le meeting de Josephin l'ange gardien et sa protégée •• Sierra

Voici ma mission si je l’accepte.
Aborder Sierra Huxley sans qu’elle me prenne pour un pervers je ne sais pas quoi. On ne sait jamais avec ce qui se passe aujourd’hui vous savez ? Les femmes ne se laissent plus faire et c’est la révolution, franchement, je les soutiens à 101%, donc rien à craindre de moi… Tout de même, elles ne peuvent pas savoir qui est le gentil ou qui est le méchant dans les rues. De plus, si je l’aborde dans les rues… Elle va me prendre pour un type totalement louche là. Si je l’aborde dans les bars, ce qui n’est pas gagné parce que je travaille MÔA ! De plus, il faut que je reste sobre quoi. Donc nope, je ne peux pas aller au bar sans boire une bière (qui doit être dégueu). Enfin bref, je ne sais pas. J’ai beau savoir où elle vit, ce qu’elle fait, où elle va, ce qu’elle aime bien…

…

Ça fait creepy hein ?

En vrai, c’est pas de ma faute, j’ai rien demandé de tout ça ! C’est le papa Huxley qui m’a dit les détails sur Sierra ! C’était mon client, enfin, le mec que j’emmenais à l’aéroport avec ma voiture. Pendant tout ce trajet, bouchonné, on a discuté de pas mal de choses et encore, ce sont des choses super profondes. Je ne m’y attendais pas quoi. Il a réveillé l’instinct paternel que j’avais carrément enfoui au plus profond de mon être parce qu’en fait, j’ai un fils quelque part dans ce monde. Ce fils que je n’ai jamais eu la chance de voir grandir, voir prononcer ses premiers mots… Enfin tout ça vous voyez… Je n’ai pas eu cette chance-là. Et ce père, il s’en va, il ne sait pas où et il m’a clairement demandé, sans que ce soit forcément obligatoire de veiller sur Sierra même s’il sait dans le fond qu’elle saura se débrouiller. Je ne veux pas savoir, mais j’imagine qu’elle sait se défendre cette fille.

Donc voilà. Je me suis garé tranquillement, je bois mon milkshake tranquille et j’observe les passants tranquillement. En vrai, je n’ai rien à faire pour l’instant parce que c’est ma pause, mais voilà, j’espère juste apercevoir Sierra, mais en vrai, je n’arrive pas du tout à la voir pour l’instant. Pas grave, je bois tranquille mon milkshake, avec de la bonne musique électro que j’écoute. Je suis bien là… Mais bon, faut savoir que je devrais enfin me bouger et essayer de gagner l’argent qui ne tombe pas du ciel tout seul. J’avoue que j’espère juste voir un petit portefeuille tomber au sol et que je vienne récupérer un peu d’argent avant de rendre à la personne. Enfin, on sait tous que ça ne va pas arriver. Parce que déjà… Un, je vois Sierra marcher tranquillement, avec son sac et tout. Deux, je me ferai quand même cramer parce qu’en vrai, je ne suis peut-être pas toujours doué pour mentir quoi. Trois, je commence à être à cours de chiffre parce que j’ai pas réfléchi à mon plan génial pour l’aborder qu’elle dépasse déjà ma voiture. Bordel, ça fait déjà plusieurs tentatives toutes vouées à l’échec. Oui, j’appelle ça les tentatives, même si je n’ai jamais essayé de lui adresser la parole ou quoi.

Sauf qu’un moment donné, je viens de voir cette tentative, cette occasion en or de lui adresser la parole: elle a fait tomber un truc et elle ne s’en est même pas rendue compte. C’est d’autant plus parfait ! Sans réfléchir, je fausse compagnie à mon milkshake et je descends de la voiture que je ferme derrière mois, je ramasse son… Ah bah, son portefeuille. J’aurai jamais cru ça. Enfin, tout ça en même pas de dix secondes. « Mademoiselle ! » l’interpellai-je en forçant le pas pour aller la rattraper. Quoi ? J’allais quand même pas l’appeler Sierra ! « Mademoiselle ! » quelques personnes se retournent, mais toujours pas cette Sierra. Je ne me rends pas compte du passage piéton que je traverse vu que j’étais focalisé sur cette personne. Je traverse tranquille alors que j’interpelle encore une fois de plus. « Sierra Huxley ! » bon ça, ça m’a échappé et en plus, ça a été efficace. Sauf qu’au moment où elle s’est retourné, j’heurte un cycliste… Ou plutôt, c’est le cycliste qui me heurte. Dans tous les cas, on s’est heurté qu’on est tous les deux tombés par terre sous un cri d’effroi d’une vieille dame que j’avais dépassé. Enfin je sais plus.

… Aouch.

J’avais carrément pas signé pour ça eh. Je suis terriblement mal parti pour être Josephin l’ange gardien là si je me fais renverser par un … Ah bah, un coursier en plus. Ce sont des têtes brûlées ces mecs, ils se cognent tout le temps contre mes rétroviseurs…! Pff. Les bâtards. Je me redresse en grimaçant et je tends le portefeuille à la première personne sans me soucier qui c’est réellement. M’en fiche, j’ai manqué de perdre ma vie et je risque peut-être un aller-retour à l’hosto alors son portefeuille… Rien à battre les steaks. « Voilà ton portefeuille Sierra… » soupirai-je avant de frotter la jambe.