And I would be lying if I said that I could live this life without you - wars ton

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On ne la reprendra plus à taquiner Nikolaï. Là où elle voulait juste l’embêter, il a totalement retourné la situation à son avantage en acceptant sa proposition d’aller à la pêche. Il est doué, vraiment, bien plus qu’elle. Parce qu’elle n’imaginait pas du tout, la veille au soir, qu’elle se retrouverait quelques heures plus tard assise dans une barque au beau milieu d’un lac. C’est à peine si elle peut voir quelque chose à un mètre avec toute la brume matinale. Elle ne sent pas encore le froid, réchauffée par le café qu’elle tient entre les mains, mais cela ne saurait tarder. Les yeux posés sur l’homme qu’elle aime, elle lui adresse pourtant un tendre sourire alors qu’il fait mine d’être surpris par ses paroles. Il se doute bien qu’elle plaisantait. Elle n’avait pas du tout l’air sérieuse, puis… Isabella, à la pêche, c’est loin d’être une scène habituelle. Il a raison, à vrai dire, c’est la première fois de sa vie qu’elle se retrouve dans une telle situation. Mais elle ne lui répond pas. Elle ne veut pas lui donner raison, il ne la verrait que davantage comme une princesse. Son silence vaut sans doute aveu pourtant. En guise de réponse, elle lui adresse seulement une petite moue peu convaincue, avant de rétorquer au sujet de l’heure qu’il est.  - Pourquoi ? Ils déménagent dans un autre lac ensuite ? demande-t-elle, un petit sourire en coin sur les lèvres. Elle sent surtout que la matinée va être longue. Elle approche son mug de ses lèvres pour en boire une longue gorgée alors qu’il lui apprend que, d’ordinaire, il se réveille plus tôt encore. Elle relève la tête vers lui, remarquant la canne qu’il lui tend. Et donc ? Est-elle censée savoir quoi en faire ? Elle pose son café à côté d’elle pour l’attraper, l’air très peu convaincue, tentant de garder l’appât le plus loin possible d’elle. – Tu es dingue, je croyais que tu venais ici pour te reposer. Plus tôt que l’aube, vraiment ? Cet homme est fou. Elle le savait, c’est avéré maintenant. Derrière ses lunettes de soleil, elle le regarde lancer le hameçon, assez loin dans l’eau. Il l’invite à faire la même chose. Elle entrouvre les lèvres, prête à lui demander de le faire pour elle, mais se retient au dernier moment. Elle peut tout de même se débrouiller toute seule. Elle tente de lancer l’hameçon aussi loin que le sien. Mais elle obtient un tout autre résultat. Le fil de l’hameçon vient s’enrouler sur la canne à pêche de manière assez comique. – Pourquoi est-ce que ça tombe sur moi ? dit-elle en fermant les yeux. Mais c’est vrai, quoi. Pourquoi c’est elle qui a une canne défectueuse ? Et pourquoi c’est elle, aussi, qui se retrouve au milieu de ce lac gelé à six heures du matin ?

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Elle aurait dû se taire. Elle regrette tellement de ne pas s’être tue. Elle serait encore en train de dormir à cette heure-là, blottie dans les bras chauds de l’homme qu’elle aime. À la place, elle se retrouve coincée dans cette barque beaucoup trop petite soi dit en passant au beau milieu de ce lac. Peu à l’aise dans un environnement pareil, elle essaie pourtant de garder sa bonne humeur, Isa. Elle se doit d’être conciliante, surtout pour Nikolaï. Elle veut lui faire plaisir. Mais du plaisir, il a l’air d’en prendre beaucoup trop en la voyant dans une situation aussi inhabituelle et incongrue pour la Latina. Alors qu’elle s’étonne de l’heure si matinale qu’il a choisie pour aller pêcher, le jeune homme lui explique que c’est le meilleur moment pour les poissons. Elle ignorait qu’il s’y connaissait autant. – Pour être frais, ça l’est. confirme-t-elle, car elle sent déjà le froid ambiant qui l’envahit. Elle essaie d’éviter de se plaindre, elle ne veut pas qu’il regrette de l’avoir emmenée avec lui. Mais si elle doit en plus arrêter de parler, elle ignore combien de temps elle va le supporter. – Je dois me taire en plus ? La plus effrayée, ici, c’est elle sans aucun doute. Surtout lorsqu’il lui tend cette canne à pêche avec un ver glissé dessus. Elle fait la moue sous le regard beaucoup trop amusé de son petit-ami. Il a même l’air de se retenir de rire lorsqu’elle éloigne la canne le plus loin possible d’elle. Enfin lancé à l’eau, elle ne s’y prend pas du tout comme il faut puisque le fil s’enroule malgré elle, toujours avec ce ver accroché au bout. Derrière ses lunettes, elle jette un regard noir à Nikolaï, juste avant de l’entendre dire de démêler le fil. Cette fois, elle les relève au-dessus de sa tête pour le fixer droit dans les yeux. – Tu crois que je vais m’approcher de ce truc ? Il rêve tout haut. C’est beaucoup trop dégoûtant. Elle ne voudrait même pas toucher la main avec laquelle il s’en est chargé tout à l’heure, alors se rapprocher elle-même de l’appât, il en est hors de question. Alors qu’il veut lui montrer comme c’est facile, la jeune femme se recule instinctivement. Non, elle n’a pas peur. Elle ne va pas avoir peur d’un insecte. Mais elle préfère rester à distance. – Si c’est si facile, tu n’as qu’à le faire.

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Il y prend un malin plaisir. Il prend un malin plaisir à la mettre dans une telle situation. Elle n’est pas aveugle, elle le voit bien. Il a ce sourire en coin sur les lèvres, celui qu’il tente de retenir un maximum, mais tant qu’il n’y a plus que lui de visible. Le sourire qui laisse penser qu’elle l’amuse bien plus qu’elle ne le voudrait malgré elle. Mais elle ne lui en veut pas, Isabella, elle l’aime beaucoup trop pour lui en vouloir. Puis elle aime cette légèreté qu’elle ne ressent qu’avec lui. Ce sentiment d’insouciance qu’il éveille en elle. Elle aime être avec lui, où que ce soit, quoi qu’ils fassent. Même dans cette barque, sur ce lac, au beau milieu de la nuit – d’accord, au lever du jour, même pour pêcher. La belle confirme que le temps est assez frais mais, pour lui, il fait bon. Elle secoue la tête à sa question, non désireuse de l’inquiéter simplement pour un petit peu de fraîcheur. – Non, ne t’en fais pas. le rassure-t-elle pour balayer toute crainte éventuelle. Elle est venue avec lui, elle se doit de l’assumer maintenant. Elle ne se plaint pas pour le temps, ni pour l’heure, mais un peu plus au sujet de l’attitude qu’elle doit avoir. Mais les réactions de Nikolaï la font sourire. Il a l’air de prendre l’activité extrêmement au sérieux, ce qui a le don de l’amuser. – Bien monsieur le spécialiste des poissons. déclare-t-elle, le ton relativement sérieux elle aussi. Elle l’observe avec attention préparer les deux cannes, puis lancer la sienne à l’eau. Mais cela devient un peu plus difficile avec celle de la demoiselle. Alors que le fil s’emmêle déjà, le jeune homme l’invite à remettre la canne en état. Mais ça, il en est hors de question. Cette fois, Nikolaï ne retient pas son rire. Bien au contraire, il la taquine même en lui disant que ce n’est pas la petite bête qui va manger la grosse. Elle fronce légèrement les sourcils en l’écoutant, Isa. – Tu viens de me traiter de « bête » ou je me trompe ? Il se charge tout de même de démêler le fil pour elle. Et elle le remercie d’un joli sourire. – Tu vois que j’ai besoin de toi. affirme-t-elle en référence à l’une de leurs précédentes conversations. Il s’occupe de lancer la canne à l’eau avant de se rasseoir auprès d’elle. Y’a plus qu’à attendre. Elle hoche la tête, distraitement, prête à le faire. Elle sait être patiente, Isabella. Par contre, elle a beaucoup plus de mal à tenir sans rien faire. C’est simple : Elle ne le fait pas. – Et que fais-tu en temps normal quand tu es seul ?

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Elle le suivrait n’importe où. Elle ferait les choses les plus folles pour lui. Elle les a faites, sans se poser de questions, sans jamais le remettre en question. Mais c’est peut-être bien la première fois qu’elle fait une activité qui lui ressemble si peu pour lui. Pour un homme. Pour Nikolaï. Même le match de baseball, à côté, était extrêmement agréable. Elle veut juste le rendre heureux, Isa, aussi heureux qu’il la rend heureuse. Même si cela signifie qu’elle s’engage à passer un moment qu’elle apprécie un peu moins que lui. La pêche commence mal, déjà, lorsqu’elle se rend compte qu’elle a emmêlé le fil autour de la canne. Elle laisse sans l’ombre d’une hésitation son petit-ami se charger de réparer son erreur mais lui en profite surtout pour se moquer d’elle. Il la traite même de chochotte. Il obtient une petite moue boudeuse en guise de réponse. Elle n’a rien d’une chochotte, elle refuse juste de toucher des vers, c’est tout de même normal. Mais il va plus loin encore en l’appelant princesse. De mieux en mieux. – Je ne suis pas une princesse. rétorque-t-elle d’une voix mécontente. Et, pour le coup, elle boude vraiment. Elle a tout de même accepté de le suivre jusqu’à ce lac gelé, au milieu de nulle part. Mais il peut s’estimer chanceux. Il n’y a absolument rien à faire dans cette barque, de sorte qu’il est la seule chose intéressante sur laquelle elle peut se concentrer. Désireuse de savoir ce qu’il fait pour passer le temps en attendant que le poisson morde, le jeune homme lui apprend qu’il ne fait rien. Rien du tout. – Des heures ?! répète-t-elle d’une voix un peu trop forte. Elle ne pourra pas attendre aussi longtemps. C’est impossible. Il lui fait remarquer qu’ils peuvent assister au lever du soleil. Les yeux de la Latina se posent quelques secondes sur l’horizon. – Oui, je sais. C’est différent de New York, c’est indéniable. Elle ne nie pas non plus que le paysage est magnifique… Mais il ne la contentera pas durant des heures. Elle ne sait pas trop si Nikolaï se rend compte qu’elle ne se pose jamais de cette manière. Elle est simplement incapable de le faire, Isa. Elle n’a jamais eu le temps d’apprendre à se détendre, comme ça, sans rien faire. – Ce serait le meilleur moment pour lire, tu vois. fait-elle remarquer calmement alors que ses doigts s’agitent fébrilement sur sa cuisse, comme si elle trépignait déjà à cause de l’attente. Il va falloir qu’il trouve un moyen de l’occuper, Nikolaï.

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Un petit soupir à peine perceptible s’échappe des lèvres d’Isabella quand il lui fait signe de se taire. Le temps va être long. Très long. Elle contemple quelques instants la vue sur l’horizon qui leur est offerte. Les premiers rayons du soleil apparaissent, venant réchauffer un petit peu la princesse sans qu’elle ne soit pour autant pleinement satisfaite. Elle a surtout envie que l’activité se déroule plus vite, ce qui n’est pas gagné. Son petit-ami lui déclare simplement qu’il faut savoir prendre son mal en patience. Elle acquiesce d’un bref signe de la tête avant de faire remarquer que ce serait le moment idéal pour lire un livre. Il paraît d’accord avec elle mais, sans grande surprise, n’en a pas amené. Et elle non plus. Hormis son café, il faut dire qu’elle n’a pensé à rien du tout. Elle tourne la tête vers sa canne à pêche lorsqu’il lui apprend qu’elle semble avoir une prise. Et, en effet, elle voit le bout de la canne bouger. Elle ne perd pas de temps pour la saisir et la sortir de l’eau, voyant un poisson d’une taille moyenne au bout. Mais, là tout de suite, cela lui fait plus de peine qu’autre chose, à Isa. – Il faut vraiment qu’on le garde ? demande-t-elle à son petit-ami, une petite moue coupable sur le visage. – Tu imagines, peut-être qu’il a une famille qui l’attend et ne le reverra jamais. Et elle est extrêmement sérieuse. Mais elle serait incapable de faire du mal à une mouche en réalité. Ou, plus exactement en l’occurrence, incapable d’en faire à un poisson.