running with the thieves. (sasha)

heartache to heartache;

je vomis mes sentiments à demi-mot, parce que j'ai pas l'habitude, parce que j'ai pas forcément envie de m'étaler. j'parle des faits parce qu'on en est là, mais dans l'fond, j'ai pas forcément envie d'épiloguer. je suis presque rassuré quand sasha répond rien, quand elle essaye pas de me rassurer ou de me donner des solutions. j'l'ai un peu dégagé de mon système en le mentionnant et elle me confirme par le biais de son manque de réaction qu'il y a rien à dire, rien à ajouter. avec un peu de chance, ça se tassera. avec un peu de chance, je donne beaucoup d'importance à quelque chose qui aboutira à rien.

elle hausse les épaules et je presse mes lèvres contre son front pour m'excuser silencieusement et le silence s'étend pendant de longues secondes, alors que je garde les paupières closes parce que je suis épuisé, moralement, physiquement. j'arrive pas à m'arrêter de penser, à rejouer la soirée dans ma tête, du début à la fin, du canapé à la boutique. j'dis à sash que j'ai envie d'oublier et ses lèvres glissent sur ma peau quand elle me demande comment, m'arrachant des frissons.

j'avais un moyen bien précis en tête quand je suis venu jusqu'ici, j'ai envie de lui répondre comme on fait d'habitude, sauf que beaucoup de choses sont compromises, maintenant que j'sais qu'elle a quelqu'un. ma situation l'enchante pas et j'ai pas envie de foutre en l'air la sienne, j'ai pas envie de lui faire plus de mal en faisant d'elle mon calmant, en faisant passer mon égoïsme avant son bien-être, même si elle a pas l'air extatique, même si elle en a jamais parlé jusqu'à maintenant, même si son comportement change pas envers moi. elle a toujours été comme ça, prête à sauver les autres quitte à se négliger elle-même.

sash..., je murmure en repoussant ses cheveux en arrière pour prendre son visage entre mes mains et planter mon regard dans le sien. t'es bien avec lui, ou pas? je demande sérieusement en la dévisageant pour déchiffrer la vérité, si elle décide de se cacher derrière un mensonge. il prend soin de toi?

Tu peux pas t'empêcher de le trouver beau, ton ami, quand il s'inquiète. Quand il fronce les sourcils et qu'il a le regard trop profond. Tu la comprend, la fille, tu peux pas lui en vouloir. Toi aussi tu rêves quelque part d'un gars, ou d'une fille, qui enverra valser tout ses beaux principes pour tes beaux yeux. Qui te laissera aller là où personne d'autre n'est allé avant, que ce sera beau, passionné et qu'elle sera bien ta petite place contre son coeur. Peut-être que ça n'arrivera jamais non plus. Peut-être que t'es pas le genre de fille qui vaut la peine qu'on se sacrifie pour elle. Juste la fille qui se sacrifie pour tout le monde. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que t'en ai vraiment marre et que tu décides que cette fois, tu te choisiras, toi.

Pas ce soir. T'arrives pas à te choisir quand ses lèvres sont contre ton front, que les tiennes referment sa peau, ses blessures qu'une autre à ouverte. Réparer des dégâts que t'aurais jamais eu l'audace de causer, trop respectueuse, trop gentille. Peut-être pour ça que tu ne faisais se tordre les organes de personne, pas comme les tiennes savent s'emmêler, surtout pour rien du tout. Il murmure ton nom doucement, ses doigts tirant tes mèches vers l'arrière, comme si ton visage était important, comme s'il avait l'envie ou le besoin de le voir, mais c'est pas vrai, juste un beau mensonge, une belle illusion. Il te pose les questions auxquelles tu veux pas répondre. Vous avez ce don, vous deux, de vous faire mal doucement, avec votre trop de franchise et vos questions qui piquent. « Ça va... » Que tu souffles doucement, le sourire de Rio en mémoire, ton estomac qui fait mal un peu, parce qu'il est adorable, mais c'est pas ça. Parce que t'es pas certaine de lui avoir un jour fait mal au ventre. T'as plus l'impression qu'il sera comme Rémi, qu'il prendra conscience de ce qu'il perd seulement le jour où tu seras bien décidée à foutre ton camp. Un peu comme eux tous, parce qu'un jour t'en aura marre, un jour tu te mettras en priorité dans ta vie et ce jour, il court de plus en plus vite. Tu soupires longuement, un peu d'envie de te couler des océans sur les joues, qui serres la gorge. « C'est juste, pas assez. J'ai pas l'impression qu'on s'aime à s'en déchirer le ventre, tu vois ? À en douter de sa vie, comme toi, avec elle. J'sais pas, peut-être que j'suis pas aimable comme ça, j'en ai juste marre de pas être assez, de pas en valoir la peine. » Que t'avoues difficilement, te séparant doucement de lui, trouvant quelque chose te couvrir approximativement correctement en te hissant sur le rebord du lit. Tu lui tends doucement la main. « J'ai besoin d'une cloppe, j'crois, tu viens ? » Que tu lui avoues, décidément incapable de rester en place, ce matin. Aussi parce que ta proximité, avec lui, dans ce lit, c'est pas bien, plus bien, pour ni l'un ni l'autre. Parce que t'as fait des promesses que tu ne sais pas si tu peux tenir et qu'il à déjà offert ses lèvres à celle qui allait doucement le détruire. Comment s'est beau l'amour, hein ? T'en a marre putaing.