Orgueil, envie et avarice règnent, trois étincelles qui embrasent les cœurs.| Bea

traits de caractère / Tu es le soleil et la lune. Astre brillant aux dépends de l'amour que tu dispenses, tu ne te fais éclipser que par tes égaux. Il n'y a qu'une force ancestrale qui serait capable de venir prendre ta lumière. Mais là encore, c'est un spectacle bien trop rare à voir par les mortels pour ne pas être appelé spectaculaire. * Passionnée, on ressent ta soif de connaissance, ton amour de puissance dans chacune de tes décisions. Femme d'affaires, tu es aussi une femme d'ambition. Tu paves les trottoirs de tes bonnes intentions sans jamais oublier qu'un sourire peut cacher une mauvaise raison. Douée pour renverser les situations, tu es celle à qui l'on ne peut dire non. * Science et art, art et science, tu es un mélange savant entre ce qui ne se combine pas sans devenir un poison mortel. Létale, tu es de celles que l'on voit comme belles, trop belles. Et l'on oublie que derrière les tresses et les lunettes rectangulaires, se trouve un cerveau prêt à déplaire. Car tu n'es pas une biche sur pattes. Fatale... c'est ta sagacité. * Fidèle, tu n'obéis qu'à tes instincts. Mais il y a des êtres qui ont créé ces forces chez toi, qui t'ont tendu une main, voire un bras. Il y a des gens qui sont devenus ta famille et eux. Eux. Jamais tu ne les trahiras. Par contre, viendrait-on à te trahir, oh... Beatrix. Tu n'oublies pas. La force de ta loyauté n'a qu'un revers de médaille : c'est l'impitoyable hargne de ta rancoeur. Vengeresse et manipulatrice, tu peux fomenter une punition pendant des années. Tu n'oublies rien, rien. Mais tu pardonnes tout à ceux que tu aimes, ou du moins... tu enfouis cela très loin en toi, pour continuer à les aimes. Car ton amour est irrévocable. Et il vaut mieux ainsi. Car sinon tu es dangereuse. Trop dangereuse.*  

Si maman, si. Si maman, si. Maman si tu voyais ma vie. Je pleure comme je ris. Si maman si. [fin février 2007]

Mais elle ne verra plus rien. Cette source de bonheur, cette source de savoir permanent, cette petite mère qui t'offrait tout ce qu'elle avait de meilleur... maintenant, elle gît au sol, là, devant tes yeux. Les policiers n'osent pas te regarder, toi l'enfant de quatorze ans ainsi sauvée du désastre par un quelconque miracle. Miracle ils disent. Désastre, pour toi. Car tu te retrouves seule ici, sur cette planète qui était la vôtre. Vous aviez atterri aux Etats-Unis huit ans plus tôt, quittant le Canada de ta mère pour rejoindre ses rêves de grandeur. Mais vous étiez des immigrées illégales, des clandestines, sans passeport ou permis de séjour. Tu t'en souviens à peine de ce voyage en train quand vous pénétriez sur le sol sacré de l'Amérique, celui où l'on promet plus aux gens comme vous. Cachée dans ses bras, tu respirais son odeur, tu ne craignais rien, aucune horreur. Et là, maintenant, tu marches vers elle, guidée par une pulsion ridicule qui te pousse à t'accroupir pour saisir les pans de la bâche et les soulever. Les flics te remarquent trop tard, tu es déjà couchée par terre, collée contre ce corps inerte que tu humes dans un dernier élan filial. Les images défilent dans ton esprit. Le pont, la vitesse, ta mère qui ne te regarde pas alors que tu lui demandes pourquoi vous vous pressez. Puis, son rire. Ce rire fou et tellement beau à la fois. Ce rire que tu entendais le matin en te levant, que tu associais à l'odeur des pancakes chaud et au sirop d'érable. Mais ce rire était tellement plus grave cette fois. Ne te tracasse pas Bee, nous serons bientôt libres. Tu lui as crié que tu ne comprenais pas. Mais tu comprenais très bien ce qu'il se passait. Tes doigts se sont accrochés à la portière et tu as prié. Toi, athée de naissance, tu as prié pour que vous surviviez à l'impact. Le mur du pont a heurté la voiture ou plutôt... la voiture a heurté le mur. Le choc violent t'a propulsé d'avant en arrière. Tu as détourné les yeux pour ne pas la voir dresser un dernier sourire tandis qu'elle passait à travers le parebrise. Mais en sortant de la voiture, en rampant en dehors, tu t'es souvenue qu'elle n'avait pas mis sa ceinture en prenant le volant ce matin-là. Elle ne cessait de répéter ce mot "libre" comme une incantation. Et là, tu t'agrippes à elle, et les policiers essaient de te détacher de son corps inerte. Libre de quoi maman? Tu es libre maintenant. Mais... moi? Ils t'arrachent à ce corps maternel qui appartient aux ténèbres désormais et tu te demandes. Dois-tu croire à Dieu? Il t'a sauvée. Mais pas elle. Voeu à moitié exaucé est-il synonyme de miracle ou de damnation? Tes larmes tombent sur ton visage tandis qu'on t'éloigne de cette odeur qui lui appartient, lui appartenait. Ces larmes tu ne les sens d'abord pas. Puis... elles glacent tes joues. Il fait froid. Et ça te frappe, il fait démesurément froid, trop froid pour porter une petite robe comme tu la portes. Ca te frappe de plus en plus. Elle t'avait habillée de ta robe préférée car c'était la dernière fois. Tu le savais déjà mais ça te tue de devoir l'admettre. Le policier t'entoure d'un plaid et tu déglutis. Ce n'était pas un accident. Ta voix tombe avec lourdeur, tu chasses les larmes mais pour quelques heures seulement. Car la rage et la détresse vont bientôt t'accabler, te faire succomber. Mais c'est la dernière fois où tu admettras ce qu'il s'est passé. Tu vas t'efforcer d'oublier tout ça. Tu vas tout oublier parce que tu l'aimes trop pour souiller vos souvenirs avec ça. Et ce, ce n'était pas un accident deviendra un limpide c'était un accident pour tous ceux qui t'interrogeront après. Cela deviendra une certitude, un besoin, ta survie.



La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine. Je me plonge dans des décors où j'oublie la peine des corps, les douleurs de mes haines. [2011]

Du haut de ta majorité, tu entames des études en chimie. Tu as tellement vogué d'une ville à l'autre pendant ta jeunesse, tu as tellement connu de villes, de colloques, que tout ça... c'est naturel. Tu n'as plus de famille, juste des gens qui t'accueillent parfois les bras ouverts, parfois les yeux fermés. Tu as découvert l'art au-delà de la musique grâce à cette femme qui est ta prof, Maxine. Mais elle ne t'a pas suffi. Tu en voulais plus. Par ce que tu as soif d'inconnu, soif d'adrénaline. Surdouée, à l'image de ta mère, tu sais déjà que tu vas poursuivre tes études dans les sciences. Tu mélanges les couleurs pour que l'univers en découvre les saveurs. Et là, dans une boîte de nuit, elle te découvre. Elle. Celle qui sans le vouloir deviendra la figure maternelle qui manquait à ta vie, à ton existence. C'est ton premier coup de foudre. Fatal, imprévisible, tu l'aimes. Monet. Elle voit en toi, elle comprend tes mouvements, tes aspirations, tes pas. Elle est différente des femmes de son âge, elle est différente du reste des êtres humains. Et pour cette femme, tu es prête à tout, à tout donner ou tout renier. Les semaines passent et tu sais qu'elle n'aurait qu'à demander pour que tu lui offres ton âme sur un plateau. Puis, dans le tumulte de vos rencontres, tu le découvres lui. Son associé. Son partenaire. Adonis. Et tu le détestes. Parce qu'il était là avant toi. Parce qu'il est proche d'elle. Parce que tous les deux, vous luttez pour l'affection de la même femme. Tu le détestes comme on ne déteste qu'une fois dans une vie, avec tout ce que tu as en toi. Mais cette haine est réciproque, tu le sais. Et dans ce mépris réciproque, vous vous jaugez l'un l'autre. Danger l'un pour l'autre, vous vous tournenz autour sans jamais vous tirer dans les pattes devant Monet. Car tu ne le laisserais pas t'avilir devant elle.



Ecris l'histoire. Ton histoire. Celle d'une mère que tu as aimée plus qu'on n'aime ici bas. D'une mère qui t'a quittée trop tôt mais qui t'a tant donné que son amour survit en toi. Un amour si puissant qu'il a guidé chacun de tes pas, qu'il a fait de ton âme de princesse, une âme de guerrière. Alors, oui, écris l'histoire de cette femme aux accès de colère, aux accès de tempête, celle qui fait éclater les fenêtres et ressuscite la vie au gré de ses sourires. [2014]

Tendrement, tu tends ta main vers cette photo qui ne t'appartient pas. Tu l'as volée malgré toi. Une impulsion que l'on pourrait qualifier de ridicule quand on sait qu'il te suffisait de demander. Jamais elle ne t'aurait refuser d'emporter un souvenir, de t'emparer d'un morceau d'elle à garder près de ton coeur. Mais tu as la mort dans l'âme tout comme eux. Car tu sais que cette photo n'est qu'une trace du passé, une trace amère de ce que cette fillette a été. Et tu remontes ton nez dans une tentative vaine de freiner les larmes qui t'épuisent depuis plusieurs heures déjà. Où est-il? La question te taraude mais tu ne demandes rien. De quel droit t'indignerais-tu de son absence? Mais tu es indignée, révoltée. Pas pour elle et pourtant, tu sais qu'elle est en droit de se demander où est son époux. Mais tu as la rage au ventre car cela t'aurait fait du bien de le voir. C'est ainsi... la peine des autres peut consoler la nôtre. Et tu aurais voulu voir son amour pour Hannah dans ses yeux à lui, pour la faire revivre encore un instant. Mais il n'est pas là. Et tu serras la photo de la gamine et de son père entre tes doigts. Maxine ne te regarde pas, trop occupée à encaisser son deuil pour encore remarquer que tu es toujours là.

Toujours là. Tu es toujours là. Toi la gamine qui t'es amourachée de la mère, du père et de l'enfant à la fois. Des amoures très différentes mais tellement puissantes. Il y avait d'abord cette prof qui t'a ouvert les portes du monde de l'art. Toi qui ne demandais qu'une chance dans cet univers trop beau pour ne pas être exploré. Elle qui t'a confirmé que les couleurs sur une toile ne sont qu'amours attendant d'être goûtés par les visiteurs des musées. Tu es tombée sous le charme de son professionnalisme, de sa douceur et de sa générosité. Puis la prof a voulu t'aider. Parce qu'elle était ainsi Max, elle aidait ceux en qui elle voyait du potentiel. Et elle t'a offert ce job de babysitter. Elle t'a ouvert les portes de son autre univers : sa famille. Tu as intégré sans t'en rendre compte un cocon qui était bien trop parfait pour résister. Tu es tombée sous le charme de cette fillette qui n'avait que six ans quand tu as commencé à t'en occupée. Tout ça pour que 2014 vienne te l'arracher. Quatre années de bonheur t'ont volé ton désespoir, t'ont appris à croire à nouveau que la vie peut être sucrée. Et Hannah, Hannah c'était ton bâton de barbe à papa, ta pomme caramélisée. Oh non Bea, refoule tes larmes, tu n'as pas le droit de pleurer. Pas devant sa mère... pas devant l'absence de son père. Parce que oui, il y avait la madre, la fillette et il y avait lui aussi. Cet homme impressionnant qui partageait tant de choses avec toi. C'était le plus souvent tacite, implicite même. Mais Iskandar était un autre morceau de ton âme. Et tu as failli à ta promesse, tu t'es laissée séduire par un homme marié. Le premier d'une longue suite maintenant que le fruit défendu a été croqué. Mais tu ne l'as pas touché, non. Tu n'aurais pas pu. Tu aimes Maxine bien trop pour ça. Pourtant vos âmes se sont frôlées et l'électricité de ce contact t'a bouleversée. Tu es amoureuse de lui, évidemment. Etait-il possible de faire autrement? Les larmes s'étalent sur ton visage qui rappelle le café mêlé et tu empoches la photo avec désarroi. Le deuil de qui? Voilà où est la peine suprême. Cette mort t'éloigne d'une amie, d'une soeur. Mais tu sais aussi qu'elle t'enlève à lui, qu'elle vous sépare à jamais. Au revoir. Tu murmures mais Maxine ne t'entend pas. La porte se referme derrière toi et ce petit claquement sec et doux sonne la fin de ce chapitre qui était une illusion dans ton monde sans concessions. Le chapitre fini, tu sais que la vie t'attend avec une nouvelle page pour détruire ta détresse, la retransformer en ivresse avant de te plonger dans de nouvelles maladresses. Car du chaos, tu es la déesse.


Une nuit, je m'endors avec lui. Et la suivante, je me réveille auprès d'un autre lui. Car ils sont chacun différents. Car je les aime intensément. [from youth to now]

Ton histoire a connu plusieurs sursauts. Arrivée illégalement sur le sol des Etats-Unis, orpheline à 14 ans, privée de ta pupille à 21, volée à la jeunesse éternelle par le Dark Mist... tu as connu mille vies déjà. Le Sempiternal est devenu ton repère, le Dark Mist ta famille. Chimiste, tu joues avec les couleurs, tu en insères dans tes breuvages. Tu sers tes pilules lors de soirées déjantées sans jamais te soucier des conséquences. Les problèmes de conscience, c'est pas ton truc. Tu te sers de l'art comme d'une inspiration. Et de l'art, il y en a partout autour de toi. L'art, tu respires avec bien que ce n'est pas le prolongement de ton être vu que tu t'es donnée à la science. Science que tu exerces dans le laboratoire derrière les galeries. Science que tu joues avec tes mains agiles, toujours guidée par de la musique en arrière-plan. Tu gères le Sempiternal d'une poigne de fer, déguisée, cachée dans un gant de velours qui te va à ravir. Séductrice, sensuelle, perfide, tu as tous les atouts pour être à la front door.  Fascinée par le monde des arts, tu penses que tu n'as pas ta place dedans car l'art s'oppose à la science. Pourtant, tu rêves de te mêler à ce monde. Diriger le sempiternal c'est le job de tes rêves. Tu es constamment en contact avec la beauté de l'art et tu touche tes ambitions de plus, de contacts avec les acheteurs, avec les collaborateurs. Ton esprit espiègle, tes manières, tu es sublime dans ce rôle de façade.

Mais qui es-tu Bea?

Du côté sentimental, personne ne te possède. Libertine. Pas une joueuse. Tu ne vois juste pas l'amour de manière possessive. Pour toi, l'amour c'est de l'art à l'état brut. C'est un prolongement des personnes. Mais tu as des blocages. L'absence de ta mère, la douleur de sa perte, cela a entraîné quelques traumatismes que personne ne devine. Tu es tellement solaire, même lunatique surtout, que les gens t'imaginent juste libre de toute entrave. Tu aimes tes semblables sans distinction, vois les relations comme des créations divines et ne considères pas le sexe comme une nécessité. Le platonique, tu trouves que ça a son charme aussi. Bien que tu aies déjà eu des coups de coeur pour des femmes, tu n'as jamais été plus loin avec. Ton corps ne réagit pas aux appels des Vénus. Mais tu les vénères, à ta manière. Et des âmes qui te bouleversent, il y en a plus d'une. Mais tu te méfies de ceux qui rôdent autour du Dark Mist, tu crains le déséquilibre qui se créerait avec trop d'arrivées dans votre groupuscule. Sahel t'a fait peur, Mona aussi. Tu les vois toujours d'un mauvais oeil. Jusqu'à ouvrir les portes de ton coeur et les y recevoir sans réserves. Sahel, il t'a déjà tant donné. La fusion de vos âmes est visible à l'oeil nu. Mais tu fuis tout ce qui est trop profond pour toi. Adonis le sait, il te connaît. Mais toi, te connais-tu assez pour comprendre ce qui régit ton besoin de liberté? Libre... Libre, Bea. Un murmure qui souffle comme le vent, il souffle dans les firmaments de ton coeur.