tattoos of memories (lucrezia)

tattoos of memories

Dorian commence à se sortir de cet engourdissement général. Anesthésié par ses propres choix, par les liens coupés. Son absence pas même remarquée. Il a trouvé quatre murs, de quoi contenir son errance. La main invisible de son père l'a toujours poussé vers le bon chemin. Faux. Vers le chemin établi, celui qui l'aurait mené à la place d'héritier des entreprises Waterford. Dorian n'a jamais eu la colonne pour ce genre de vie. Parler plus fort que les autres, négocier à coup de millions, couper dans les salaires des employés pour monter les profits, propager de fausses informations qui font croire que l'environnement n'est pas en danger. Le fils Waterford a été modelé pour ça, pas pour la vraie vie, pas pour les tâches mondaines. Les restaurants livrent à toutes les heures de la nuit dans cette ville, mais descendre du sixième vers le hall de l'auberge où il loue une chambre juste pour une pointe de pizza, ça semble un peu excessif. Et il ne peut pas demander à Garnet d'être libre à toutes heures pour le nourrir. Elle et sa soeur se chargent de l'auberge, et Dorian n'a pas encore trouvé la façon polie et discrète de demander où se trouvent leurs parents. Dorian, dans un élan d'indépendance, pousse la porte d'un supermarché, envahi par l'angoisse de tous les choix qui s'offrent à lui. Il agrippe un panier de plastique et le coince au creux de son coude. Les allées sont interminables, que des emballages aux différentes couleurs et aux slogans-mensonges. En pantalons propres, chemise fraîchement repassée et long manteau de printemps, Dorian fait tache dans l'allée des biscuits, hésitant entre deux boîtes quasiment identiques quand une blonde passe devant lui. Dorian est tiré contre son gré vers une nuit d'été, le dernier en date. Sa mère l'avait emmené à Londre, dans ce qu'il croyait l'opportunité de passer du temps avec elle. Ça s'était soldé par trois jours solitaires et une soirée de gala où il a été abandonné seul à sa table, avec pour horrible compagnie cette jeune femme désagréable. Dorian ne prétends pas avoir été plaisant, il s'était contenté de lever le nez sur tout ce qu'on a mis dans son assiette, commentant inutilement sur la platitude de la soirée. Ce qui est certains, c'est qu'ils avaient tous deux rivalisé pour le titre de la personne la plus embêtée de la soirée. Plutôt que de continuer d'agoniser devant les étalage, Dorian se laisse aller à un commentaire désobligeant. « Tiens, tu fais moins la princesse sans tes potes. » qu'il lâche à son intention.

Petit à petit, Lucrezia commençait à se sentir à son aise dans le Queens, elle prenait des habitudes et rencontrait des gens, bien loin de la pression qu'elle subissait à Oxford depuis son réveil du coma. Elle se sentait bien mieux de l'autre côté de l'océan et comptait bien rester ici plusieurs années, du moins jusqu'à ce qu'elle ait fini sa formation de styliste qu'elle venait à peine de commencer - selon ce que lui avaient dit ses parents, elle avait déjà commencé à suivre un cursus à Oxford, mais la belle n'en avait aucun souvenir et devait donc recommencer à zéro. C'est d'ailleurs à l'école qu'elle passa aujourd'hui la plupart de sa journée, entre cours et ateliers. Elle devait trouver un stage qui commencerait dans quelques mois mais elle n'avait pas encore commencé ses recherches ; New York était un berceau de la mode mais la ville était tellement grande que la blonde ne savait pas par où commencer. À Oxford, au moins, elle aurait pu faire jouer ses contacts si elle avait eu un semblant de souvenirs, mais en plus de tout le reste elle devait également se recréer un réseau. Après sa journée de travail, Lucrezia décida de passer en courses avant de rentrer chez elle - ses parents ne lui avaient rien demandé mais elle aimait être attentionnée et les débarrasser des tâches ingrates, comme les courses ou le ménage. Ils avaient tellement fait pour elle ces derniers mois, elle leur devait bien ça. La blonde entra alors dans la supérette et parcourut les allées de produits alimentaires, quand elle entendit une voix qui semblait s'adresser à elle. Elle se retourna, interloquée par le ton accusateur de son interlocuteur, et fronça les sourcils quand elle s'adressa à lui à son tour.
— I'm sorry, do we know each other? Elle ne comprenait pas pourquoi ce jeune homme s'en prenait à elle alors qu'ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam. Elle aurait pu penser à quelqu'un de son passé, mais ils étaient à New York, pas à Oxford, il n'y avait aucune chance de trouver quelqu'un qu'elle connaissait d'avant, ici.
— I think you've got the wrong person. Elle esquissa un léger sourire, mal à l'aise, puis tenta de le contourner pour continuer ses courses, espérant qu'il ne l'importunerait pas plus que ça.

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