frustration à peine contenue. Ce fut au moment où ses jambes la portèrent en direction de la sortie que ses yeux se posèrent sur le Saint Graal : un énorme panier garni de muffins. Décrétant que personne ne s’apercevrait de la disparition d’un malheureux petit gâteau, Heaven tendit la main pour saisir l’objet de sa convoitise et fit aussitôt une bouchée dans le fruit interdit. Après tout, elle l’avait bien mérité. Ce n’était pas Rayleigh Jaaq, mais c’était déjà ça.
Ingrid Syrstad Engen ethereal avatar, capraccoon icons & gif, waldosia code signa 104 966 27 célibataire depuis toujours, plus par manque de confiance que par manque d'envie, elle espère passer outre ses inhibitions pour obtenir le Graal : une jolie femme au creux de ses bras joueuse de soccer professionnelle, milieu latéral droit du Queens FC depuis février 2020 queens traditionnel, un quartier qui lui rappelle celui de son enfance, chaleureux, accueillant... roy #1
L'eau qui coule sur sa peau essaye de noyer ses pensées. Sans succès. Sérieux, j'ai été nulle. Jamais la bonne passe, jamais le bon choix. Courir après le ballon, ça je sais faire ! Mais le récupérer... bordel. T'as été merdique. Ouais, c'est pas joyeux, dans l'esprit de Rayleigh. C'était un 'jour sans', comme on dit ; mon œil, et ta gueule. Elle est dégoûtée. Frustrée. Elle n'avait pas ressenti l'harmonie des grands jours, ni même le tempo des bons jours. Elle avait eu du mal à trouver ses partenaires, à garder le ballon. Ses fameuses interceptions ? Nada. Ses passes d'un bout du terrain à l'autre ? Sans effet. La faute à l'autre équipe ? Nope. Oh certes, les filles du NY Sirens avaient fait un bon pressing, mais Rayleigh n'avait pas été fameuse non plus. Et depuis le début, tant qu'à faire ; ça n'avait pas été un jeu moyen se dégradant au fil des minutes, ç'avait été un jeu terriblement moyen depuis le premier ballon. T'as été nulle, dis-le franchement. Alors sous la douche, Rayleigh s'engueule, d'elle-même à elle-même, même si elle sait que ce n'était pas de sa faute, que même si elle avait essayé plus dur encore, elle n'aurait rien réussi aujourd'hui. Elle avait presque été soulagée de sortir dans le dernier quart d'heure. Presque, parce qu'elle déteste ne pas finir une rencontre qu'elle a commencé. Ce changement a été aussi salvateur qu'agaçant.
Le clapotis de l'eau sur le carrelage résonne dans le silence. Il n'y a plus personne hormis elle quand elle émerge de la cabine et rejoint le vestiaire principal. Elles ont joué dans le Bronx, pas loin du Queens ; alors pas de trajet en bus à faire pour retourner à l'hôtel, pour rentrer chez elle il lui suffira de mettre les deux pieds dans son Alfa Romeo Mito grise et de se frayer un passage dans les artères encombrées de la ville. Donc pas besoin de se presser ; donc elle prend son temps. . Et elle n'est toujours pas douée pour se faire des amis, alors personne ne l'a attendu ; son humeur a aussi sûrement joué, mais bref, elle se retrouve seule, sans personne pour essayer de la réconforter, et ça, ça lui convient. Rayleigh se sèche, puis enfile ses vêtements civils : un jean gris troué, des Palladium blanches, un débardeur blanc avec en inscription, en bleu, un 'loading...' surmonté d'une barre de charge à 87% pleine. Ou 88%. Ou 86. Bref. Pas complètement pleine, sinon elle ne chargerait pas encore. CQFD. Allez génie on s'en va. D'ordinaire quand elle est d'humeur sombre ses pensées s'envolent ; étrange non ? Mais en passant la porte, Rayleigh se décide à essayer d'arrêter de réfléchir, parce que son propre cerveau l'agace ; chelou non ? Presque sans bruit, elle se dirige vers la sortie, la tête penchée sur son portable à la recherche d'une musique qui matcherait son humeur. Son sac à dos pend sur une épaule, ses cheveux mouillés sur l'autre, et elle ne regarde pas devant elle, elle emprunte le corridor avec l'aisance de l'habitude. Quand une paire de chaussures apparaît dans son champ de vision, au milieu d'un couloir, en plein cœur d'un stade de soccer, Rayleigh ne s'inquiète ni ne s'interroge outre mesure. Elle relève les yeux, pour jeter un coup d'œil à qui est là, pour saluer une équipière, un membre du staff ou un inconnu qui passe par là, parce que c'est ce qu'on lui a appris à faire. Mais au lieu d'hocher poliment la tête, avec peut-être un sourire si la personne lui semble sympathique, Rayleigh plante. Elle s'arrête net, interdite, et dévisage la propriétaire des chaussures. Heaven Manning, la joue gonflée par un morceau de muffin. Oh merde.
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Dim 20 Sep - 16:53
Il lui sembla que son coeur marquait ses derniers battements lorsqu'Heaven sentit une ombre derrière elle. Pensant aussitôt avoir attiré l'attention de la milice des muffins, Heaven songea à lever les mains en l'air en guise de reddition avant de se raviser en croisant le regard de l'inconnu. Ou plutôt, de l'inconnue. Rayleigh Jaaq. Rayleigh Jaaq bordel de merde. Rayleigh Jaaq les cheveux humides, tout droit sortie d'un rêve. Un large sourire teinté de résidus de chocolat, ce qu'elle ignorait évidemment, fendit aussitôt son visage avant que la surprise ne vienne lui couper le souffle.
« Mhugrbonjour. » Bredouilla-t-elle en réalisant que Rayleigh Jaaq se tenait devant elle. Elle est encore plus belle en vrai. Heaven avait bien entendu fait ses recherches : elle avait ainsi mémorisé tout ce qu'internet pouvait lui offrir au sujet de Rayleigh Jaaq (c'est-à-dire pas grand-chose) et notamment, ses mensurations - elle n'était donc pas surprise de constater que cette dernière la dépassait d'environ quinze centimètres. Elle manqua tout de même de défaillir en se retrouvant face à face auprès de son celebrity crush qu'elle n'avait pas vu arriver. Son regard parcourut instinctivement la joueuse de soccer, s'attardant sur les gouttelettes d'eau qui perlaient au creux de sa nuque, faisant ressurgir ses fantasmes les plus intimes. Heaven rêva aussitôt de dessiner le moindre de ses muscles du bout des doigts et de démêler ses longues mèches brunes qui s'emmêlaient déjà.
Heaven n'avait jamais prêté une grande attention à ce qu'elle portait ; elle se contentait bien souvent de suivre les recommandations des marques qui n'avaient de cesse de lui adresser des vêtements, afin de ne pas avoir à y penser. Aussi, elle s'étonna de s'en soucier à cet instant, en se demandant notamment si sa brassière blanche n'était pas indécente, si la braguette de son jean noir taille haute était bien remontée et si ses bottines noires... « On a les mêmes ! » S'exclama-t-elle en désignant fièrement ses palladium noires du bout de l'index. Elles portaient les mêmes chaussures, c'était forcément un signe. Depuis le jour où Heaven l'avait aperçu à travers l'écran géant, elle n'avait cessé de croire en une sorte de sérendipité.
« Pardon. Je m'appelle Heaven. » Ajouta-t-elle brutalement, se rendant compte qu'elle avait oublié de se présenter. « Un muffin ? » Demanda-t-elle en alliant le geste à la parole, extirpant un muffin du panier qu'elle agitait pratiquement sous le nez de la joueuse. Heaven, espèce de bulldozer.
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Heaven Manning. HEAVEN MANNING. HEAVEN FREAKING MANNING ! Rayleigh n'est pas du genre à fangirler, elle est discrète, réservée... Du genre à savourer chaque moment après, une fois seule avec son bonheur, avec la félicité d'avoir vécu cet instant. Souvent avec la tristesse de se sentir ridicule, elle aurait aimé dire d'autres choses, plus intéressantes, aurait aimé montrer un peu plus sa joie, mais il y a comme une barrière en elle qui se crée dans les rencontres importantes, une digue qui la fait tomber dans la réserve d'eau gelée et elle y reste jusqu'à, donc, être seule, et que la glace fonde de ces émotions mêlées. Elle n'aime pas s'appeler une fan de quelqu'un ou de quelque chose, pendant très longtemps elle a refusé ce terme parce que ça vient quand même de fanatic, et elle ne s'identifie pas à ce côté extrême que le mot fait jaillir en elle, cette impression qu'être un fan c'est l'être à voix haute et forte, le dire et le crier. Ce n'est pas son style, à Rayleigh. Ce n'est pas son attitude, à Rayleigh. Il lui a fallu du temps pour se réconcilier avec cette notion, et encore maintenant elle est toujours gênée en présence de ses fans ou en présence de quelqu'un qu'elle aime beaucoup. Même si ça arrive, respectivement, peu souvent, et très rarement. Rayleigh c'est la fille qui laisse ses amis parler quand ils font une rencontre fortuite avec une célébrité, la taciturne qui attend, qui profite et qui regrette de ne pas avoir fait un pas en avant et participé à la conversation. Sauf que là, en cet instant, elle est toute seule. Elle est toute seule face à Heaven Manning, sur qui elle a un crush. ... ça va bien se passer.
En ce moment, dans la tête de Rayleigh Jaaq, née le 12 juillet 1997 à Fairbanks : le désespoir. Evidemment, tomber dans la réserve signifiait aussi perdre toute assurance. Elle fait une tête de plus qu'Heaven, possiblement deux fois son poids, et pourtant Rayleigh a l'impression d'être toute petite. Même pas à la cheville des Palladium noires, jumelles et antithèses des siennes. Ce n'est pas DU TOUT comme ça qu'elle envisageait de rencontrer Heaven Manning ; dans ses rêves, elle était charmante, irrésistible, portée par un vent de gloire et de renommée... Pas de commentaires. On en reparlera plus tard. C'est peut-être la solitude qui fait ça, mais Rayleigh se parle à elle-même, dans sa tête, le plus souvent pour s'engueuler de ne pas avoir bien géré une situation. Et là, c'est la crème de la crème des situations mal gérées. C'est pas son jour, décidément. Doucement, Rayleigh attrape un muffin, et le garde dans la main. Elle se sent empotée comme jamais, avec deux mains gauches et, pire encore, deux pieds gauches. La jeune femme finit par réussir à reprendre un peu d'esprit (comme un punch : elle a plongé la louche dans la réserve, et récupéré deux trois neurones). Rayleigh regarde autour d'elle, sourcils un peu froncés, et reporte ses yeux sur Heaven, toujours surprise, un peu moins hébétée : "Vous... vous êtes perdue ?"
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Lun 28 Sep - 9:18
« - Bonjour ? (elle m'a répondu, j'en peux plus) - On a les mêmes ! - Oui ? (elle n’est pas bavarde) - Pardon. Je m'appelle Heaven. - Rayleigh ? (sans déconner) - Un muffin ? - Oui ? (tu m’étonnes, elle doit avoir la dalle) »
Pour autant qu’elle s’en souvienne, Heaven avait toujours fantasmé ; d’abord, sur les héros de son enfance, de Leela de Futurama à Tobby McGuire en Spiderman, puis en grandissant, sur les visages qu’elle croisait et qui retenaient son attention, qu’ils soient issus ou non de la fiction, d’ailleurs. Plus jeune, il lui arrivait d’accoler son nom à ceux des personnes dont elle s’amourachait, juste pour le plaisir. Rayleigh n’était pas exempte de ses fantasmes délurés et son intérêt n’avait rien d’innocent ; elle l’avait imaginée maintes fois dans les vestiaires, dans une espèce de vision totalement surréaliste où elle la visualisait en pleine bataille d’eau avec ses coéquipières, fraîchement vêtue, quand elles n’étaient pas entrain de se savonner mutuellement en gémissant. Même si elle n’en était pas fière, elle n’en avait pas particulièrement honte.
« Vous… vous êtes perdue ? » « Non. » Répondit-elle simplement. Après tout, c’était la vérité. Heaven n’avait jamais été particulièrement adepte de la dissimulation, qu’il s’agisse de sa vie privée ou de ses sentiments. S’il lui arrivait de moduler la vérité comme tout à chacun, elle n’en voyait pas souvent l’utilité. Ce fut donc dans un élan de franchise qu’elle ajouta. « En fait, je te cherchais. » Elle ne s’encombra pas des politesses d’usage, détestant ce jeu qui consistait à demander si l’on pouvait se tutoyer, puis tenter de faire semblant de ne pas y arriver les premières fois histoire de paraître bien éduqué. La vie était trop courte pour s’embarrasser de ce genre de futilité. « On peut faire un selfie ensemble ? » Demanda-t-elle les yeux brillants, comme si elle n’envisageait pas une seule seconde qu’on lui réponde « non », non pas parce qu’elle ne supportait pas le refus mais parce qu’elle faisait exactement ce qu’elle disait qu’elle allait faire. « Je suis trop fan. » Dit-elle bêtement, l’ombre d’un sourire béat se dessinant sur son visage. Et merde. Et si elle lui demandait l’action qu’elle avait préférée ? Son avis sur les scores de la saison ou sur la rencontre ? Bah, elle broderait, tant pis.
Pour libérer ses mains en vue de prendre ledit selfie, Heaven décida enfin de lui confier le muffin. Elle extirpa le téléphone de sa poche arrière et voulu frimer en lançant le gâteau dans sa direction, d’un geste qui se voulait adroit et audacieux et… lui lança en plein dans la poitrine. L’action fut comme figée dans le temps, alors que le muffin trop frais s’écrasait contre le débardeur de Rayleigh. Le feu monta aux joues d’Heaven et ses lèvres s’entrouvrirent mais ne laissèrent échapper aucun son. Les mots lui manquaient. Elle s’avança d’un pas. Paf. Et merde. Putain d’iphone. Putain de savonnette. Mettez un écran de protection. Mettez une coque au moins, qu’ils disaient dans la boutique. Heaven voulut disparaître.
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"En fait, je te cherchais." ... ... ... EEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEH ???!!! "On peut faire un selfie ensemble ? Je suis trop fan." ... ... ... WHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAT ???!!! (implodinghead) (implodinghead) (implodinghead) (hearteyes) (hearteyes) (hearteyes) (hearteyes) (hearteyes) (hearteyes) (implodinghead) (implodinghead) (implodinghead)
La scène est surréaliste. C'est bien une scène d'ailleurs. Rayleigh a l'impression d'être dans un rêve, ou au cinéma, ou au théâtre, ou les trois en même temps. Ou dans une téléréalité. The Real Housewives of NYC par hasard. "C'est une caméra ca-" Sa voix meure dans sa gorge quand le muffin s'écrase sur son T-shirt. Blanc. Le T-shirt, pas le muffin. Le muffin, il est beige et brun. Au ralenti, Rayleigh n'a pas la présence d'esprit de tendre les doigts, trop surprise par cette action hors du commun, et le muffin avec ses pépites de chocolat toutes fraîches toutes pas craquantes vient rouler sur le tissu qui recouvre son corps. Le T-shirt qu'elle vient d'acheter et qu'elle vient de mettre, le T-shirt neuf et propre qui ne flamboie plus. Le muffin s'écrase au sol. Puis le téléphone s'écrase au sol. L'un reste intact, l'autre éclate en morceaux. En même temps, qui ne met pas de coque à son téléphone ? Quelqu'un de plus riche qu'elle visiblement. "-chée." Chée, chié, fais chier, même combat. La voix qui finit la phrase de Rayleigh semble venir d'un autre monde ou des tréfonds d'un trou noir : atone, monotone, enveloppée de silence, enrobée d'ahurissement. Rayleigh bugue, encore une fois, le nez planté sur le muffin et en premier plan sur les tâches noires sur son T-shirt blanc. OK, elle a toujours rêvé d'avoir un T-shirt qui ait cet effet tâché, mais pensé avec cet effet, pas transformé par cet effet. Interdite, la jeune femme finit par relever les yeux vers Heaven Manning, qui est devenue une écrevisse qui aimerait bien se cacher derrière ses pinces. A la place, ses bras sont ballants, elle a l'air aussi hébétée par la tournure des événements que Rayleigh. Cette dernière finit par se râcler la gorge (c'est définitivement un film, pas un rêve), et offre un petit sourire à la jeune femme. "C'est pas grave, il allait au sale de toute façon." C'était faux, et elle mentait comme une arracheuse de dents (ne s'improvise pas actrice qui veut), mais ce n'était qu'un T-shirt. Rayleigh s'agenouilla pour récupérer le muffin, et le téléphone d'Heaven. Quand elle le souleva, même précautionneusement, des bouts d'écran en tombèrent en une petite bruine fort bienvenue, très rafraîchissante. La sportive grimaça. "Par contre votre téléphone a mal vécu la chute..." Elle le tendit à Heaven qui se tenait au-dessus d'elle, puis toujours accroupie, reposa son muffin et se mit à récupérer, consciencieusement, les débris de verre et de plastique tombés au sol. Comme un gosse ramassant des confetti, sauf que ce n'était pas des confetti. En tout cas elle avait la même application dans les gestes, les sourcils un peu froncés, la moue un peu concentrée. Elle eut fini de traquer les bestioles assez rapidement, et se redressa, les éclats dans l'une de ses grandes mains, le muffin dans l'autre. Son regard doux, foanesque, gazélien, se plongea dans les yeux d'Heaven, et cette fois-ci Rayleigh eut l'impression d'être plus grande. "On peut le faire avec le mien, si vous voulez." Elle était plus grande, mais elle ne la tutoyait pas ; elle la vouvoyait, parce qu'elle était aussi plus jeune. A quoi était-elle censée se fier : sa taille, ou son âge ? Instinctivement, c'était l'âge qui avait pris le pas, et maintenant elle avait peur qu'Heaven prenne la mouche. Alors Rayleigh prit la fuite, à deux pas de là, vers la grande poubelle dans laquelle elle jeta débris et muffin (ne pas gâcher OK, mais ne pas manger de muffin poignardé de plastique non plus). Elle n'osait pas toucher son T-shirt, de peur de faire pire, de peur d'agrandir et d'étaler les tâches. Donc quand elle se remit face à Heaven Manning, ses bras étaient aussi ballants que les siens. Ceux d'Heaven, les bras.
Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Lun 12 Oct - 8:59
S’il y avait bien une chose qu’Heaven avait en horreur, c’était de se voir à travers un écran. Si elle n’était pas de nature à se dénigrer, la confrontation avec son reflet avait tendance à lui créer des complexes. Ainsi, elle détestait visionner les rushs avec l’équipe de tournage ; elle trouvait ses remarques idiotes et ses interventions inutiles, quand elle ne se découvrait pas de tares physiques insoupçonnées. Par contre, Rayleigh lui avait paru parfaite à la seconde où elle avait aperçu son faciès sur les panneaux géants ; ses pommettes saillantes qu’elle rêvait de croquer, ses lèvres pleines et ses yeux clairs empreints d’une douceur infinie… dès lors, Heaven ne l’avait jamais imaginée que comme étant la personne la plus adorable au monde.
Alors, quand cette dernière lui a spontanément proposé de prendre ledit selfie avec son propre téléphone au lieu de faire un esclandre pour le t-shirt, Heaven aurait pu pleurer : elle avait raison. Rayleigh était aussi adorable que dans son imagination. Expressive mais pas particulièrement émotive, elle s’entendit néanmoins crier avec une reconnaissance teintée d’excitation non feinte : « ouais carrément, ce serait trop cool, ouais ! ». Puis, avançant d’un nouveau pas en faisant de nouveau craquer l’écran de son téléphone, Heaven plissa les yeux. « Ah merde, c’est vrai. Il était neuf en plus. » Se rappela-t-elle à regret. Si elle avait largement de quoi s’offrir le tout dernier smartphone en plusieurs exemplaires - même si elle n’était pas aussi bien lotie qu’on pourrait le penser, Heaven avait toujours considéré l’argent et la valeur du travail. Aussi, alors qu’elle aurait pu hausser les épaules et brasser l’air d’un geste présomptueux de la main, Heaven continua à se mordiller sa lèvre en soupirant. « Pardon. C’est vrai. » La vision du t-shirt tâché de Rayleigh se rappelant à elle avant même qu’elle n’ouvre les yeux. « Je paierai le pressing. Je suis vraiment désolé. » Elle s’avança d’un pas pour gratter un morceau de chocolat qui collait au tissu au niveau de la barre de chargement, d’un geste instinctif, comme elle aurait fait pour retirer une peluche de ses propres vêtements. « Attends, tu as parlé d’une caméra cachée ? C’est bien ce que tu as dit, non ? » Dit-elle soudainement en pivotant sur elle-même, s’apprêtant à voir surgir une équipe de tournage derrière elle, perplexe. Une caméra cachée, ça, on ne lui avait encore jamais fait ! Elle se mit à maudire son frère. Si son passe-temps favori était de la tourner en ridicule - et elle devait reconnaître qu’il redoublait d’efforts en la matière, en se renouvelant sans cesse dans une quête perpétuelle de torture, excellant dans l’art de la bassesse, Heaven passait quant à elle son temps à l’éviter. Ses efforts se limitaient à ce fait. En effet, elle avait depuis bien longtemps abandonné l'idée de rivaliser avec lui, après s'être trop souvent cassé les dents à tenter de déjouer ses pièges, à comprendre son esprit tordu et accessoirement, à lui trouver des excuses. Son frère était une abomination et elle avait désormais pris son parti.
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Sujet: Re: new york city / everything i wanted (rayven) Ven 30 Oct - 10:07
"Hm, oui, enfin... C'est juste que ça me paraissait bizarre que tu -que vous me cherchiez, donc j'ai cru que c'était une caméra cachée."« Ah. » Répondit-elle bêtement, sans relever la première partie de sa phrase, se contentant d'apprécier qu'il ne s'agissait là pas encore d'un nouveau coup tordu de son frère.
"Selfie ?" Exaltée, Heaven se rapprocha de Rayleigh, souriant davantage pour elle que pour l'objectif, toutes dents dehors, comme si elle venait de rencontrer son idole depuis toujours, comme une fan et non comme un mannequin professionnel à la moue travaillée."Faut qu'on la refasse mon agent a fait une photobomb." Se mettant sur la pointe des pieds pour croiser le regard du tiers par-dessus l'épaule de Rayleigh, Heaven s'exclama : « tu veux aller manger quelque part ? » Elle avança de nouveau vers Rayleigh. « Si tu veux bien semer ton agent, bien sûr. Comme ça, je serais certaine d'avoir ma photo sans sa grosse tête. » Dit-elle sans prendre la peine de murmurer, non sans regarder l'homme qui les dévisageaient à distance, comme s'il jugeait de la dangerosité potentielle d'Heaven - était-elle une fan dérangée, une inconnue insignifiante, un agent véreux souhaitant débaucher son poulain ? « Allez, dis-oui, je t'invite ! » Heaven était fougueuse, se laissant bien trop souvent guider par ses émotions, capable d'inviter une inconnue à dîner dès leur première rencontre, de parler à un chien s'il était habillé. « Et puis, je te dois un muffin, il me semble. » Dit-elle, un brin provocatrice, appuyant nonchalamment son index sur le t-shirt de la joueuse de soccer comme si elles étaient soudainement devenues copines d'infortune. « Et si tu te poses la question, ouais, je suis carrément une fan dérangée. Mais je l'assume. Et puis... je connais les meilleurs endroits de la ville. » Ajouta-t-elle avec la confiance de l'expérience, non sans prétention. Epicurienne dans l'âme, Heaven adorait la cuisine, mais elle se contentait de manger et non de préparer. Elle avait depuis bien longtemps renoncé à imiter les autres ; ses pâtes étaient trop cuites ou trop molles, ses gratins brûlés et ses viandes semblables à de la semelle. Elle oubliait bien trop souvent de surveiller les feux et avait déclenché à de nombreuses reprises son alarme incendie : désormais elle se contentait de manger ce que les autres préparaient.
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