SHABH&RHIANNON ¶ Let's fight

“LET'S FIGHT” Cela faisait une heure que j’étais à la salle de sport. J’aimerais aller sur le ring mais aujourd’hui il n’y avait personne… Personne à qui je faisais assez confiance pour « combattre ». Les hommes me regardaient comme une proie facile mais je ne savais pas dans quel sens : au lit ou sur le ring ? Ou bien les deux. Je faisais beaucoup de cardio en attendant, j’avais fait du tapis de course, de la corde à sauter, quelques squats, des montées de genou… Mais je voulais combattre, essayer mes nouvelles esquives, ma défense améliorée mais leurs regards m’effrayaient.

J’avais mon legging noir et mon top court rose. Ce n’était pas sexy mais je faisais avec les moyens du bord. Le jour où je pourrais m’offrir du Victoria Secret, tout le monde le saurait or là ce n’était pas le cas. Fatiguée, gênée… Je comptais partir. Le ring était sans cesse occupé, je ne connaissais personne aujourd’hui. Tout le monde me regardait comme une allien jusqu’à que je l’aperçoive. Elle. Cette fille. Shabh. Elle était une des rares que je croisais dans cette salle de sport. Elle semblait populaire et parlait à tous les garçons du coin. Des bruits couraient comme quoi elle était lesbienne, mais en quoi c’était si « époustouflant » à raconter ? La sexualité de chacun était personnelle et pourtant depuis que je savais ce détail, quand elle me parlait j’étais comme gênée. Elle était adorable, très intelligente, sportive, elle s’épuisait jusqu’à son dernier souffle et se battait contre des hommes sans hésitation. Elle dégageait une telle confiance en elle que ça en était impressionnant et surtout admirable.

Elle salua quelques personnes et sans trop savoir pourquoi, j’avalais presque de travers ma salive mais peut-être qu’elle pouvait être la seule à me sauver de mon ennui morbide de la journée ? Je me retournais et elle s’approchait. Peut-être que lui parler allait m’épargner les regards lourds des autres occupants de cette salle.

- Hey Shabh.

Disais-je presque comme un murmure en balançant maladroitement ma main dans le vide. Je devais être ridicule, ceci était un « salue » d’une gamine de 5 ans. Mais je n’étais pas assez proche d’elle pour lui sauter dessus, hurler son nom dans la salle… Et surjouer pour me faire remarquer c’était peu pour moi. Je soufflais alors en me trouvant ridicule au possible. Je devais juste récupérer mes affaires et me décider à partir.

- T’es stupide ma pauvre fille.

Murmurais-je à voix basse avant qu’un homme, d’1m90, assez corpulent et puant la transpiration vienne me couper la route.

- Tu veux t’entraîner ? Je te vois baver devant le ring depuis tout à l’heure.

Mon cœur battait à cent à l’heure, mes yeux se perdaient sur ses muscles saillants, ses veines qui ressortaient sur ses bras, ses pecs que j’entrepercevais sous son débardeur de sport mais cette soudaine proximité me mettait mal à l’aise.

- Je… Non, non…

Faux. Mais pas contre lui ou alors « avec lui ». Je me reculais en manquant de trébucher sur la corde à sauter que j’avais laissé au sol mais quand je croyais reprendre le pouvoir sur mes jambes, la fatigue et le stress me firent réellement perdre l’équilibre jusqu’à que je tombe le nez contre sa poitrine. Shabh. Elle était là. Perturbée, déboussolée, je n’essayais même pas de me reculer et de fuir, je me perdais dans son regard et je n’osais pas bouger de peur d’avoir des gestes encore plus déplacés vu la position de mon visage sur son anatomie.  
 

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“LET'S FIGHT”Pittsburg elle avait prononcé mon nom. Pourquoi m'appelait-t-elle donc par celui ci d'ailleurs? Rhiannon était bien trop bizarre? Non, Pittsburgh c'était sûrement plus simple mais savoir qu'elle m'avait un minimum calculé et retenu en un mois me fit plaisir. Je me sentais comme en sécurité, en espérant que les autres hommes de la salle ait entendu "cette approche". Je n'attendais pas à qu'elle me défendre ou autre, mais savoir que quelqu'un m'avait calculé autre par mon physique me rassurait, tous ces regards masculins autour de moi m'emprisonnaient, me gênaient, pourtant c'était la salle de sport que je fréquentais quasi quotidiennement depuis un moment mais là, entourée d'inconnus, je perdais mes repères, alors peut-être que je m'attachais un peu trop à cette fille.

Alors quand je trébuchai lamentablement contre sa faible poitrine, je crus devenir rouge écarlate.

- Pa... Pardon.

A moitié tétanisée, je voyais les regards des autres sur nous. Elle aida à me relever comme elle pouvait avant de me "défendre" auprès de cet homme. Je voyais déjà le reste des être remplis de testostérones autour de nous parlaient à notre égard, l'homosexualité de Shabh ne devait être un secret pour personne, comment l'aurais-je su autrement que par les "on dit que" sinon? Je ne regardais pas le "coach" qui m'était encore inconnu, je croisais les bras sur ma poitrine en faisant des petits yeux à ce bout de femme qui dégageait plus d'assurance que tous les hommes réunis de cette salle de sport mais quand elle évoqua combattre avec elle, j'étais partagée. Un sentiment de joie où je pourrais monter sur le ring aujourd'hui pour me défouler mais aussi la peur car elle en restait impressionnante.

- Euh... Oui bien sûr. Je n'attendais que toi d'ailleurs!

Mauvaise actrice que j'étais, horrible. Si horrible que je préférais me mettre de dos à eux en faisant mine de me diriger vers le ring mais je faisais quasiment du sur place là. Le "coach" marmonnait ensuite des choses dans sa barbe et partait boudeur tandis que j'avais réussi à m'approcher du ring. J'avais encore son clin d'oeil en tête et c'était bizarre. Était-elle ainsi avec toutes les femmes ou alors il y avait plus ? Je me grattais la gorge en refaisant ma queue de cheval haute puis elle revint vers moi avec sa douce voix. Instinctivement mes yeux se posèrent dans les siens et je dévorais chacun de ses mots. Ca en était.. Déconcertant. Elle me tendit la main pour m'inviter à monter sur le ring et maladroitement je lui tendis pour la rejoindre.

- Non c'est gentil... C'était assez gênant pour moi. J'ai pas le niveau face à lui... Enfin je dis pas que j'ai ton niveau non, loin de là mais... Désolé je m'enfonce.

Je me mordais ma lèvre inférieure avant de me reconcentrer sur elle et uniquement elle.

- Merci. Ouais, ça m'a fait plaisir. C'était trop... Oppressant. Mais ne te sens pas obligée de combattre auprès de moi. Je t'ai déjà vu sur le ring, je doute avoir le niveau mais je veux bien relever le défis. Je m'ennuie depuis 1h, le cardio c'est bien 20 minutes mais au-delà je m'endors.

Je riais jaune en passant inconsciemment ma langue sur mes lèvres sèches dû au stress et à ma séance cardio à peine finit. Mais désormais je me sentais comme une débutante sur le ring alors que j'avais taté le terrain un million de fois auparavant. Mais là, face à elle, face à son regard ou sa prestance, c'était... Différent. Mais c'était une femme, lesbienne ok, mais ça ne voulait pas dire que j'étais son "type". Je me sentais déjà plus en confiance de combattre à ses côtés qu'envers ce gars qui se disait "coach".

- Tu me diras comment je dois te remercier. Je t'en dois une mais compte pas sur moi pour te laisser gagner, c'est trop simple.

Je riais à mes propres mots, je devais être ridicule à voir.

 

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“LET'S FIGHT” Elle était différente, son aura, son regard, même son odeur. J'étais impressionnée, apeurée et remplit d'admiration à la fois. Pourtant c'était une femme, elle n'allait pas vouloir les mêmes choses que ces hommes. Alors je faisais genre, je parlais beaucoup, je faisais ma combattante alors que je voulais fuir. Fuir avec tous ces regards, là, sur elle, sur moi, sur nous. Comment cela se faisait qu'elle était si admirée de tous? Formaient-ils un club dont je ne connaissais guère l'existence ? Je me mordais la lèvre, je secouais ma tête, j'étais là pour combattre, pas pour pleurer. Non, surtout pas. Je voulais me positionner et arrêter d'être vue comme une proie sans défense. Je n'étais pas là pour me "montrer" ou pour flirter, ou pour donner un "genre". J'aimais la boxe thai et je comptais bien le leur montrer, lui montrer.

- J'espère que tu ne vas pas pleurer lorsque je te toucherai alors...

Voilà que je me mettais à rire, à la charier même mais mes yeux ne pouvaient s'empêcher de regarder tous ses tatouages. Ils étaient si atypiques et si nombreux. Cela voulait signifier quelque chose? Perdue dans mes pensées, lorsqu'elle exigea un café et que je l'invitais, j'en perdis presque l'équilibre. Je trébuchais légèrement en me précipitant vers le ring, elle avait été plus rapide que moi, déjà là à mettre ses protections. J'en fis de même, maladroitement sans doute mais prête au combat.

Sur le ring, je ne la regardais plus qu'au sol. Elle était celle que je devais toucher et vaincre. Je ne la quittais pas du regard, analysant sa façon de sauter, de toucher le sol, de sautiller et sans que je m'y attende : le premier coup. Je serrais les dents mais je ne m'apitoyais pas sur mon sort, je mis mes gants en guise de protection face à mon visage, elle s'attendait à recevoir un coup de mes mains alors c'est ma jambe qui se leva pour donner un coup au niveau de ses côtes et j'enchaînai avec une droite, puis deux.

- Pas désolé...

Dis-je d'un air narquois en attendant désormais son retour. Je sentais les regards rivés sur nous, mais étrangement, là, j'étais dans ma bulle. Mon coeur battait à cent à l'heure et j'avais hâte de recevoir le prochain coup, pour lui en donner un encore meilleur et farfelu par la suite.
 

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