made you smile and look away

Les jours ont cet éclat insoutenable et les nuits une opacité de laquelle n'emerge jamais que son corps las, fourbu de désir. Chaque nuit plus affaiblie par des ébats répétés, elle ne parvient pas à trouver le sommeil et, exténuée, comme si elles avaient pompé en elle une énergie vitale, elle guette la ville derrière la fenêtre, le souffle à peine perceptible, sachant pertinemment qu'au lendemain elle ignorera sa fatigue pour la chasser sitôt la nuit tombée et s'abreuver encore de la chair d'une autre. Cette nuit ne déroge pas à la règle. Ce qui diffère c'est la précipitation avec laquelle elle se lance sur son téléphone pour fournir à Devon ce qu'elle estime être des remarques bien placées. Elle traîne les pieds hors de sa chambre et rajuste sa tenue.

Shea se maintient droite, agissant comme si elle était seule et que le monde entier gravitait autour d'elle, et en cet instant, elle pourrait parfaitement croire que c'est le cas. Elle observe brièvement son reflet dans le miroir avant d'ouvrir la porte, se fait spectatrice de leurs retrouvailles, même à cette distance, à cette heure tardive et aussi platonique qu'elle soit. « Salut. » Elle se sent bien, à la surface des apparences. Elle ne saurait dire si Devon est excitée ou amusée de la voir mais elle lui offre son plus beau sourire, et l’enthousiasme de Shea est autant due à la perspective de passer un peu de temps avec elle, envers qui elle n’aurait pas à s’affranchir d’une fausse amitié, que celle de percer un mystère, à savoir : est-ce que cette mise en scène va aboutir. « Un plaisir de faire affaire avec toi. » Elles se mesurent du regard, quelque chose se produit entre elles, tacite mais indéniable, et pourtant Shea est incapable d’interpréter son expression, alors quand elle reprend la parole, Shea hausse les sourcils et sourit largement. « Ça ressemble à autre chose... » qu'elle annonce calmement et sans pudeur, en tendant un mojito à la brune et elle regarde partout sauf le sublime visage de sa collègue. Elle en profite même pour tendre son verre vers elle et trinquer. « Pour toi c'est ça non ? Tu me diras comment je m'en sors. Tu veux visiter ? »

Elle fait un grand geste en direction de la pièce principale dans laquelle elles se trouvent : « La cuisine, le salon, etc. C'est pas très grand, on aura vite fait le tour. » Elle s’étire ensuite un peu les bras avant de se diriger vers le fond du séjour, se retournant doucement pour vérifier que Devon la suit. Puis elle fronce les sourcils, affiche un air nonchalant pour redonner une constance légère à leur conversation et enchaîne directement : « A droite : la chambre de mon coloc'... » la pause dans sa phrase en dit long, mais son regard se veut plus rassurant. Comme un tacite : arrête-moi si tu trouves que je vais trop loin. « A gauche : la mienne. » Raclement de gorge comme si de rien n'était, puis : « Tu faisais quoi avant de venir ? »

@Devon Willis

« En fait non, si je peux j'évite de ramener des filles ici. Déçue ? » L'idée lui vient d'ajouter que son colocataire n'est pas là ce soir, ça l’amuse et elle décide qu’il est grand temps qu’elle travaille sur cette réputation. Mais pas tout de suite. Parce qu’elle se complait trop dans l’image qu’on se fait d’elle, sans doute parce que Devon aussi la regarde désormais, et que c’est tout ce qui lui suffit. Elle observe sa propre chambre : les draps défaits, d'une couleur aussi neutre que celle des murs, des palettes pour soutenir le matelas, plus par défaut que tendance. Une plante, une pile de livres, ceux qu'elle préfère en guise de table de nuit, des chaussures de sport, un sachet de thé. Elle écoute Devon s'étendre sur un sujet qu'elles n'ont jamais abordé. Sans surprise, Shea ne sait pas comment interpréter cette information. Elle baisse le visage vers le cocktail, les doigts toujours cramponnés à son verre.

Elle est prise de court par le frôlement contre son bras. Son souffle est alors terré au fond de sa gorge, elle reste pantoise sur le pas de sa porte, très manifestement affectée, et elle espère que Devon ne le remarquera pas. C'est la mine espiègle qu'affiche sa vis-à-vis qui la pousse à retrouver presque aussi rapidement un semblant de sérieux. « Tu dis ça parce que je suis indienne ? Tu sais que Devon c'est un comté dans le sud de l'Angleterre ? » Un semblant, donc. Soulagée lorsqu'elle reprend la parole, Shea rit : « c'était pas une excuse, j'ai vraiment besoin qu'on me remplace vendredi. » Puis elle observe Devon et déglutit, s'étouffant presque de nouveau avec sa fierté. L'américaine a ces traits sévères, comme un animal blessé, et incroyablement belle, et Shea se demande à quel moment elle est passée d’une réserve étrange, voire hostile à l’envie de lui sauter dessus en l’espace d’une semaine. Et soudain, elle se sent de nouveau adolescente, incapable de résister à l’appel d’un baiser, alors elle communique de la seule façon qu’elle sache faire, et si elle est tout sauf subtile, elle n’essaie pas de l’être non plus : « S'il te plait. Je saurais te remercier comme il faut. »

Puis, Shea est devant elle. Elle ne sait pas qu’elle va la toucher avant même qu’elle ne le fasse : elle pose une main sur son avant-bras. « Tu sens bon... » C'est à peine plus qu'un murmure, et en rétrospective elle se dira que c'est même tout à fait innocent comme remarque, mais maintenant qu’elle a coupé court à ses réflexions, elle s’autorise à penser à autre chose. Des images qu’elle ferait sans doute mieux de chasser. Elle sent tout son corps vibrer. Elle voudrait lui dire que c'est inédit pour elle : cette envie presque primitive d'être plaquée contre elle. Mais ce n'est pas le moment de se lancer dans une confession sur ces espèces de vagues de papillons qu’elle a dans le bas-ventre et sur lesquelles elle ne peut mettre de mots. Des papillons, Devon la trouverait ridicule, c’est sûr. Et son geste est trop tendre et ça l'embête parce qu'elle sait qu’il est temps pour elle de se reculer mais elle ne bouge pas. Elle voudrait juste rapprocher son visage du sien. Elle s’attend à une réaction, à une rebuffade, alors cette fois elle recule jusqu’au mur opposé. « T'as combien de frères ? Tu passes ton temps à leur râler dessus ? Pourquoi ça m'étonne pas ? Ils vont pas s'inquiéter de pas te voir rentrer ce soir ? » Elle est là, avec sa logorrhée hors norme, postée près de l'îlot de la cuisine, adossée contre le comptoir, les bras croisés, à regarder sa collègue - non, à l’observer. Elle aurait mille et une pick-up lines, pourrait pousser le flirt jusqu’à son paroxysme, jusqu’à ce qu’elle ne soit plus qu’une caricature d’elle-même. Et pourtant, elle ne sait pas quoi faire des informations que Devon lui fournit ce soir. Elle boit alors le reste de son verre d'une traite et ouvre le frigidaire : « T'en voudras un autre ? Ou tu préfères autre chose ? J'ai pas d'idée de films non plus, c'est grave ? »

@Devon Willis

Le sourire espiègle de Shea se mue en une moue boudeuse qu'elle parvint difficilement à refréner et aussitôt elle s'extirpe du frigidaire le visage vers Devon pour anéantir cette sensation d'échec. Confrontant leurs regards, Shea perçoit que, au-delà des commentaires entendus qu'elles se lancent et des sourires en coin, quelque chose d'autre parle, différente de ce qu'elles se témoignent d'habitude. Saisie par cet échange, Shea se rapproche lentement du comptoir, fait une note mentale sur les deux mains de l'américaine qui s'agrippent au rebord. Elle pose une main sur sa cuisse, fait mine de se désintéresser de ce qui ressemble de plus en plus à un qui craquera la première. « Ha, mais j'ai parlé de nuit, pas de soirée, donc la grande question c'est : qu'est-ce que tu fais encore là si je suis si nulle que ça. »

Elle en profite pour se rapprocher de nouveau, l'encadrer de ses deux bras contre le comptoir. Quelques centimètres, voilà ce qui la sépare des lèvres de Devon. Ce serait si facile de la rejoindre sur le comptoir, si proche d’elle, Shea remarque encore ses yeux, la courbe de ses sourcils, son nez, sa bouche pleine, sa mâchoire parfaitement sculptée, ses lèvres, sa gorge sombre, ses lèvres à nouveau... ses lèvres. Elle se demande quel goût elles ont. Elle suit la moindre réaction de Devon avec la plus extrême attention. « C'est pour ça que tu m'as fait chier pour trouver 3 films ? Qu'est-ce que tu comptes faire à la place ? » Il y a très peu d’espace dans la position qu’elles tiennent actuellement, et Shea réalise que le visage de Devon est très proche du sien et ses lèvres sont très, très proches. Comment se fait-il qu’elle n’ait jamais remarqué la forme de ses lèvres auparavant ? Sans doute qu’à cet instant elle devrait arrêter de se concentrer sur ça.

La britannique se regarde faillir, sa fermeté céder sans préavis, alors qu’elle forme un poing tremblant de sa main libre. Merde. Faites que quelqu’un les interrompe. Faites qu'Ezia ait soudainement besoin de la voir. Mais même son raisonnement interne devient inconsistant face à leur bouleversante proximité qui l'enivre intégralement. Désarmante, en proie à ce qu’elle donne autant qu’à ce qu’elle prend. Et elle prend toute l’énergie déployée par Shea à garder ses mains loin de Devon, et toutes les interminables secondes à son avantages. Sans un mot, sans un souffle, Shea dévie de la lutte interne et dirige avec lassitude son regard vers autre chose, n'importe quoi, le téléviseur par exemple. Et d'un geste un peu brusque, elle rompt le contact, et sa main brûle encore. Les bras croisés sur sa poitrine, elle fait de nouveau face à la beauté aberrante de sa collègue qui rappelle Shea à ses souvenirs, à leurs souvenirs, si récents et tellement éloignés à la fois, et surtout si platoniques. Il lui semble qu'elle n'a pas touché d'être humain depuis une éternité, ni n'a détaillé de visage avec autant d'insistance et d'intérêt. « Bon. Prends la bouteille. On sera mieux sur le canapé. » Shea lève un sourcil inquisiteur vers ces yeux clairs. Elle lui paraît encore plus sublime à cette distance, que la regarder est presque impossible, que c’est comme voir le fantôme de quelqu’un de rêvé et d’halluciné. C’est la raison pour laquelle elle préfère s'effondrer sur le canapé, relâcher la tension avec un profond soupir, qu'elle espère inaudible. Ne surtout rien laisser paraître, il en va de sa fierté.

@Devon Willis

« Discuter... » c'est Shea, cette fois, qui murmure entre ses lèvres et qui se penche pour rapprocher son visage avant de disparaître complètement sur le canapé. Elle tire de la poche de son short son téléphone et fait mine de parcourir ses messages, voilà qui devrait lui offrir un instant de répit. Mauvais calcul, Devon s'installe trop près d'elle, et puis, elle est beaucoup trop belle, pense Shea, alors qu’elle fait semblant de parcourir la liste des films en agitant doucement ses pieds pour se calmer. Elle peut encore voir l’expression sur le visage de Devon quand elle s'est approchée, elle peut voir - même sans regarder - ses cheveux collés à son cou, ses mains agrippées au rebord du comptoir, le sourire sur ses lèvres. Elle entend presque les grognements, les souffles d’effort qu’elle aurait lâché contre elle. Les images d’elles sur ce canapé, contre le comptoir lui traversent l’esprit à vive allure. Elle se voit la plaquer contre un mur, ressentir enfin ses épaules nues, l’embrasser dans le cou, ses mains glissant sur les hanches de Devon, et entre ses cuisses, l’entendre gémir dans son oreille alors que ses hanches se cambrent vers l’avant et - Oh putain. Elle sursaute presque en reprenant le contrôle de ses idées, passe une main sur son visage troublé.

Arrêter de la regarder, « D'accord », trop facile. Bien décidée à lui faire subir le même sort, ou à prendre la réalité de plein fouet : que Devon n'a simplement pas envie d'elle. Il lui paraît impossible de ne plus la regarder parce que c'est la seule façon qu'elle a de communiquer son besoin d'elle et que, quand aura-t-elle plus besoin d'elle sinon maintenant ? Elle repense à ses propres conseils, édifiés comme un protocole officiel à son colocataire désespéré : observe-les, regarde-les constamment dans les yeux. Elle s'abstient pourtant, héroïque dans sa grandeur malgré son air penaud et elle se mord la lèvre pour ne pas revenir sur ses mots. Tout, ce soir, est retenue et si c'est bien elle, l'instigatrice de cet échange, c'est peut-être bien elle qui s'en mord le plus les doigts.

Pendant un long moment, Shea ne réagit plus, le regard braqué sur la pièce devant elle. Et pendant une fraction de seconde, alors qu’elle peine à se ressaisir et retrouver un visage neutre, Shea est certaine que Devon a vu l’expression du supplice et d’un prends-moi sur son visage. Alors elle se saisit de la bouteille et appose la paume de sa main là, quelques secondes avant que les muscles de son bas-ventre ne se tendent encore et qu'un frisson remonte jusque dans sa nuque. Ses jambes se croisent machinalement alors qu’elle décide d'allumer le premier film venu et brusquement reposer la télécommande et ne s’offre une, puis deux gorgées de rhum - elle agite la bouteille devant son constat effarant : elle est presque vide - et affiche une moue dubitative parce que ça l'angoisse profondément de constater qu'elle est toujours ramenée à ce fait indéniable : elle qui pensait avoir un pouvoir considérable sur les femmes, c'est manifestement l'inverse.

Celle pour qui le sexe est habituellement toujours familier, facile, presque animal, se voit foudroyée, un peu terrassée par la pudeur et paradoxalement l'audace de ses gestes. Elle baisse le regard pour vérifier que Devon n'est ni assoupie, ni saoule, fascinée par par ses yeux, elle retourne vite l'attention au téléviseur. « On va jouer à un jeu, » qu'elle décrète comme si c'était la meilleure idée du monde. « Chacune notre tour on va affirmer quelque chose sur l'autre. Je commence, si j'ai raison, tu bois, si j'ai tort, tu bois. » Ballotée entre l'envie de fondre directement sur elle et celle d'en rester là pour cette fois, parce que bon sang, que ça risque d'être compliqué de retourner travailler à côté d'elle. « Donc... T'avais de bonnes notes à l'école mais t'as arrêté pour te rebeller. » Elle marque une pause, se mord la lèvre inconsciemment puis reprend, incorrigible et certaine de son coup : « et puisque je suis persuadée que c'est vrai, je continue : de manière générale, t'as peur de tomber amoureuse. »

@Devon Willis surprise

Shea est surprise d'entendre Devon rire devant le film. Peut-être que c'est ce qu'elle retiendra en priorité de leur soirée. Elle essaie de saisir le moment précis où ça a commencé à déraper, sauf qu'en rétrospective, ce n’est pas la première fois qu’elle considère Devon de la sorte, mais ça sera sûrement la dernière. Parce qu’elle l’aura décidé ainsi. Parce qu’une relation même exclusivement physique n’a jamais été quelque chose que Shea a eu l’envie de poursuivre. Elle passe assez de temps avec des amitiés, et honnêtement - parce qu’elle trouve que la civilisation dans son ensemble est académiquement intéressante - les individus, ont tendance à décevoir. Il faut une personne rare pour attirer son attention. D’ici quelques jours, elle ne serait plus qu’un lointain souvenir. Nostalgique certes, mais un souvenir. Toujours en mal d'aventures, comme quelque chose qui ne cesse de la démanger, Shea pourra dire plus tard que ce flirt avec Devon aura certainement été l'un des plus gratifiants. Toujours est-il qu'en cet instant, elle demeure là, inélégante, à gigoter parce qu'elle ne sait pas où mettre ses mains, que Devon s'est redressée et qu'elle a bien trop chaud. Soudain, elle ne sait plus quoi faire : l'affirmation de Devon est-elle un constat, ou est-ce une injonction à passer à la vitesse supérieure ? Shea l’observe, discrètement, du coin de l’oeil dans le silence le plus total, sourit automatiquement quand elle sent le regard de la jeune femme se poser sur elle à son tour. L'indécision brûle encore dans son bas-ventre et elle n’est pas sûre de pouvoir se sortir de cet état de constant désir un jour.

Elle déteste l’emprise que Devon a sur elle en ce moment précis et à quel point de simples mots peuvent la dérouter. Alors, elle la joue désinvolte et sourit franchement désormais : « T'as raison sur un point, j'ai jamais parlé de film, c'est toi qui a insisté. » Quant au reste, un lit, un canapé, peu importe la surface vraiment. Elle pourrait aussi lui dire la vérité : non, je t'ai pas fait venir pour baiser. D'ailleurs j'étais loin de me douter de l'effet que tu me ferais. Mais c'est le sarcasme et la provocation qui la façonnent, constamment : « Pourquoi est-ce que je t'aurais fait croire ça alors qu'il a suffi d'insinuer que j'avais envie de te sauter dessus pour que tu rappliques ? » Et, si ce n'est pas assez clair, elle se mordille légèrement la lèvre en se penchant, un sourire confiant trop ostensible pour être intacte aux lèvres, elle enchaîne : « En très exactement... dix... huit... minutes. »

Déjà son sourire l’abandonne. Elle se baisse vers la table basse, pour y déposer l'alcool, et dans cette pesante absence de discernement, envisage longuement ses options : se saisir brutalement de sa bouche ou la chasser de chez elle. Shea la toise, prend un profond soupir : elle hésite encore un instant. Elle se mord de nouveau la lèvre et la seconde d'après, Shea perd tout contrôle d’elle-même. Elle s'humecte les lèvres, oublie leur jeu et, un peu désespérée, se redresse pour l’enjamber. Ses mains sont chaudes et humides quand elle plaque celles de Devon contre le canapé. Un frisson parcourt le corps de Shea, une sensation nouvelle et drastiquement différente de l’apathie qu'elle ressent habituellement. Son sang bout dans ses veines, elle les sens vibrer en elle, son coeur qui pompe. Elle sent ses membres s’alourdir alors qu’elle referme la distance entre leurs hanches, elle murmure contre son oreille : « Et qu'est-ce que tu comptes faire de cette révélation ? »

Bientôt, Shea a une main dans les cheveux de Devon pour l'approcher de ses lèvres, sans les saisir et elle émet un infime soupir et franchement, pense Shea, c’est humiliant de voir à quel point le désir peut réduire une femme adulte et indépendante à… ça. Elle veut la pousser à bout, parce qu'elle cherche dans ses yeux la même avidité un peu folle et lorsqu’elle aura trouvé ce qui la fait tant frissonner elle pourra enfin s’emparer de sa bouche. Elle ne se déloge pas, frôle par moment son nez contre sa mâchoire ou sa joue, puis par pure provocation : « Tu veux continuer de jouer ? Tu vas me rendre dingue. » Affirmation et constat. Un sourire étire ses traits et elle en est presque à soulever la bouteille pour faciliter la tâche à Devon. Mais suspendue à ses lèvres, elle ne parvient qu'à soupirer et si proche d’elle, Shea n’a plus envie de jouer, elle voudrait la supplier de l’embrasser. Tant pis pour ses principes. Tant pis si elle doit tout gâcher par la suite.

@Devon Willis