Moya Palk Celestial (avatar), Ethereal (icons) Messaline, Grisha, Virgil, Céleste, Eleusis 720 969 22 Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices. Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.
Vêtue d’un jean et d’un t-shirt, l’enfant se pare d’une capuche pour recouvrir ses boucles d’ébènes débraillées, son visage dans l’ombre du couloir épie, écoute, les voix retentissent dans le bureau du propriétaire, le père et le fils discutent, en russe, débattent, une troisième personne à la silhouette fine, souple, athlétique, Orphée s’étonne toujours de la présence de son prof de danse pénétrer dans la bâtisse. Dix huit heures, elle n’arrêtera jamais d’être en retard, elle compte les secondes et l’heure du rendez-vous, le texto disait qu’ils se rejoindraient tous sur l’esplanade des artistes, elle surnommait ce vaste espace de créativité et d’expression la cour des miracles. Orphée a besoin d’éclater son mal et sa joie mêlée, un besoin puissant, un besoin impérieux, un besoin réjouissant, un besoin résilient. Elle prend la peine de prendre un feuille qu’elle arrache d’un ancien cahier de cour puis un stylo et quelques notes pour prévenir de son départ, je ne rentre pas trop tard, je me trouve dans le quartier des artistes, je crois que je ne crains rien, si jamais j’ai mon téléphone… qu’elle n’utilisera pas puisque l’instant futur de liesse ne permettra plus de se mêler au monde des vivants ou des morts. Là bas un univers, celui des corps et de la foule, celui de la danse et de la violence maîtrisée, contrôlée, éclatante de beauté.
Orphée galope, elle est vraiment vraiment en retard, elle n’arrivera certainement pas pour le premier battle, peut-être pour le deuxième. Et le portable grésille, Ange l’assomme ; qu’est-ce que tu fais, on t’attend pas, mais t’as dis que tu venais, ça fait quand même des mois qu’on t’as pas vu, on veut voir tes progrès ! En marchant rapidement la fée frappe sur le clavier. Oui oui j’arrive, je suis pas loin. Et le regard s’accroche, récupère la blondeur d’une tête féminine. Surprise, Orphée se stoppe dans sa course. Cette femme ne lui est pas inconnue. Jamais l’enfant n’a connu la peur d’alpaguer, l’égoïsme des approches invisibles, ces gens qui se croisent tous les jours et ne se parlent jamais. La curiosité l’emporte et valse avec la spontanéité. Tout naturellement, ses yeux brillent de malice, de politesse un peu. « J’ai vraiment l’impression de te connaître ! » Direct, sans bonjour ni au revoir. Orphée continue. « Je vais dire qu’on se connaît déjà alors je t’invite, viens avec moi. » Cette demande ne semble pas réelle, sortie tout droit des contes ou des légendes, une jeune fille qui ordonne à un visage vu sur les papiers et les écrans, sur instagram… C’est cela, instagram mais où ? Orphée n’a pas le temps, elle poursuit les minutes. « Je vais vraiment vraiment être en retard et tout le monde va m’en vouloir, je les ai prévenu que j’étais pas à cheval sur les horaires. Mais je tiens vraiment à ce que tu viennes. Je sais c’est hyper bizarre ! On se connaît pas… mais je t’ai déjà vu je suis sûre. Si tu viens ça va forcément me revenir. » Alors elle l’entraîne, mêle sa main à la sienne, sans gêne. Jusqu’à l’au-delà du concret et du banal.
Sujet: Re: Couleur d'éclats (Amour) Jeu 3 Sep - 13:46
Elle a la cornée qui se brûle sur le soleil estompé dans le lointain. Malgré la membrane de peau qui recouvre l’acuité, les jets de lumière réchauffent les eaux secouées de son regard. Elle est assise sur un banc, Amour. D’où lui parviennent, aussi proches qu’elles sont loins, les effervescences du quotidien qu’elle reconnaît par ses rares occasions à s’y être soumise. Et les halètements du cabot qui précipite dans le creux de sa poigne, une balle de tennis rongée jusqu’au coeur par le temps et les crocs. Le faciès s’abaisse sur un Tank tourmenté par le jeu, la queue battante, réprimant les aboiements heureux et impatients. Elle, sur son faciès rebondi, a cette fatigue toujours bien dissimulée, retenue par les écluses de la fierté et de l’ambition. Elle est fourrée dans ses excès, les émotions ne dépassant pas le cyclone qui ravage toujours par le silence ou une colère pourpre. La môme contient la folie, péniblement, cette dégénérescence du ravalement sentimental qui voue son infaillibilité. Elle traîne la patte derrière celles du chien qui tire sur le collier, a toujours l’air plongée dans des songes qu’une mauvaise éducation rend complexes à démêler. Le vent passe à côté d’elle, il a la forme de boucles cuivrées, d’un corps élancé et pâle, et de longs cils qui ont largué les amarres dans un océan de bleu. Mais comme il ne passe jamais à côté exprès, le vent, celui-ci repasse pour emporter ce qu’il a oublié. “J’ai vraiment l’impression de te connaître”, tournée au trois-quart Amour a le dédain dans le coin de l’oeil qui l’observe, cette fille qui pue le mièvre. La blonde pense aussitôt que lui faire l’offense de l’insulte briserait des milliers de choses chez elle, alors elle s’en va pour l’ignorer mais elle est retenue par l’incongrue “... viens avec moi”. La langue se dénoue sans relâche dans un discours qu’Amour n’écoute pas, préoccupée par Tank qui renifle sans cette animosité habituelle la gamine sortie des buissons. Il a l’air tranquille quand Amour se sent dérangée, et ça lui suffit bien pour être emportée par la bourrasque qui à elle aussi, lui rappelle quelqu’un. L’inconnue tient sa main avec fermeté, sans autoritarisme cependant, elle tient sa main comme si elle en avait besoin, qu’elle la suive ou autre chose. Amour n’exerce aucune pression, la suit tranquillement comme Tank le fait lui aussi. Elles arrivent dans un square où le béton prédomine sur l’herbe pour solidifier les appuis des corps qui s’y suspendent et préserver l'acoustique de la musique qui se joue. Ça jacte et ça crie, clappements de main. Amour s’extrait de l’emprise pour tirer un peu plus sur la laisse de l’animal qui s’affole. Elle soupire, prête à sermonner cette fille d’ailleurs des injures qu’elle retenait jusqu’alors, mais déjà, elle s’échappe parmi les désarticulés qui s’agitent en troupeau. Et sans doute pour saluer l’audace, Amour s’approche avec grand désintérêt près du cortège. Aux gesticulations bien maîtrisées qui ne lui évoquent rien de l'art, la blonde fronce les sourcils. Elle reconnaît les postures qu'elle a scrutées sur les photos. C'est un pli entre les deux yeux qui devine, qu'à deux elles partagent quelqu'un, mais expose, la certitude qu'elle ne devait point se rencontrer pour tous les dangers auxquels l'une pouvait exposer l'autre. Alors t'es qui? Pourquoi Misha m'a jamais parlé d'toi?
Moya Palk Celestial (avatar), Ethereal (icons) Messaline, Grisha, Virgil, Céleste, Eleusis 720 969 22 Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices. Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.
Sujet: Re: Couleur d'éclats (Amour) Sam 12 Sep - 15:16
Couleur d'éclats
Orphée & Amour
Sur la place des miracles, quelques personnes se dirigent au centre, on a tracé un cercle à la craie blanche, et l’un d’eux, déjà, s’y installe, s’étire et adresse des œillades à celles et ceux qui l’entourent. Le rite ne se gausse pas de grandes stratégies ni de grandes cérémonies, la danse comme art d’une expression violente ne trouve d’écho que dans les silhouettes vêtues de survêtements ; les filles rient ensemble, près des garçons, des groupes qui ne forment bientôt qu’un et, dans cet amas de tendresse, cet amas d’exaltation, deux femmes poursuivant les chimères d’une certitude. La blonde a déjà les questions au bord des lèvres quand la brune virevolte parmi les convives. Ah mais tu es là ! On t’a pas vu depuis longtemps ! T’étais où ? Des conversations anodines dans lesquelles se ragaillardit la Orphée, j’étais pas loin, j’ai disparu, ah vous voyez je vous ai manqué ! Et sur son minois l’expression jolie de la joie de l’enfance, les grimaces jouées, se reflètent et parent de lumière le fin visage de poupée, aucune ombre ne glisse ses vertiges impertinentes sur les lèvres toujours souriantes. Avant qu’elle n’entende l’inconnue, inconnue qui revêt bientôt des nimbes de connaissance. « Whatif ! Je me souviens maintenant ! » Ce n’est pas son vrai prénom, évidemment, juste un pseudo comme on enfile des chaussettes aux pieds, Orphée a abreuvé le net de plusieurs de ses anagrammes, des identités multiples pour l’anonymat, elle a jeté ses yeux sur les écrans et les vagues des internets afin d’assouvir sa créativité débordante et sa curiosité inlassable. De cette fille aux cheveux d’or, elle se souvient d’une photographie et d’un commentaire, des clics pour arriver à la présence de cette belle essayant une robe blanche devant la psyché aux miroitements d’un corps de satin. Misha avait commenté. Peut-être alors… Orphée ignorait, cela ne la regardait pas après tout. Elle a enlacé ses orbes dans l’énigme d’une existence ne devant jamais se heurter, deux personnes, deux âmes se croisant sur le trottoir chaud d’un fin après midi éreintant. Orphée caresse doucement le chien, de ses doigts s’amuse à éprouver la douceur du poil. « Moi je suis pas grand-chose, mais c’est pas bien grave parce que je m’aime quand même ! » des éclats de rires se logent dans les bêtises proférées, une vérité simple à laquelle elle n’accorde pas d’importance puisqu’Orphée vit et dévore les minutes, les heures, les jours, les ans. Le silence de sa réflexion se répercute dans le murmure bruyant des festifs, ils viennent des quatre pôles, assister au spectacle de quelques danseurs osant mettre à nu leur souffrance, la transformer par le truchement des mouvements. « Il est secret. » Première étape à l’explication, à la découverte d’un côté de l’homme qu’elles partagent. Misha ne dit rien, tombeau fiable pour les ténèbres. « Il ne m’a pas parlé de toi non plus. Il le désirait peut-être pas. » Un hmm se forme sous le poing calé entre le menton, puis le bras se déplace amorce les mains dans les poches. Un haussement d’épaule. « Et puis, pourquoi on s’en soucie d’ailleurs ? J’avoue, j’ai un peu fouillé son compte pour voir ses amis, c’est comme ça que je t’ai trouvé. » Orphée poignarde de son innocence à avouer, puissante quand au partage de ses pensées, de ses connaissances, elle donne sans demande en retour, naturellement et ouvertement. Sur le macadam, les pieds s’excitent. Jaillit des enceintes la musique, les paroles dénonciatrices, un lyrisme des rues qui saborde et se cueille dans l’âme des ritournelles. Le premier corps tourne, se fracasse sur les dalles, se relève. La maîtrise des gestes d’un danseur taillé de muscles fins et intenses, une puissance dans la sauvagerie qu’il dessine. Et tous contemplent, admiratif.
Amour se tient tranquille à l’écart des troubles dansants et des rires qui s’enchevêtrent, quand la brune se souvient subitement qu’elle l’a laissée derrière. Elle, abaisse le regard quand l’inconnue s’arqueboute sur Tank qui dodeline la gueule ouverte sous les caresses. Elle toise avec méfiance cette gamine ébahie qui accuse le coup de sa petitesse et le lui dit. La fronce de ses sourcils s’exaspère de ce langage qui ne veut rien dire pour celle qui ne la connaît pas. Pourtant, elle la croit bien quand elle se dit pas grand chose, presque rien. Ce serait tordu pour Amour d’estimer cette vie en dépit de toutes les autres qu’elle a déjà fauchées. Elle tressaille en interne quand la môme évoque subitement l’intermédiaire et sa couardise. La mâchoire qui se serre d’entendre ce portrait d’exactitudes dans la bouche d’une jamais-vue. À portée de lui comme elle l’a été un jour où il en voulait encore, d’elle. Et ça fait son chemin dans sa caboche, que Misha vraiment, ne collectionne pas les amies et leurs préfèrent les amantes. Avec la rigueur des gens normaux, Amour s’applique à détailler cette fille comme elle cherche à voir s’il a laissé ses marques. Elles sont juste là, dans cette déférence apaisée qu’elle lui réserve en paroles, alors qu’Amour n’arrive même pas à se les formuler tant ça l’écoeure. Et à ce que raconte la bouclée, elle se retient de répondre: non, j’sais c’qu’il croit moi. Que si j’te voyais un jour, j’voudrais t’arracher les cordes vocales pour ne plus entendre le sirupeux de ta voix, couper tes frisouilles qui t’donnent cet air tendre, et brûler tes cils pour qu’tes yeux cessent d’être aussi grands et inquisiteurs. Que sans doute te f’rai-je le plus grand mal juste parce que j’suis comme ça. Sans état d’âme. Mais il s’trompe et s’vautre complètement, t’as rien d’ces têtes qu’j’arrache impunément. Par la même occasion, elle devine sans trop d’encombre que cette poupée ne le connaît pas vraiment. Pour avoir dans ses azurs, la faiblesse de qui s’ébranle aux immondices dont le mâle est capable, doué même. Alors elle l’en préserve, cet être d’une insupportable jovialité, Amour s’enfonce dans les apparences factices du Russe malgré la chamaille. Bien que vexée, elle n’a pas même la force d’exalter le monstre qu’il se dessine en pensant à elle. “C’parce qu’on n’est pas amis, lui et moi. On s’connait à peine, c’pour ça qu’il t’a pas parlé d’moi”, la palabre accompagnée d’un demi-sourire qu’il faut bien donner pour l’office du leurre. “J’m’appelle Amour et lui c’est Tank. C’quoi ton nom à toi?”, elle balance la tête comme si elle délivrait le bâton de la parole. Ailleurs, la mélodie caverneuse s’entremêle à leurs ébats. “Tu traînes souvent dans c’genre d’endroit?”, elle demande parce que la nuit, cette cour des arts prend de toutes autres couleurs et qu'elle le sait pour en être le peintre.
Moya Palk Celestial (avatar), Ethereal (icons) Messaline, Grisha, Virgil, Céleste, Eleusis 720 969 22 Elle vogue, libre et sereine. Dans le coeur, elle a tissé le garçon aux cheveux de lin et aux orbes protectrices. Elle reprend les cours de fac, reconversion, elle bifurque et rejoint les livres de contes et d'histoire.
Sujet: Re: Couleur d'éclats (Amour) Sam 19 Sep - 18:35
Couleur d'éclats
Orphée & Amour
Elle dit qu’elle ne le connaît mais le nomme, comme une connaissance de longue date, le grain de sa sonorité comme une amie intime ; Orphée sourit encore pour masquer la compréhension, tu sais, je ne sais pas garder les secrets mais je sais les déceler dans les mensonges innocents, je ne sais pas pourquoi tu caches ton lien avec lui, mais je le respecte. Thank est de la même race que Iouri, ses poils courts entourent un corps musculeux, une gueule joviale et joueuse, ils ont dans le sang la pureté et l’innocence, une balle lancée et le voilà qui traverse les figures admirant l’entraînement du prochain danseur ; les cris, les rires, les embrassades, dans la cour des centaines de corps chavirent et s’attirent, l’effervescence perpétuelle des jeunes gens en quête de sens, de l’émotion, intense. « Alors il a l’air de te connaître et de bien t’apprécier ! » Elle rit et, dans son rire, des éclats de naïveté, l’espièglerie des cachettes et des non dits ; elle a bien perçu le flirt dans son commentaire, lui - si froid habituellement – cassait sa réserve, suffisamment rare pour qu’Orphée s’interroge et abandonne, l’enfant ne possède pas cette terre de possessivité qui étouffe le coeur d’autres. Libre ! « Orphée ! » Et elle perd ses orbes dans le paysage humain, découvre des anciennes amies, inconnues depuis son hospitalisation, d’ailleurs elles ne s’approchent pas, ne tentent pas la politesse d’un bonjour, elle les remercie de ne pas se vautrer dans l’hypocrisie. Et le présentateur dilettante de poursuivre de sa rocaille, si vous voulez bien, on va commencer les battles ! De très grands talents nous ont rejoins ce soir pour fêter certainement l’existence puisque, comme à chaque fois, nous ne dansons pas pour des dates connues de tous et qu’il ne nous faut pas de raisons précises pour s’exclamer et profiter de la vie ! Orphée, dans le capharnaüm des hurlements s’amplifiant par les encouragements, répond qu’elle y vient lorsque cet événement est organisé, car elle aime danser, sentir son corps en éclosion. « C’est bientôt mon tour ! » se pâme-t-elle, l’on voit une silhouette se faufilant, agile et svelte. A droite de la sphère, il la présente. Et Orphée se dirige et s’impose, au centre du cercle tracé à la craie blanche. Attend. Respire. Le silence se tasse, en pierre il s’excite. Les regards bourdonnent, dans l’expectative d’une ivresse ; la ballerine offrira les fiançailles du corps et de l’esprit, par des mouvements expérimentés, une chorégraphie inventée, une musique recherchée. Et que veux-tu exprimer ? Quelle chose as-tu à dire ? La ressens-tu, cette course folle d’un sens pour vaincre l’angoisse de la mort qui rôde et qui fauche ? Et toi, dans cet océan noir, tu navigues entre les flots troubles de l’enfance et les eaux calmes de ton introspection, tu humes la saveur de tes années d’innocences coulées, noyées, décédées par le glaive d’un destin fracassant. « Je veux transmettre la blessure d’un corps volé, d’un esprit arraché. Ca demande du courage, un peu, pour se mettre à nu devant les gens, mais je m’en fiche, il le faut bien car l’art doit choquer aussi. Je veux transmettre l’effroi, la pétrification, devant une masse immonde qui ne nous appartient pas et qui a quand même le pouvoir de meurtrir, de tuer. » Je veux faire fuir le viol que j’ai subi, me l’approprier pour le jeter loin de moi, l’oublier. Alors le violon du sacre du printemps débourre. Orphée chute, ses genoux cognent. Elle maîtrise le début de son improvisation ; souffle des grands chambardements, ses narines aspirent le commencement d’une danse, d’une transe. Des arabesques se transforment en légers mouvements des bras et de la poitrine tendue, le visage recueillant le souvenir le montrant, l’exposant. Elle joue d’un rythme lent, se fige ; un deux trois quatre cinq secondes, elle supplie et tourne. Un deux trois. Virevolte maintenant, ses jambes tendues. Puis… le sursaut. Elle saute, salto, le corps renversé, un bond de sept centimètre au dessus du ciel, à l’envers et le grand écart pour façonner la bataille. Orphée, la fine sueur sur le front, essuie sa peau d’une serviette qu’elle a récupéré dans son sac, à l’écart de la foule qui hurle des encouragements pour les danseurs après elle. Elle a eu le droit à un silence religieux et pesant puis à une salve d’applaudissement, admiratifs. Ils ont pas compris, ne comprendront peut-être jamais Alors s’était enfuie, sur le muret, assise. Et elle boit au goulot un embrun de sucre et de citron, tend la boisson à cette apparition. « Je fais dans le mood healthy en ce moment, j’écume instagram pour des recettes de boisson détox ! Goute tu m’en diras des nouvelles ! » Elle imite d’une grimace comique les visages surannés, multipliés sur les écrans de portable, instagram la fièvre de l’imagerie glamourisée.