This is my french touch. ((olivia))

01/ Née en banlieue parisienne, tu as perdu ton père à l'âge de cinq ans, des suites d'une longue maladie. T'étais encore jeune, alors tu ne t'en souviens pas bien, mais tu sais une chose : ta grand-mère était venue à la maison pour te garder, et tes parents s'en étaient allés. Quelques jours plus tard, ta mère rentrait seule, et t'habillait tout en noir, t'emmenant avec elle dans un parc avec des pierres plantées dans l'herbe ; la pluie coulait à flot, et les gens présentaient toutes leurs condoléances à ta maman. Quelques années plus tard, tu pus dire qu'en effet, cet événement correspondait bel et bien à l'enterrement de ton père. Traumatisant, parce que tu ne comprenais pas ce qu'il t'arrivait, et parce que jamais tu ne revis ton père revenir à la maison, lui qui y était pourtant tout le temps là à te chouchouter. 02/ Quand ton papa était encore là, tu te rendis chez le médecin de force (tu n'avais jamais aimé le médecin). Là-bas, on te diagnostiqua comme étant une “enfant-bulle”, c'est-à-dire que ton système immunitaire (ce système étant donc le moyen de défense de l'organisme contre les agressions) ne fonctionnait pas très bien. 03/ d'aussi loin que remontent tes souvenirs, tu as toujours été obligée de suivre des cours par correspondance à cause de ta faible immunité aux maladies. de cette façon, tu étais constamment seule, du moins, la seule compagnie qui se présentait à toi était une infirmière du nom de Béatrice Chevalier. Elle était plutôt sympa avec toi, tu t'en rappelles. Elle prenait soin de toi et essayait du mieux qu'elle le pouvait de te laisser vivre un peu, là où ta mère t'étouffait avec son inquiétude à longueur de temps. 04/ Un beau jour, un jeune homme —un étudiant du nom de Zeno Campbell, un irlandais— vint s'installer dans la maison d'à côté de la tienne. Jamais tu n'oublierais cela. Tu le voyais régulièrement, du moins, par le biais de ta fenêtre, à constamment l'observer, à l'épier dans ses moindres faits et gestes, mais tu n'y pouvais rien, il te plaisait bien, de vue. Il était souriant, et beau, et chaleureux de ce que tu en voyais. Finalement, tu te rappelles qu'il a commencé à t'approcher, notamment en échangeant son numéro contre le tien —tu étais folle de joie ce jour-là ! Mais tu n'osas le partager ni avec ta mère, ni avec Béatrice, l'infirmière. En fin de compte, tu te rapprochas grandement de lui, lui parlant le plus possible —les meilleurs moyens de ta vie, peut-être. Tu en tombas amoureuse —éperdument amoureuse. 05/ Les choses allèrent plus vite entre Zeno et toi, aussi, tu lui confiais ton envie de voyage. Et il exauça ton souhait par amour, supposais-tu. Il t'emmena aux États-Unis, et le drame arriva. Un drame qui n'aurait jamais dû vous atteindre, alors que vous passiez d'excellents instants, rien que lui et toi. Tu pensais que cela serait éternel, que votre idylle ne s'estomperait jamais, mais tu eus tort, alors que tu fis une crise d'une gravité anormale. L'hôpital en vue, tu entras en soins intensifs. Ton cœur s'arrêtait et tu t'étouffais : il te fallait d'urgence des soins. Tu savais, au plus profond de ton être, que Zeno te rendit visite, à l'hôpital, et tu te remémorais toutes ces premières fois passées avec lui, toutes ces choses que tu rêvais encore de faire à ses côtés. Malheureusement, lorsque tu ouvris les yeux, tu n'étais plus dans un hôpital américain. Te voilà retournée à la case départ, en France. 06/ La France ne t'avait absolument pas manqué. La seule personne qui te manquait était Zeno, et tu ne savais pas réellement ce qu'il devenait, où il était. Tu ne savais même pas s'il savait que ta mère t'avait rapatrié dans ton pays natal. Tu étais confuse, tu étais perdue, tu ne savais plus quoi penser. Les jours qui suivirent ton réveil furent les plus horribles de ton existence. Tu avais la sensation de suffoquer, et des crises d'angoisse vinrent t'assaillir de toute part tant tu ne te sentais guère en confiance, auprès de ta mère, elle qui t'avait donné naissance. 07/ Ta mère s'absenta un petit moment, pour aller travailler, et Béatrice prit soin de toi, une fois de plus. Remarquant ta mélancolie et l'inexistence de bonheur en toi, elle te faisait de surprenantes révélations : ta mère t'avait faite passer pour morte dans le but que “le scélérat de voleur” (Zeno) ne t'approche plus. L'infirmière t'apprenait ensuite que tu n'étais pas spécialement malade, que tu ne l'avais à vrai dire jamais été. A vrai dire, tu avais simplement eu une défense immunitaire similaire à celle d'un enfant en raison du manque de contact avec les bactéries extérieures, mais rien de bien grave. Béatrice poursuivait, et te disait que ta mère était complètement hystérique, qu'elle t'emprisonnait de peur de te perdre, comme elle avait perdu son mari —elle était folle et malade, te dis-tu. 08/ A la suite de ces étonnantes découvertes, tu pris automatiquement peur. Tu en parlas à un médecin, et il t'aida à envoyer des hommes chercher ta mère afin de l'interner dans un hôpital spécialisé pour les personnes ayant des troubles du comportement. Ta vie, à l'âge de vingt ans, pouvait enfin réellement commencer, avec pour but de retrouver Zeno et de reprendre votre idylle là où elle s'était arrêtée. 09/ Tu ne savais pas vraiment ce qu'il était advenu de Zeno, aussi, tu te hâtais d'acheter un billet d'avion pour les États-Unis. Tu le lui devais bien, non ? Il fallait qu'il sache que tu n'étais pas morte ! Oui, il le fallait à tout prix. Là-bas, tu fis la rencontre d'une femme gentille comme tout. Une grand-mère répondant au sympathique nom de Louise. Elle avait des origines françaises, et te promettait de t'aider à retrouver ton “amoureux”. Tu en étais ravie, tu étais même aux anges ! 10/ Louise t'aida en effet à le retrouver. Tu découvris qu'il avait fondé une startup du nom de “LiveIn” —il avait fait tellement de choses en ton absence ! Mais, ce qui gâcha tout ton bonheur et te fendit le cœur fut une photographie prise par un détective prisé que Louise avait engagé pour te venir en aide. Sur cette photo, deux jeunes gens s'embrassaient, paraissant l'air amoureux l'un de l'autre. Tu reconnus Zeno, mais la femme, tu ne sus qui elle était. Ta raison de vivre pour de vrai avait disparu avec cette révélation effroyable. Alors, il avait tourné la page ? 11/ Les jours qui suivirent, tu ne parvins pas à retrouver une once de joie. Tu fis de nouveau une crise —elle n'était pas terrible, mais tu en faisais de plus en plus. Si tu n'étais pas malade, tu étais néanmoins souvent sujette aux crises d'angoisse, et cela ne t'aidait aucunement. Louise tentait de te rassurer, de te dire que ce n'était pas grave, qu'il ne savait pas, et qu'il devait encore t'aimer. Mais t'avait-il déjà réellement aimé ? N'avait-il donc pas tiré un trait définitif sur toi ? Tu essayais d'aller mieux, mais ça n'était guère simple. Il fallait te reprendre, aussi, tu devins bénévole à l'hôpital, pour les enfants malades plus précisément. Tu avais envie d'aider. Vraiment. 12/ Le bénévolat n'aiderait pas Louise, tu en étais persuadée. Une annonce dans les journaux parlait d'un souhait de recruter au sein de LiveIn. Il te fallait tenter ta chance. Après tout, tu n'avais pas fait tout ce chemin jusqu'aux États-Unis pour rien. Au final, tu ne saurais dire pourquoi, mais tu mourais d'envie de le retrouver après toutes ces longues années, après toutes ces épreuves que tu avais traversé, et que lui aussi avait dû traverser. Tu voulais aussi savoir pourquoi. Pourquoi avait-il tourné la page aussi vite ?