water damage (slamn)

Ce n’est pas un grognement, mais bien un bruit non identifié lorsque tu pousses la porte de derrière pour attester des dégâts. Il a pas loupé le Mermaid, le putain d’orage de la nuit dernière. Tu le savais. Tu l’avais senti. T’avais pas dormi de la nuit à cause de ce putain de sentiment, de ce truc qui te prenait aux tripes pour te faire comprendre qu’il allait se passer un truc vachement déplaisant. T’avais pas eu tord. Et c’est le téléphone à l’oreille que tu t’avances, les pieds trempant dans la flotte. T’as un peu de chance quand même, parce que t’es assuré, parce que ton assurance t’annonce qu’elle va venir et qu’elle devrait te couvrir et ça sonne comme une douce mélodie à ton oreille.

Ils se pointent assez rapidement et tu te démerdes pour prévenir tout le monde que le club n’ouvrira pas avant plusieurs jours, le temps de gérer la merde. Les mecs prennent connaissances des dégâts, de l'ampleur du boulot et promettent de payer pour un crew qui pourra nettoyer le plus gros des dégâts… dès le lendemain. Ça t’emmerde. Ça t’emmerde qu’ils ne puissent pas ramener leurs fesses tout de suite pour commencer le boulot, pour t’empêcher de t’enfoncer dans un manque à gagner flagrant. Tu protestes pas, pourtant. Ils pourraient laisser le boulot à ta charge, ne payer que pour l’irréparable. Alors ta grande gueule, tu la gardes fermée jusqu’à ce qu’ils partent, jusqu’à ce que tu regardes les vieilles converses défoncées et maintenant trempées que t’as aux pieds. Va falloir que tu commences toi-même. Il est hors de question de rester planté là comme un con, à rien foutre, alors que tu pourrais commencer à remettre ton gagne pain sur pied - même s’il est bien évident que tu n’y arriveras pas tout seul.

Un sceau et quelques serpillières plus tard et t’es trempé de partout, à fond dans la tâche que tu t’es donné. Tu transpires aussi, pour couronner le tout, devant l’effort que tu fournis maintenant depuis une bonne heure et demie. Tu ne montres encore aucun signe de fatigue mais tu as bien conscience que ce n’est qu’une question d’adrénaline - quand elle redescendra, tu vas t’écrouler.

C’est là que la porte de derrière s’ouvre à nouveau, grinçant dans le silence de la grande pièce du Mermaid - grande pièce qui résonne terriblement lorsqu’elle est vide comme aujourd’hui. Tu lèves les yeux, intrigué, pour remarquer Slade dans l’embrasure de la porte. « J’ai envoyé un texto. Pas besoin de venir aujourd’hui. On peut pas ouvrir. » que tu lui lances directement, à genoux par terre, une serpillière trempée dans chaque main.

ça te fait un peu chier.
même carrément chier.
un petit soupir s'échappe de tes lèvres et tu te pinces les lèvres un bref instant et glisses une main dans tes cheveux, observant ton téléphone de longues secondes, secouant un peu la tête de gauche à droite et fermant les yeux. tu soupires un peu. ça te fait chier.

une inondation. comme si vous n'aviez que ça à gérer. enfin, vous. tu secoues la tête de gauche à droite. c'est ton boulot, le mermaid, alors normal que ça te fasse chier que l'orage de la nuit dernière ait provoqué cette inondation stupide. pas que tu y puisses quelque chose, de toute manière. tu fermes les yeux, à moitié affalé sur ton canapé, une jambe traînant au sol. t'aimes pas franchement rester inactif.
alors tu te redresses rapidement, t'éloignes vers la salle de bain pour attraper les pauvres serpillières qui y traînent. t'enfiles des vieux fringues.
connaissant damen, il est en train d'essayer de sauver le club. enfin, de faire quelque chose, quoi. tu sais pas trop quoi, d'ailleurs. en fait, t'arrives même pas à visualiser l'étendue des dégâts et rien que pour ça, t'as envie d'aller voir.

il ne te faut pas longtemps pour rejoindre le mermaid, tandis que la porte grince quand tu la pousses pour entrer dans le bâtiment. t'as rapidement les pieds dans l'eau. j’ai envoyé un texto. pas besoin de venir aujourd’hui. on peut pas ouvrir. tu te pinces un bref instant les lèvres. t'observes le blond à quatre pattes, essayant d'éponger le sol. je sais. tu te contentes de répondre.
tu sais même pas ce que tu fous ici, en réalité.
t'es un peu maso sur les bords, non ? tu te pinces les lèvres.
tu vas choper la mort, elle est gelée. que tu lâches en virant tes chaussures pour éviter de les bousiller. tu balances les deux serpillières dans l'eau. et puis c'est sans compter sur la quantité de flotte présente dans les locaux. clairement impossible de faire quoi que ce soit d'utile. mais bon.

« Je sais. » Tu t’arrêtes totalement, serpillère dans chaque main, regard interdit. Il sait ? Ben qu’est-ce qu’il fout là, alors ? Tu te souviens encore de sa voix lors de votre dernière véritable conversation. Tu te souviens vivement du ton employé alors qu’il tabassait verbalement ton petit ami actuel - petit ami avec qui tu es toujours, d’ailleurs. Je sais. Il balance ça comme ça, lui. Comme un passe moi le sel à table lors d’un repas de famille à la télévision - non pas que t’aie vécu ça dans ta propre famille. Qu’est-ce qu’il se ramène au Mermaid, s’il sait qu’il est fermé et qu’il n’a pas à venir bosser ? « Tu vas choper la mort, elle est gelée. » Tu manques de t’étouffer. Comme quoi, rien que respirer est dangereux quand Slade est dans les parages, et quand il se comporte tellement bizarrement, hors de sa personnalité habituelle que tu risques de crever à tout moment. Qu’est-ce qu’il lui prend à s'inquiéter pour toi ? Qu’est-ce qu’il peut bien en avoir à foutre ? À quoi il joue, en fait ?

T’as envie de lui demander s’il n’est pas venu pour te foutre son corps sous l’pif, pour que tu changes d’avis.
Sauf que c’est pas son genre.
Sauf… sauf que s’inquiéter n’est pas son genre non plus.

Putain de dilemme intérieur entre ton envie d’lui cracher à la gueule cette question que tu te poses et le fait de la fermer pour profiter de sa présence. Parce que t’en reviens pas qu’il soit là, qu’il se soit bougé le cul à un moment où t’es clairement pas au meilleur de ta forme et de ta motivation.

Il vire ses chaussures.
Tu vas choper la mort, qu’il dit.
Et il vire ses. putains. de. chaussures.

Tu secoues ton visage de gauche à droite, laissant tomber la remarque cinglante qui se coince dans ta gorge. Fais ce que je dis, pas ce que je fais. Du putain de Slade tout craché. Tu presses les serpillères entre tes doigts dans ton sceau déjà pas mal rempli avant de les replonger dans la flotte. « Ouais mais j’ai chaud. C’est du sport d’éponger. » Quelle belle répartie, Damen. On a connu bien mieux.

t'as absolument aucune idée de ce que tu fous ici, pour être honnête. ça tourne dans un coin de ta tête comme question, et ton regard se pose sur le blond. quelle idée aussi de bouger comme ça. tu bosses pas. tu peux pas bosser. t'aurais pas pu en profiter pour rester dans ton canapé ? ou allez voir ta frangine, une connerie dans le genre. tu fronces un peu les sourcils face à damen, complètement trempé par l'eau de pluie. pas franchement une haut à trente-sept degrés, quand on y pense. il va y laisser la peau s'il continue. mais bon, t'as pas ton mot à dire, hein ? ce serait plutôt le rôle de son mec, ça. tu secoues la tête, chasse cette pensée de ton esprit, ne te pose pas beaucoup plus de question.

l'eau gelée vient lécher ta peau. t'as pas envie de bousiller tes godasses. (pas du tout contradictoire). un soupir glisse sur tes lippes, serpillières balancées un peu plus loin dans l'eau. ouais mais j’ai chaud. c’est du sport d’éponger. tu fronces les sourcils. tu parles d'un sport. tu te contentes de marmonner en t'avançant un peu pour aller choper un deuxième sceau qui traîne derrière le bar. tu sais même pas ce qu'il fout là. t'es au courant que tu sauves pas grand chose, là ? tu demandes en haussant les épaules, te penchant un peu pour venir essorer une des serpillières dans le sceau. question posée simplement. il faut être réaliste, après tout. ça ne sert concrètement à rien. tu fermes les yeux un bref instant.

y'a une pensée qui traverse ton esprit, y'a ta conscience qui te souffle qu'à resté penché en avant comme ça, tu vas en chier demain en te réveillant, que t'as plus vingt ans et que franchement, même pour un mec de ton âge, t'as vraiment un dos pourri. (merci beau-papa). tu fermes les yeux un instant, te contentes de venir essorer un autre bout de tissu, silencieusement.
parce que tu sais pas forcément quoi ajouter.
parce que le silence, c'est pas si mal, finalement.
un souffle t'échappe, tes genoux rejoignent le sol trempé qui imbibe doucement ton pantalon, laissant une sensation assez désagréable sur ta peau. tu secoues un peu la tête. t'aimes pas cette impression de patauger totalement. mais bon. on a pas tout ce qu'on veut dans la vie. certainement pas. pensée bien rapidement éloignée. une nouvelle fois.

un léger soupir glisse sur tes lippes.
qu'est-ce que tu fais réellement là ?
est-ce que t'as quelque chose à te faire pardonner ?
oui, clairement. et pourtant, pourtant au fond de ton esprit, c'est pas comme ça que ça marche. t'as marqué bien trop de fois le corps du blond, tu l'as entendu souffler ton prénom au bord de l'orgasme un nombre incalculable de fois. et ... et, putain, l'idée qu'un gosse puisse en faire de même te rend malade (de jalousie - mais ça, encore faut-il l'admettre.) tu glisses une main contre ta joue mal rasée.

j’ai déjà sauvé pas mal de choses, figure toi. à coup de sceau. on avait de l’eau jusqu’au dessus des chevilles, avant. tu te contentes de hocher silencieusement la tête. t'as du mal à imaginer le mermaid complètement immergé. c'est dingue qu'un simple orage provoque ce résultat. un soupir manque de s'échapper de tes lippes. ouais, j'vois. tu souffles. ça veut dire que ça fait un bout de temps qu'il baigne dans l'eau glacée, tout en transpirant au maximum. t'es déjà quasiment certain qu'il va choper la mort. c'est pas qu'il est pas très épais le blond, mais bon. tu te pinces brièvement les lèvres.
le silence retombe de longues secondes,
trop longues d'ailleurs.
et pourtant ton envie de le briser n'est pas spécialement présente. tu as toujours préféré ça aux mots. t'es pas un bavard, t'es même loin de l'être. tu te redresses finalement, abandonnes la serpillière et le sceau à même le sol. tes pas te mènent derrière le bar, pour y dérober une bouteille à peine entamée. servir deux verres semble dérisoire, mais en attendant, tu viens en tendre un au blond, silencieux encore une fois. ça aurait au moins le mérite de le réchauffer. (de réchauffer les cœurs.)

tu te mords l'intérieur de la joue un bref instant, ton regard se portant sur le blond, l'histoire de quelques secondes. tu viens glisser une main humide contre ta joue et tu termines par continuer d'éponger, même si tu ne trouves pas ça très utile pour le moment. j’ai voulu aller te voir. après... tu fronces un peu les sourcils en relevant vers le blond. tu retiens un soupir, hausses les épaules l'air de rien face à damen. tu te redresses finalement, préférant abandonner sceau et serpillière pour te diriger vers le bar et y récupérer une bouteille, vous servant deux verres.

tu viens en tendre un au blond. thanks.
j’suis tombée sur une blonde qui a ouvert ta porte.
tu fronces un peu les sourcils, tandis qu'il en revient à sa phrase précédente. tu comptais pas franchement rajouter quelque chose là-dessus, mais bon. tu réfléchis rapidement. une blonde, chez toi, y'a pas énormément de choix possible. céleste. tu réponds simplement. ta frangine. qui s'est bien gardée de te le dire. tu te pinces les lèvres et essayes de te rappeler de le lui faire remarquer. enfin, je suppose. tu ajoutes. tu vois pas trop de qui il peut parler, autrement. t'es pas du genre à ramener des blondes chez toi, pour être honnête.

(éventuellement des blonds. un blond.)

tu te contentes d'une gorgée dans le verre que tu viens de vous servir, fermant les yeux un bref instant. elle ne m'en a pas parlé. tu souffles simplement, un peu haussement d'épaule, tandis que tu observes damen un bref instant.
t'as aucune idée de ce qu'ils ont pu le dire.
peut-être que t'as un peu trop envie de le savoir.
tu t'éloignes un peu pour reposer ton verre sur le bar, récupérant la serpillière au sol.

céleste et damen qui se sont retrouvés face à face. c'est nouveau ça ? tu fronces un peu les sourcils, t'es pas certain d'être très heureux d'apprendre ça. parce que ça donnera à céleste l'occasion de te faire chier avec ça, avec ce qu'il s'passe avec l'blond.
il se passe rien.
rien du tout.
tu retiens un léger soupir, glisses tes doigts contre ton visage avant de boire une petite gorgée dans ton verre. bah c’était pas méga important pour elle. qu'il souffle finalement. tu tournes la tête vers damen, haussant finalement les épaules, l'air de rien, face à ses mots. sans doute pas. tu réponds simplement. j’te cherchais juste, quoi. mmm. tu souffles simplement en terminant ton verre d'une gorgée. tu t'appuies contre le bar de longues seconds, l'observant quelques instants, tandis qu'il s'acharne toujours sur l'eau dans laquelle vous trempez. est-ce que ça va être utile, au final ?
c'est une bonne question.

t'aurais toujours pu repasser. que tu souffles finalement. t'es con, ou tu le fais exprès ? tu te pinces les lèvres et te resserres un verre. tu reposes la bouteille sur le bar. tu la payeras, s'il le faut vraiment.
pourquoi est-ce que tu lui dit ça, à damen ?
est-ce que t'aurais voulu qu'il repasse ?
t'en sais strictement rien.
tu fermes les yeux un bref instant, et un soupir glisse sur tes lippes. t'avais sans doute autre chose à faire. tu ajoutes en te redressant, récupérant la serpillière que tu viens laisser tomber dans l'eau, avant de te baisser de nouveau, les genoux dans la flotte, essorant le tissu dans le sceau.
autre chose à faire. solution de secours.
tu fermes les yeux.
t'aurais sans doute dû aller l'voir, non ?
t'excuser. t'excuser. de quoi ?
(tu le sais, tu le sais très bien)
tu prends une petite inspiration. j'aurais pas dû m'emporter. tu reconnais, finalement, du bout des lippes, tes doigts se resserrant tout de même sur le bout d'tissu.