(tw: sexe) Behind the window was a reflection that only instilled fear

Le voir dans cet état me déstabilisait.
Il me faisait penser à ces victimes de crime que j'avais l'habitude de recevoir dans mon bureau avant l'instruction d'un dossier.
Il avait aussi cette expression qu'on les personnes coupables d'une erreur judiciaire.
Ses larmes.
La couleur de ses yeux.
Ce regard vide et criblé de honte.
Je n'arrivais pas le rassurer, je le voyais bien.
En même temps, comment être là pour lui après si peu de temps passé ensemble ?
Je n'avais sans doute pas encore sa confiance, alors comment être convaincante ?
Sans l'étouffer ou être trop sur lui ?

Doucement, après de longues caresses semblables à un massage de tête, la paume des mains descendent doucement sur les épaules pour atterrir sur son torse.
Je l'enlace pour venir glisser mon visage dans sous cou, la bouche près de son oreille.
" Je ne me force pas... Bien au contraire. J'en ai très envie, et tout ça ne change rien pour moi."
La voix est douce et tente d'être rassurante.
Mes doigts jouent avec le tissu de son T-shirt.
" Veux-tu qu'on prenne le temps de parler ?"
C'est pour cette raison que je lui proposais de rester à l'appartement.
Pour parler.
Lui offrir la sécurité.
Prendre soin de lui.
Autrement nous pouvions sortir pour lui changer les idées.
J'étais prête à m'adapter.
Un nouveau murmure accompagné de doux baisers à la joue.
" Tout ça ne change rien pour moi, je te le promets... Et je ne te chasserais pas d'ici... Tu me plais toujours autant... J'aimerai pouvoir te mettre à l'aise et je le fais parce que j'en ai envie..."
La douce étreinte qui se serre tendrement.
Des baisers tendres.
Les mains qui viennent chercher ses bras pour les caresser.
" Tu peux me faire confiance... "

Mon Loup…
Je me sens si impuissante.
Et pourtant il n’y a pas plus droite que moi.
Pas plus droite qu’une procureur pour t’aider.

La Confiance,
Ce mot qui ne doit pas vraiment te faire écho…
Depuis quand ?
Depuis combien de temps déjà ?
J’aimerai tellement pouvoir t’aider, mais je comprends qu’on ne puisse pas changer les choses en si peu de temps.
Rome ne s’est pas construite en un jour.
Et puis… je ne suis que « Selena Wingston »…

Il me dit que des clients l’attendent ce soir et mon coeur se pince.
Un mal blanc s’invite progressivement dans ma poitrine.
Cette douleur, je ne la connaissais pas. Je ne la comprenais pas.
C’était la première fois qu’elle me saisissait.
Mais je n’étais pas dupe. Je savais bien qu’elle était en lien avec la situation.
Devais-je le laisser partir ?
Devais-je l’attendre ?
Que devais-je faire ?

La main qui se tend une première fois.
Une première fois.
La première fois, c’est toujours un peu difficile et beaucoup de choses ne nous font pas échos toute suite.
Mais la première fois, ce n’est pas forcément celle d’une longue série…

Il regardait son téléphone.
Moi aussi.
Et cela me donnait l’impression qu’il avait envie de partir, et qu’un malaise s’instaurait doucement.
Je ne savais plus…
Je ne savais plus.
Je ne trouve plus les mots...
Je ne les trouve plus.

J’en avais tellement vu en travaillant pour la justice que je pouvais tout entendre.
Mais y étais-je vraiment prête ?…
Et lui, il ne pouvait pas rester, mais au fond de son coeur, qu’est-ce qu’il voulait ?
Il était pris par le chagrin… alors cela lui donnait-il vraiment l’opportunité de penser à lui ?

Alors que mes lèvres s’éternisaient à sa joue et son cou, je sentis que Dusan venait chercher le baiser.
Pas un baiser d'au revoir.
S'il te plait...
Mes longs cheveux blonds retombaient sur lui.
Instinctivement, je répondis à ce baiser.
Doucement, tendrement, assurément.
Mes mains viennent chercher les siennes pour entrelacer les doigts.
J’ai l’impression que la tendresse jouait comme un remède, mais il y avait tant à faire…
L’Aimer, c’était l’Aider…

Mon loup…
Laisse-moi cette chance.
Au moins pour aujourd’hui.
Au moins pour ce soir.
Ce n’est pas Moi qu’il faut fuir,
Mais bien ce qui te faire souffrir…
Fais moi cette honneur,
De me laisser oeuvrer pour ton bonheur...

C’est qu’il ne sait rien.
Je n’ai pas pris le temps de lui parler de moi, et c’est quelque chose qui me fait peur.
J’ai l’impression que c’est une difficulté supplémentaire à cette relation naissante.
J’ai peur de le faire fuir définitivement comme à chaque parole qui sort de ma bouche.
Et pourtant, c’est la première fois que je me comporte ainsi avec quelqu’un.
J’aimerai lui dire, lui expliquer.
Mais ce n’est que la deuxième fois que l’on se voit.

Me concernant, l'appartement pouvait déjà lui montrer qui je suis.
Il n'y avait que des photographies de Schawn et de certains de mes voyages sur les meubles.
Rien ne rappelait un homme dans ma vie, ou des enfants.
Ma vie était aussi blanche que cet appartement.
Aussi blanche que la page d'un livre, prête à recevoir la plus belle des histoires d'amour...

J’aimerai rencontrer son lui intérieur, celui qui a fait ces choix.
J’aimerai lui dire que tout est encore possible et que sa jeunesse est une faveur.
J’aimerai pouvoir lui prouver que notre différence ne sera jamais une difficulté à notre épanouissement réciproque.
Mais il y a ce que j’aimerai et ce que lui voudrait.
Surtout ce qu’il aura le courage de faire…

Je nierai jamais les frissons qu’il me provoque, et les effets qu’il me fait.
Sa bouche collée à la mienne.
Ses pattes qui reviennent taquiner les tissus de mes vêtements.
Le souffle qui s’échappe de mes narines, insiste sur toutes ces choses que Dusan m’apporte.
Ces choses impalpables et si intenses.
Je pourrai parler de tous ces hommes d’affaires, ces personnes haut-placé(e)s, ces garçons et ces filles d’un soir qui ont défilé dans ma vie.
Je pourrai lui parler de toutes ces personnes, aucune ne m’aura apporté ces vibrations qu’il m’offre.

Je me retrouve dans l'histoire de Dusan.
Parce qu’un jour j’ai fait le choix de dire « oui » en pensant que c’était le meilleur moyen d’être heureuse et de réussir ma vie.
Ce choix a été conditionné par mes parents et tellement désiré.
Il m’aura fallu dix années pour revenir en arrière et pour retrouver l’épanouissement en passant par un divorce…
Alors je ne peux pas proposer à Dusan d’arrêter sa routine en un claquement de doigt.
Et surtout pas pour Moi.
C’était surtout pour Lui, et même si au fond de mon coeur j’espérais un Nous.
Mais ça, à l’heure où nous nous embrassions, je n’étais pas capable de mettre des mots dessus…

J’accueillais ses caresses avec envie, sans parler des frissons que cela me procurait.
Ses baisers, je ne pouvais m’en lasser.
La langue qui vient danser avec la sienne.
Je n’osais pas lui demander s’il souhaitait rentrer dans le salon.
Je n’osais plus rien lui proposer par crainte de le voir prendre la porte.
Toutefois, je remarquais qu’une force physique nous attirait l’un à l’autre.
Le rythme cardiaque qui s’accélère.
L’envie revient, encore…

Allons dans la chambre…

Le sexe, ce moment où le temps s’arrête.
Je me donnais à lui, je prolongeais ce moment parce que j’avais envie de lui.
Mais à l’intérieur de moi, une voix me rappelait le moment passé dans le salon.
Sur les toits.
Ce moment appelait à la détente, au lâcher-prise.
J’espérais que Dusan n’arrête pas tout une énième fois.

Il avait comme lu dans mes pensées.
Nos corps fusionnels se hissaient lentement jusqu’à la chambre, passant la porte du couloir étroit pour finir à la chambre.
Mon haut qui tombe sur le sol.
Mes mains qui se glissent sous son T-shirt pour faire de même.
J’allais enfin découvrir la bête.
Celle qui m’avait prise dans ses bras, entre ses griffes, deux semaines avant ce moment.
Nous nous pressons l’un contre l’autre alors que nous sommes en bonne voie pour atterrir sur le lit en baldaquin.

La parole n’existe plus.
Les corps parlent à notre place, attirés l’un à l’autre.
Sa peau, je la trouvais douce.
Son parfum. Son odeur singulière. Celle que j’aurai pu reconnaître parmi tant d’autres.
Il y a cette pensée de tout à l’heure, celle qui désirait plus que tout découvrir son cou.
Oui, moi aussi j’avais cette envie de l’embrasser à cet endroit.
Je tentais vivement d’accéder à cet endroit, mais il était si grand, alors je me cantonnais à son torse.
Mes griffes se baladent sur son ventre, le creux de ses côtes.
J’avais cette impression de découvrir de nouvelles choses.
D’habitude, c’était si mécanique avec les autres. Il y avait ces choses que l’on fait sans réfléchir, dans un but précis que l’on connaît tous.
Mais avec Dusan, j’avais l’impression d’être face à l’inconnu.
Peur de mal faire.
Et cette excitation qui remonte à l’intérieur de moi.
La chaleur au plus bas de mon ventre.

Le lit finit par toucher mes mollets, signe que notre route s’arrêtait ici.
J’arrêtais les baisers en douceur parce que des idées me venaient en tête.
Des idées, qui pouvaient peut-être apporter un moment de détente profond à Dusan.
Un moment de repos, de vide cérébral.
Je plongeais mes yeux dans les siens avant de lui proposer dans un murmure.
« Dusan… je… j’ai envie de te masser… Tu accepterais que je te masse le dos ? »
C’est vrai ça. Prenons le temps de nous découvrir. Nous étions animés par ce feu, cette faim, mais j’avais envie de prolonger ce moment avec toute la douceur possible.
Découvrir son corps, ses membres, cette bête toute entière. Le massage était une solution, et je doutais qu’il connaît ça…
Quelqu’un avait-il déjà pris le temps de lui offrir un massage ?
Rien que ça…

C’est vrai que c’était un peu sorti de nul part tout ça, mais l’improvisation m’avait saisi.
Le souci de prendre soin de lui, de mettre des actes sur ce que je lui avais dit quelques minutes plus tôt. Tout prenait son sens pour moi.
Il est vrai que nous étions tous les deux motivés, chauds. Loin de là l’idée de casser ce moment, mais simplement de le renforcer, de lui donner un peu plus de longévité.
Alors qu’il prenait place sur le lit, j’attrapais une huile de massage qui dormait dans le tiroir de la table de chevet.

J’observais un instant son corps couché sur mon lit.
C’était réellement la première fois qu’un homme venait à se poser là.
Un sourire se dessinait sur mon visage.
« Oui, c’est bien comme ça... »
J’étais soulagée qu’il accepte parce que je me rendais compte que c’était un peu cavalier de ma part. Arrêter un homme dans sa lancée, c’était très cavalier…
Mais c’était pour la bonne cause.
Et en vérité, c’était un grand plaisir pour moi aussi…

Je vins le rejoindre sur le lit, prenant place sur ses fesses, à califourchon.
J’avais remarqué qu’il avait pris soin de retirer ses chaussures tout de même.
Je mis quelques secondes pour me lancer dans ce massage.
Mes yeux s’éternisaient sur la vue que j’avais de lui.
Comme une impression de dompter l’animal…
Ses cheveux bouclés, les lignes saillantes de son dos.
Ses os qui prenaient formes telle que sa colonne vertébrale.
Je me mordais la lèvre inférieure.
Il n’était pas parti…
Il était là, sous mes cuisses légèrement compressées à ses fesses.
L’intimité humide qui me trahissait.
Je m’approchais de son oreille pour l’avertir que l’huile allait être un petit froide dans un premier temps. Toujours dans le murmure pour rassurer…

Avant d’aventurer mes mains, des baisers sur ses omoplates.
La poitrine encore camouflée par les dentelles noires frôlait la peau nue du dos.
Les narines qui s’invitent dans le cou, la nuque, chatouille les cheveux.
Son odeur. J’aime tellement son odeur…
Et puis, le commencement des caresses au creux des reins.
L’huile était belle et bien froide mais le mouvement des doigts réchauffe.
Je suivais lascivement les dessins imprimés par ses formes.
Je remarquais une maigreur que je trouvais importante, remarquant un peu plus les courbes grâce à l’empreinte de mes doigts.
Les nervures du bout des doigts découvrent le long de la colonne, tracent deux lignes parallèle de chaque côté de celle-ci.
Le dessin se finit par les paumes qui s’éclatent lentement sur les omoplates, de chaque côté.
Des manœuvres douces, plus ou moins appuyées, contrôlées.
Les doigts attrapent les épaules pour laisser les pouces ramener les plis de la maigre chaire de mon invité vers l'extérieur.
Les pouces font des arabesques, des ronds.
Mon bassin accompagne sans vraiment s’en rendent compte, dans un frottement discret.
Je mettais du coeur à l’ouvrage, de l’amour dans ce message, de la délicatesse.
J’espérais qu’il aimait mes attentions.
Les cinq doigts de la patte redescendent lentement sur les omoplates, quadrillent les côtés une à une pour retomber sur la chute des reins.
Sa peau est douce, très douce.
J’ai envie de l’embrasser, me coucher sur lui, mais je continue mes caresses lourdes et sensuelles sur son dos…
C'était son moment à Lui.
Son moment, pour Lui.