fear it, or control it. (joy)

fight it, or accept it. joy&hera 

L'hôtel lui semble si calme en cette soirée, presque mort. Assise au bar, un verre d'alcool tranquillement installé devant elle, Hera subit un élan de mélancolie en cette nuit morne. Les souvenirs de Morgan la pourchassent ; elle se sent telle une proie, à peine capable de les fuir. Les battements de son cœur, pourtant si calmes, jurent avec la colère de ses veines. Son corps est un paradoxe qui la fait souffrir dés qu'il se réveille après de longues heures à tenter de trouver le sommeil. Malgré le poids de la vérité et les catastrophes qu'elle engendre, Hera n'essaie pas de la fuir, continue la vie comme si rien n'avait changé. Ses os grincent, pris par cette faim qui la tiraille dés qu'elle pense au corbeau. Mais la reine, faite de glace, résiste à la torture. Elle pourrait retourner à Vegas, épouser la sécurité de son royaume mais le confort est la drogue des trouillards. Qu'importe que l'enfer lui brûle l'âme et qu'elle emporte avec elle les dernières marques de son existence pourvu qu'elle atteigne son but.

Le goût du martini contre la langue, son regard épouse la silhouette de Joy lorsque celle-ci longe le bar interminable de l'hôtel. La main d'Hera se pose délicatement dans son dos lorsque la jeune femme atteint son niveau. Joy. Sa voix est chaleureuse. Signe qu'elle ne s'en prendra pas à elle aujourd'hui, pas de ses piques et de son acidité. Cela fait trop de jours qu'elle ne lui a pas accordé d'importance mais soudainement, la blonde retrouve toute l'attention de la reine. Curieuse et possessive envers ses poulains, Moran tapote du bout des doigts le tabouret juste à côté du sien.

Tu as le temps de prendre un verre avec moi ? Son sourire chaleureux est une façade qui dissimule pourtant bien des démons, certains aux crocs si acérés qu'il ne leur faudrait qu'un coup de mâchoire pour la broyer. Il faut toujours se méfier avec ce qui suinte la gentillesse.

Tu es toute en beauté aujourd'hui. Le compliment est sincère mais réveille en elle une agressivité qu'elle sent border chaque partie de son être. Joy déclenche en elle une foulée de sentiments qui se battent et tournent en rond afin d'avoir le dernier mot. Si elle ressent énormément de tendresse à l'égard de son employée, une autre part, plus sombre et cruelle ne peut s'empêcher de la haïr d'être qui elle est. Un concentré de douceur, mélangé à cette jeunesse qui lui échappe un peu plus chaque jour. Lui semble si loin le temps où Hera n'était encore une poupée, vierge de la marque cannibale des hommes et de leurs mauvaises décisions.
Ce monstre de glace qui se trouve aujourd'hui au bar n'est autre que le fruit des autres. C'est du cœur de leur orgueil qu'est née Moran ; à partir de là, rien de bon ne pouvait en sortir.

oh, fa male dirtelo adesso, ma non so più cosa sento, se solamente dio inventasse delle nuove parole potrei dirti che. -- @hera moran

L’âme torturée. Torpillée, par une multitude de pensées. Elles se fracassent contre son crâne, toutes, les unes après les autres. Elles se fracassent contre son crâne, cherchant à tout prix à s’en échapper, lorsqu’elle se contente d’intérioriser. Et cela ne te ressemble pas, Joy, vraiment pas, de tout garder pour toi. Cela ne te ressemble pas, volcan en éruption permanente, explosant au gré de tes humeurs et de tes sentiments. Elle n’est pas de celles qui se taisent, pas de celles qui se soumettent, la lionne au cœur d’or. Elle n’est pas de celles-ci, pourtant elle ne dit rien, sur ce qu’elle éprouve. Rien, sur ce qui l’empêche de trouver le sommeil, chaque fois. Les questions qui tournent, encore, sur ses origines. Les réponses, qui ne viennent pas, laissant en elle les souvenirs de quelques mots couchés sur le papier. Ses mots à elle, sa mère. Sa véritable mère. Prostituée, déchirée, obligée de l’abandonner. Et si tu finissais comme elle, Joy. Si tu terminais exactement comme elle. Tu ne peux t’empêcher de l’imaginer, gamine aux rêves envolés, gamine aux rêves brisés. Parce que t’es pas l’élite. Parce que t’es qu’une fille d’artisans, une fille à qui les grandes écoles d’art n’ouvrent pas leurs portes. Pour s’en sortir, elle n’a pas trouver meilleure solution que cet hôtel, Joy. L’endroit dans lequel elle passe la plus grande partie de son temps, astiquant l’endroit de fond en comble. Il y a aussi les clients, riches clients, ceux qu’elle se plait à fréquenter loin de ces mûrs. Ceux de qui elle s’approche volontiers, contre quelques beaux cadeaux. Et puis Hera. Hera. Parfois douceur, parfois obscurité. Hera, qui peut aussi bien lui offrir le monde entier que la placer bien en-dessous. Ta relation avec elle, elle est particulière, Joy. Particulière, mais tu ne t’en détache pas. Tu ne t’en détache pas parce qu’au fond de ton être, t’as cette sensation d’être liée à elle. Véritablement liée à elle. Elle n’est pas surprise, lorsqu’elle sent sa main se glisser contre son dos. Pas surprise, lorsqu’elle lui demande de passer un moment avec elle. - Oui. Qu’elle souffle simplement, s’installant à ses côtés. Il y aura toujours cette part d’elle, pleine de tendresse envers Hera. Peu importe ses comportements. Peu importe ce qui arrive. - Merci. Toi aussi. Toujours belle, somptueuse Hera. Elle est de ces femmes qu’on ne croisent qu’une fois. - Est-ce que tu vas bien ? Sa voix est douce, la question s’échappe de ses lèvres, impossible de la garder pour elle. En elle. Impossible, parce qu’elle voit bien que quelque chose ne tourne pas. Elle sent bien cette aura, cette noirceur vacillant autour de son être.

(c) calaveras.

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Joy éveille chez elle un paradoxe que le corps d'Hera ne comprend pas. Pour cette raison, la blonde réagit sans cesse dans les excès à l'égard de son employée. Parfois d'une douceur exemplaire et d'autres d'une colère sans précédent.
Stevenson l'attendrit car elle pourrait être l'enfant qu'elle n'a jamais eu et la rend folle de rage car sa beauté juvénile est un affront à la sienne.
Elle pourrait lui griffer le visage comme la serrer contre elle, tendrement.
Quand la jeune fille prend place à côté d'elle, la reine ressent immédiatement les griffures dans son ventre. De longues serres laissant sur leur passage des traînées rouges de tristesse et de souffrance.
Regarde-la Moran car tu n'auras jamais un dixième de ce que possède cette enfant.
Si tu as l'univers cela finira par ne plus te servir.
Tu es si seule.

Assise sur son trône, la voix plus douce de Joy berce son cœur esseulé. Hera profite de sa présence afin de brûler la solitude. Si sa douceur est si bien tissée, c'est à cause du vide dans lequel pend son cœur tel une étoile éteinte. Si Seth ou les garçons étaient là afin de la divertir, elle aurait probablement ignoré avec cruauté la plus jeune. Mais ce soir, dans le regard de Moran, cette enfant est une princesse qu'elle fixe avec douceur.

Les temps sont durs en ce moment, je pense que tu l'as remarqué. Tu es une fille intelligente. L'ambiance de l'Hera n'est plus aussi chaleureuse. Malgré la force des Moran, la perte de Dione pèse au dessus de leurs têtes d'un poids qu'il ne peuvent ignorer. Il est de ces soirs où sa poitrine est si comprimée qu'elle ne trouve d'autres moyens que sortir d'entre ces murs puants la mort et le deuil. Mais une fois dehors, le constat est le même : cette ville toute entière est maudite. Ce ciel gris sans cesse au dessus d'elle est un fardeau qu'elle s'inflige.

Mais il semblerait que le temps maussade touche tout le monde. Elle soupire, se tourne vers Joy plus franchement. Hera ressemblerait presque à un mère quand elle la fixe avec inquiétude. Tu as des ennuis ? Protectrice envers ses employés, Moran redresse légèrement le menton, toujours si fière et impressionnante. Tu sais que nous sommes là pour t'aider s'il le faut. Eux, le clan. Même si elle ne l'a jamais réellement rapproché du mauvais côté de son monde, Hera n'hésiterait pas à user de son influence pour aider l'un des siens.
Cet acte là ne serait en rien de la bravoure, seulement un soucis d'ego.

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Hera. Elle ne ressent jamais de colère, envers elle. Jamais cette envie de rugir telle la lionne sauvage qu’elle est, bien trop souvent. Elle ne ressent jamais de colère ni même d’inquiétude, parce qu’elle le sait, s’il le fallait, Hera serait présente pour elle. Elle serait présente pour elle, et c’est ce qu’elle veut faire à son tour, ce soir. Si elle lui demande un moment en sa compagnie, elle le lui offre, tout simplement et sans poser de questions. Parce que tu es bien plus fragile, bien plus faible que t’en as l’air, lorsque tu aimes, Joy. Parce que ton cœur est beaucoup trop doux, lorsque tu aimes, Joy. Ce dernier bien caché derrière ta carapace superficielle et révoltée, au fond, tu n’es rien de tout cela. Elle n’est pas ce qu’elle paraît être, pas ce qu’elle accepte de montrer. Et elle ne sait pas si Hera le voit, si Hera le perçoit, mais elle, en revanche, perçoit sans mal sa souffrance. Perçoit sans mal sa douleur. Et elle a envie de l’apaise, comme elle le peut. Envie d’effacer les brûlures démoniaques qui parcourent bien trop souvent son être, dévore son esprit. Est-ce qu’elle l’a remarqué ? Evidemment. Attentive à elle, qu’elle le veuille ou non. Préoccupée par son sort, qu’elle le désire ou non. - Oui, je l’ai remarqué. Tu as besoin de quelque chose ? Son regard se fait plus insistant, le bleu plus clair, digne d’un océan taché par les malheurs de la vie. Malheurs dont elle voudrait pouvoir préserver Hera, à sa manière. Même si elle arrive sûrement trop tard, assurément trop tard. La quadragénaire dévie le sujet, retournant les interrogations contre elle, pointant du doigt cet air préoccupé qui n’entre pas en communion avec la beauté de son visage. - Pas de problèmes. Des préoccupations. Le regard détourné, quelques instants, parce qu’elle ne sait pas si elle devrait lui parler. Parce qu’elle ne sait pas si elle devrait parler, tout simplement. Aborder le sujet douloureux ou continuer à l’éviter, quitte à ne pas en dormir la nuit. Elle est tellement changeante, Hera, que t’as peur de lui offrir un moyen de pression sur toi, Joy. Peur que selon la couleur du ciel un matin, elle ne soit plus là uniquement pour l’aider. - Merci… Mais… Je ne pense pas que quelqu’un puisse faire quoi que ce soit pour moi. Les vagues à l’âme, le chaos des sentiments, rien à voir avec ce monde louche dans lequel elle trempe. Rien à voir avec les soucis tous droits sortis des plus grands films. Non, il n’y a qu’elle. Qu’elle et les blessures de son cœur. Elle et les peurs de son esprit. Elle, et cette mère inconnue qui hante ses nuits.

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La mort de Dione a atteint des fissures si profondes que la lave qu'elles renfermaient lui brûle les os. Hera n'est plus si forte qu'elle le prétend. Lorsque le regard éteint de Joy atteint le sien, fragilisé par les évènements récents, Moran n'a aucune envie de se montrer vicieuse ou garce avec elle. Ses pupilles se posent sur son verre tandis qu'elle hausse les épaules. Non, j'ai seulement besoin que tu partages ce verre avec moi. Elle se veut douce car perdre les dernières personnes qui tiennent encore à elle finirait de la détruire. Si on s'habitue à tout, même à la douleur, la solitude reste une une bête affamée qui vous ronge dans son entièreté. Elle commence par ce qui se trouve au plus profond, attaque les organes, remonte à travers le cartilage et traverse enfin les muscles. Ce n'est que lorsqu'elle caresse votre peau, dégueule de votre regard qu'il est trop tard. Et le cœur d'Hera bat encore mais elle le sent pris au piège de longues serres douloureuses. Retourner la conversation vers Joy l'aide à oublier qui elle est, ce qui la hante, la gueule du loup dans laquelle elle se sent sur le point de sauter.
Elle est ici sur le royaume de Cahal et tout la destine à échouer.
C'est à ce même endroit que Morgan lui avait craché sa haine. Pour cette raison, il lui est incapable de se montrer indemne. Elle voudrait pouvoir le demander, le supplier de ne pas agir sous le coup de la colère mais préfère le savoir loin de lui qu'à ses côtés car il est le pilier d'un monde qu'elle souhaite détruire.

Mais ce soir, accoudée ce bar, plus mélancolique que d'ordinaire, Hera ne cherche pas la guerre. Elle n'est même pas certaine de chercher quoi que ce soit en réalité. Cette fouille perpétuelle dans les entrailles des autres l'épuise car il perd chaque seconde un peu plus de son énergie. Une fois dénuée de toute sa force ne lui restera plus qu'à creuser sa tombe. Les paroles de Joy résonnent avec sa propre douleur. Elle lui adresse un sourire compatissant, sans la moindre pitié. Parfois, on pense que personne ne peut rien pour nous mais on se trompe. Son regard bleuté fait preuve d'une grande sagesse lorsqu'il atteint celui plus jeune et pétillant de la blonde. On se rend généralement compte trop tard que ceux qui nous tendaient la main n'avaient peut-être pas toutes les réponses mais qu'ils pouvaient nous guider vers elles. Sa main glisse sur le comptoir en bois. Ses doigts effleurent les siens. C'est étrange mais elle désire férocement l'attention de Joy, sa tendresse, son amour. Cette enfant est une source d'énergie inaltérable. Je ne peux peut-être rien faire pour toi mais parfois, une oreille attentive vaut bien plus que tout le reste. Hera s'est trop de fois montrée cruelle avec elle et se doute que la confiance n'existe pas mais lorsqu'elle coupe le contact et éternise ses pupilles contre les siennes, elle ressemble à cette sœur qu'elle n'a jamais été capable d'être pour Dione.

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Touchée en plein cœur. Elle se sent touchée en plein cœur, avec elle. Toujours. Toujours. Sa présence venant à la fois réchauffer son être que lacérer ses entrailles. Elle est Hera, tout simplement. Et si nombreux sont les êtres qui la craignent, ce n’est pas le cas de l’artiste. Toi, ce n’est pas de la crainte, que tu ressens envers elle, Joy. Ce n’est que de l’amour. Cet amour particulier. Cet amour à ta manière, à la sienne, parce que vous n’êtes peut-être pas les meilleures personnes pour aimer, pour prouver, pour dévoiler. Et machinalement, au nom de ce même amour, elle accepte ce verre à ses côtés. Elle accepte de se tenir simplement là, près d’elle, pour lui tenir compagnie ou pour qu’elle ne soit pas seule. La blonde ne rebondit pas, ne souhaite pas s’immiscer dans les pensées les plus sombres de sa patronne, car si elle souhaite les lui dévoiler, elle le fera d’elle-même. Mais à la place, la conversation lui revient comme un boomerang. La rappelle à ses tourments, à ses désillusions, aux espoirs qui se sont envolés et qu’elle ne retrouvera jamais. Ses craintes, ses hésitations, ses peines. Tout ce qu’Hera semble percevoir alors même qu’elle ne sait rien. Et son don est peut-être là. Machinalement, Joy attrape avec douceur la main d’Hera, lorsque ses doigts viennent effleurer les siens. Il y a cette tendresse. Il y a cette passion. Et tout ce qu’elle ne dira pas, tout ce qu’elle taira. Ses mots sonnent comme douceur, apaisent son âme, calment son esprit. Doit-elle s’y fier ? Doit-elle reculer ? Peut-être qu’il est simplement déjà trop tard pour toi, Joy. - C’est… Une histoire de famille qui me ronge l’esprit… Qu’elle lâche, baissant la tête qu’elle secoue fébrilement. Une histoire de famille, beaucoup trop vague pour définir ce de quoi il s’agit réellement. - Quelqu’un que j’aimerais retrouver. Mais j’ai aussi très peur. Elle lui dévoile, à demi-mots, ce qui la bouleverse. Mais si elle savait, si elle connaissait toute l’histoire, Hera, elle comprendrait bien plus que ce qui la rend triste, aujourd’hui. Elle comprendrait son mécanisme tout entier. Parce que la recherche de ta mère, Joy, elle est directement liée à tes angoisses les plus profondes. A ta peur de ne jamais être assez bien. Ta peur de rester en bas, de stagner dans cette vie misérable.

(c) calaveras.