(tw: sexe) Behind the window was a reflection that only instilled fear

J’entends sa voix qui perce le silence.
Entre les draps blancs, l’edredon tombé sur la moquette.
Nos corps se retrouvent l’un contre l’autre.
Nos visages se rapprochent et je réceptionne ce baiser avec tendresse.
Il semble si fragile, si sensible.
Ses silences sont synonymes de bien des choses enfouies à l’intérieur de lui, de ses tripes.
Ses yeux ambrés m’appellent.
Une caresse sur la joue.
Nos corps se trahissent encore de l’effort éprouvé.
Le souffle et le coeur encore battent ce rythme effréné que nous nous étions donnés.
S’aimer est une force.
« Je vais bien. Tu oses te poser cette question ? »
Je finis par rire.
« Je n’ai jamais fait l’amour comme ça… Avec toi c’est tellement différent…  »
Le front qui se colle contre le sien. Le visage qui se frotte au sien.
Ma langue cherche ses babines pour y caresser les muqueuses.
Un baiser, puis un deuxième.
J’appréciais cette communication non verbale, où nos corps se cherchaient pour laisser place à nos sens.
Rencontrer Dusan avait réveillé d’autres perceptions de mes chairs et de mon sang.  
La sensibilité du toucher, aller chercher la texture de ses cheveux et de sa peau.
La notion animale se représentait dans ces comportements particuliers.
Le fait de venir lécher ses lèvres, frotter ma joue contre la sienne, humer son odeur, mordiller le lobe de son oreille.
Sans parler de la liberté. Celle qu’il m’avait offerte sur les toits. Celle qui était le synonyme de ma recherche d’adrénaline et de prise de risque. L’évasion, son évasion à lui, celle qui le sort de ses obligations, de ce personnage qu’il s'était créé et devait entretenir au quotidien.
D'ailleurs ce personnage qu’il était me faisait penser à une résilience.
Une barrière si épaisse derrière laquelle il se terrait pour ne pas être brisé un peu plus par les méandres de la vie.
Et moi, j’étais là face à ce mur. Avec des codes qui ne lui appartiennent pas. Je me suis laissée surprendre par sa manière de faire et je l’ai accepté.
J’ai écrit cette histoire avec lui, en suivant sa trace imprimé sur le sol.
Comme un chasseur qui s’inspire des pas d’un animal pour le retrouver.
Mais finalement, je me suis tellement fondue en lui pour l’attraper, que je me suis laissée envahir par sa nature animale.
C'est lui qui m'a attrapé. Une embuscade parfaitement maîtrisée, mais si innocente.
Ceci, jusqu’à devenir sa maîtresse, sa louve.
Une chasseresse bien trop sensible finalement, tout comme lui.
Je l’ai suivi dans ce terrier, et je n’ai nullement envie d’en sortir…

Alors à l’oreille, je lui murmure quelques mots encore.
« Et toi, est-ce que tu as aimé ?... »

Il y avait clairement une certaine complicité entre nous.

Ses baisers sur la commissure de mes lèvres, ça me faisait sourire. Dusan témoignait d’une grande douceur, mais aussi d’une fragilité que je n’avais encore jamais rencontré.
Malgré tout, j’avais envie de m’investir dans cette relation.
J’interprétais ses silences comme des mots difficiles à dire, difficile à s’avouer.
Aucunement comme une négation.

Sa caresse sur mon sein, cette manière de me dire « oui » en prenant possession de mon corps.
Corps mûr, avec son expérience, et qui aurait pu un jour porter la vie.
La vie que je portais actuellement était la sienne, tentant de prendre soin de lui.
Une main qui s’enfile dans les mèches bouclés de ses cheveux.
La bouche qui vient à son oreille.
« Est-ce que ça te brancherait qu’on aille fumer une cigarette ?... »

Comment aurais-je pu définir ce moment si ce n’était pas de l’amour, le vrai ?
Ses yeux sont particulièrement attentifs, je n’ai jamais vu ce regard chez aucun autre.
Quant à ses caresses qui me parcourent, j’en frissonne.
Passer du temps ensemble pour simplement profiter d’une étreinte amoureuse, j’étais aux anges.
Les murmures étaient notre principal mode de communication.
Il me fit sourire quand je sentis son mordillement à l’oreille, alors naturellement je vins me coller à lui pour trouver ses bras.
Coller ma poitrine à son torse.
Peau contre peau.
Moi aussi j’avais envie de profiter de ce moment amoureux.
Toujours la main dans ses cheveux, mes yeux se fermèrent pour savourer un maximum ce moment de tendresse.
Dusan disait être bien, cela n’avait pas de prix…

Mon oreille collée à sa poitrine, j’entendais son coeur battre sur le rythme de sa respiration.
Il avait l'air serein.
Je ne pouvais être plus heureuse qu’à cet instant.

Mon Loup,
Je donnerai n’importe quoi pour que ce moment se généralise…
Tu peux rester le temps qu'il faudra ici.
Tu es chez toi, dans notre terrier.

Ici, tu peux lâcher les armes.
Ici, tu peux être toi-même, montrer ton vrai visage.
Ici, tu as le choix.
Ici, tu es en sécurité.
Ici, tu as la liberté.

Prends le temps de te régénérer.
Tu es ici chez toi.

Je m’endormais à ses côtés pendant une petite heure.
Je me réveillais dans les coups de 18 heure, difficilement j’avoue.
Dusan semblait toujours dormir et je me rendais compte de l’importance du confort.
Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à sa vie hors de mes murs, son quotidien.
Comment cela se passe-t-il avec ses clients ?
De quoi me pincer le coeur.

Je pris rapidement une douche afin de pouvoir ouvrir les yeux correctement, et commandais une pizza un peu avant 19 heure.
Je supposais qu’il avait peut-être faim.
Le chat, qui avait pris soin de venir se frotter contre mes jambes à la sortie de la douche, s’était posé sur son arbre préféré.
Une fois la pizza arrivée, je retournais dans la chambre pour découvrir mon Loup.

Dusan semblait toujours endormi. Il était couché d’une manière où le drap cachait simplement ses parties. Je pris quelques secondes pour l’observer sur le pas de la porte, en gardant mon corps nu sous mon peignoir.
Amoureusement.
Selena, c'est la première fois que tu ramènes un homme chez toi.
Tu te demandes vers où cela va te mener mais tu as l'air déjà bien éprise de ce garçon.
Ne vas-tu pas te brûler les ailes ?
Je détaillais ses formes, les aspects de sa maigreur. J’espérais que la pizza lui fasse plaisir, alors doucement je vins me poser sur le bord du lit.
Ma main vint s’échouer sur sa joue pour la caresser, partant doucement dans les mèches de ses cheveux. Je chuchotais doucement à son oreille pour l’inviter à se réveiller.
« Mon Loup… il est temps de se réveiller... »
Doucement les baisers vinrent rejoindre les caresses dans le cou, sur le torse.
« Mon Loup, c’est moi… Selena... »

C’était un métier comme un autre pour certain, mais je n’étais pas de cet avis.
Je ne connaissais pas Dusan, mais pour autant j’étais persuadée que de se prostituer n’était pas une bonne chose pour lui. Il semblait tellement absent de la réalité à cause de ça.

Un métier comme un autre, non.
Mon expérience en tant de procureur m’avait amené à traiter des affaires de proxénétisme, de quoi me convaincre que les personnes sur le terrain ne prennent pas plaisir à offrir leur corps contre de l’argent.

Et Dusan. Comment vivait-il cela ?
Il était complètement conditionné à faire ce que les autres souhaitaient, au point qu’il s’oublie lui même.
Quand à sa perception de son propre corps ?
Qu’en était-il ?
Comment faisait-il pour accepter d’être touché par quelqu’un d’autre.
Comment faisait-il pour effectuer ce qu’on lui demande ?

A son réveil, je remarquais ses réactions, me retirant le sourire des lèvres.
Il voulait donc partir. Déjà ?
Je cherche à prendre sa main dans la mienne.
« Il est bientôt 19 heure. On va pouvoir manger une pizza ensemble. »
Je faisais comme si que je n’avais pas compris.
Bien évidemment que je n’avais pas envie qu’il s’en aille.
Je me demandais même comment physiquement il allait pouvoir enchainer avec des inconnus après notre étreinte amoureuse.
Je me demandais si cela allait être quelque chose que j’allais devoir accepter.
Aimait-il vraiment ce qu’il faisait ?
En tirait-il un réel plaisir ?
En voyait-il un sens ?
Je serrais doucement sa main dans la mienne.
« Je n’ai pas envie que tu partes Dusan... »