poison family (betsi)

♕
-poison family-
ft. @betsi braxton.

Elle te colle à la peau, cette robe aux allures de barbie,
elle te colle à la peau, cette image de princesse,
mais c’est qu’un jeu, t’es plus la princesse que t’as été autrefois, t’as toujours le même caractère de merde, t’as toujours ce que tu veux quand tu veux, mais t’as perdu la seule chose qui comptait vraiment, t’as été dérobée et maintenant tu ne l’es plus,
la princesse à son papa.
Pourtant une fois du plus t’as le sourire de l’ange marqué sur ton visage, pour la famille tu restes une héritière parfaite, le rôle d’une vie déjà pré-dessinée par ce nom de famille au prestige important, tes dérives effacées, balayées sous l’excuse d’une crise d’adolescence, le monde silencé par la fortune.
T’as des menottes aux mains mais elles sont en or, alors t’acceptes, tu savoures même la brillance qui te lie les main, tu ne peux pas t’imaginer dans une vie loin de la richesse faute d’avoir connu autre chose. Pourtant tu t’es mélangée aux autres, qui ne sont pas nés avec la cuillère en argent à la bouche et t’as compris que c’était pas pour toi, t’as vu la galère et la détresse, t’as vu des gens se salir les mains pour tenir le mois, la valeur de la vie réduite à un sou, à une drogue.
Dans tout ça tu te crois privilégiée, du haut de ton trône en velours, tu t’sens en sécurité, des billets en guise de bouclier, mais t’as oublié que toi aussi ta vie elle tient qu’à ça et t’as plongé toi-même dans ta propre drogue, sauf que tout ça tu l’vois pas, tu refuses de le voir.
L’amour rend aveugle, et toi t’es piquée par le cash.
C’est pas pour rien si tu te sens bien dans ce décor de luxe, c’est comme chez toi, il ne manque rien, beaucoup diraient même qu’il y a trop, mais pour toi c’est jamais trop. Le brunch familial du dimanche se déroulait aujourd’hui chez les Braxton, c’est le côté de la famille que t’as toujours préféré, du côté de ton père ils sont trop comme lui, trop strictes, trop froids, chez les Braxton au moins il y a Betsi.
Du moins il y avait.
Vous étiez une belle paire, plus jeunes, des pestes mais qui s’adoraient, les cousines un peu insupportables. Mais ça c’est dégradé tout ça et tu sais très bien pourquoi, pourtant là quand t’arrive devant elle et sa chevelure toujours aussi brillante, tu ne peux pas t’empêcher de faire semblant, comme s’il était possible de balayer les événements du passé.
Mais tu sais, au fond de toi, que tout a changé depuis que t’a su que tu n’es pas vraiment d’la famille,
qu’t’es juste une intruse.
« betsi ! »
le sourire hypocrite t’accueille ta cousine avec une fausse joie,
« ça va depuis le temps ? toujours pas promue au rang de proxénète ? »
parce qu’à vendre des sextoys tu te dis qu’elle doit pas être très loin de tout ça et au fond t’aimerais bien qu’elle aussi elle soit reniée d’la famille pour un instant, t’aimerais bien qu’il lui arrive une merde comme à toi et qu’elle frôle le déshéritage,
t’en a marre qu’elle soit vue mieux qu’toi.

poison family

c'était entendu, dans toutes les évidences qu'on ne dit pas, ancré dans les esprits comme autant de banalités tacites que l'ont sent, que l'on sait : les palais sont faits pour les princesses. ainsi vont les contes et ainsi se calque la vie - inique faussaire aux mains pleines de promesses qu'elle écrase d'une perversité insoupçonnée aux premières pleurs du nourrisson à qui l'on impose de croire en elle.
oh betsi, enfant du luxe et des plus belles richesses, tu crois que les vauriens n'ont leur place que sur les trottoirs, les genoux dans la boue et les semelles terreuses bien loin du carrelage lustré qui fait résonner le claquement impérial de tes talons.
l'allure royale, tu t'avances vers la porte d'entrée à la suite de tes parents. mais quand la porte s'ouvre sur la silhouette indésirable, boudinée (tu prétendras) dans sa robe d'imposture, tu comprends enfin que les contes ne sont que ça, et que la vie, elle, avait bien d'autres fléaux à offrir que des dragons prétendument monstrueux, terrassables pourtant au moindre coup de lame maniée par la plus belle gueule du royaume.
parmi eux, les pouilleux, qui se permettaient de pénétrer une cage dorée qui ne leur était pas due.
comme elle.
s k y e
princesse illégitime et indigne héritière de tout ce qui t'appartient.
mais t'es pas partageuse, betsi.
même le sourire hypocrite qu'elle te sert, tu ne le partages pas. les pulpeuses restent scellées, et tu te contentes de t'éloigner de quelques pas, oubliant l'espace d'un instant que les cafards étaient bien plus coriaces que les dragons.
« betsi ! »
les dents grincent. les bras se desserrent, épousent les courbes de ta taille qui pivote jusqu'à faire face à celle que tu nommais désormais l'étrangère.
« ça va depuis le temps ? toujours pas promue au rang de proxénète ? »
c'est là que le sourire naît.
et il est fallacieux, impeccablement poli d'une hypocrisie que tu ne cherches plus à dissimuler.
« skye, voyons. j'ai bien trop de respect pour les putes pour profiter d'elles. »
le regard faussement attendri balaie la silhouette.
« elles ont l'élégance de savoir qu'elles n'en ont justement aucune, parce qu'elles ne sont que des putains. et les putains n'ont aucune classe. tu vois, paradoxalement, c'est ça qui fait qu'elles en ont quand même. »
tu marques une pause avant d'assener la conclusion finale.
« même les moins dignes de ce monde savent qui ils sont vraiment. et ils restent à leur place. »
regarde-toi betsi, l'ego plus gonflé encore que les seins, si dense sous la peau laiteuse qu'il l'étirerait presque mieux que le botox. princesse regarde en bas, du haut de ses talons aiguilles, gagne un centimètre à réhausser les épaules, deux autres à relever fièrement la tête.
et tu te sens immensément grande, gamine, à portée des étoiles, à des kilomètres des moins que rien ; à une place qui sied l'orgueil outrancier, gavé de mille-et-unes surestimes.
au-dessus d'elle, indubitablement.

[ @skye johnson ]