"Ok toi tu viens d'où?" Ses petites mains gracieuses cherchent à rejoindre ma paume. Elle entremêle amoureusement nos doigts en m'regardant avec ses grand yeux papillons. J'sais qu'j'la reverrais plus. Alors j'me confie comme j'les jamais fait. J'pourrais donner ma vie pour une clope là maintenant. Mais ça sera sans. Les stocks arrive à dix huit heures par le gardien numéro quatre. C'est mon tour d'aller les chercher putain.
"J'viens d'Oran. Mes parents adoptif m'ont trouvé et ils m'ont amené à New York. J'crois qu'ils revaient d'avoir un enfant...mais ils étaient stérile ou..une connerie de ce genre." Elle presse sa tête dans mon cou. Son soupir cherche à m'exciter et ça m'fait doucement ricaner. Plus j'lui resiste, plus elle devient folle. A court d'inspiration pour attirer mon attention. Mon envie.
"Ils m'ont trouvé avec un petit bracelet. Y'avait écrit Shabh dessus. Ils m'ont appelé comme ça. Puis j'suis arrivé à New York. J'ai p'u trop d'souvenirs. Mais ils m'ont laissé pour un gosse naturel...le leurs." Elle recule, ses yeux se pose dans les miens et avec le plus de sincérité fausse et d'empathie à la con elle m'dit qu'c'est affreux et m'demande comment j'ai fais.
"Bah..j'suis aller dans un centre. Et j'ai rencontré Miki." "Miki?" Ouais. Miki. La seule personne qu'j'regrette arrivé dans ce trou à rat. J'crois même la seule personne que j'aime sur cette terre.
"C'est ta copine?" J'ricane. Amer.
"Nan. Mon frère. Pas l'même sang. Mais on était destiné à se connaître j'crois bien.... Mon frère...." Elle s'repose à nouveau contre moi, prenant soin de caresser ma mâchoire avec ses cheveux tressés.
" Et pourquoi t'es là ? " Putain si tu savais ma p'tite.
" J'vendais d'la came à une soirée. J'suis tombée sur la fille d'un flic. Overdose." Si cette histoire pouvait avoir la simplicité de comment la raconter. Bordel. D'la chance d'en tirer qu'trois ans ici.
" Tu sors quand ? " J'recule un peu, légèrement agacé.
"Ca va l'interrogatoire ? " Elle s'excuse, j'ricanne à nouveau, pose mes lèvres sur les siennes pour la rassurer. Elle est contente comme ça. Le gardien nous zieute. Numéro huit. Un pas de travers et j'me retrouve au trou. Il m'aime pas celui là.
" Trois semaines et quatre heures." A te supporter encore.
J'sais pas vraiment où aller. J'ai mes affaires dans une poche plastique. Deux trois clopes dans un paquet vieux de trois ans. J'm'empresse d'en allumer une comme si c'était la première. Comme si j'm'étais pas débrouiller pendant deux ans à les faire rentrer en douce accompagné de quelques petites pilules et de la douce herbe verte. Et j'l'allume. Attend ce moment dont tout le monde parle. Celui où tu savoures ta liberté. J'pense à Missy et Quinn, mes mamans taulardes. Leurs liqueur caché dans du shampoing qu'elle m'ont laissé en souvenir. J'repense à Lil. La petite gardienne sage qui n'arrivait pas à s’empêcher de toucher sa tout fraîche bague de fiançailles lorsqu'elle me regardait du coin de l'oeil. Au paris qu'j'avais eu avec Dania. Qu'j'ai perdu vu qu'j'ai pas réussi à la sauter. J'me retrouve là. Sur le parking à fumer une clope. Incapable de courir et d'hurler que je suis libre. Incapable de quitter ma maison. Mes amis. Ma famille confectionnée soigneusement pendant trois ans. J'sais même pas où aller. J'sais même plus par quoi commencer. La psy d'la taule m'disait d'écrire une lettre au flic. M'excuser d'avoir buter sa fille.
Mais c'était un accident doc', j'pouvais pas savoir qu'elle supporterait pas. J'en prend tous les jours moi c'est inoffensif ces trucs là Putain...quand j'repense à ses sourcils froncés. A son regard désapprobateur.
Mais vous regrettez déjà mademoiselle Gallagher? Vos gestes? Ils ont des conséquences voyez vous.. Et mon rire amer dans la salle blanche. Mademoiselle. Putain j'ai une tête à c'qu'on m'appelle mademoiselle? Miki aurait rit aussi. Putain. Miki. Ouais. Ca y'est j'suis libre.
Sinon à part t'toucher et dealer comme un petit con en bas d'la rue tu fais quoi? J'me retourne sur le ventre. La mousse du canapé est trop visible, misère éventrée par crises de colère sur crise d'angoisse.
Putain Shabh ! Fais un truc bordel Il en est où ton rêve là? Il s'fout d'ma gueule? J'suis déjà debout, les veines qui ressortent, les poings fermé.
"M'les brises pas Newton. " J'tente de calmer le jeu. M'rassois tranquille, rassemble les miettes de beuh dans un collage pas très bien fait. La fumée envahie bientôt la pièce. Il tourne en rond, s'agite comme un poisson dans un petit bocal. Et ça m'fait rire. Ouais. J'lui ris à la gueule. Et sur l'moment j'aimerais lui écraser mon putain de joint sur son poignet. Le faire geindre pour le faire taire. Phil. Ce miroir agaçant. Mec rencontré il y a des années dans le centre d'accueil. J'vivais là à l’époque, abandonné une nouvelle fois. Miki était là aussi. Il a débarqué, bien tenu, poli, gentil. Rien à faire dans ce genre d'merdier. j'sais même pas pourquoi il m'a défendu. Pourquoi on s'est lié d'amitié. m''a toujours défendu. M'a plus lâché. Et c'mec là est psychologue aujourd'hui. Abandonné comme moi. Comme Miki. Abandonné et rejeté. Puis en sale état. Et pauvre. Et tout c'quon veut. Mais lui...lui bordel il a réussi. L'regarder ça m'rappelle tous mes echecs. J'l'adore...mais j'le hais putain j'le hais.
Ton rêve. Il est pas finit. Il s'assoit face à moi. Regard du gentil papa qui comprend qu'il a sur réagit. Il parle calmement, yeux doux et sans pitié.
J'ai des sous de côté. J'peux investir. J'crois en toi Shabh. Tu peux l'faire si t'en as envie. Il m'agace quand il a raison. Plus facile de l'contredire. Nouvelle bouffée, la fumée recrachée sur sa gueule d'premier d'la classe..
" Arrête. C'était mignon quand on était gamin...maintenant qu'veux tu qu'fasse? Tu crois vraiment qu'un beau jour on me laissera louer un grand hangar, qu'on me confiera pleins de belles motos et voitures de collection, des vieille harley des bijoux d'ce genre...ces véritables merveilleuses.... entre mes mains qui foirent tout?!De un, j'te rappelle au passage ,mon cher Newton, qu'j'ai fait d'la taule, et va louer quelque chose ou te construire une reput' stable avec ça sur ton front. De deux j'ai même pas d'quoi m'nourrir et maintenant tu voudrais que j'devienne proprio?" Ma position affalée sur le canapé m'convient, j'm'y remet, la tête vers le plafond observant les ronds de fumée qui sortent de ma bouche.
" Dealer ça m'va très bien Phil. Au pire des cas j'retrouverais un toit, des amies et dl'a nourriture. " Ainsi que deux trois coups de matraques, des fouilles hasardeuses, et des injustices quotidiennes.
"Ca m'va comme ça. T'inquiètes plus pour moi... "