coco na chanel. (sierra)

traits de caractère / oh douce et jolie menteuse. mythomane assumée – qui n'ira quand même pas le crier sur tous les toits – elle s'englue dans les vies qu'elle invente pour ses bouquins. et pourtant, qui irait parier sur ses vices ! les grossièretés sont bannies de son langage, la classe comme seul crédo. et malgré cette vie qui s'enlise dans la fange, elle n'en demeure pas moins maniaque du contrôle (et pourtant, elle le perd chaque jour un peu plus). ambitieuse, elle rêve de croquer des diamants et de toucher les étoiles du bout des doigts. mais sa tendance cleptomane ne sert pas ses ambitions. tout comme son côté indiscret. elle est aussi un peu trop excessive, jalouse, possessive et rancunière. les défauts sont cachés sous le faciès reluisant, sous le minois gracile. mais son intelligence hors pair lui donnent certaines opportunités qu'elle refuse de laisser passer. vindicative et cynique, ces quelques aspects négatifs ajoutent à son charme inné. mais sa vanité équilibre la balance quand sa tendance fière et arrogante la rendent difficilement supportable. loyale et beau parleur, sierra saura regagner des points par la flatterie. passionnée et sûre d'elle, sierra donne envie d'être écoutée, d'être même copiée. c'est là tout le paradoxe de sierra deschannels : l'âme qui rôtit en enfer quand tout donne envie chez elle d'avoir la même vie.

richesse : Qualité de ce qui est coûteux ou le paraît.

n'avoir jamais besoin de travailler pour vivre… c'est ce que tout le monde espère, au fond de soi. lézarder au soleil, vivre de ce que l'on aime, s'ennuyer à mourir juste parce qu'on le peut ; sierra, elle, n'a jamais voulu de ça.
elle était de ces anges nourris par le blasphème, outrageux et scandaleux. elle était de ces anges  ayant ce besoin irrépressible d'exister pour ce qu'ils sont, au regard des autres, plutôt que de se laisser aller aux possessions de leurs parents.

papa a cette pièce, dans la villa, dont il interdit l'accès à tous les autres membres de la famille. et pourtant, sierra en connaît chaque recoin, chaque odeur, chaque tiroir. elle connaît aussi la combinaison de ce coffre-fort où il range les jouets dangereux qu'il bichonne avec tant d'affection.
des armes.
du danger.
des substances illicites.
le poids de son influence à new-york et dans le monde.
sa raison d'être, la honte qui colore les joues de la gamine.
papa est pharmacien.
maman est médecin.
mais ça, c'est pour le monde ; pour les médias, pour l'état.
papa est mafieux. papa est même à la tête d'un cartel.
maman fait les comptes, maman l'aide.
ça c'est la réalité sombre et cruelle, et l'héritage dont sierra est l'unique héritière. un poids énorme sur des épaules trop fines, trop douces.
elle ne veut pas de ça, sierra ; sierra, elle veut briller. exister dans les yeux des autres. et ne pas être un synonyme de peur, de puissance brute et primitive, un synonyme de meurtres.
parce qu'il ne faut pas se voiler ; les deschannels, le cartel, tout est bon pour se faire de l'argent. et la trahison se paie chère : au prix de la vie. on échange des poisons mortels – armes, drogues – pour empocher plus de fric et créer le chaos dans la ville et ses alentours. ce que font les clients avec la marchandise n'est pas important ; ça n'appartient plus aux deschannels.
mais sierra, elle n'est pas d'accord avec ça. sierra, elle voit bien tout le mal qu'ils font à distance, rien qu'avec leur commerce. et sierra accepte encore moins les remarques du paternel :
si ce n'est pas nous qui vendons ces marchandises, alors ce sera d'autres personnes. tu ne peux empêcher ce genre de commerce, sierra, combien même tu en as l'envie.

mais sierra ne peut se résoudre à être à la tête d'un empire qu'elle décrie. sierra, quand on lui propose d'intégrer un show pour les jeunes de treize ans environ, accepte sans hésiter. les strasses. les paillettes. les mensonges. le monde édulcoré rempli de cette richesse à laquelle elle est habituée. un club créé par winnie cocodiaz pour tous ceux qui ne peuvent se résoudre à être des inconnus de plus perdus dans la foule de visages sans noms, pour tous ceux incapables de n'être qu'une copie conforme de quelqu'un d'autre.
exister aux yeux des autres, telle est son envie, tel est son crédo.
quitte à mentir, mentir et encore mentir pour y arriver.


projet superstars. quand sierra a su qu'elle faisait partie de ces cent enfants/adolescents qui allaient être propulsés au-devant de la scène, ça a été la révélation. la joie pure qui a éclaté dans son cœur tendre.
restait plus qu'à convaincre papa et maman.
et ça, ça n'a pas été très facile.
sierra attend un moment de repas où se retrouvent ses parents pour coucher la vérité sur la table.
- j'ai été prise dans le projet superstar.
elle balance pendant un silence. les couverts demeurent quelques instants suspendus, tout comme le temps.
- et ?
demande finalement papa.
elle se mordille légèrement la lèvre inférieure avant d'ajouter.
- et donc j'aimerais participer. accepter leur proposition.
elle jette un coup d'œil en diagonale à son paternel. son minois impassible ne trahit aucune de ses émotions, mais elle voit bien aux lignes de sa mâchoire qui remuent – comme des dents qui se retrouvent, se chevauchent, tentent de tempérer la colère – que ça ne lui plaît pas.
- tu sais bien que tu ne peux pas, sierra.
cette fois, c'est sierra qui explose dans une colère noire, dans une colère sourde, caprice à demi-caché.
- et pourquoi ça ?! pour cacher vos secrets ?! me brider pour que vos conneries continuent ?! que vous continuiez à tuer des gens…
elle se calme lentement, mais les larmes ruissellent sur son minois poupin. elle se lève, lâche les couverts.
- sierra, reste ici.
ordonne papa. mais sierra se fiche déjà de cet ordre qu'elle réfute ; elle repose sa serviette et fonce dans les escaliers marbrés pour rejoindre la chambre de poupée qui a été créée pour elle et elle seule.
elle a toujours tout eu, sierra. habituée aux dorures, habituée à être l'héritière qu'on protège et qu'on chérit. alors quand on lui refuse ce qu'elle a toujours le plus désiré, sierra explose.

et finalement, c'est avec une satisfaction malsaine qu'elle croque dans sa victoire quand papa accepte avec ses conditions.

Citation :

1. on ne parle pas des activités de la famille.
2. papa et maman sont pharmaciens et médecins, rencontrés dans un congrès médical.
3. on ment comme un arracheur de dents. jamais la vérité. jamais.
4. tout donner pour briller et faire oublier les activités illégales de papa et maman.

en soit, tout ce qui comptait, c'était papa et maman. leurs secrets. leurs mensonges. mais peu importe ; sierra aurait fait n'importe quoi pour être regardée.
être adulée.
avoir son nom gravé dans le marbre, voir los angeles, briller.
toucher les étoiles, finir par en devenir une.


mannequin. ça sonnait bien. on lui proposait, avec son joli minois et son corps tout en finesse – ses petits seins, sa taille fine, ses hanches légères – de devenir l'égérie de produits de marque. de prêter son physique à la publicité. et sierra, elle n'a même pas eu besoin de réfléchir avant de dire oui.
être mannequin, c'était mieux qu'être actrice. dans sa tête, ça ne demandait pas tant de travail ; elle n'avait pas besoin d'apprendre des textes par cœur, elle devait juste marcher sur un podium et s'engoncer dans des tenues créées par d'autres. papillonner des cils, afficher l'air impassible – le même – de papa et encaisser l'argent. encaisser la célébrité.
briller.
jusqu'au faux pas de trop.
jusqu'à cette étreinte passionnée avec le mari de son agent – celle qui s'occupait de contacter les créateurs, les marques, celle qui s'occupait d'elle comme une petite sœur. elle l'a trahi. elle n'a fait qu'ouvrir les cuisses à celui pour lequel elle existait. à celui qui lui donnait le sentiment de compter.
et c'est à ce moment-là – ou dans les environs – qu'elle a su que c'était une erreur.
quand le sang n'a plus coulé entre ses cuisses comme tous les mois.
quand le test de grossesse a été positif.
quand sa vie s'est terminée dans un souffle pour qu'une autre prenne le relai.

elle avait tout fait, sierra, pour que sa vie soit un enchaînement de bonnes décisions qui la mèneraient tout droit jusqu'aux étoiles. mais celle-là, en plus de la priver de son agent qui les a surpris et détestés tous les deux, qui n'a pas tardé à demander le divorce, lui a refilé un polichinelle dans le tiroir.
un joli petit bébé qu'elle chérirait autant qu'elle le haïrait. pour avoir mis sa vie sans dessus-dessous ; pour avoir brisé sa quiétude. qu'elle a adoré pour avoir créé ce renouveau. pour avoir bouleversé sa vie, pour l'avoir changé. mélange de sentiments, autant d'amour que de déception, autant d'adoration que de colère.
un fils qu'elle appellera finalement isaac.
un fils qui lui apprendra – en grandissant – ce qu'est la vraie vie.
s'il n'était pas arrivé par cet enchaînement de coïncidences et d'imprévisibilité, peut-être que sierra n'aurait jamais eu d'enfants.

alors depuis, sierra n'est plus mannequin. sierra a tenté de devenir journaliste, mais les mensonges dans lesquels elle s'est plongée si ardemment pendant la plus grosse partie de sa vie sont revenus. elle avait besoin d'édulcorer la vérité pour que cette dernière gagne en intérêt… et ne pas écrire d'articles sans importance, que les gens ne feraient que lire dans une diagonale imparfaite sans aucun intérêt réel pour le sujet.
pour ne pas avoir l'impression de disparaître, comme un fantôme. quelqu'un qui a existé mais qui s'est effacé. et ça a marché, quelques mois ; on ne parlait plus que de sierra deschannels et de sa façon si particulière de trouver des sujets trépidants, de sa plume particulière et de ses histoires incroyables.
jusqu'à ce qu'on découvre le pot aux roses.
jusqu'à ce qu'on découvre que sierra deschannels ne vaut rien si on gratte le vernis, qu'il commence à s'écailler.
mais sierra, ça lui a surtout donné une idée ; pourquoi se contenter d'être elle-même, quand la réalité est si peu reluisante ? écrire, continuer d'exercer sa passion. écrire et se transformer en caméléon.
écrivaine qui se plaît à transformer sa réalité pour exister. toujours plus exister.
toujours plus mentir, maladie chronique et décriée.
mythomane.