mégatron (thelma)

ce qu'il faut savoir / elle fut une aube audacieuse, thelma. un soleil brûlant aux couleurs orangées, une effronterie acide qu'ils gardaient sur les lèvres pendant que la môme se faisait spéculatrice d'une utopie de sa propre invention, levant les yeux au ciel en criant que si le monde était si gris, c'est qu'il fallait le repeindre, l'abreuver de couleurs, le modeler à sa façon comme si il était une matière impure qu'on pourrait transformer en préciosité.
elle fut de ces êtres qui n'avaient que la domination de ce qui lui échappait dans le crâne, elle fut une môme qui pensait que le progrès n'était jamais trop loin, qu'il se dessinait sous ses yeux, qu'il l'appelait vers son dessein, celui de porter le monde par sa vision irréaliste, trop édulcorée.
elle fut sauvage thelma, avec ses mots criés trop fort, avec l'ivresse qui découlait de chacune de ses paroles, elle était avide de tout ce qu'elle pouvait frôler du doigt, avec cette appétence qui lui dévorait les tripes, qui lui soufflait d'obtenir tout ce qu'elle pouvait, brûlant tout sur son passage. les autres. les espérances des parents. à claquer des millions en tableaux. pour quelques sculptures. le monde serait à leurs pieds, elle le lui avait promis.
mais thelma s'est enfuie, la furie est devenue lâche. elle est devenue t e r n e. l'aube à laquelle elle fut comparée n'est plus qu'un matin d'hiver, glaçant le myocarde, coupant le souffle si intensément que l'encéphale penserait respirer pour la dernière fois. dans les prunelles, on n'aperçoit plus qu'une louve prisonnière de la solitude, l'otage d'une chute qui l'a laissée en morceaux, dévorée par la moitié qu'elle n'a plus.

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