corrosive

traits de caractère / elena est plutôt silencieuse, elle est ce code complexe et opaque contre lequel on bute, on s'agace pour finir par hurler de rage. le plus souvent tout est implicite chez elle. ses prunelles électriques observent, avides de détails, sa bouche se tord en une moue discrète lorsqu'elle désapprouve ou s'étire en une esquisse de sourire lorsqu'elle est amusée. elle n'est pas de celles qui assomment par les bavardages futiles au contraire. elle se contente d'être déjà là, et c'est bien. elena est aussi la concentration incarnée, sereine, elle est capable d'entrer dans une pièce, de compter le nombre de personnes présentes, ce qu'elles font, combien de mètres elle a parcouru, repérer les différentes sorties... malgré tous les détails qu'elle est capable d'absorber, les conversations qu'elle peut écouter sans être invitée, elena reste maladroite lorsqu'il s'agit d’interactions sociales. souvent mal à l'aise ou méfiante, on ne peut pas dire qu'elle soit réellement attachante ou attendrissante. il faut persévérer pour espérer entrer dans ses bonnes grâces ou pour tenter d'obtenir des précisions sur sa vie. il serait mentir que de dire qu'elle est facile à vivre, alors que sa conduite est souvent dictée par ses angoisses d'enfance. détachée et distante, elle n'arrive pas à se lier très facilement.

La pluie a cessé de tomber, laissant le terrain à l'obscurité due à l'heure avancée. Elena guette nerveusement sa montre, comme si elle venait de faire une entorse à son code de conduite en s'autorisant de le voir. Elle l'observe, se tenant droite face au désormais inconnu qui n'a partagé que seize ans de sa vie. Il la détaille en retour ne sachant pas quoi lui dire. C'est lui qui a insisté et la poupée a cédé en raison de leurs souvenirs partagées. Elle a toujours ses yeux bleus traumatisants sauf que l'image de l'enfant décharnée et affaiblie que ses rétines ont imprimé semble bien loin. C'est une tout autre femme qui est devant lui. Méconnaissable dans son manteau luxueuse avec ses ongles manucurés. Elena. Il veut juste ouvrir les bras pour qu'elle s'y réfugie en pleurs comme lorsqu'ils étaient gosses. Il a toujours envie de caresser ses cheveux pour la rassurer, de la bercer en attendant qu'elle réponde d'une voix moqueuse que c'est une grande maintenant. Dmitri ne sait pas comment s'y prendre et subit. Il se contente de caresser du regard les cicatrices d'Elena parce que c'est bien plus facile que d'affronter son regard franc et désintéressé. Il en compte huit, cachées dans les replis de son épiderme entre chaque doigt. Elena est écorchée des tortures de son enfance, son corps éprouvé est marqué par le rêve de leur mère. Maria voulait que ce soit bien douloureux mais toujours discret au regard. Elle devait souffrir tout en restant belle, c'était un mantra. Elena lui chuchotait déjà l'époque qu'elle partirait dès qu'elle le pourrait et qu'il devait se décider: l'accompagner et de rester. Il ne sait pas si elle lui en veut de n'avoir rien essayé, c'est peut-être pour cela qu'il préfère se soustraire à son regard. Il aimerait qu'elle lui hurle dessus, qu'elle évacue au lieu de l'observer, féline et silencieuse comme si elle le jugeait avant d'attaquer pour le mordre à la gorge. A la place, elle a cet éternel visage serein, ses traits paraissent même apaisés, il ne sait jamais si Elena lui sourit. Elle a toujours été dans cette nuance qu'il n'a jamais su capter. Même enfant, il se contentait de la suivre bien que plus âgé parce qu'Elena, c'est cette subtilité et ce recul qu'il admire. « Tu es jolie » il la complimente avant de se rendre compte de sa bêtise. Il réfléchit peu et mal. Un sourire ironique, presque las, se dessine sur les pulpeuses de la blonde silencieuse jusque là. « Ce n'est pas ce que je voulais dire » il s'excuse maladroitement pour rattraper la chose, hésitant parce qu'il manipule une bombe. D'un geste, elle efface à nouveau l'ardoise, lui laissant une seconde chance. Ses yeux dérivent une nouvelle fois vers la voiture garée non loin. « Je dois y aller, désolée » elle murmure tandis que ses prunelles captent les siennes. « Ce n'est pas grave » il répond d'une voix éteinte, un peu déçu de la voir déjà s'envoler. Il regrette. Il veut la retenir par le poignet mais se retient parce qu'elle pourrait être capable de le briser pour se libérer. Il a mis un certain temps avant d'arriver à la localiser. Elle est déjà debout, prête à s'enfuir une nouvelle fois. Dmitri n'ose pas demander lorsqu'ils se reverront. Elena dépose simplement une main sur son épaule, il ne lui en faut pas plus pour faire renaître l'espoir. «Ça m'a fait plaisir de te revoir » elle souffle de sa voix rauque mais intense. Il esquisse une moue surprise, ils se sont à peine parlés pourtant elle est sincère. Elle le détaille de ses opales transparentes et honnêtes. La blonde se courbe et disparaît dans la pluie. Elle a déjà trop fait attendre Isaac ce soir. Un coup d'oeil à sa montre lui indique que l'heure du rendez-vous est déjà passée. L'ukrainienne ouvre la portière et c'est avec habitude qu'elle se glisse dans l'habitacle. Elle croise le même regard, répond au même sourire.