rhiannon ¶ if you wake up at a different time in a different place, could you wake up as a different person?

01/ elle n'a jamais connu sa mère. et n'a donc jamais eu de présence féminine autour d'elle à part sa voisine de pallier qu'elle finissait par considérer comme sa mère, voire sa grand-mère vu son âge avancé. sa mère était droguée et absente, un jour quand elle avait trois ans, elle a fini par fuir le foyer familial laissant son père dans la merde. à partir de là son père a enchaîné les petits boulots pour subvenir aux besoins familiaux sauf qu'à la fin, l'alcool était devenu son meilleur ami et l'est toujours à l'heure actuelle. elle a du grandir bien plus vite que prévu jusqu'à s'occuper de son père lorsqu'il vomissait, lorsqu'il avait des factures en retard... elle bien trop jeune qui n'a pas eu le choix d'être "la femme de la famille" depuis ses dix ans. 02/ quand elle a eu ses règles pour la première fois, personne ne lui avait expliqué comment ça marchait. elle a été formée très jeune, à tout juste 11 ans et à 13 ans, on aurait dit une adolescente de 16 ans dû à sa grande taille et à sa poitrine assez généreuse pour son âge. dès que son père a su pour ses règles, il avait littéralement disjonctée en la traitant de trainée, qu'elle allait devenir une "pute" comme sa mère désormais qu'elle était "femme". puis le 5 août 2006 sa vie chavira. son père alcoolisé vint dans sa chambre aux alentours de 3h du matin. il s'allongea à côté d'elle et commença à la caresser dans son sommeil. elle se réveilla en sursaut, elle a essayé de se débattre mais son père ne faisait que lui susurrer que "c'était normal" et "qu'elle devait passer à une étape supérieure dans sa vie" et il finit par commettre l'irréparable et lui prit sa virginité avec acharnement et violence. ce n'était que le début de l'enfer pour Rhiannon. 03/ depuis ses treize ans il n'y avait pas une seule semaine où son père n'abusait pas d'elle. même lorsqu'elle avait ses règles, il trouvait le moyen d'arriver à ses fins. elle commença à connaître le bonheur des insomnies, des crises d'angoisse, des envies d'en finir avec la vie. à l'école elle n'avait aucun ami, elle avait peur des hommes, les femmes la jugeaient et la traitaient dû à son physique "qui se rapprochaient trop des critères de beauté sociétaux". des rumeurs sur elle courraient à son égard, qu'elle se tapait tous les gars de la planète entière et pourtant le seul à abuser de son corps restait son père. elle avait arrêté de se débattre, en se laissant faire. en se disant que c'était son sort, sa destinée mais ses cuisses scarifiées montraient ses envies d'en finir avec cette vie qu'elle n'avait pas choisi. 04/ en grandissant elle eut le besoin d'extérioriser toute cette haine, cette colère. alors elle s'inscrit dans une salle de sport gratuite pour apprendre la boxe thaï. tous les jours elle y passait devant en allant au lycée, elle les regardait à travers la baie vitrée. elle hésitait, elle avait peur. il y avait deux femmes pour une quinzaine d'hommes. les hommes l'effrayaient toujours mais cette envie de taper, de se défouler, de faire quelque chose de son corps, quelque chose qu'elle a elle-même choisi lui donnait envie de franchir le pas et elle le fit. 05/ depuis elle est devenue accroc à la boxe thaï. elle y va tous les jours ou presque. c'était le seul endroit où elle laissait des hommes l'approchaient même si en dehors du ring, elle ne leur parlait pas. les hommes l'effrayaient toujours autant, dès qu'un d'entre eux osait l'approcher de trop, la frôler, elle frissonnait et une boule au ventre se forma. dès qu'elle voyait un homme torse nu elle rougissait et se sentait de trop dans la pièce. des gamines de 15 ans aujourd'hui étaient bien plus expérimentées qu'elle et surtout moins effrayées devant le corps d'un homme à moitié nu. son père est le seul homme qu'elle a vu dans le plus simple appareil. elle avait fini par se faire une raison "elle ne méritait pas l'amour" et n'était nullement digne de ce sentiment. qu'elle était bien trop une mauvaise personne pour connaître cela. dans tous les cas, elle n'attirait que les pervers voulant la baiser uniquement, ce qui l'effrayait au plus haut point, ou bien alors les hommes éviter son regard parce qu'elle devait être "trop intouchable" sans doute alors que ce n'était que de la timidité. elle avait d'ailleurs plus d'approches féminines dans la rue que masculines, mais elle ne s'est jamais sentie attirée par le sexe féminin. 06/ aujourd'hui elle a quitté son queens effervescent natal pour aller vivre dans le queens contemporain. elle vit chez la tante de sa voisine de pallier. elle ne croule pas sous l'or mais insiste pour payer 300$ de loyer alors que sa "propriétaire" veut lui offrir. elle ne voit plus son père depuis qu'elle a quitté le cocon familial, ce dernier avait essayé de la retenir jusqu'à changer les serrures de toutes les portes mais elle avait réussi à fuguer en lui volant un double de ses clés. elle ne remet plus un pied dans le queens effervescent, toute cette zone l'effraie. elle revoit encore son ancienne voisine autour d'un café ou bien chez son "nouveau chez elle". elle n'a pas une vie extraordinaire, elle n'a pas d'amis ou très peu. ses journées consiste à aller au supermarché du coin de la rue pour faire son job de caissière, d'aller à la boxe thaï puis de revenir chez elle devant netflix. elle se sent souvent seule et incomprise mais elle se dit que désormais elle ne souffre plus car son père n'est plus là. il est tellement malade, alcoolisé à souhait, que même sortir de chez lui, lui en est compliqué. elle attend juste l'annonce de sa mort tant son état est pitoyable et pourtant se l'imaginer mort lui donne les larmes aux yeux. et ça la dégoûte de "ressentir de telles choses".