meet me at our spot (kurtis)

MEET ME AT OUR SPOT When I wake up I can't even stay up I slept through the day, fuck I'm not getting younger But when I'm older I'll be so much stronger I'll stay up for longer Meet me at our spot Caught a vibe Baby, are you coming for the ride? I just wanna look into your eyes I just wanna stay for the night, night, night When we take a drive Maybe we can hit the 405 Hypnotized by the lights Man, this must be the life. @Kurtis McDonald    --

la douceur revient petit à petit, chassant chaque jour un peu plus les flocons tapissant les rues du queens d’un manteau blanc épais. la môme aime l’hiver, voir la neige tomber des heures durant sans jamais discontinuer. elle aime sautiller en laissant dans son sillage les traces de son pas léger. flâner dans les quartiers endormis et silencieux pour profiter du froid mordant son épiderme encré. scylla quitte son appartement, le ferme à double tour et en range les clefs. elle a prévu de sortir un peu, profiter des rayons solaires avant que la lune ne vienne à pointer le bout de son nez. une blonde au bord des lippes, la tatouée se tire du bâtiment miteux dans lequel elle loge depuis quelques mois désormais. une fois à l’extérieur c’est son portable qui vient se loger contre ses longues phalanges tatouées. les doigts sont rapides, le message est envoyé avec une certaine dextérité à noter. « meet me at our spot? » quelques pixels qui veulent tout dire, l’appel à l’âme frère, le seul homme qui ne l’ai jamais aimé. pas par avarice ni luxure non, uniquement pour ce qu’elle est. un désastre des astres, une calamité. la gosse file à toute allure, bien trop pressée. elle ne prend pas franchement de temps pour elle ou pour respirer. couper du monde auquel appartient, des clients et leurs soupirs qu’elle collectionne depuis des années. sans se l’avouer ni trop y réfléchir elle espère qu’un jour on viendra la tirer de là. qu’on la kidnappera pour l’emmener loin sans jamais avoir à se retourner voilà ce dont quoi rêve scylla. de douceur, de normalité. d’un toit au dessus de la tête et un frigo rempli de choses à grignoter. qui sait même une boule de poil à cajoler. ça serait beau de se ranger. quitter la rue une bonne fois pour toute et tirer un trait. dire adieu à la came et retrouver un semblant de sobriété. tout cela lui semble bien hors d’atteinte , dans une autre vie peut être qui sait? alors que les pas s’enchaînent la môme oublie son portable qui se met à vibrer. trop absorbée par la foule mouvante,  éternellement pressée. les quartiers défilent eux aussi et les paysages se différencient à travers cette jungle d’asphalte et d’acier. l’air pur et le calme ne sont plus très loin maintenant il ne lui reste que quelques kilomètres à parcourir pour atteindre le point de rendez-vous donné. le même depuis plus d’une décennie, leur habitude à eux, leur secret. la tête de scylla dodeline on peut même la surprendre à chantonner. petit elfe des temps moderne bien couverte grâce à son écharpe et son bonnet. devant elle se trouve à présent son endroit préféré. rien n’est plus beau que les baies et leur banc sous le vieux saule loin de l’entrée du parc dans lequel ils ont tant zoné. leur banc où ils ont gravé leurs initiales en promettant solennellement de ne jamais oublier. d’où ils viennent, ce qu’ils ont accompli, leur amitié. ils ont fait peur aux canards, parfois tenté de les capturer tard dans la nuit lorsqu’ils étaient bourrés. kurtis lui a offert l’adolescence qu’elle méritait. les instants de joie importants ceux qui réchauffent quand on se sent abandonné. la gosse rejoint leur coin de paradis, première arrivée. chasse la neige du bois pour loger ses fesses au dessus du dossier. le regard perdu dans le vague et l’âme dans les souvenirs du passé.