trying for you (adamn)

Ce soir, c’est le grand soir. Ce soir sera ton premier rendez-vous avec Adam, ton désormais petit ami, depuis que vous avez décidé d’officialiser votre relation. C’est con comme t’es heureux depuis, depuis que tu sais qu’il a des sentiments pour toi, depuis que tu sais qu’il t’aime au point de vouloir te donner une chance - toi qui n’a jamais sû t’occuper d’autre chose que de toi-même. T’es prêt à faire un effort, pourtant. Tu es prêt à te donner à fond pour vous donner une chance, pour que vous soyez heureux. Parce que si tu n’y arrives pas avec Adam, tu ne vois pas avec qui une relation pourrait marcher un jour. Si tu ne penses pas en avoir besoin maintenant et qu’il s’agit plus d’une envie que d’un besoin, tu n’oses pas imaginer dans le futur si tu te sentais seul et que, finalement, tu comprenais que tu n’aurais jamais aucune chance après avoir brisé le coeur du seul mec valable que tu avais rencontré. Et tu flippes aussi, tu dois l’avouer. T’as peur qu’entre temps, Adam ait changé d’avis. Tu as peur qu’au Mermaid, il ait parlé à ses collègues et appris qui tu étais réellement - en plus de ce qu’il sait déjà. Tu as tellement peur qu’il se dise que, finalement, tu n’en vaux pas la peine et qu’il te pose un lapin.

Tu tentes de faire abstraction de ses vilaines pensées alors que tu te donnes depuis que ton réveil a sonné et que tu t’es mis debout. Sasha est absente pour la journée et toi, tu as bien l’intention de préparer la soirée parfaite pour ton petit ami. Tu as pu faire les courses et te lancer dans une tentative de cuisine. T’es pas doué pour la cuisine, toi. T’es même carrément nul. Tu as bien sû t’en rendre compte au fur et à mesure des années. T’as beau essayer, tu te démerdes toujours pour que ça finisse en catastrophe sans même le vouloir. Tu ne comptes même plus le nombre de fois où tu t’es cramé avec l’eau de simples pâtes ou que tu as justement trouvé le moyen de cramer lesdites pâtes. T’es Mister Catastrophe. T’espérais que cette fois serait différente quand tu t’es lancé dans un plat simple comme des pâtes bolognaises. Impossible de le louper, que tu t’étais dit. Loupé. Tu laisses la viande chauffer doucement le temps d’aller te changer parce qu’Adam va bientôt arriver et, lorsque tu reviens, c’est foutu, c’est fichu. Tu ne comprends pas comment ça a pu arriver en ton absence. La viande et la sauce ont débordé de la poêle, recouvrant les plaques de cuisson. « Putain... » que tu jures entre tes dents, extrêmement déçu de voir que tu as encore trouvé le moyen de ruiner tes efforts. « Fais chier... » T’es triste. Tu serais presque abattu par la situation tellement tu es déçu. T’en reviens pas. Même ça, tu arrives à le foutre en l’air.

Tu nettoies comme tu peux ce qui a débordé, ce qui a fini par salir les plaques de cuissons. T’en oublie tes pâtes, des pâtes qui cuisaient calmement dans de l’eau, jusqu’à ce que, laissées bien trop longtemps sur le feu, l’eau ne s’évapore. Ce n’est que lorsque tu sens une odeur de cramé que tu comprends. T’as encore fait de la merde. Tu as réussi à foutre ta bolognaise en l’air… ainsi que les pâtes qui allaient avec. Plus rien de ce repas ne peut être sauvé. « Fuck... » que tu souffles. T’es triste. T’es triste de ne pas avoir réussi à faire quelque chose pour ton petit ami, pour une fois. Triste de ne pas avoir pu vous prouver, à lui comme à toi, qui tu en étais capable. Et lorsque tu entends toquer à la porte, tu déglutis. Tu vas le décevoir, Adam. Et ça te brise le coeur d’avance.

Tu ouvres la porte et il est là, sur son trente et un, habillé comme s’il s’agissait du date du siècle. Il est beau, putain. Et tu te sens d’autant plus coupable quand tu vois qu’il est là, qu’il s’est pointé et qu’il a fait un incroyable effort vestimentaire. En face de lui, t’es qu’un raté incapable de cuire des putains de pâtes. « Hey. » Tu le salues avec un petit sourire triste avant de lui faire signe d’entrer en t’écartant de la porte. Tu as envie de l’embrasser. Tu as envie de le serrer contre toi et de le saluer comme il se doit mais tu as l’impression de ne pas le mériter. T’as l’impression d’avoir déçu toute la planète en ne réussissant pas une tâche pourtant extrêmement simple - une tâche réalisable par n’importe qui… sauf toi, apparemment. « T’es magnifique. » que tu finis tout de même par lâcher sans trop pouvoir te retenir. Ta franchise, plus tu la chasses, plus elle revient au galop. Et quand tu le regardes, quand tu vois son visage, son sourire, ses prunelles qui s’illuminent et l’effort vestimentaire qu’il a fait… Tu le trouves à tomber. Raide dingue. Par terre. Même si t’es le pire des petits amis sans doute et que tu ne le mérites pas une seule seconde. « J’voulais te faire à manger... » que tu commences en baissant les yeux. « J’ai… pas réussi. » Et entre l’odeur de cramé présente dans l’appartement et les preuves encore sur la plaque de cuisson à présent éteinte… tu te doutes qu’il comprend de quoi tu veux parler.

Il a fait de sacrés efforts vestimentaires et ce, à chaque fois. T’es à la fois touché de voir qu’il prend cela à coeur à ce point et gêné de ne pas l’avoir suivi - de ne pas pouvoir le suivre, même. T’es même pas sûr d’avoir un costume dans ton placard, à vrai dire. La seule chose que tu puisses faire, et que tu as fait, c’est porter une chemise et un jean - ce qui est déjà une nette amélioration par rapport à tes tenues habituelles. « Vous n’êtes pas mal non plus, Monsieur Rogers. » qu’il répond. Il te fait sourire. Parce qu’il est sincère, parce qu’il le pense réellement.

« Ah c’est ça qui sentait dans le couloir.  » T’en viens à te cacher derrière la main que tu passes devant ton visage. Ça sent jusque dans le couloir. Même les voisins vont savoir à quel point tu es un boulet incapable de cuisiner de simples pâtes. Tu laisses échapper une sorte de léger couinement de déception. T’as envie d’aller t’enfoncer la tronche dans le mur le plus proche… ou bien creuser un trou pour t’y planquer. L’un ou l’autre t’irait vachement bien, tu dois l’avouer.  Et lui, adorable, prévenant, il s’approche pour te faire le regarder, pour que tu arrêtes de te cacher, pour te regarder et il t’embrasse tendrement. Tu fonds. Tu laisses la douceur de ses lèvres sur les tiennes te calmer un peu, effacer la honte et la culpabilité. « Ce n’est pas grave, tu sais.. » Putain c’que t’es heureux de l’avoir. Ce que ton coeur devient léger quand tu l’entends dire ces choses là, quand il essaie de te remonter le moral. « Si… J’voulais te faire plaisir... »

« Tu veux que je t’aide à nettoyer ? » que s’enquit Adam et tu écarquilles les yeux bien rapidement. « Ah non ! » que tu t’exclames bien rapidement. Puis tu te stopes, tu pauses et tu respires doucement. « Mes bêtises, mes problèmes. » Tu n’allais certainement pas faire nettoyer ton petit ami qui n’avait rien fait. « Tu peux réfléchir à ce qu’on peut commander pour manger pendant que je nettoie mon massacre ? » Tu viens déposer un baiser au coin de ses lèvres avant de retourner derrière le plan de travail et d’aller mettre le massacre à la poubelle.

Tu te remets peu à peu de ta déception. Faut dire qu’Adam y ait pour beaucoup avec son sourire, sa gentillesse et sa compréhension. Le soulagement que tu as ressenti en le voyant, en te disant qu’il n’avait pas changé d’avis et qu’il comptait bien passer la soirée en ta compagnie était une raison de plus. Ça te calme, ça te fait sourire à nouveau et ta honte disparaît peu à peu. Tu sais qu’elle ne le fera pas complètement tant que tu n’auras pas tout jeté et nettoyé mais ça, tu comptes bien le faire dans les minutes qui suivent. « Tu me fais plaisir en étant là. » que ton petit ami te dit. Putain. Il est pas prêt d’arrêter de se sentir tout léger, ton coeur, s’il continue à te dire des choses aussi gentilles.

Tu t’attactives à tout jeter, à tout laver, à chercher l’éponge et t’activer pour masquer et ne laisser aucune trace de la catastrophe que tu as créé. Tu te débrouilles plutôt bien d’ailleurs et bientôt, il n’y aura plus la moindre preuve de ce qu’il s’est passé dans la cuisine… à part pour l’odeur de brûlé qui semble vouloir persister. « Tu veux manger quelque chose en particulier? » Tu marques une légère pause dans ton ménage afin de te tourner vers Adam et sourire doucement. « C’est toi qui choisi. Fais toi plaisir, babe. » Et tu retournes à ta tâche. Tu ne te rends compte du surnom utilisé que quelques longues secondes plus tard et tu t’arrêtes à nouveau, yeux écarquillés. T’en reviens pas que le surnom soit sorti aussi naturellement de tes lèvres inhabituées à le prononcer. Ça te fait rougir, pivoine, alors que tu termines de nettoyer les plaques. « T’es sûr que tu ne veux pas que je t’aide? » Tu termines et tu vas rincer l’éponge dans l’évier. « Non, non, non. Regardes, j’ai déjà fini en plus. » Tu ranges l’éponge, t’essuies les mains et retourne au côté d’Adam. « Tadam ! » que tu t’exclames en désignant la cuisine désormais propre, sans la moindre trace de ton bordel.

Tu t’actives, tu te dépêches. T’as envie que toute trace de tes bêtises ne disparaisse, et le plus vite possible pour que tu puisses profiter d’Adam plutôt que ranger. « Mexicain ça te va? » qu’il te demande et tu hausses les épaules. Toi, tu manges pas grand chose à part des pâtes et des pizzas. C’est alarmant quand tu y penses. Tu comprends que Kenzi soit sans cesse en train de t’engueuler pour tes habitudes alimentaires. Elle est loin d’avoir tord. « J’ai jamais essayé, j’crois bien... » Damen Rogers, bientôt trente ans, qui n’a jamais goûté un plat mexicain. T’as encore pas mal de choses à apprendre, toi. « Mais comme ça, j’peux goûter. » que tu continues, sourire aux lèvres. T’as bien envie de tenter, tiens. Visiblement, c’est ton moment dans ta vie où tu essaies des trucs - te mettre en colocation, être en couple, manger Mexicain…

Tu termines de ranger et de nettoyer, fier comme un paon devant ton travail bien fait. « T’es un champion. » Il vient même t’embrasser, comme pour te féliciter et tu souris comme un con contre ses lèvres. Tu ferais du ménage bien plus souvent si c’était ta récompense, tiens. Il vient essuyer un peu de sauce qui a décidé d’atterrir sur toi. « Elle à pas si mauvais goût que ça cette bolo finalement.. » Il se marre et tu lèves les yeux au ciel. T’es bien sûr qu’elle est affreuse, cette sauce. T’en es persuadé. Vu comme tu as réussi à la brûler, il serait pas étonnant que son goût soit des plus terribles. « Si tu veux goûter, vas-y. » que tu lances, taquin, en désignant la poubelle et son contenu.