well, you do have a heart (damen/ainhoa)

elle est rentrée tard ainhoa. parce qu'elle n'avait pas envie de le faire, sachant très bien ce qui l'attendait à la maison. papa et le reste de ses problèmes. à choisir, elle préférait grandement plonger la tête la première dans ceux des autres, ça la paniquait beaucoup moins. un peu aussi parce qu'on trouve davantage de solution quand ça nous touche pas de trop près. parfois, elle se dit qu'elle aimerait que quelqu'un observe sa vie de loin, avec un recul qui permettrait de mieux appréhender les évènements. puis d'autres fois, elle donnerait tout pour que personne ne se mêle de rien, pour que personne ne sache tout ce par quoi elle traversait. n'aimant pas se plaindre sans cesse alors qu'il y avait sûrement bien pire que sa position sur terre, elle masque tout ainhoa. elle sourit, elle relève la tête, elle bombe le torse et elle avance, sans se retourner. il faut toujours regarder droit devant pour ne pas flancher, pour ne pas être tenté de faire machine arrière. évidemment qu'à une heure pareille, il n'y avait plus de patient pour elle, sa journée était censée être terminée depuis un bon moment. mais elle était toujours là, à s'occuper à droite et à gauche, tout pour ne pas quitter son bureau. puis en jetant un énième regard à l'horloge, elle se rend compte que ça suffit, qu'elle ne peut décemment pas passer la nuit ici. que va penser son père ? qu'il lui ait arrivé quelque chose ? il va s'inquiéter, il va paniquer et tout sera encore plus compliqué. non, elle ne peut pas risquer d'aggraver la situation qui l'est déjà bien assez. alors elle soupire puis attrape son manteau et son sac. elle referme à clé toutes les portes sur son passage et prend la direction de la villa.
et sur place, ce n'est pas papa qui panique. celui-là même qui est introuvable, après avoir fait le tour de chaque pièce de la villa. elle a le coeur qui commence à s'accélérer ainhoa, d'inquiétude et de peur mélangée. il pourrait être n'importe où dans le queens, peut-être plus loin. n'importe quel taxi avait pu l'avoir en tant que passager pour le mener là où il lui avait demandé. et quand ses souvenirs s'estompaient, elle ne savait pas jusqu'où il pouvait aller. ne rien savoir était le pire des sentiments, au même titre que de ne rien pouvoir faire. elle ne sait même pas qui appeler, se doutant qu'il a dû partir seul. elle pourrait se tourner vers les commerces de proximité, les endroits vers lesquels elle avait l'habitude de se rendre avec lui sauf qu'il est bien trop tard et que tout est fermé à cette heure si tardive. en denier recours, elle s'apprête à contacter les hôpitaux et le commissariat puisqu'elle n'a pas d'autres choix. à part si elle souhaite attendre des heures durant un signe qui ne viendrait peut-être jamais et qui ne ferait que retarder les recherches. c'est la sonnerie de son portable qui résonne à cet instant et la fait sursauter dans le même. elle se rue dessus comme s'il était la bouée de sauvetage dont elle aurait cruellement besoin alors qu'elle coulerait en pleine mer et elle décroche, la voix emplie d'inquiétude et pourtant plus développée qu'habituellement tant elle culpabilise. hey euh, j’m’appelle damen rogers. j’ai votre père devant moi, là. j’pense qu’il s’est perdu. on est devant le mermaid, j’vous envoie l’adresse. et là enfin, elle soupire et relâche toute la pression accumulée en un temps records. vous me sauvez la vie, merci beaucoup. j'arrive tout de suite. ne prenant pas le temps d'épiloguer davantage, elle attrape ses clés et enfile son manteau direction l'adresse envoyée par le type inconnu. en tout cas, le nom de l'endroit ne lui dit rien qui vaille, elle ignorait même comment son père avait pu atterrir là-bas.
finalement arrivée à destination, elle descend de sa voiture à la hâte et se précipite jusqu'à l'entrée de l'établissement. c'était bien ce qu'elle pensait, qu'est-ce que son père pouvait bien trafiquer dans une boîte de strip-tease ? la mort dans l'âme, elle pénètre à l'intérieur non sans jeter des regards alentours. elle ne se plait pas du tout ici, elle n'est pas à l'aise dans un tel environnement. ce pourquoi elle essaie de faire abstraction et de rejoindre le bar au plus vite. là, elle aperçoit son père et se jette sur lui dès qu'elle est à sa hauteur. papa, tu m'as fait si peur. je t'avais demandé de jamais partir quand j'suis pas là, regarde où on en est. et puis qu'est-ce que tu fais dans un club de strip-tease d'abord ? enfin son regard se pose sur l'homme qui avait dû la prévenir. j'suis désolée, j'vous ai même pas remercié. j'étais morte d'inquiétude, votre coup de fil m'a évité de me tourner vers la police ou pire encore. seulement maintenant, elle se demande si son père n'a pas fait n'importe quoi. il était souvent intenable quand il perdait ses esprits. rassurez-moi, il n'a pas fait de dégâts au moins ? elle est sur les nerfs ainhoa, cette situation l'a mise dans tous ses états et elle espère qu'il n'en a pas rajouté. elle avait tout sauf besoin de ça. vous pouvez me servir quelque chose à boire ? j'ai vraiment besoin de retrouver mon calme. elle essaie de se détendre la kiné, d'oublier cette mauvaise aventure maintenant qu'il était à côté d'elle et plutôt en forme. pourtant, elle réfléchissait déjà à comment faire en sorte qu'il ne renouvelle pas l'expérience.

elle est toujours aussi nerveuse quand elle débarque à l'adresse indiquée ainhoa. même si on l'avait appelé pour lui certifier que son père était là. elle ne parvient que difficilement à se défaire de la panique qui l'avait enserrée quand elle s'était aperçue de son absence. il lui en faisait voir de toutes les couleurs, surtout en ce moment. elle avait beau le supplier de ne pas sortir de la maison tout seul, il n'en faisait qu'à sa tête. et ça ne l'aidait pas à se rassurer sur son sort quand elle n'était pas là. bientôt, elle n'aurait sûrement d'autres choix que de lui prendre une aide à domicile, qui aurait au moins le mérite de veiller sur lui quand elle serait à l'hôpital. elle hésitait pourtant à se décider, elle trouvait cela si impersonnel. et elle n'était pas certaine de vouloir imposer dans leur vie une personne totalement extérieure, inconnue. de plus, elle ne savait absolument pas comment réagirait son père. il pourrait tout aussi bien se comporter tel un gamin et lui rendre la vie impossible, et elle avait tout sauf le temps de gérer ce genre de débordement. quand son regard se pose enfin sur son géniteur, elle se détend un peu puisqu'elle sait enfin véritablement où il se trouve. mais ce sont les questions qui affluent bien trop rapidement. elle devait sûrement passer pour une cinglée, ce qui n'était pas vraiment le but. ce pourquoi elle se reprend, le temps d'adresser une forme de remerciement à celui qui semblait être le propriétaire des lieux. euh… de rien ? elle lui adresse un sourire sincère comme pour se faire pardonner de l'intervention inopinée. j'pense pas que tout le monde se serait donné la peine de téléphoner. on se serait contenté de le mettre à la porte et j'ose même pas imaginer où il aurait atterri. elle s'en faisait déjà des films, sans même que ce ne soit arrivé. puisqu'il avait bien marché jusqu'ici, un club de strip-tease. ça en disait déjà long sur ce que ça aurait pu donner par la suite. alors merci, c'était vraiment important pour moi. entre son boulot et sa vie en général digne d'un champ de bataille, elle avait bien besoin d'un petit coup de pouce parfois. et cet homme venait de lui en donner un. pas forcément à l'aise entre ces murs, étant donné que ce n'était pas le genre d'établissement qu'elle avait l'habitude de fréquenter, pour ne pas dire qu'elle n'y avait jamais mis les pieds, elle tilte enfin et s'inquiète de savoir si son père avait pu faire des siennes. ça lui arrivait souvent, dans un moment d'égarement, de ne plus se rendre compte de ce qu'il pouvait faire, de ne plus prendre la mesure de ce qu'il avait le droit de faire ou non. il redevenait un gamin qui ne connaissait rien à la vie et à ses règles. comme pour reprendre ses esprits ou les embrouiller encore plus, elle réclame un verre qu'on lui offre. et étrangement, ça lui fait un bien fou. pourtant, ce n'était pas son style de noyer son chagrin dans l'alcool, en règle générale. elle l'avait déjà fait une fois et le résultat n'avait pas été celui escompté. mais ce soir, elle saurait se mesurer. c'était uniquement un verre pour se remettre de ses émotions, pour reprendre le chemin de la maison, un peu plus sereinement. il a rien fait, t’en fais pas. disons qu’il a dû juste se rincer un peu l’oeil. elle ne tique même au tutoiement, tellement absorbée dans tous les sentiments qui l'assaillaient. tant qu'elle ne savait même plus comment elle devait se sentir. un léger rire s'échappe de ses lèvres à l'entente de la fin de sa réponse. évidemment, il avait dû être servi ici. peut-être bien que c'était ce qui l'avait forcé à rester, ce qui l'avait empêché d'aller se perdre plus loin, dans un autre endroit encore inconnu. j'imagine. elle ne tourne même pas la tête, elle n'est pas là pour se rincer l'oeil elle aussi et elle n'est pas très fan de ce genre de spectacle. ça la met plus mal à l'aise qu'autre chose à vrai dire. elle avale la moitié de son verre avant de se retourner vers l'homme. ça fait longtemps que vous travaillez ici ? vous devez en vivre des situations bizarres, peut-être pas forcément autant que celle-ci cela dit. elle hausse les épaules. elle avait bien envie de savoir ce qui poussait quelqu'un à se lancer dans le monde du strip-tease. parce que c'était encore une énigme pour elle, elle se sentirait tellement mal d'observer des corps à demi-nus toute la journée. sauf que c'était un choix de vie, qu'elle acceptait comme toute autre chose, mais dont elle cherchait seulement à capter les raisons.

il lui faut plusieurs longues minutes pour reprendre ses esprits, pour se poser enfin sur le tabouret attenant au comptoir, pour se rendre compte que son père était bien là et que le cauchemar était fini. elle aurait aimé qu'un claquement de doigt suffise mais ce n'était malheureusement pas le cas. doucement, elle se reprend, elle réalise même n'avoir même pas pris la peine de remercier le bon samaritain qui avait sauvé sa soirée et peut-être même sa nuit. qui pouvait savoir ce qu'il aurait bien pu faire d'autre et où il aurait encore pu trainer sa carcasse. en réalité, elle préférait ne plus rien s'imaginer, elle n'avait pas besoin de plus de noeuds dans sa tête. ses problèmes à elle suffisaient grandement à la tenir éveillée et à faire carburer ses neurones toute la sainte journée. alors elle lui adresse ses plus sincères remerciements, tant elle mesurait la chance qu'elle avait d'être tombé sur un être humain plus que sur quelqu'un dont le sort de monsieur bellini serait devenu le cadet des soucis. elle boit quelques gorgées de sa boisson qui l'aiderait certainement à reprendre pied dans la réalité et elle le voit commander lui aussi. c'était sûrement l'avantage de travailler dans ce genre d'endroit, toujours avoir une bouteille d'alcool à portée de mains. elle n'était pas du genre à boire beaucoup ainhoa, mais parfois, elle ne rechignerait pas devant un verre. sauf que ce n'était pas à l'hôpital qu'elle risquerait de satisfaire cette envie. le calme reprenant ses droits après la tempête, elle s'intéresse un peu à l'homme et à son club. elle ne jugeait aucunement, elle voulait simplement comprendre comment on en arrivait à bosser dans un tel endroit. c'était un choix de carrière assez spécial en soi. oh ouais, on a eu des trucs… spéciaux. un léger rire s'échappe de ses lèvres, cette réponse ne l'étonnait aucunement. c'était la réponse inverse qui l'aurait interpellé. mais un vieux monsieur perdu, c’est bien la première fois. et, vous en avez des petites histoires comme ça ? rien ne lui disait qu'il aurait envie de s'épancher, de balancer des clients peut-être fidèles. mais elle avait besoin de se détendre et elle était persuadée que quelques anecdotes de ce genre feraient parfaitement l'affaire. elle hausse les épaules à la suite de ses propos. comme on dit, il faut bien une première fois à tout. au moins, vous vous souviendrez de lui. et peut-être qu'un jour, il raconterait cette péripétie à un autre client qui s'y intéresserait d'un oeil distrait. elle continue de l'observer alors qu'il contemple le fruit de son travail certainement. s'il possédait ce club à son âge, c'était déjà une belle réussite, et cela peu importe ce que renfermaient ces murs. ça fait cinq ans que c’est moi le patron. si on me l’avait dit quelques années avant, j’y aurais jamais cru mais… putain c’que j’kiffe mon boulot. elle fronce les sourcils en l'écoutant parler. vous voulez dire que ce n'était pas votre choix ce job ? qu'est-ce qui s'est passé alors ? elle avale une autre gorgée de sa boisson sans le quitter des yeux, très intéressée tout à coup. peut-être qu'il lui expliquerait ce qui l'avait mené ici, ce qui lui avait donné envie d'être là et ce qui faisait qu'il ne se trouverait jamais mieux ailleurs aujourd'hui. écouter les histoires des gens faisaient partie des choses qu'elle préférait ainhoa. les écouter lui faisait oublier sa vie à elle et c'était bien trop bénéfique pour qu'elle ne saisisse pas l'occasion.

elle aurait pu le parier. elle avait beau se montrer à l'écoute et très intéressée par les nombreuses aventures cocasses qui avaient pu avoir lieu dans ce club, son gérant ne semblait pas du genre à les répéter. c'était bien dommage, elle aurait pu passer un bon moment en laissant ses pensées se déconnecter et se diriger vers des choses beaucoup plus frivoles. encore une fois, le saint-esprit n'était pas de son côté. elle n'était plus à un croche-pied près après tout, elle ne faisait que les enchainer. alors elle ne rajoute rien, elle le laisse se complaire dans son silence et se concentre même sur son verre dont elle fait tournoyer le liquide. c’est clair que je ne suis pas prêt de l’oublier. son père aura au moins laissé sa trace quelque part. et cet homme se souviendrait de lui quand il serait entre ces murs. par la suite, elle se penche sur son club. elle a envie d'en savoir plus sur ce qui pousse quelqu'un à se lancer dans cette aventure, sur ce qui pèse dans la balance. et surtout quand on est si jeune. il devait avoir entretenu son argent depuis tout jeune. plus elle l'observe et plus elle se rend compte qu'il semble avoir du mal à baisser sa garde. ce n'est pas donné à tout le monde de s'épancher de la sorte. d'ailleurs, elle ne pose pas autant de questions habituellement ainhoa. elle tenait seulement à porter un peu d'attention à l'homme qui l'avait aidé à ne pas paniquer plus longtemps suite à la disparition de son père. pourtant, elle ne cherchait pas à le mettre dans une situation inconfortable. et s'il ne souhaitait pas répondre, il était totalement dans son droit, elle ne se permettrait pas d'insister. le mermaid était à mon paternel. j’en ai hérité. elle hoche la tête, un peu gênée par l'aveu, qu'elle allait désormais devoir gérer. la faute à sa langue un peu trop pendue ce soir-là. oh... j'suis désolée. j'ai perdu une occasion de me taire, elle commence, en grimaçant un peu. parce qu'elle ne sait plus où se mettre. j'voudrais pas paraître intrusive. en plus, j'suis pas du tout comme ça habituellement. elle a besoin de redorer son blason, pour qu'il ne se fasse pas de fausses idées sur elle. c'est simplement que j'voulais pas repartir comme une voleuse alors que vous m'avez enlever une grosse épine du pied. c'était à son père qu'elle faisait référence, évidemment. cet homme semblait être quelqu'un de bien, étant donné la manière dont il avait agi. et rencontrer des personnes pareilles n'était pas forcément monnaie courante de nos jours. j'vous dois combien ? pour le verre. payer sa consommation était déjà un bon début pour appuyer sa belle image finalement.

la soirée de a jusqu'à z s'était révélée hors de son contrôle. parce qu'elle n'avait pas eu le temps de gérer la fuite de son père, avant qu'on lui fasse part de son retour. pourtant, elle avait tout de même eu le temps de paniquer ainhoa. parce qu'elle a les sentiments à fleur de peau, toujours prêts à émerger dans toutes circonstances qui s'y prêteraient. et quand elle ne savait plus où se trouvait son père, sa raison s'affolait immédiatement. surtout depuis qu'il perdait, par instant, la mémoire et les souvenirs. c'était une chance que l'homme qui l'ait recueilli ait eu la jugeote de la contacter pour venir le chercher, comme le gamin qu'il était sûrement redevenu ces derniers temps. elle pensait pouvoir affirmer sans se tromper que bon nombre d'êtres humains auraient simplement fermé les yeux sur la situation, refusant de s'en mêler, en la laissant patauger dans sa propre crainte pour la sécurité de celui qui lui avait donné la vie. et c'est pour ça qu'elle se montre aussi prévenante et ouverte. pour ça qu'elle s'intéresse au jeune homme, qu'elle va jusqu'à refuser de se tirer comme une voleuse. parce que ce n'est pas ainhoa que de se montrer aussi hermétique au monde extérieur, encore moins quand on vient de lui tendre la main. c'est de cette manière qu'elle en apprend davantage sur ce qui l'a mené à récupérer un club tel que celui-ci. c'était loin d'être commun pour elle qui n'avait pas l'habitude de trainer dans ce genre d'endroit. et une fois de plus, elle se rend compte du ridicule de ses intrusions et de l'étendue de sa maladresse quand elle comprend que c'est un deuil qui l'avait mené ici. dans le pire cas de figure qui puisse exister, elle avait mis les pieds dans le plat. ce pourquoi elle s'empresse de se confondre en excuses, de se sauver la face. oula. oula. du calme, on respire. elle l'entend et elle fronce les sourcils face à l'incompréhension de la situation qui se joue devant elle. il aurait pu s'irriter ou se sentir attaqué par les insinuations qu'elle n'avait même pas analysé avant de les laisser franchir la barrière de ses lèvres. et elle le voit le sourire sur le visage de son interlocuteur. ce qui ne participe qu'à lui faire se poser encore mille questions supplémentaires. mon vieux était une vermine et la terre se porte mieux sans lui. et là, tu comprends le fond du problème. tu comprends qu'il ne portait pas son paternel dans son coeur et que tout s'expliquait donc en un claquement de doigts. le mermaid se porte mieux sans lui. elle hoche la tête, pas certaine de pouvoir émettre un véritable avis tranché puisqu'elle n'avait pas connu l'avant. je vois... j'voulais pas m'immiscer, vous rappeler de mauvais souvenirs ou que sais-je d'autre. elle ne manque pas d'en remettre une couche sur l'imprévu de ses paroles qui avaient filé avant qu'elle ne puisse les retenir. elle aussi avait eu des conflits avec ses parents, comme tous les enfants de la planète. elle, peut-être même encore plus tant elle avait eu tendance à se sentir sans arrêt reléguée à la seconde place suite à la présence d'enfants placés dans leur famille d'accueil. la jalousie l'avait étreinte plusieurs fois, jusqu'à ce que les années l'aident à accepter la situation. du mieux qu'elle peut, elle lui expliquer la raison qui la pousse à rester un peu plus longtemps entre ces murs. et ce n'était rien d'autre que la correction qu'on lui avait inculqué et sur laquelle elle ne comptait pas s'asseoir. peut-être un peu aussi pour satisfaire sa curiosité sur un lieu de travail comme celui de cet homme. « hey, t’en fais pas. j’suis plutôt bavard. j’ai rien contre papoter un peu. et je sais que t’es pas là pour me soutirer des infos. J’vois même pas de quoi j’pourrais t’informer, en vrai. elle rit un peu, et le remercie silencieusement de l'aider à faire passer le malaise qu'elle ressent suite à ses bourdes. elle lève les mains en l'air, pour se composer un rôle de personne non coupable. elle n'avait même aucune idée du genre d'informations qu'elle aurait pu lui retirer. j'suis pas un agent secret, j'le jure. non, personne ne l'avait engagé pour mener à bien une mission, pour ramener à bon port des secrets d'état. elle n'était que la kiné de l'hôpital du coin qui avait perdu la trace de son père dans un noir presque complet. c'est pour poursuivre dans le but de lui montrer toute sa bonne volonté, qu'elle demande le ticket, accompagné du montant de la commande. elle n'avait aucune intention de boire à l'oeil, il était celui qui lui avait rendu un service, pas l'inverse. offert par la maison. bien que touchée par le geste, elle est principalement gênée d'être la seule à gagner sur tous les plans ce soir-là. alors la prochaine fois que j'viens ou que j'vous croise quelque part, j'vous devrais un verre. elle tient à lui rendre la pareille parce qu'elle n'aime pas ce sentiment de se sentir redevable à quelqu'un. est-ce qu'elle était en train de dire qu'elle reviendrait fouler ce sol ? elle n'en savait trop rien, c'était plutôt la promesse qui importait. alors elle prévient son père que leur intrusion dans ce club touche à sa fin. elle avale ce qu'il reste de liquide dans son verre, déjà prête à quitter les lieux pour retrouver son chez-elle, loin de toute l'agitation extérieure.