Storm behind smile. Gab

traits de caractère /Prétentieux  arrogant. Qui masque pourtant en réalité un gros manque de confiance en lui. Hyper-sociable en mal d'amour. Boute-en-train / blagueur / farceur à l'excès / fêtard. Tout ce qui lui permet d'éviter de se retrouver seul trop longtemps. Dépressif refoulé qui s'auto-détruit. Parce qu'il se pense véritablement sans avenir, il ne fait rien pour changer de vie et tenter de se trouver un "vrai" métier. C'est le feignant, roi de la procrastination, par excellence. Qui se contente de se laisser porter par la vague.

Kaithlyn.

Cette fin d'après-midi, comme toutes les autres depuis le début de l'année scolaire, tu fais le trajet depuis l'école en compagnie de tes deux meilleurs amis. Ils habitent deux rues plus loin que toi alors comme à chaque fois, vous vous séparez devant la porte de ton immeuble. Ca fait bien longtemps que ta mère ne vient plus te chercher devant l'école. Elle manque de temps qu'elle dit. Pourtant, quand t'arrives chez vous le soir, elle est déjà là. Ou "toujours" là, tu ne sais plus trop. T'as l'impression qu'elle ne sort jamais de chez vous en réalité.  Depuis quelques mois, c'est même toi qui dois régulièrement faire un tour à l'épicerie du coin pour faire quelques courses. Le mois dernier, l'épicier t'a offert un  sac entier de bonbons pour ton anniversaire. Ca et un coup de fil de la part de ta grand-mère maternelle, c'est tout ce à quoi t'as eus droit ce fameux 17 mai. Ta mère t'a oublié. Ou elle n'a simplement pas fait attention à la date. Tu n'en sais rien. Tu sais juste qu'elle est passée à côté. Tu ne penses pas qu'elle ne t'aime pas du tout. Tu penses juste qu'elle n'est plus vraiment là depuis quelques temps.  Elle a toujours eut l'air ailleurs. Mais plus le temps passe, plus elle traîne du pied.

Ce fameux jour de juin, tu passes le pas de la porte sans te poser de question. Les vacances d'été sont là. Et comme tous les ans, tu vas profiter du mois de juillet pour voir autant que possible tous tes copains disponibles. C'est plutôt en août que tu t'ennuies vraiment. Que tu passes tes journées à jouer sur ta game boy. Tes amis partent en vacances dans leurs familles, ici et là à travers le pays. Mais toi, t'as pas beaucoup de famille. T'as juste ta mère et ta grand-mère. Que tu ne vois pas assez souvent à ton goût. Tu ne sais pas trop pourquoi. Mais t'as compris que c'était des histoires de grands. Que c'était entre les deux femmes. Ce que tu ne sais pas encore quand tu passes le pas de la porte, c'est que ta mère a négocié avec la sienne pour que tu déménages et aille vivre chez elle. Elle a besoin de se retrouver seule avec elle même, à ce qui paraît. A aucun moment au cours de votre conversation, elle ne te dit que t'es un poids pour elle. Mais c'est clairement ce que ça signifie et tu grandiras avec cette idée. Que t'étais un poids pour ta mère.  Et que globalement, tu peux vite être "de trop". Ou "pas assez bien" pour que l'on t'aime et veuille de toi.

Elizabeth

Dix ans. C'est le temps que tu passeras chez elle. Chez ta grand-mère maternelle. T'es pas parti parce que t'étais pas heureux chez elle. Mais parce que t'as vite eus la sensation d'être un poids, pour elle aussi. Elle vit sur une retraite bien trop maigre pour pouvoir subvenir convenablement à tes besoins en plus des siens. Trop souvent, elle se prive pour toi. C'est de cette façon que tu réalises qu'elle t'aimes d'ailleurs. Parce qu'on ne peut pas dire qu'elle soit très expressive Eli. Elle ne mentionne jamais ta mère et elle déteste quand toi tu le fais. Alors peu à peu, t'as cessé d'essayer de parler d'elle. Les semaines, les mois, puis les années, sont passés sans qu'elle ne cherche à reprendre contact avec toi. Encore aujourd'hui tu ne sais pas. Où elle est, ce qu'elle devient, si elle a refait sa vie quelque part, si elle est heureuse, si elle pense encore à toi. Et t'as pas la moindre envie de changer ça. Elle est passée à autre chose. C'est dire à quel point t'étais devenu de trop dans sa vie. Eli, elle t'a prit sous son aile. De façon un peu maladroite, elle qui ne connait ni les mots d'amour ni les gestes tendres. Elle t'éduque à la dure, pensant que c'est la seule façon de faire. Devant elle t'es un gosse tranquille et sans histoire.  T'es assez attentif en classe pour ramener de bonnes notes. Mais dès que tu le peux, tu files à l'anglaise pour sortir faire le con -sans gravité- avec tes potes.

Dès l'obtention de ton bac, avec mention, tu décides de laisser ta grand-mère tranquille. Elle tente de te faire changer d'avis, en vain. Tu veux bosser pour pouvoir l'aider. Mais pour bosser, encore faudrait-il que tu sois capable de tenir plus de quelques semaines en place. T'as énormément de mal à te faire à toutes les règles de base. Un jour sur deux, t'arrives en retard parce que tu trouves que se lever avant sept heures du matin, "c'est pas humain", par exemple. T'enchaînes donc les petits boulots tous plus pourris les uns que les autres. Et durant des années, t'as pas les moyens de te payer ton propre appartement. T'as de la chance d'avoir vraiment beaucoup d'amis. Et d'être capable de faire succomber quelques filles suffisamment fort pour qu'elles acceptes de t'héberger, elles aussi. Jusqu'au moment où elles réalisent que t'as un poil de six mètres de long dans la main. T'as toujours l'intention d'aider ta grand-mère. Mais t'avais pas réalisé que c'était aussi compliqué de gagner de l'argent.

Joanne

La fête bat son plein et la petite scène mise en place à l'occasion du 21 juin, vibre sous les pas déjantés des musiciens qui se produisent. Pourtant ce soir, t'es carrément incapable de détourner ton regard brun du joli minois qui est le sien. Joanne. Vous vous connaissez depuis la première année du lycée. Ca va faire deux ans. Vous faites partis de la même bande d'amis. Des gens que tu connais, pour la plupart, depuis le collège. Elle, elle ne s'y est installée qu'à la rentrée du lycée. Tu n'as jamais su d'où elle venait. Tu sais juste qu'elle était nouvelle à New-York. Elle ne parle pas beaucoup d'elle. Et elle déteste qu'on lui pose des questions.  Surtout toi. Vous passez le plus clair de votre temps à vous chamailler tous les deux. Il faut dire que ça n'a pas bien démarré entre vous. Elle a détesté ton entrée en matière la première fois que tu lui as parlé. Tout ça parce que tu t'es permis de plaisanter. C'est pourtant ta marque de fabrique. Mais il faut croire que ton humour n'a pas du tout fonctionné sur elle. Ou que t'as, tout de suite, touché un point sensible. T'en sais rien et tu ne sauras sans doute jamais. Parce qu'elle te déteste, t'en es certain. Et honnêtement, tu ne l'apprécies pas des masses en retour. Pourtant t'as l'impression que les choses prennent un drôle de tournant entre vous. Vos amis passent votre temps à se foutre de vous en affirmant qu'il y a surtout beaucoup de tension sexuelle entre vous. Et plus ils le disent, plus toi t'y crois.

T'as quoi à m'reluquer comme ça, gros pervers ?

Tu t'es contenté de lever les yeux au ciel et de lui tourner le dos pour disparaître. Rejoindre tes potes qui traînent ici et là, pour éviter de te retrouver de nouveau avec elle. T'es conscient que cette attirance soudaine ne sera jamais partagée de toute façon. Ou plutôt, t'en es persuadé. Toi qui, malgré tes grands airs, doute terriblement de ta petite personne. Avec les filles, tu peux jouer la carte de l'humour pour les intéresser. Mais avec Joanne, ça ne fonctionne pas. Et de toute façon, t'as pas envie de lui plaire. Tu ne la supportes pas.

Vraiment pas.

Pas du tout...

Pourtant y'a un truc qui est en train de changer entre vous. Vos prises de tête se terminent parfois en éclats de rire, c'est dire. Jusqu'à la dispute de trop. Celle qui vous fait littéralement tomber dans les bras l'un de l'autre.

Treize ans plus tard, votre relation elle est toujours dans le même état. Y'a des périodes durant lesquelles vos corps se fracassent l'un contre l'autre, à l'image des vagues qui abîment les rochers.  Et des périodes durant lesquelles vous vous ignorez royalement. Vous avez été ensemble durant un an, au lycée. Avant que les disputes n'aient raison de vous. Les douze années suivantes, vos amis ont attendu en vain que vous remettiez ça une bonne fois pour toutes. Pour tous, vous êtes faits pour être ensemble. Ce n'était juste pas le bon moment.

Susan

Fin 2017, tu trouves rien de mieux à faire que de t'inscrire sur un site d'escort. Non pas pour trouver une nana jeune et jolie pour t'accompagner à une soirée -t'as clairement pas les moyens- mais bel et bien pour te proposer toi. T'as vraiment pas la gueule de l'emploi.  Au premier abord, t'es pas super rassurant avec tes yeux sombres, tes cheveux noir ébène et tes nombreux tatouages. Tu frôles pas les deux mètres de haut et t'es pas un tas de muscles. Bref, t'as beau être assez confiant quant à ton physique, tu sais très bien que t'entres pas dans les critères pour être "escort boy".

Et pourtant.

Deux semaines après ton inscription que t'avais déjà totalement oublié, t'es contacté par une quinqua qui demande gentiment si t'es dispo pour le nouvel an. Tu continues de prendre ça à la rigolade. Jusqu'au jour J où tu l'accompagnes à une soirée bon chic bon genre où tu fais clairement tâche dans le décor. Tu comprends assez vite que c'était le but. Et que tu l'amuses beaucoup la quinqua sexy qui avait bien besoin de dépoussiérer sa vie toute entière.

Un an et demi plus tard, vous en êtes toujours là tous les deux. C'est presque devenu un boulot à part entière pour toi. Il faut dire qu'elle te paie grassement. En plus de t'offrir de nombreux cadeaux. Tu vis dans l'un de ses appartements, pour ne citer que ça. Un total prêt à durée indéterminé, puisqu'elle ne t'y rends jamais visite. C'est ton chez toi. Et l'argent que tu n'as pas à dépenser pour te loger, revient en grande partie à ta grand-mère. A qui tu peux payer une femme de ménage et une infirmière à domicile.  

La vie de véritable petit prince que tu mènes aujourd'hui, ne peut que te plaire. Mais elle fait beaucoup jaser. Tes potes qui passent leur temps à te charrier, bien sûr. Et Joanne, évidemment. Que tu sembles dégoûter plus que jamais. Mais t'es incapable de mettre fin à ce truc.  C'est la première fois de ta vie que tu ne manques pas d'argent. Et que t'as l'impression que quelqu'un tient à toi. C'est idiot. C'est surtout un lien très fragile qu'un rien pourrait détruire.