someone you loved.

traits de caractère /
(honnête) - une vérité qui fait mal vaut mieux qu'un mensonge qui fait du bien. depuis toujours, elle n'a pas sa langue dans sa poche Héloïse. quand elle a quelque chose à dire, elle le dit, sans toujours y mettre les formes, sans toujours y réfléchir. c'est important pour elle d'être honnête. le mensonge, les cachoteries... très peu pour elle. surtout depuis que ça lui a coûté son frère.
(émotive) - d'apparence froide et égale, elle n'est pourtant qu'une jeune femme au coeur blessé qui cache ses émotions multiples. oui, elles sont nombreuses et parfois débordantes. mais ça, Héloïse, elle se préserve bien de les laisser paraître. cacher ses émotions pour mieux vivre, pour ne pas paraître faible. ne pas donner une raison à quelqu'un d'avoir ne serait-ce qu'un peu de matière pour pouvoir l'attaquer.
(loyale) - c'est important pour elle, de tenir les engagements qu'elle a pu prendre. de ne jamais trahir quelqu'un quand on lui promet quelque chose. quand elle accorde sa confiance à quelqu'un, cette personne peut être certaine de la loyauté d'Héloïse en retour. par contre, Dieu préserve celui ou celle qui la trahira ou la blessera.
(organisée) - un peu trop. beaucoup trop. ça vire à l'obsession. elle a besoin que les choses soient organisées. que sa vie soit organisée. parce qu'elle a besoin de ce sentiment de sécurité, tout le temps. c'est cette obsession pour la sécurité et l'organisation, la perfection qui lui a coûté sa relation avec Ruben. il n'a pas compris qu'au-déjà d'une alliance et d'un bout de papier, elle, ce qu'elle voulait, c'était un engagement, la promesse d'être en sécurité.
(infatigable) - une énergie à revendre malgré un rythme soutenu et seulement 4 à 5 heures de sommeil dans les bons jours... pour son boulot, pour sa vie. elle ne tient pas en place et elle a du mal à ne pas faire quelque chose. une sorte d'adrénaline permanente qui court dans ses veines. ça tient presque du problème psychologique avec son besoin perpétuel de réassurance et de sécurité. si elle ne fait pas quelque chose, elle a trop peur de dériver et de se mettre à penser... penser, c'est laisser la porte ouverte aux émotions, aux regrets, à la douleur.
(sociable) - ou non... Héloïse, elle a cet air froid de femme inaccessible. elle peut sembler sûre d'elle, imbue d'elle-même. la vérité, c'est qu'elle pose le masque sur son visage pour tenir à l'écart les gens qui n'en valent pas la peine (pour elle du moins). elle est persuadée que les gens qui valent le coup sont ceux qui cherchent à voir plus loin que la première impression. avec elle, ceci dit, pas le choix. pour connaître la vraie Héloïse, douce et sensible et amochée, il faut faire partie d'un cercle très restreint.
(excessive) - ne jamais faire les choses à moitié. jamais. si ce n'était pas encore évident, elle est entière est tant que personne. mais c'est parfois trop à gérer pour les autres, plus que pour elle qui ne s'en rend pas compte. quand elle se laisse aller à une émotion comme la colère, la jalousie, la joie... cela peut prendre des proportions grotesques.

random facts /
(#1) - Les rapports familiaux ont toujours été bons. Son père passait beaucoup de temps au restaurant. Sa mère faisait de son mieux pour équilibrer le temps qu'elle consacrait à aider au restaurant et celui qu'elle donnait aux enfants. Elle a toujours vécu avec l'image d'une jolie famille... Jusqu'à ses 15 ans du moins. Cette année-là, son père a passé plus de temps éloigné d'eux... "J'ai beaucoup de travail au restaurant." disait-il. La vérité, Héloïse l'a découvert bien malgré elle... Un jour, en rentrant du collège, elle est passée directement au restaurant pour lui faire une surprise... Et c'est elle qui l'a eue... Elle a trouvé son père en compagnie d'une autre femme dans une position compromettante... La vérité sous les yeux, son monde parfait en prend un gros coup.  (#2) - Elle n'a rien dit pourtant. Pour ne pas blesser sa mère. Ne pas perturber son frère qui n'était déjà pas dans une bonne passe. Elle s'est contentée de souffrir en silence et de tenir ses distances vis à vis de son père. Son père, qui n'a pas réagit, et a gardé le silence lui aussi. Malgré les yeux noirs d'Héloïse. Son père, qui a continué à voir cette femme et à être absent. Jusqu'au drame. Quelques semaines avant ses 16 ans, le téléphone sonne. Son frère vient d'être retrouvé, abattu d'une balle en pleine tête. Le monde déjà bancal d'Héloïse s'effondre complètement. (#3) - Cet épisode est douloureux, et Héloïse change radicalement. Ses parents aussi. Son père prend en pleine face la culpabilité que lui attribue sa fille. Sa mère ne comprend pas. Pourtant, il ne leur reste qu'elle. Ils n'ont plus qu'elle à aimer. Et elle, elle a l'impression de ne plus être capable d'aimer personne, de ne croire personne. Elle se renferme sur elle-même et elle commence une thérapie qui ne lui servira pas à grand chose. A son entrée au lycée, Héloïse est devenue celle qu'elle est aujourd'hui. Pourtant, sans s'y attendre, le destin va mettre sur sa route une nouvelle étoile, un nouvel espoir. (#4) - Ruben, elle ne le voit au départ que comme un mec qu'elle va aider pour l'école. Parce qu'elle compte sur ça pour bien se faire voir par les profs, pour avoir un bon dossier afin d'aller étudier dans la faculté de ses rêves. Elle sait que ses parents ne roulent pas sur l'or, qu'ils font le maximum pour s'assurer qu'elle ne terminera pas comme son frère. Ils l'encouragent, parce qu'ils savent que ça l'aidera à avoir une bourse. Parce qu'elle a l'air d'avoir une espèce de relation amicale avec lui. Un truc presque improbable, parce qu'elle est renfermée et qu'elle n'est pas du tout l'une de ces gamines populaires... (#5) - Une amitié qu'elle n'attendait pas, qu'elle ne voulait pas dans le fond. Mais qui lui est tombée dessus quand même. Malgré ses nouveaux principes, elle l'a laissé entrer dans sa vie Ruben. Un peu. Beaucoup. Au point de tomber amoureuse de lui à force de temps, à force de se chercher. Alors, il ne sait pas tout, il ne comprend pas pourquoi elle a besoin d'engagement, de sécurité. Il ne comprend pas que maintenant qu'il est entré, il ne peut pas la laisser... Et pourtant, il l'a fait. Et elle, elle coule encore un peu plus... Encore et toujours plus.

Versailles, FRANCE, Décembre 2018.

Elle extirpe d’un petit sachet en papier des viennoiseries qui ont l’air de sortir tout droit d’un rêve avant de les déposer avec minuties sur un plateau qu’elle s’est chargée de préparer. Jus de fruits pressés un peu plus tôt, des tartines de pain grillé, du beurre, des œufs posés sur des coquetiers. C’est presque idyllique. Le soleil traverse doucement les grandes fenêtres de la cuisine pour réchauffer la pièce et briller de sa lumière d’hiver. Un petit cocon en somme, alors que sa radio chantonne un air d’Edith. Padam, padam, padam… Il arrive en courant derrière moi… Le plateau trouve sa place sur la petite table de la cuisine en faïence et mon regard se pose sur les victuailles sous mes yeux. J’évite de la regarder, elle, pour tellement de raisons… D’abord, elle ne ressemble plus à la femme qu’elle était, la femme dont je garde les plus doux souvenirs. Elle est devenue plus vieille, les rides s’étant installées sur son front et aux coins de ses yeux. Ses cheveux ont virés du blond au gris. Pourtant, son sourire ne peut tromper personne alors que celui qui répond au prénom de Philippe passe l’encadrement de la porte, s’arrêtant à ses côtés pour lui poser un baiser sur la tempe avant de ne prendre place à mes côtés. Moi, je réajuste ma position pour être assise convenablement et fermer un peu mieux contre moi mon gilet.

Son regard, je l’évite aussi parce que le bonheur que j’y vois me fait autant de bien qu’il me fait du mal. Car elle est heureuse maintenant. Installée avec lui depuis un petit moment maintenant. Lui, qui agit comme un pansement sur ses plaies de femme trompée, de mère blessée. Elle a retrouvé son air de jeune fille malgré l’âge. L’exaltation de ce nouveau bonheur probablement. Et moi, je transpire la douleur. J’ai le cœur en miettes, bien caché derrière tout le reste. Malgré tout, elle reste la femme qui m’a mise au monde. Elle sent que quelque chose ne va pas. Je n’ai pas traversé un océan pour venir me réfugier chez elle sans raisons. Surtout que ça traîne depuis des semaines…

Padam, padam, padam… Il me fait le coup du souviens-toi. Des semaines, des mois que je suis réfugiée ici parce que je n’arrive pas à savoir ce que je vais faire. Aujourd’hui, demain, et tous les autres jours après.  Parce que ça fait un moment que je ne sais plus vraiment. Depuis qu’il a décidé que c’était la fin. Je ne suis pas toujours sûre qu’il ait compris l’envergure de ses mots, la douleur infligée ce jour-là. Je m’en souviens comme si c’était hier. Je m’en souviens chaque jour, chaque matin quand je me réveille seule, chaque soir quand je me couche seule. Les souvenirs sur les bras, lourds, trop lourds. Si lourds qu’ils m’entraînent toujours plus bas, qu’ils me tirent dans les profondeurs. Chaque jour, je me noie un peu plus. Un jour, cela s’arrêtera. Parce que je réussirais à nager vers la surface. Sinon, je terminerais noyée dans mes regrets.

« Héloïse, tu veux aller faire tes photos dans les jardins du château aujourd’hui ? » Je regarde ma mère qui prend place à son tour à table, servant du café à celui qui la remercie avec un sourire tendre. Elle le fait, par habitude, par envie. Parce qu’elle l’aime cet homme. Celui qui lui a offert une nouvelle vie ou elle est aimée, chérie. Celui sur qui elle peut se reposer, fermer les yeux sans avoir peur de se retrouver seule. Celui qui lui offre la sécurité, l’oreille attentive qu’elle a toujours attendue. Ils ne sont pas mariés, pas encore. Je sais pourtant que lui, il ne commettra pas cette erreur de la laisser filer. Il suffit de voir dans ses yeux verts la tendresse qu’il éprouve pour elle. Celle qu’il éprouve pour moi un peu par procuration quand je sens que son regard s’installe sur ma personne.

« Je ne sais pas. » Mon français n’est pas aussi charmant et joli que celui de ma mère tandis que celui de Philippe me fait rougir de honte de ne pas savoir mieux parler cette langue que j’ai presque toujours pratiquée. J’ai les bases, mais mon accent américain ne trompe personne. Les enfants de Philippe ont trouvé ça drôle et charmant quand nous avons déjeuné tous ensemble pour faire les présentations, autre indice qu’il ne tardera pas à devenir officiellement mon beau-père. Un peu de baume s’étale sur mon cœur de savoir qu’elle, elle est enfin heureuse. Elle ouvre la bouche pour rajouter quelque chose alors que mon iPhone vibre sur la table, se ravise en haussant les épaules pour commencer son petit-déjeuner.

Je me permets d’attraper l’objet alors qu’une notification de message apparaît. Le nom du destinataire me glace sur mon siège malgré les rayons du soleil et le cashmere. Ruben.  Padam, padam, padam… Des toujours qu’on achète au rabais… Je m’arrête un instant, le doigt en suspens au-dessus de l’écran. J’hésite, parce que je ne suis pas sûre de vouloir savoir ce qu’il me veut. Je ne suis pas sûre d’être prête à prendre encore un texto en pleine tête. Pas aujourd’hui, pas maintenant. Mon doigt qui pousse vers la gauche pour effacer la bulle. « Pourrions-nous aller au Pont des Arts ? » Ils posent tous les deux un regard surpris sur moi alors que j’ai encore en mémoire la dernière fois que j’y suis allée. A l’époque, le pont arborait des milliers de cadenas d’amour et je me rappelle encore en avoir placé un avec seulement deux initiales dessus. Persuadée que cela suffirait probablement. « Mais, Héloïse, ils ont enlevé tous les cadenas tu sais. » Je regarde Philippe qui essaye de comprendre pourquoi une telle demande de ma part. Probablement parce qu’il pense que je ne suis pas au courant de ce qui se passe dans ce pas d’où ma mère vient. « Justement. » Justement, je veux y retourner, pour voir que ça aussi, ça a disparu. Constater qu’il ne reste probablement plus rien qui me lie à lui.